Consommer de la coke ou de la MDMA equitable, c'est possible ?

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Snoop' femme
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Consommer de la coke ou de la MDMA équitable, c’est possible ?

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Ecrire sur le sexe mène à  tout, même à  se poser des questions économiques sur la drogue. Après avoir évoqué le porno durable avec François-Ronan Dubois, chercheur en Lettres et auteur d’un livre sur les « porn studies », je me suis mise à  réfléchir.

Est-ce que finalement, dans le monde, tout ce qui se commercialise pourrait être durable, réalisé dans des conditions respectueuses de l’homme et de son environnement ? J’ai commencé à  passer en revue tout ce qui pouvait se réaliser localement.

J’ai vite buté sur les drogues. Et je me suis souvenu de cette tribune virulente que j’avais lue sur Slate : « Acheter de la cocaïne c’est comme financer le parti nazi. »
Les consommateurs complices d’atrocités

Eric Vance, son auteur, journaliste scientifique, accusait les consommateurs d’être complices des atrocités des réseaux mafieux. Ce paragraphe m’avait particulièrement marquée :

    « L’amplitude et l’horreur des atrocités commises pour s’emparer et conserver la mainmise sur les routes de la drogue vers les Etats-Unis sont hélas comparables. Les décapitations et les personnes brûlées vives sont une simple mise en bouche.

    Tronçonneuses, ponceuses, acides – voilà  des choses utilisées avec beaucoup d’imagination par les bourreaux des cartels. Ils éventrent des blogueurs et cousent les visages de leurs victimes à  des ballons de football. Des enfants sont contraints de travailler comme assassins, des personnes sont contraintes de violer des étrangers sous la menace d’une arme et des victimes sont alignées sur le sol et tuées les unes après les autres à  coups de masse. »

« Les “ tripeux ” d’ecstasy »
Des chiffres

Dans un article de Terra Eco, « La cocaïne est leur métier », on apprenait ces chiffres sur la poudre blanche :

    « On estime aujourd’hui que près de 200 000 familles colombiennes, soit près d’1 million de personnes, vivent plus ou moins directement de ce produit. » ;
    « Chaque année, entre 700 et 800 tonnes de cocaïne sont fabriquées et exportées vers les Etats-Unis et l’Europe. » ;
    « L’ONU estime que le commerce mondial des drogues génère un chiffre d’affaires de l’ordre de 340 milliards d’euros par an, soit l’intégralité du financement consacré par la France à  sa protection sociale en 2004. »

Même discours dans cet article du magazine Homme. Cette fois-ci sur un pan plutôt écologique, l’auteur dénonce les effets de la production d’ecstasy ou de la MDMA (c’est la même chose) :

    « Je ne sais pas si les “ tripeux ” d’ecstasy qui embrassent l’univers et tous ses amis connaissent bien le processus qui mène à  leur récréation  : un des ingrédients actifs de l’ecstasy, l’huile de sassafras, provient d’un arbre rare, le mreah prew phnom, dont les meilleurs spécimens poussent dans la forêt tropicale cambodgienne.

    Cette huile est recueillie clandestinement par des personnes vulnérables et des enfants exploités par les grandes mafias asiatiques, fragilisant du même coup l’écosystème de la dernière forêt tropicale intacte de l’Asie du Sud-Est.

    Dur lendemain de veille pour la conscience, une fois qu’on sait ça… »

Toutes les drogues ne génèrent pas autant de dégâts. Et pour certaines, les consommateurs peuvent déjà  se procurer un produit durable. Au téléphone Arnaud Aubron, l’un des fondateurs de Rue89, auteur de « Drogues Store » (éd. Don quichotte, 2012) un dictionnaire « rock, historique et politique des drogues », explique :

    « Le cannabis, certains peuvent très bien le consommer en social club [des groupes de planteurs et fumeurs d’herbe, ndlr], qui est en quelque sorte l’Amap de la beuh. Pour des drogues de synthèses, il y a un peu le même phénomène. Un petit mec qui produit sans problème et qui vend ça à  des potes. »

Produire son herbe soi-même, c’est assez simple. Il n’est pas rare d’avoir dans son entourage un agriculteur improvisé. Depuis que j’ai commencé à  écrire cet article, j’ai d’ailleurs – et je m’en passerais bien – dans la tête les paroles de la « Main verte », la chanson de Tryo que ma génération chantait à  15 ans.

    « J’ai compris en fumant

    Que fumer c’est de l’argent

    Et que j’en donne à  des gens

    Qui allègrement amassent les bagues en diamant

    Sur le dos de pauvres paysans

    Alors c’est bang bing boum ! J’ai la solution

    Des tonnes de graines pour des hectares de plantations

    Faites fleurir les jardins, décorez les balcons. »



Qu’en est-il pour les drogues dites « dures » ? Arnaud Aubron :

    « Pour la cocaïne et l’héroïne, c’est très compliqué d’identifier l’origine du produit [...] Pour d’autres drogues, comme les amphétamines, produire localement est plus gérable. Une situation identique à  la série “Breaking bad” est crédible. »



Le problèmes des matières premières

Les problèmes se logent notamment dans les matières premières, le sassafras, donc, que les producteurs obtiennent en brûlant la forêt.
Drogues dures ?
Est-ce légitime de parler de drogues dures ? Arnaud Aubron conteste la distinction.

« Pour ce qui est de la dépendance, dans les rapports (The Lancet, Roques) ce qui apparaît c’est que les deux drogues les plus dangereuses sont l’alcool et l’héroïne. Ce sont celles qui te rendent le plus accro, qui ont le plus un pouvoir accrochant. Cependant le cannabis peut faire des dégâts très importants aussi. Donc, déjà , la classification drogues dures contre drogues douces ne fait pas sens. Ce qui existe ce sont des usages doux et durs. »

Par ailleurs, consommer durable c’est aussi consommer au plus proche de soi. Or la feuille de coca (matière première de la cocaïne), par exemple, peut difficilement pousser en France. Ce n’est pas pour rien qu’elle pousse en Colombie ou au Pérou.

Clairement, toutes les drogues ne peuvent donc pas être équitables, juge Pierre Chappard coordinateur du réseau français de réduction des risques, il est aussi président de PsychoActif, un forum où les usagers de drogues se viennent en aide pour consommer de manière plus sûre et intelligente.

Avant de l’interviewer, je lui avais communiqué la tribune de Slate et l’article d’Homme magazine. Il a été choqué et m’explique que pour lui ces gens « se trompent de cible ».

    « Pour qu’un produit soit éthique, il faut qu’il soit tracé ou qu’il ait un label. Ce n’est pas possible avec la prohibition. »

Arnaud Aubron dit les choses encore plus clairement :

    « Ce n’est pas le fait d’acheter de la cocaïne qui crée les réseaux mafieux, c’est la prohibition. »

Le raisonnement est imparable. Pour qu’un produit commercialisé ne génère pas de mauvaises pratiques, il faut que sa filière soit contrôlée, régulée. Peut-on boycotter les drogues, comme certains bannissent de leur porte-monnaie de grandes marques accusées d’employer des enfants ou de maltraiter leurs salariés ? Pierre Chappard infirme :

    « Ce n’est pas comparable, si vous n’achetez pas chez telle ou telle enseigne, vous pouvez vous rabattre sur une autre. L’offre est variée. Là , tout est opaque. [...] Et puis, c’est facile de tenir un tel discours pour des non usagers. Mais la drogue, c’est plus complexe que ça. On parle d’envie, de besoin. »

Pour acheter à  un petit chimiste, faire partie du sérail

Sur Internet, ou sur le darknet, on n’a pas plus de visibilité. Alors, certes, certains petits chimistes peuvent produire de leur côté, mais pour acheter chez eux, il faut les connaître, faire partie du sérail. Ce n’est pas donné à  tout le monde. La prohibition génère aussi automatiquement des problèmes sanitaires. Arnaud Aubron me fait remarquer que nous sommes par exemple majoritairement éduqués à  l’alcool.

    « Nos parents nous apprennent à  boire. On sait qu’on ne boit pas au petit déjeuner, qu’on boit un verre de vin en mangeant. On connaît tout ça. Le contrôle est aussi régulé par un cadre social solide.

    La prohibition des drogues fait que l’éducation à  leur consommation n’est pas possible. Chaque génération reproduit les même erreurs que la précédente. »

Certains savent ce genre de choses, d’autres pas. D’autant plus que les consommateurs sont désormais monsieur et madame tout le monde, explique Anne Coppel. Sociologue, elle est la co-auteure avec Olivier Doubre de « Drogues sortir de l’impasse » (éd. La Découverte, 2012). Au téléphone, elle évoque ces nouveaux usagers :

    « Les usagers sont des consommateurs comme les autres. Les classes moyennes se sont mises à  consommer des drogues. Et les drogues de synthèse, ce sont le fils du médecin, celui du facteur ou de l’instituteur qui les consomment aussi. »

L’hypocrisie des Etats

Avec ce public plus « maintream » émerge désormais une envie de consommer « propre » à  tous points de vue. Si vous consommez déjà  vos tomates bio, il n’est pas si absurde de vouloir une drogue ni trop coupée, ni produite dans des conditions désastreuses. Sur le forum de PsychoActif, Pierre Chappard voit régulièrement les internautes aborder la question éthique.

Et si certains pointent du doigt les consommateurs, Anne Coppel note, elle, l’hypocrisie des Etats. En 2013, Eurostat et le Sec (système européen des comptes) ont demandé aux Etats membres de l’Europe d’intégrer les trafics illicites, dont la drogue, dans les statistiques nationales.

Concrètement cela permettrait par exemple au Royaume-Uni « d’augmenter le PIB nominal de 12,3 milliards d’euros, un peu moins de 1% », pouvait-on lire dans le Monde en juin dernier.

Chez nous, l’Insee a refusé de se plier à  cette recommandation pour le calcul du produit intérieur brut mais va intégrer le trafic de drogue à  l’établissement du revenu national brut.
Bientôt la fin de la prohibition ?

Et si le vent de la prohibition était en train de tourner ? La commission globale sur la politique des drogues vient de rendre un rapport pour le moins novateur.

Base de réflexion pour la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies (Seagnu) en 2016 (qui sera consacrée à  la politique des drogues), ce rapport incite les Etats à  sortir du tout répressif sur les drogues. Il invite à  cesser de traquer les petits consommateurs et revendeurs tout en bas de l’échelle. On peut notamment y lire :

    « La criminalisation de l’usage et de la possession de drogues a peu d’effet, voire aucun effet, sur les quantités de drogue consommées dans une société ouverte. Elle encourage par contre les comportements à  haut risque. »

En attendant, oui, c’est compliqué, pour ne pas dire impossible, de consommer de la cocaïne ou de la MDMA éthique.

Source : Rue 89

Dernière modification par snoopy (16 septembre 2014 à  21:35)


Born by accident, Bastard by choice, just...Bad seed...

"Si chaque personne savait ce que les uns disaient sur les autres, il n'y aurait pas deux amis au monde"

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Amaranthe femme
Ancienne consommatrice
Inscrit le 16 Jun 2014
712 messages
Merci du partage Snoopy, cet article relève pleins de choses intéressantes.

En parlant avec une connaissance en école de police ( non consommateur mais plutôt souple ) il m'avait présenté cet argument contre la consommation, à  savoir que l'origine des produits n'était pas éthique.
C'est dans un sens vrai, c'est sûr, mais au final cela ne s'applique pas forcément à  la drogue.
Coca-cola par exemple utilise des tonnes d'eau issue de régions où la population locale n'arrive pas à  avoir de l'eau potable, et pourtant les chiffres d'affaire de l'entreprise ne baissent pas. Je crois que quoi que l'on achète dans ce monde, à  part si on tricote la laine de ses propres moutons en ayant son potager, on finance directement ou indirectement des fumiers.

Dans le commerce de la drogue c'est probablement plus marqué, plus cruel, puisque absolument pas réglementé, mais je trouve bien que cet article rappelle que cela est du directement à  la prohibition.
Un bon exemple :
La prohibition de l'alcool aux Etats-Unis n'a jamais fait baisser l'alcoolisme, elle a remplacé un commerce normal par celui de la mafia, non réglementé et donc usant de méthodes criminelles. Et des personnes de base honnêtes pour obtenir l'alcool se sont approchées de milieux crapuleux s'enrichissant du fait de l'illégalité du produit.  Face au cuisant échec de l'expérience l'alcool fut à  nouveau légal... 
Quand un produit est en vente en magasin, le consommateur n'a pas besoin de devoir faire appel à  des trafics douteux, et de ce fait ces trafics ne sont pas mis en place puisque non sollicités et non rentables, c'est d'une logique imparable.
Sans parler de la coupe des produits, dont la composition souvent incertaine est aussi un résultat de l'interdiction.

Enfin, c'est un vaste sujet...

/!\ Je ne suis plus d'accord avec beaucoup de mes posts écrits sur Psychoactif de 2014 à 2016. /!\
Pour en savoir plus voir mon blog.

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sud 2 france homme
problème traitement
Inscrit le 14 Oct 2013
2032 messages
ben quand t'achètes de la coke à  l'heure actuelle de la prohibition soit tu engraisses les FARC (extreme gauche, communiste), ou leurs ennemis jurés les milices d'extreme droite....
Les hollandais avaient réussi à  acclimater la coca quand ils avaient leurs colonies en actuelle Indonésie au début 1900 (la jungle indonésienne avait des similarités climatiques avec la jungle des andes orientales), et pour la prohibition de l'alcool aux USA en + des gangsters qui s'enrichissaient sans vergogne et s'assassinaient de même, il y avait un grave problème de santé publique car le petit peuple était sujet à  des intoxications en tout genre à  cause des alcools frelatés qu'ils buvaient...alcool de bois, à  bruler j'en passe et des meilleures...cirrhoses fulgurantes, cécités, alzheimer précoce, etc etc...

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-X- homme
As de Trèfle
Inscrit le 20 Aug 2014
47 messages
Tout est dit dans cet article ! (y)

Si ce n'est... PAYS DE GALLES INDEPENDANT !!


Nan, sérieusement, la prohibition soulève de gros problème. Même des soucis psychologique je pense...

Car avec la désinformation et les clichés, pour ma part, étant petit j'avais une image très négative de la drogue, transmise par ma famille, mais une éloge de l'alcool (avec le "attention" bien sur).

Bon, je m'en battais les steak et même dans la désinformation il y avait quelque chose qui m'intriguait, mais lorsque j'ai commencé à  me developper, et à  consommer des drogues, au début je me suis vu rabaissé, je pensais n'être qu'une merde qui va rater sa vie et finir dans l'caniveau (comme un vrai junki pour vouloir voir toujours plus haut... Wo-oh oh-ho).

Mais en grandissant d'esprit, et par experiences de nouvelles pratiques, rencontres etc. Je me suis rendu compte que c'était que l'effet de bourrage de crâne et que mes "je peux gouter ?" de mon enfance, approuvé d'un rire par la famille, aurait pu se montrer au final bien plus dangereux. è_é

mais bon, j'y peux rien, j'ai l'alcool et le zamal dans le sang... hmm

Sinon, pour les "mais tu finances la criminalité ! Blablabla..."
Baaah... C'est les règles du jeu. C'est ça la mondialisation. Si on ne vivaient que par communauté fermée sur elle même, locale, y'aura pas toutes ces drogues (oooh...) ni tous ces soucis.

Après, comme vous le dites, il peut y avoir un suivi. Mais pour ça il ne faut plus de prohibition. Et quand bien même il y aura toujours des problèmes (comme vous le dites, la délocalisation entrainent des pratiques condamnables. Et puis il y aura toujours quelqu'un pour venir chercher des poux malgré tout les bienfaits que cela engendrerait.)

m'enfin, peu importe le sujet, le manque d'interet, de connaissance, et la desinformation sont un fléau qui profite parfois à  certains.

Je suis mentalement divergent.
De cette manière, j'échappe à  certaines réalités innommables qui me rendent la vie impossible ici.
Quand je cesserai d'aller là -bas, je serai guéri.

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