Un agent fédéral accusé d'être une « taupe » au service de Silk Road
Le 31 mars 2015 à 16h18
Carl Force aurait proposé au fondateur de l'« eBay de la drogue » de lui fournir des informations sur l'avancée de l'enquête, contre rétribution.
Dix-huit mois après sa fermeture, le supermarché de la drogue en ligne Silk Road n'en finit pas de faire parler de lui. A l'issue d'un procès à rebondissements, son fondateur Ross Ulbricht avait été reconnu coupable, début février, de sept chefs d'accusation, et risque désormais la prison à vie. Fin de l'histoire ? Pas vraiment. Lundi 30 mars, le département de la justice a officiellement accusé deux agents fédéraux qui travaillaient sur cette affaire d'avoir pioché dans les réserves du site et détourné plus d'un million de dollars en
bitcoins, la monnaie anonyme.
POUR APPROFONDIR
Lire : Comment le FBI a fait tomber Silk Road, « l'eBay de la drogue »
Shaun Bridges, agent des services secrets de 32 ans, est accusé d'avoir accédé à l'un des comptes administrateur de Silk Road et d'avoir transféré 800 000 dollars en
bitcoins vers un compte personnel. Une « broutille », comparé aux accusations qui pèsent sur Carl Force, un des principaux enquêteurs sur ce dossier.
Plusieurs identités
A 46 ans, cet agent de la DEA, l'agence de lutte contre les drogues, est accusé non seulement d'avoir détourné de l'argent du site, mais aussi d'avoir tenté de fournir des informations à Ross Ulbricht sur l'avancée de l'enquête, en échange de 100 000 dollars en
bitcoins. Il lui aurait également proposé de taire des informations aux enquêteurs contre 250 000 dollars.
Carl Force avait commencé à travailler sous couverture dans l'enquête Silk Road en 2012. Sous différentes identités, il communiquait régulièrement et directement avec Ross Ulbricht. Il avait notamment créé un personnage de criminel, à qui le fondateur de Silk Road avait commandité l'assassinat de Curtis Clark Green, un autre administrateur du site. Pour faire croire à Ross Ulbricht que le contrat avait bien été rempli, Carl Force lui avait fourni des photomontages, réalisés par la police, laissant penser que Curtis Clark Green était bel et bien mort.
« Force a ensuite, de sa propre initiative, développé d'autres identités en ligne et s'est engagé dans diverses activités illégales dans le but d'en tirer un profit financier », affirme un communiqué du ministère de la justice. Ces nouvelles révélations vont-elles influer sur le sort de Ross Ulbricht ? Le fondateur du site est accusé d'avoir commandité plusieurs meurtres et pourrait faire, pour cela, l'objet d'un nouveau procès.