L'addiction psychologique

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paralyse femme
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11 messages

Bonsoir à  tous,

Si j'écris ce soir, c'est plus par besoin de lâcher un peu le morceau que d'avoir des conseils.
Ca fait maintenant plus d'un an (le temps passe vite), que je consomme de la codéine plus ou moins régulièrement. J'ai commencé en étant hyper bien renseignée sur les dangers, etc, et j'ai essayé de tout mettre en oeuvre pour ne pas laisser la dépendance physique s'installer. C'était ça qui me faisait le plus peur, et j'avais l'impression que c'était aussi ça le plus grand danger.

J'ai donc essayé d'espacer les prises, il arrive que je passe deux semaines sans rien prendre. Je la prend toujours seule, le soir et vu que je sais que ça va m'empêcher de dormir, j'essaye de m'en tenir aux week-ends (même si j'y arrive pas toujours). J'ai tenté une fois d'en prendre dans la journée en voyant des gens et je n'ai pas du tout apprécié. C'est vraiment quelque chose que j'aime prendre dans ma bulle. Attendre que ça monte en lisant un livre et après éteindre toutes les lumières et profiter.

J'ai repris les cours en Septembre, nouvelle ville, nouvelle vie. Par chance, les pharmacies présentes en ville n'ont pas de pad****, la seule qui en stock se trouve en périphérie et je n'y ai pas accès tous les jours, ce qui m'a aussi aidé au niveau de ma conso. Et puis je me suis fait des potes, j'avais plein de taf, j'étais pas souvent chez moi donc j'ai eu l'impression que ma conso s'est réduite... Au profit d'autres substances... Ok, je ne prenais plus beaucoup de codéine mais au final j'étais quand même presque tous les jours sous l'influence de quelque chose, que ce soit cannabis ou alcool. J'avais l'impression que c'était peut-être mieux ?

L'année scolaire est maintenant terminée, je viens juste de commencer mon stage et tout mes potes sont partis faire le leur assez loin, je me retrouve donc toute seule. On s'est fait une dernière soirée Vendredi soir, et samedi, un peu triste, je suis partie me chercher une boîte. Une boîte, ça me fait deux prises. Donc deux soirs. Donc Lundi, s'était fini. Je l'ai plutôt bien vécu, c'est normal, ma prise reste occasionnelle, et j'ai donc complètement l'habitude de passer du temps sans rien prendre. Sauf que voilà , ce soir, je suis en galère. Rien de physique (à  part un léger mal de crâne qui peut s'expliquer de plein d'autres manières) mais psychologiquement, je suis au fond du trou. Dès que je suis sortie du boulot, j'ai fait le tour des pharma du centre-ville, au cas où depuis ils auraient décidé de restocker, mais rien, et là  j'ai ressenti une grosse détresse. C'est la première fois je crois que je vis mal le fait de ne pas trouver... D'habitude ce n'est pas grave, ce sera pour une prochaine fois, je laisse même passer de nouvelles pharmacies sans entrer dedans ! Mais ce soir, j'ai du mal.

Je me rends compte de l'emprise de ce produit sur moi. Je m'étais tellement concentrée à  faire attention pour ne pas souffrir du manque physique que je n'avais pas assez pris en compte le risque psychologique. Et à  force de me rabattre sur la codéine quand ça va pas, ou au contraire pour me féliciter/décompresser/fêter le week-end, je me suis créée cette dépendance psychologique. Je m'en rend vraiment compte ce soir parce que j'ai envie de pleurer et que je ressent viscéralement le besoin d'en prendre, comme jamais je ne l'avais ressentie. Mais si je suis honnête avec moi-même, ça fait bien longtemps que cette dépendance s'est installée, et ça fait bien longtemps que je ferme les yeux dessus parce que "tant que y'a pas d'accoutumance physique, c'est pas grave".

C'est tellement frustrant d'avoir conscience d'avoir atteint la limite, je sais qu'il faut que j'arrête avant de franchir un cap qui sera encore plus compliqué, mais je n'ai pas du tout envie. Même pas un tout petit peu.

Bref, un petit témoignage pour rappeler que oui, la codéine peut créer très rapidement une dépendance physique, mais en essayant d'éviter celle-ci, n'oubliez pas que ce n'est pas parce que votre corps n'en réclame pas que votre cerveau n'en rêve pas.

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Raveron21 homme
Nouveau Psycho
Inscrit le 22 Jan 2016
104 messages
Jolie témoignage qui rappel à  quel point les opiacés sont très dangereux d'un point de vue addictologique, je dis ça mais j'ne consomme également depuis 3 ans maintenant et j'ai fais une pause deux mois avant de reprendre 300 mg ce soir de tussipax en sirop, cela m'a fait un électrochoc et je me rend compte encore plus en ce moment après cette prise de la dangerosité de ces molécules à  terme, le plaisir et y trop important le besoin d'en prendre qui se fait ressentir par la suite est assez dévastateur, je te comprends et te souhaite de faire attention à  toi et d'espacer tes prises au maximum.

Prend soin de toi, bonne soirée.

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L'Italien homme
Nouveau Psycho
Inscrit le 23 Apr 2013
176 messages
Les opiacés sont pas plus dangereux que les autres prods...

J'en ai marre de voir cette diabolisation faite partout, tu peux gérer ta conso d'opiacés, que ce soit de l'héro, de la codéine, morphine ect...

Oui, physiquement ça accroche, psychiquement ça varie d'un individu a l'autre, de son rapport au produit, des raisons de sa consomation, du mode d'administration...

Mais c'est pas plus dangereux, tu peux faire une hépatite fulgurante en prenant un seul tazz ou devenir handicapé a vie, tu peux prendre un trip, un seul et ouvrir la porte des hp pendant un bon bout de temps, un infarctus meme jeune apres une trace de coke...

Les opiacés, bien que pas anodin bien sur, n'ont pas de neurotoxicité ni physique, en bref les soucis de ce produit sont lors d'une dependance de l'ordre sociaux économiques judiciaires et en foncion des modes de conso si shoot ou sniff avec partage du materiel... et les risques lié a l'injection...

La dépendance physique s'apprivoise, quand tu n'es pas trop dedans, un sevrage dégressif avec de la métha par exemple sur 5 jours 40 20 20 10 0 et t'es clean sans douleurs en fonction de ton degré d'accroche... Le psychologique par contre c'est pas la meme, mais j'ai pas de soucis a ce niveau la pourtant je tape dans la came, j'ai de la "chance" a ce niveau...
Reputation de ce post
 
Les opiacés ont une accroche physique commune à  aucune autres substances
 
100% d'accord avec toi! Le soucis, pas des moindres, c'est la coupe aussi Mas...

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away
Adhérent PsychoACTIF
Inscrit le 20 May 2013
2612 messages
Salut tout le monde,

Paralyse, cela pourra t'être utile :

http://www.psychoactif.org/psychowiki/i … ch=Codeine

http://www.psychoactif.org/psychowiki/i … arch=PAWS+

Bonne journée.
Away

Dernière modification par away (08 mars 2017 à  07:51)

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guérir homme
Psycho sénior
Inscrit le 13 Oct 2016
572 messages
je te comprends paralyse je suis un peu dans le meme cas...

j'ai commencé il y a quelques mois en etant bien informé des dangers aussi.
idem j'aime la prendre seule dans ma bulle le soir...

je me suis beaucoup retenu dans ton témoignage...
j'aimerais bien discuter avec toi si possible (mp?)

l'addiction psy vient vite.
je m'oblige à  espacer 14 jours...mais il me tarde vite que les 14 jours arrivent...
un petit rituel le mardi soir espacé tous les 2 semaines...

ce qui est vicieux c'est que meme en espacant il y a moins deffet qu'au debut...
genre la premiere fois que j'ai pris 7,8 cachets tout le lendemain j'étais stone un peu nausée alors que 5 h apres la prise je suis "sobre.
et puis inconsciemment tu te dis cest leger comme drogue peu d'effet...
c'est vrai que le fait que ca soit sans ordonnance dédramatise le truc inconsciemment...mentalement t'as pas l'impression de te droguer genre comme si tu prenais du cannabis ou autre chose.

ta derniere phrase résume super bien...pareil mon corps n'en a pas besoin mais le cerveau en reve...que c'ets bien trouvé cette formule !!!!!

apres pour moi pour le moment (je touche du bois) ma prise est positive...dans le sens ou ca m'aide à  tenir...je me rassure en disant que il y aura toujours la récompense euphorie codeine...rien que pour ca la vie vaut d'etre vécue...

perso je fais: 7,8 cahets de tussi toutes les 2 semaines...ceci depuis ffevrier...c'est ce qui me correspond...avant j'en étais à  la phase test 4 cachets puis 3, puis,6 avec du  neo...j'appreciais pas trop nausée mais maintenant que mon coprs s'ets un peu familiarisé je n'ai que les effets positifs du produit...

la j'aurai envie den reprendre mais je m'oblige et minimum 2 semaines...3 serait le mieux mais bon...le jour ou je craquerai les 2 semaines j'aurai perdu...tant que je tiens cet espace je controle...

je pense augmenter à  10 cachets...car meme si agreable pas hyper puissant non plus...

et parfois ca me frustre davoir attendu autant pour si peu deffets...je veux dire une fois que la montée euphorisante de 20 min est passée apres pas hyper puissant meme si agréable..
bu hier 50 ml jus de pamplemousse 1/2 h avant bof pas trop deffet en plus...ou peut etre que si j'avais rien pris j'aurai eu encore moins deffet...

2 semaines c'est suffisant pour baisser l'accoutumance ou le corps s'en souvient bien ??

perso pour l'isntant je ne regrette pas davoir commencé la codeine...bien qu'il faut faire tres attention je sais...
j'ai bien fait dinsiter car au debut j'aimais pas trop puissant, trop deffet negatif pas de plaisir...ou alors cetait le neo...

et sur le plan de la santé si je prends 10 cachets de tussi totues les 2 semaines?risque? ou pas plus qu'avec un autre medicament

Je suis l'heureux gagnant du package: anxiété sociale/anxiété généralisée/ bipolarité
Je me soigne...mais le chemin est encore très long...

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prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Paralyse,
tu illustres bien l'opinion assez répandue que les opiacés sont largement un "auto-traitement" contre une difficulté d'existence. Et comme les somniferes sur les pbs de sommeil, ils "résolvent tous les problèmes" immédiatement et "sans effort".
Mais le problème est que c'est pour un moment seulement et qu'il faut au moins recommencer et souvent augmenter les doses.
C'est pourquoi, pour le sommeil comme pour le mal être, le meilleur conseil est de tenter de les regler de façon non médicamenteuse, aidé éventuellement par des produits (notamment pharmaceutiques)  mais seulement pour un temps.
Mais le problème est que ces "solutions" non médicamenteuses sont rares, non remboursées et mal encadrées sur le plan de la qualité et de la sécurité des soins.  Et que souvent le mal être est plus un problème de société que de "maladie".
En bref, c'est pas facile, mais ça reste nécessaire. La méditation est une aide mais n'est pas facile d'accès et demande une aide dans les environs.
voir

http://www.apsytude.com/fr/mes-soucis/m … -mal-etre/
http://www.apsytude.com/fr/mes-solution … bien-etre/



Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Guerir,
Tu me demandes mon avis sur ton post. Que dire ? Chacun a son ressenti qui est sa vérité. En tant que médecin notre rôle essentiel doit etre de t'aider à  explorer ta vérité et les alternatives possibles.
Dont acte = perçois tu un risque ? Es tu totalement à  l'aise avec cette conso ? Vois tu des alternatives ?
nb= je ne m'attends pas que tu réponde ici. L'important est surtout de répondre pour toi et pour ce qui me concerne en MP si tu veux.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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geosadak homme
Psycho junior
Inscrit le 25 Jan 2017
304 messages
En dehors du gout de reviens-y, la dépendance à  la codéïne s'installe-t'elle effectivement aussi rapidement qu'on le lit partout ?

Je m'explique. J'ai du lire tous les posts à  ce sujet dispos sur le web, à  chaque fois les mises en gardes vont bon train. Je me pose cette question : toutes ces mises en garde n'ont-elles pas un effet "placebo" ? C'est à  dire qu'on va inconsciemment assimiler des symptômes lambda au manque physique de codéine alors qu'il n'en est rien ? Et du coup avoir tendance à  en reprendre (ce qui aura pour effet de diminuer ces symptomes).

J'en prends depuis grosso modo 2 mois à  raison de 2x par semaine (90mg -> 130 -> 160 -> 200 -> 240, dose à  laquelle l'effet est là ). J'ai mis un peu de temps à  trouver la quantité nécessaire à  retrouver l'effet du tramadol (que j'ai à  des doses bien moindres, 75mg suffisent, mais je n'utilise le tramadol qu'à  des fins médicales).

Etant de nature prudente, j'ai au fond de moi cette peur de la dépendance induite par tout ce que j'ai lu d'habitués du produit. Je décide donc d'arrêter pour le moment (et on est d'accord que c'est positif). La dernière prise était dimanche en milieu d'aprem, couché au soleil.
Aujourd'hui j'ai la chiasse et je ne peux m'empêcher de penser que c'est mon organisme qui réagit à  l'absence de codéïne. Alors qu'hier soir j'ai bu 3 bières et mangé n'importe quoi !

En fait je dis ça pour cette raison : j'ai été dépendant à  l'alcool (avec les symptômes de sevrage le matin, tremblements, anxiété excessive, agitation, mal être, douleurs etc). J'ai réussi à  m'en sortir, tout en réussissant à  en consommer de manière occasionnelle, et je suis fier de ça.

Par contre, avec un peu de recul, la dépendance s'est installée sur une très longue période de consos quotidienne (plusieurs années) alors qu'aujourd'hui je suis le premier alarmiste là  dessus ! Et dans mon esprit, on y tombe beaucoup plus vite qu'on ne le pense. Alors que non c'est faux, la plupart des jeunes qui picolent en soirée ne deviendront pas alcooliques, et moi je passe ma vie à  leur dire que si pour leur éviter ma souffrance.

Je ne veux en aucun cas dédramatiser le risque de dépendance à  cet opiacé, si mon message est hors RdR n'hésitez pas à  le supprimer !

La question est en fait plus globale : avoir été dépendant à  un produit ne nous rend-il pas plus alarmistes quant à  cette dépendance ?

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prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages

La question est en fait plus globale : avoir été dépendant à  un produit ne nous rend-il pas plus alarmistes quant à  cette dépendance ?

Je ne sais pas mais plus sensible c'est sûr, donc il est tout à  fait justifié d'être prudent et alarmé !!!!
Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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geosadak homme
Psycho junior
Inscrit le 25 Jan 2017
304 messages

prescripteur a écrit

La question est en fait plus globale : avoir été dépendant à  un produit ne nous rend-il pas plus alarmistes quant à  cette dépendance ?

Je ne sais pas mais plus sensible c'est sûr, donc il est tout à  fait justifié d'être prudent et alarmé !!!!
Amicalement

C'est très vrai, merci Prescripteur.

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