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La communauté de fumeurs de San Francisco venait à peine d’apprendre à différencier les feuilles et les fleurs. Cela s’est produit lorsque des fermiers du Mexique ont découvert que des têtes non compressées et bien traitées pouvait rapporter 250$ par livre (environ 450g), à l’époque où un kilo d’herbe mexicaine compressée se vendait environ 80$ sur Haight Street, quelle que soit sa qualité.
Les premières huiles d’herbe et de hash
Je mourrais donc d’envie d’utiliser mon laboratoire, quand je me suis rendu compte que j’avais au moins un kilo d’herbe compressée quelque part dans le placard, et qu’il y avait une boutique de spiritueux dans le quartier d’Haight & Cole. Je savais que la teinture était réalisée simplement en faisant tremper de l’herbe dans de l’alcool alimentaire jusqu’à ce que toutes les bonnes choses soient dissoutes dans l’alcool. L’herbe est alors filtrée du mélange et l’alcool clarifié (qui contient les bonnes choses) est mis en bouteille en tant que médicament.
J’aimais beaucoup l’évaporateur rotatif, pour en avoir vu fonctionner quand des amis fabriquaient d’autres substances exotiques, et je me demandais ce qu’on obtiendrait en y faisant passer de la teinture de cannabis. Je n’ai pas mis beaucoup de temps à l’imaginer, et c’est en fumant que je me suis rendu à la boutique, où j’ai acheté de la Smirnoff 101 que j’ai ramené à l’appartement. Le kilo fut rapidement mis à tremper dans un gros ballon à fond rond rempli de vodka.
Ce qui se passait devenait évident pendant que je regardais l’alcool devenir vert. Je l’ai laissé reposer pendant un moment, observant anxieusement l’alcool devenir de plus en plus sombre, réalisant que les bons éléments se dissolvaient lentement dedans. J’ai filtré et passé cette teinture dans l’évaporateur rotatif, ce qui donna pour résultat une huile visqueuse, d’un vert obscur.
Mais je ne savais pas du tout quoi faire avec. L’herbe et le hash étaient les seules choses fumées à cette époque, et de nombreuses technologies que nous avons pour fumer aujourd’hui, appartenaient encore au futur. J’ai alors trempé du coton dans l’huile, et je l’ai fumé dans une pipe. C’était plutôt mauvais, mais pour l’époque, nouveau, puissant, et inédit.
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que l’on découvre que fumer des dabs sur du papier d’aluminium avec une allumette et une paille produisait un type d’effet différent. Les cannabinoïdes étaient vaporisés, tout comme avec le dabbing moderne ! Mais ne fumez jamais quoi que ce soit sur du papier d’aluminium, même si vous le chauffez d’abord avec une flamme jusqu’à ce qu’il « change ». La recherche menée sur les toxicomanes qui utilisent du papier d’aluminium pour fumer montre de nombreux effets négatifs de cette pratique, et je crois que la maladie de Parkinson est l’un d’entre eux.
Juste après ça, j’ai pu mettre la main sur un puissant haschisch Afghan, et j’ai recommencé : l’huile de hash. C’était la première fois que je pouvais en tester, je n’en avais même jamais entendu parler. Ça a tourné parmi de nombreuses personnes au sein de la baie, et bientôt, la contre-culture avait un nouveau jouet.
Le premier produit que l’on rencontra peu de temps après était de l’huile mexicaine mélangée avec de l’herbe en poudre. Ça contenait environ 2 parts d’huile pour une part d’herbe, et c’était sous forme d’une capsule d’un gramme, accompagnée d’une minuscule pipe en verre à usage unique. C’était appelé « The One » et ça se trouvait partout dans San Francisco et dans le comté de Marin pendant quelques mois.
De nombreuses autres huiles sont bientôt arrivées sur le marché, et les fabricants de matériel ont suivi, en proposant des pipes en verre pour vaporiser l’huile. Ça permettait de fumer comme avec le papier d’aluminium pendant les trois premières utilisations, mais il fallait ensuite la nettoyer entre chaque usage sinon ça provoquait une toux si violente que c’est un miracle si les poumons de personne ne sont jamais ressortis pour atterrir sur la table. Hourra pour les appareils et technologies modernes de vaporisation !
Le Centre médical de l’Université de Californie à San Francisco est situé sur une colline qui se trouve à environ un kilomètre et demi au sud-ouest d’Haight-Ashbury. Il possédait une belle bibliothèque médicale, et à cette époque où n’existait pas internet, les bibliothèques scientifiques représentaient l’unique source de connaissances.
L’isomérisation du CBD en THC
J’ai passé du temps là -bas à la fin des années 60, probablement en 68 ou 69, à lire les expériences menées par le Dr Roger Adams en 1947, l’année de ma naissance, et je suis tombé sur un procédé qu’il utilisait sur des extractions à partir de gros morceaux de haschisch saisi. Ce hash possédait beaucoup plus de CBD que de THC, et il expérimentait l’isomérisation avec l’acide sulfurique, pour convertir le CBD en THC.
Le résultat final de l’expérience était que le taux de THC de l’huile était multiplié au moins par 6 suite au procédé d’isomérisation. J’ai lu l’expérience plusieurs fois avec étonnement, et j’ai dû me retenir de ne pas crier « Eureka! » dans la bibliothèque, réalisant que je venais juste de découvrir quelque chose qui, en tout cas pour cet exemple, multipliait par 6 le taux du THC du cannabis.
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