Je suis d'accord Dy, j'ai bien vu tu es loin d'être le seul à considérer que les opi ont sauvé ta vie. Et je te crois, même si on peut toujours objecter que d'autres choses auraient pu la sauver. Je l'ai déjà dit par ailleurs, on s'enferme ou on nous enferme dans un monde artificiel de désirs/objectifs qui ne sont pas les nôtres (ou en tout cas pas les seuls pour nous). Mais nous aspirons à connaître autre chose qui va au-delà . Donc une partie de nous-mêmes (je ne parle pas pour tous mais pour les personnes attirées par les drogues en tout cas) est hautement frustrée parce qu'on ne la nourrit pas, un besoin d'absolu certains diraient. Et c'est une partie de nous qu'on écrase alors qu'elle est parfois la plus importante pour nous. Bien qu'il y ait des moyens plus prudents de la nourrir (mais parfois auxquels on a pas accès), incontestablement la drogue (et sans doute l'
héroïne en particulier) promet une aventure spéciale, une connaissance bien plus directe qui est tellement plus simple que les mots, que, sous son effet, les mots eux-mêmes s'arrêtent, se retirent, impuissants et superflus. Quelle merveille! C'est du coup d'autant plus difficile de communiquer sur son expérience et d'être compris qu'elle est au-delà des mots ; et c'est d'autant plus difficile voire totalement vain d'argumenter contre nous avec des mots pour nous dire d'arrêter. D'autre part il y a aussi une partie médicale, on est pas tous nés avec le même équilibre et certains d'entre nous ne se sont jamais simplement sentis "bien" ou "normal" avant ce genre d'expérience et ça peut réellement leur faire du bien pour une cause qui n'est pas connue de la médecine.
Bref tout ça pour dire que tu prêches un convaincu - j'ai sincèrement été tenté par les opi et je le suis toujours mais je ne m'y suis pas aventuré. Peut-être aussi que je ne suis pas passé par tes difficultés (mais c'est un peu con de dire ça, en fait la vie est réellement quelque chose de difficile et douloureux pour nous tous, je ne crois pas connaître d'exception, en tout cas moi je ne fais pas exception, ce qui ne nous empêche pas de faire preuve d'optimiste quand même).
Alors j'avais juste l'impression que Glad essayait de faire quelque chose dont elle n'a pas besoin - c'est seulement mon sentiment auquel j'ai donne suite. Mais c'est pas une généralité sur le produit : je ne condamne pas le
cannabis. Perso je ne regrette pas du tout du tout ma consommation de
cannabis même si ensuite j'ai tourné la page. Et je repense souvent avec nostalgie (et même un peu de
craving des années plus tard) aux quelques très bons produits qui me laissent un grand souvenir en provenance d'Amsterdam. Oui j'en suis toujours addict, et c'est parce que je n'ai pas l'occasion que je ne pratique plus, si tu débarquais chez moi avec un bon libanais, je craquerais tout de suite.
Donc comme la question devient plus précise je vais affiner aussi ma réponse à Glad :
Moi je ne pense pas que le fait d'essayer seule soit un danger immédiat. Le danger est d'en faire un trip en solitaire. Personnellement j'ai une tendance qui je pense est présente chez toi aussi, à rechercher l'addiction. Je m'étais bien informé dès petit sur le sujet parce que les drogues m'ont attiré très tôt. J'ai eu la prudence de toujours réserver les drogues à un usage social lors d'occasions spéciales. Avec l'
alcool aussi. Si je n'avais pas pris cette précaution, nul doute que je serais devenu dangereusement accro au
haschich et -plus dangereux sans doute- à l'
alcool. Parce que si tu ne vois pas d'objection à fumer un petit
joint chez toi aujourd'hui, dès que tu commenceras à aimer (et c'est presque couru d'avance) alors tu ne verras pas non plus d'objection à le faire le lendemain non plus. Etc. Puis le matin aussi. Et le midi aussi. Et puis cela deviendra bien plus intéressant pour toi que beaucoup d'autres choses, surtout si tu as déjà du mal dans la vie sociale. Les produits pour lesquels je n'ai pas respecté ce principe j'en suis devenu vite et gravement dépendant.
C'est bête à dire mais c'est une clé essentielle pour ne pas devenir toxico de réserver les sessions à des moments de groupe. Je veux pas dire avec le coloc ou le partenaire, ce n'est pas un moment "spécial", je veux dire seulement aux cas de fête spéciales, occasions particulières. Ce qui m'a permis d'éviter les plus gros pièges c'est de m'être renseigné très tôt - je me rappelle avoir mis dans le caddie de mes parents au supermarché le livre "du chocolat à la
morphine" (très bien fait, très
RDR avant l'heure pour un enfant) en disant que c'était un livre de prévention - dans un sens j'avais pas tort, je voulais essayer les drogues dès petit mais je voulais le faire intelligemment - ce livre était du pain béni pour moi. C'est grâce à lui que j'ai su éviter les plus gros écueils. Réserver un produit aux moments spéciaux est vraiment le garde fou magique. Il y a un seul produit avec lequel je ne l'ai pas fait et avec ma tendance naturelle à l'addiction, ça a été un gros soucis. Merci aux auteurs de ce livre.
Mais bien entendu que c'est en consommant chez toi tranquille que tu auras probablement la meilleure expérience. Parce que le produit tend à démultiplier nos sensations difficiles en société -à savoir parano, sentiment d'isolement etc. Le mieux est de fumer avec des personnes avec qui tu es super bien, sans objectif particulier que d'accepter l'effet tel qu'il sera - sans attentes particulières. Mais si tu n'as pas l'occasion, alors tu seras mieux chez toi qu'avec des gens avec qui tu n'es pas à l'aise.
A toi de voir si le jeu en vaut la chandelle. Une fois qu'on aime le produit et qu'on se permet de le consommer seul, la dépendance arrive très vite. Avec les problèmes de santé, le fric considérable qu'on doit y investir, une perte assurée de vie sociale, éventuellement le risque de devenir accros au
tabac (si ce n'est pas déjà fait et c'est infiniment plus grave que l'herbe à mon avis), le risque de
bad trip et tout un tas d'autres problèmes dont la liste est bien bien longue.
Cela vaut-il le coup? Amarnath a pas tort, il y a d'autres manières actives (donc bien plus valorisantes) de trouver ce sentiment d'accomplissement dont tu as besoin. Mais bon, bien que je ne puisse pas le recommander, je ne peux que constater que tu pourrais trouver ça bien, relaxant, voire même équilibrant? Comme certains médocs qui ne permettent bien entendu pas de régler les problèmes de fond mais peuvent aider à gérer et seront finalement positifs pendant une période, pourvu de ne pas laisser pourrir les causes de la situation (c'est le risque évidemment). Mais oui on peut être drogué heureux au moins quelques années et beaucoup n'ont pas de regret à la fin.
Si tu venais à fumer chez toi, ce qu'encore une fois je ne recommande pas, franchement si tu le fais, alors quitte à le faire, fais le sans culpabilité ni remord et prends bien ton pied. La culpabilité n'est d'aucune aide, c'est souvent elle qui nous mène à fuir dans la drogue alors qu'elle ne se fasse pas passer pour le remède alors qu'elle est la cause même de la situation!
A part ce qui a été dit ci-dessus (ce qui n'est pas rien), il n'y a pas tellement de problème à fumer seul. Les petits "bad" de type parano peuvent se produire mais bon faut se relaxer tu n'as pas à en avoir peur, ça s'en va comme c'est venu (mais chiant quand même si des cons viennent sonner chez toi et que tu peux pas t'en débarrasser c'est un sale moment à passer). Le gros bad est rarissime avec ces produits à moins de vraiment surdoser. Donc le seul conseil que je donnerais perso c'est de faire vraiment attention à la quantité. Ce que vraiment tu ne souhaites pour rien au monde c'est une trop forte dose. Commence toujours très doucement par un
joint très peu chargé et ne le fume pas en entier. 35 minutes plus tard tu ressens l'effet et tu peux continuer prudemment en fonction de ton observation attentive, pour trouver une dose optimale et la maintenir prudemment. Franchement les surdoses n'apportent rien de bon, bien au contraire, elles pourrissent le trip à coup sûr et forcent à avoir besoin de plus en plus de produit jusqu'aux bads qui finissent à arriver bref c'est vraiment le mauvais calcul.
Voilà pour mon avis perso. Selon moi le
cannabis peut être vraiment génial si on l'apprivoise et qu'on en fait pas une habitude banale. Après des années d'abstinence j'en ai toujours un souvenir génial, j'ai vraiment beaucoup d'affection pour ce produit. Mais la qualité de cette expérience dépend quand même beaucoup de la façon prudente que tu auras eu d'apprivoiser le produit et de ta capacité à en faire un usage récréatif occasionnel plus que d'une béquille, car comme béquille, c'est ce qu'on fait de plus branlant à mon avis.
L'autre conseil, qui ne concerne pas fumer seul mais toute conso de
haschich, c'est que si tu achètes du
haschich, achète du bon. Vaut mieux mettre trois fois le prix et fumer un bon produit, franchement y'a vraiment beaucoup de merde qui tourne (c'est aussi pour ça que je fume plus, c'est le hasch que je préfère, mais je ne vois pas de bon produit. Pour les merdes de rue normales, franchement, j'ai aucun
craving. Ca m'intéresse juste pas.) Encore une fois ce n'est que
mon avis/conseil, toi tu feras ta sauce - tu te renseignes d'abord et ensuite tu prends ce qui te correspond...
Dernière modification par Syam (13 juin 2015 à 20:05)