Samedi, 19h.
Je rejoins mon groupe d'amis à notre lieu de rencontre habituel. On a prévu d'aller en teuf, mais il est encore tôt, alors on décide de se poser tranquillement en attendant que l'info tombe. On roule quelques
joints, on discute, on passe le temps comme on peut. J'ai déjà pris quelques produits (du
speed, des
taz et de la
ké) mais du
LSD, jamais. J'ai entendu tellement de choses horribles à ce sujet, ça me fait un peu peur. Pourtant, je me sens suffisamment confiante et j'ai envie d'essayer. Comme j'appréhende un peu le trip, je profite d'être installée tranquillement pour poser des questions à mes amis et leur demander des conseils. Ils me rassurent, me disent qu'il faut que je profite de l'instant présent histoire de pas être dans l'attente des effets et que si ça se passe mal, je garde bien en tête que j'ai pris du
LSD, et que les effets vont se dissiper.
21h30.
Des rumeurs circulent un peu partout concernant l'emplacement de la teuf. Le nom d'une ville revient souvent, et des connaissances nous assurent avoir des amis sur place qui ont vu passer les camions des sound systems. On commence alors à faire des groupes de deux pour le stop, et on part tranquillement en direction de la ville.
23h30.
Après deux bonnes heures passées à marcher et faire du stop, on s'approche enfin du lieu supposé de la teuf. À quelques kilomètres de la ville, je reçois un message : le routage. Aïe. La teuf est à presque deux heures de route de là où on se trouve. On râle, mais c'est pas le moment d'abandonner ; il est encore tôt alors on se motive les uns les autres, et c'est reparti pour du stop.
03h00.
On arrive enfin sur le site. Il fait nuit noire, mais les éclairages et le son nous guident jusqu'aux caissons. On tape du pied pendant un moment, on retrouve nos amis et puis je décide de partir à la recherche d'un trip avec Thomas.
03h45.
Après quelques minutes de recherche, on tombe sur un gars qui vend des cartons. Des Hoffmann. On décide de lui en prendre un et de le couper en deux. J'appréhende encore un peu, demande des conseils de dernière minute mais finis par mettre le carton dans ma bouche. Le goût est assez désagréable, mais rien d'insupportable non plus. Je retourne devant les caissons, et décide de profiter de ma soirée sans me prendre la tête avec le
LSD. Curieusement, je suis beaucoup moins stressée que ce à quoi je m'attendais ; c'est presque si j'oublie que j'ai pris un
buvard.
4h15.
Alors que je suis en train de danser, j'aperçois mon voisin à côté de moi. Il vient me voir, m'entraîne jusqu'à sa voiture et commence à rouler un
joint. On discute un petit moment, et je finis par lui dire que j'ai pris un demi
buvard. À ce moment-là , je vois à sa tête que ça ne lui plaît pas. Il me dit que c'est dangereux, que j'aurais dû le prévenir avant et que Thomas est loin d'être la personne avec qui prendre des prods. Je commence à stresser ; il s'en rend compte et me dit que de toute façon, il reste pas loin pour me surveiller au cas-où.
4h30.
Je meurs de froid, et je commence à être fatiguée. Je décide d'aller me reposer un peu avec Thomas, histoire de garder des forces pour le trip. J'ai un peu envie de vomir, je sens que l'acide a du mal à passer. Je baisse les yeux vers mes mains, et me rends compte que mes doigts ont une forme anormale. Certains sont petits et gros, d'autres sont longs et fins... Et des rides épaisses apparaissent le long de ma peau. J'observe les lumières des voitures autour de moi. C'est bizarre. Tout me semble extrêmement différent d'ordinaire, mais je ne saurais dire pourquoi. On décide alors de se lever et d'aller marcher un peu. On finit par tomber sur mon autre voisin, Jérémy, qui nous propose une place dans sa tente. Je lui dis que j'ai mal au ventre, et il me répond que je me sentirai mieux après avoir vomi, me passe sa veste et me dit de faire attention à moi et de ne pas rester seule. On s'installe donc dans la tente, avec deux personne que je ne connais pas. Je suis toujours frigorifiée, et mon envie de vomir est toujours présente. J'écoute mes amis parler et rigoler entre eux, mais je n'ai pas envie de me joindre à la conversation. Je préfère rester tranquille. Au bout de quelques minutes, je me rends compte que je commence à monter. Les choses bougent légèrement quand je les fixe, et mes mains sont toujours déformées. Je trouve ça drôle, mais l'envie de vomir m'empêche de profiter pleinement du moment.
05h00.
Mes amis se lèvent pour aller devant les caissons. Je décide de rester un peu dans la tente. J'attrape un livre dans mon sac, une pièce de théâtre étudiée au lycée, et commence à essayer de lire. Les mots flottent comme sur des vagues, et leur sens m'échappe un peu.
05h20 - 05h30.
Je vois la lumière pointer le bout de son nez à travers le tissu de la tente. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là . Une demi-heure, peut être ? Je décide de me lever et d'aller taper du pied. L'envie de vomir me poursuit, mais le fait de me concentrer sur la musique me fait oublier un peu cette désagréable sensation. Je reste devant les caissons un bon moment. J'apprécie vraiment le son, et suis heureuse de retrouver mes amis.
06h30 - 07h00.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée devant les caissons. Je décide d'aller faire un tour, histoire de découvrir le site et d'aller voir le deuxième mur. Je m'éloigne de la musique, et ressens une sensation étrange parcourir mon corps. Je me sens lente et calme, étrangement calme. Je n'ai pas envie de parler. J'ai envie de profiter de ce moment de paix et de tranquillité intérieure. Au fur et à mesure que je marche, un sentiment d'incompréhension m'envahit. "Je comprends plus rien". Voilà tout ce que je suis capable de dire. Étrange. Pourtant, j'ai parfaitement conscience de qui je suis, d'où je suis et de ce que je fais là . Je retourne devant le son et là , tout devient magique. J'ai l'impression de ne faire plus qu'un avec la musique. J'observe les caissons rouge et noir, et j'ai l'étrange sensation qu'aucun bruit n'en sort, que tout est dans ma tête. Tout ce qui se passe autour de moi en est synchronisation parfaite avec la musique. C'est fou. J'ai réellement l'impression de communiquer avec elle. Je ferme les yeux et me laisse bercer par le son.
8h30.
Je m'installe en plein milieu du champs, sors mon diabolo de mon sac et commence à en faire sous l'œil attentif d'un de mes amis. Je réalise quelques figures, mais j'ai l'impression que ma corde est beaucoup plus courte qu'elle ne l'est en réalité, et j'abandonne rapidement. Je laisse mon diabolo à un ami et pars m'allonger dans les vignes, seule, écouteurs dans les oreilles. J'ai conscience que c'est une situation bizarre, mais je m'en fous. Je contemple les nuages avec une fascination enfantine. Je les vois changer de couleur, prendre des formes incroyables et revenir à la normale. Au bout d'un moment, je me rends compte qu'il commence à faire jour, que je suis à deux heures de route de chez moi et que j'ai dit à ma mère que je rentrais tôt. Je pars donc à la recherche d'un de mes voisins, afin qu'il me guide pour le chemin du retour. Il me dit de faire très attention à moi, et tient absolument à ce que je ne rentre pas seule. Je demande à une voiture de filles de me déposer à la sortie de la teuf, et en profite pour savoir où elles vont. Miracle : elles vont dans la même ville que moi et ont une place de libre. Je monte donc avec elles, et c'est parti pour une heure et demie de trajet.
10h30.
Le voyage a été plus court que ce que je pensais. À vrai dire, je serais incapable d'en estimer la durée si je n'avais pas mon téléphone sous les yeux. Je me sens toujours aussi calme, quoique un peu mal-à -l'aise de ne pas faire la conversation. L'envie de vomir me reprend, plus intense cette fois. Lorsque nous arrivons à destination, j'ai toujours du mal à comprendre ce qu'il m'arrive. Je décide d'aller me promener dans le parc où j'avais rejoint mes amis la veille, puis appelle ma mère pour rentrer chez moi.
14h00.
Je me rends compte que le trip était vraiment trop violent pour moi. Quelle claque je me prends ! Les choses bougent de plus en plus, tout me paraît étrange et tordu, et le sentiment de calme profond est toujours là .
15h30.
Je rejoins mon voisin chez lui. On fume un pet et discute un peu de la soirée. Il essaie de me faire prendre conscience du danger auquel je me suis exposée, et me dit qu'avec le
LSD, on peut vriller à tout moment. Je l'écoute attentivement mais ne peux m'empêcher de rigoler ; je vois ses sourcils, ses cheveux et ses poils de bras pousser au fur et à mesure qu'il parle.
21h30.
Je suis toujours à balle, mais je sens que mon corps a besoin de repos. Dans un peu moins de neuf heures, je serai en cours. J'ai toujours du mal à comprendre ce qu'il se passe, mais décide de ne plus y prêter attention et d'aller dormir.
Désolée de la longueur du post, mais j'avais besoin de vous indiquer le contexte parce que la durée du trip me paraît exagérée et j'aimerais avoir vos avis sur la question. Merci d'avance !