Bonsoir !
Une quinzaine de jours après mon premier rendez-vous, j'ai un peu plus de recul pour tirer un bilan de ma prise en charge.
Pour le contexte : je suis polytox depuis cinq bonnes années, avec notamment une grosse dépendance aux
opiacés et aux
benzodiazepines. J'ai plus récemment mis le nez dans les
RC : stims, dissos, benzos, et cannabinoïdes.
Je suis également un grand amateur de
kétamine, et dans une moindre mesure, de
DXM.
J'apprécie également beaucoup la
prégabaline, que j'adore consommer avec une
benzodiazepine.
Quelques consos anecdotiques, genre acide,
coke, extasy (RC mis à part, mon contexte perso fait que j'ai toujours privilégié les produits pharmaceutiques).
Ma drogue de choix a longtemps été le
tramadol. Les palliers III et l'injection sont venus progressivement.
Niveau
benzodiazepines, c'était l'anarchie, que ce soit du point du vue de la dose ou de la molécule, ce qui m'a apporté pas mal d'emmerdes, mais aussi un confort certain, et également du plaisir (un goût prononcé pour l'hypnovel et le
valium)
Pour ce qui est des voies d'administration, tout dépend du produit, mais je consomme aussi bien per os, qu'
IV, IM, ou en
plug. Je trouve le
sniff assez désagréable, donc j'évite.
Grâce à
SAFE ainsi qu'un accès privilégié au matos médical, je n'ai pas eu de réel souci d'ordre somatique, d'autant que j'ai été sensibilisé assez tôt aux
bases de la
RdR.
Voilà pour le préambule ; maintenant le vif du sujet :
J'ai pris RDV en
CSAPA pour plusieurs raisons, notamment pour trouver une stabilité dans mes consos, et pour exercer mon métier sans lorgner sur l'armoire à pharmacie. Je me suis jamais fait gauler, mais y'a une part de culpabilisation, et l'impression de me mettre moi même en marge de l'équipe, dans un job ou la cohésion d'équipe est justement primordiale.
Donc ma demande était claire : une prescription de
Valium, pour l'anxiolyse, le sommeil, le confort...
Deuxièmement, un
TSO, pour les raisons que j'ai expliquées au dessus. En tant qu'injecteur, je pensais à la
methadone, car l'idée d'abandonner l'injection me parait séduisante. De plus, le
tramadol a clairement une action positive sur mon humeur. Ayant lu des témoignages similaires concernant la
methadone, l'idée m'a paru idéale.
J'en viens à la prise en charge :
J'ai d'abord été reçu par un intervenants socio-éducatif, accompagné par une stagiaire éduc spé. Il a fait l'anamnèse, une bonne heure de discussion, plutôt agréable, et avec le sourire et l'écoute. Une première impression positive donc.
Ensuite je descend voir l'IDE, ça a été la douche froide. Déjà j'aime pas qu'on me tutoie sans me demander, je suis un patient, pas son pote. Ensuite, en apprenant que je voulais de la metha alors que je ne consomme pas d'
héroïne, elle m'a coupé dans une semi-hystérie "ah nonnonnon, pas d'
héro, pas de metha!!" répété plusieurs fois.
Après elle s'est mise à me parler comme si j'avais cinq ans ou 50 de QI, à m'interpeller par mon prénom toutes les cinq secondes (je sais pas si vous voyez ce que je veux dire mais c'est horripilant). Je comptais pas specialement jouer là dessus, mais elle s'est calmée quand je lui ai dit que j'étais IDE aussi. Elle commence à me parler de
suboxone, je lui explique pourquoi j'en veux pas.
On fixe le rdv avec l'addicto, et en attendant, on me dit de gérer...
Juste avant en attendant l'IDE, je suis sorti fumer une clope devant, j'ai causé avec les 2-3 UD qui étaient là , normal quoi.
En rentrant, l'educ me prend à part, et me fait comprendre, à coups de sous entendus bien nazes, que fallait mieux pas que je fasse copain-copain avec les UD, qu'ils allaient me tirer vers le bas tu vois... Oui, le même éduc à qui je venais de parler de ce que je faisais en milieu associatif sur PA. Comme quoi, on peut être agréable un moment, puis être très con une demi heure après.
Semaine suivante, rendez-vous avec l'addicto. Pas très avenante (genre je m'assieds, elle me dit juste froidement "je vous écoute"), quelques bizarreries de comportement (je lui explique quelque chose, j'attends un dialogue, puis elle reste me fixer pendant 5-10 secondes, sans aucune émotion lisible sur son visage), mais bon, elle mène ses entretien comme elle veut, à la limite, tant qu'elle est compétente.
Donc déjà la
methadone, hors de question en première intention. J'aurais rien dit, je me serais retrouvé avec du
suboxone.
J'ai eu ma prescription de
Valium au dosage que je voulais, ça c'est cool.
Par contre, je suis bel et bien sous BHD... Prise supervisée en pharma pendant une semaine (commencé à 2mg, augmenté à 4mg le lendemain).
Je viens de la revoir aujourd'hui, la BHD à été augmentée à 5mg (pas de manque physique avec 4mg, mais un bon gros
craving qui me titille les 2-3 dernières heures de la journée).
J'ai donc passé une semaine sous BHD, qui me convient bien pour le moment, au final. J'ai donc eu un renouvellement de deux semaines à 5mg +le
Valium, impeccable.
Et en rentrant je relis l'ordonnance : ces quinze jours de BHD sont ENCORE sous prise supervisée en pharmacie ! Fais chier quoi, c'est pour me punir d'avoir refusé le
suboxone ?
Et bien sûr, elle part en vacances. Pendant deux semaines, je la revois dans quinze jours. D'ici là j'aurais repris le taf, les horaires hospitaliers, je vais devoir jongler avec tout ça. Vraiment, ça m'emmerde, je comprends qu'il faille une phase d'induction pour adapter le dosage, mais là c'est bon ! Ça rime à quoi ces deux semaines ? J'aurais aussi bien pu aller m'en faire prescrire chez un généraliste, si on en reste là .
Bon, l'addicto à l'air motivée pour m'aider à régler mes soucis d'anxiété, et m'a prescrit un bilan sanguin pour voir ou j'en suis niveau hepato. Je doute pas de sa bienveillance, mais le bilan est bien mitigé pour le moment.
J'ai un autre rendez vous avec l'educ dans une semaine, je sais pas trop quoi en attendre...
Je suis le premier à reconnaître l'importance d'une prise en charge pluridisciplinaire, mais si quelqu'un peut m'eclairer là dessus...
Voilà pour le moment ! Merci de m'avoir lu.
YLT