Salut,
Je ne pense pas qu'on puisse devenir physiquement accro au
DXM. Cela-dit, à force d'en faire un usage répété, il est clair que cette substance peut avoir une emprise psychologique dangereuse sur l'usager. Entre 2011 et 2013, j'ai moi-même fait beaucoup usage de cet antitussif, et de manière parfois abusive, peut-être plus d'une centaine de fois. C'est d'ailleurs la première drogue que j'ai consommé, (après la
nicotine, et bien avant d'avoir goûté à l'
alcool ou au
cannabis, ce qui n'est pas logique) et c'est cette molécule qui m'a ouvert la porte vers le monde des drogues psychédéliques.
Je venais d'avoir 15 ans, je m'ennuyais dans la vie, j'avais quelques difficultés scolaires et relationnelles, puis j'avais cette tendance à l'introversion. J'avais un cercle d'amis assez réduit, et je voyais souvent les deux mêmes personnes, avec qui j'ai par la suite consommé pas mal de produits. J'étais sûrement en quête de sensations fortes à l'époque, je cherchais quelque chose qui puisse me transcender un peu et combler le vide qui progressivement s'installait dans ma vie.
Un jour, à la sortie du collège, j'ai entendu "
hier j'ai testé le tussidane"...
Par curiosité j'ai simplement demandé au stoner de ma classe ce que c'était ;
"
Du DXM, un sirop pour la toux qui défonce"
Du coup on peut dire que c'est à partir de ce jour là que tout a basculé. x)
J'ai tapé "DXM" sur google, je suis tombé sur psychonaut, et là j'ai commencé à me renseigner sur les dosages par rapport aux plateaux, les médicaments qui en contenaient, les effets,
trip reports etc...
Bref, je me suis dis "ok, pourquoi pas tester ?", mais naïf et inexpérimenté en la matière, je me faisais de fausses idées quant aux effets décrits, sans le savoir j'ai grandement sous-estimé le potentiel de ce fameux
dxm. En fait j'en attendais pas des masses, je voulais juste avoir un effet psychoactif amusant et euphorique. Au final j'en ai avalé du sirop et des cachets...
Le week end d'après, alors que je passais devant une pharmacie avec quelques sous en poche, et l'après midi de libre à ne pas trop savoir quoi faire, c'est là que l'idée me revint en tête... Je n'avais jamais consommé de drogue, j'avais jamais été ivre de quelque manière que ce soit. Je commençais à peine à fumer des clopes à cette époque, et je me souviens que ça me faisait encore tourner la tête lol :p
On peut donc dire que ma première ivresse, ma première perche, aura été provoquée par le
DXM. Et ce fut tellement intense que je m'en souviendrais toute ma vie. Un tussidane avalé cul-sec... Soit 360 mg de
DXM. Pas d'effets pendant 1h30, je ne m'attendais pas à grand chose... Je m'allonge dans l'herbe et puis là , alors que je regarde le ciel... une sensation très étrange se diffuse dans mon dos, comme si j'avais des ailes qui étaient en train de pousser... Ma vision s'étend alors très loin dans le ciel mais devient floue tout autour du point que je fixe... Je me concentre sur la musique qui caresse mon oreille... Les sons autour deviennent moins facilement perceptibles... J'ai l'impression quand je ferme les yeux que mon corps s'enfonce dans le sol... Des faisceaux de couleurs apparaissent et disparaissent... Et quand je les ouvre, ma vision se met à trembler et ça fait l'effet inverse, comme si mon corps était attiré par le ciel. Une énorme confusion mentale apparaît alors, et je découvre des sensations physiques incroyables, que je n'avais jusque là jamais connu. J’atterris dans un nouveau monde. Grosses distorsions visuelles. Mes membres sont engourdis et mes sens complètement modifiés... Mes amis me parlent, leurs voix partent dans des tonalités très étranges comparables à celles des personnages de cartoon. Je suis pris d'une euphorie assez inédite et je me rallonge dans l'herbe, possédé par un fou-rire absurde, puis pendant environ une demi heure je vais tourner sur moi même, tomber, me relever, puis tituber d'une manière similaire à celle d'un zombie un peu malade qui se prend pour un arbre, avec l'impression de marcher dans un nuage. (ouais, tout ça) Les effets vont durer entre 6 et 8h et je passe sûrement la journée la plus étrange et extraordinaire de toute ma vie.
Dans la tête c'est un joyeux bordel difficilement compréhensible, autant pour soi que pour autrui, sauf si la personne qui nous accompagne est elle aussi perchée au bromhydrate de
dextrométhorphane. Alors là oui, tripper avec quelqu'un sous
DXM devient une expérience très positive, et cela risque clairement de renforcer les liens si il y a une bonne énergie.
Quand j'ai découvert cette substance, alors que je n'avais quasiment aucune connaissance sur la drogue en général, ce fut pour moi comme un choc, une révélation. J'étais assez jeune il faut dire, et vu le temps libre que j'avais j'en ai pas mal profité pour expérimenter le
DXM dans toutes les conditions possibles... Mais souvent avec les mêmes amis, eux aussi assez jeunes à l'époque, et eux aussi assez choqués par la puissance de cette drogue légale, peu chère et si facile d'accès. Adeptes des plateaux 2 bien crades et bordéliques, où t'es tellement dissocié que tu comprends plus rien à rien, tu penses être mort, tu en oublies ton prénom, qui tu es, où tu es, ce que tu fais, t'en arrive même plus à marcher, pour faire simplement un pas ça devient la mission... Parfois tu fermes les yeux et tu te surprends à sortir de ton corps... Alors là c'est le pied et c'est là que tu mesures à quel point tu peux repousser les frontières de ton corps pour découvrir les profondeurs de ton esprit. Tout ça avec un médicament vendu en vente libre en pharmacie pour moins de 3e :p...
Le plus souvent je trippais avec des potes de confiance, eux aussi à balle, et puis ça partait dans des délires hardcore, parfois à la limite de la psychose collective et où on avait parfois l'impression de partager certaines hallucinations. On se réservait nos séances
DXM pour le week end, en général après avoir passé nos semaines à nous ennuyer, on se réveillait hyper tôt le samedi matin, petit footing pour mettre le corps en condition, (bah ouais avaler une vingtaine de cachets d'un coup à jeun c'est pas anodin) puis jus de
pamplemousse pour potentialiser les effets (je saurais jamais vous dire si ça marche vraiment ou placebo, apparemment ça dépend du système enzymatique de chacun) puis on allait à la pharmacie après 8h du matin. On prenait généralement des doses allant de 360 à 900mg, la plupart de nos doses "classiques", étaient dosées à 600mg...
C'était la bonne dose pour avoir un bon plateau 2... Et si besoin était, on redroppait 120 ou 200mg un peu plus tard pour rallonger les effets ou viser un plateau 3. On partait s'isoler dans la nature avec le matériel du campeur, tente, matelas... une bonne enceinte pour la musique, sans oublier le bon gros stock de fumette qui devenait vraiment nécessaire pendant le rush, une fois qu'on y a gouté, le combo
cannabis +
dxm devient un incontournable. Puis on trippait toute la sainte journée dans la forêt lol. Gros délires, parfois un peu violent, en tout cas on peut dire que c'est sûrement une drogue très intense.
Une drogue assez dangereuse, surtout en public, le malaise peut être intense surtout en P2 dans une phase dissociative. Aussi, en se déplaçant, l'appréciation des distances est complètement déréglée. J'ai failli me faire écraser à de nombreuses reprises... Le sens des réalités s'estompe presque complètement. J'ai même un pote qui s'est fracturé la cheville sous
DXM, mais qui n'a rien senti jusqu'au lendemain matin tellement il était anesthésié. Un autre qui a fait un malaise (mauvaises interactions avec anti dépresseurs) et qu'on a retrouvé étalé sur le trottoir conscient mais incompréhensible, et qu'on a envoyé à l'hp pendant quelques semaines.
Perso, je vois le
DXM comme une sorte d'anesthésiant psychédélique et opi-like, tellement on se sent engourdi et en dehors de son corps. Je pense qu'on pourrait le comparer à la
Kétamine ou bien à la Methoxétamine. Malheureusement, le
DXM a son lot d'effets néfastes et désagréables.
Déjà la montée du
DXM, c'est vraiment dégueulasse. Autant les premiers trips pour moi ça passait sans soucis, aucun désagrément physique, mais à force...
J'avais beau espacé les prises, à chaque nouvelle fois que j'en j'en prenais, c'était toujours un petit peu plus difficile à supporter physiquement. La grosse gerbe... Pendant 2 heures t'es cloué au sol, tu te focus uniquement sur ta respiration pour contrôler ta nausée (trop mal au ventre) car tu sais que si tu gerbes tu vas pas tripper comme prévu. Du coup tu sens dans ton ventre que c'est acide et que ça s'agite, tu te languis et en plus de ça t'as des démangeaisons qui peuvent apparaître... ça commence par le cuir chevelu puis tu finis par t'enfoncer les ongles jusqu'au sang... Tu te retrouves après le trip complètement griffé de partout, le bide en vrac, et complètement crevé si c'est pas à côté de la plaque.
Ce qui est curieux, et c'est vraiment le seul produit avec lequel mon corps a réagi de cette manière, pourtant j'ai testé pas mal de drogues, et bien c'est qu'à force, j'ai développé une intolérance progressive au
dxm ! Et d'ailleurs je ne suis pas le seul, c'est le cas aussi pour tous mes potes qui en prenaient à l'époque, et dans des quantités monstres. Aujourd'hui ça fait longtemps qu'on en a pas pris, mais maintenant il suffit qu'on prenne ne serait-ce qu'un cachet de
DXM pour que le corps l'éjecte automatiquement. Sérieusement, ça me fait ça à moi et à tous mes potes qui en ont consommé beaucoup et sur une longue période. On en a tellement pris que, je pense, nos corps ont été comme saturés par la molécule. Maintenant c'est devenu impossible pour nous de tripper au
DXM. Pourtant on a réessayé plusieurs fois, même plusieurs années après... C'est devenu systématique et quasi instantané, on gerbe forcément, avant même d'avoir un effet. Nos corps semblent avoir été tellement sollicités et tellement usés par la prise hebdomadaire de
DXM, et ce sur une si longue période (environ 1 à 2 fois par semaine pendant presque 2 ans) qu'il nous dit "Nan, j'en veux plus !" :p
Et c'est pas plus mal. Le
DXM est une drogue très intéressante, mais il faut se méfier et ne pas prendre à la légère tous les effets secondaires. La dissociation est violente, et peut entraîner des épisodes de
dépersonnalisation/déréalisation. J'ai le souvenirs de weeks ends passés dans l'espace, suivis de lundis déprimants où tu te sens essoré, dans le mal d'une réalité qui a perdu tout son sens. Je pense que l'utilisation répétée d'un produit comme le
DXM peut en faire vriller plus d'un dans sa conception des choses. Je ne pense pas que ça élève votre conscience, mais ça peut vous apporter un grand recul (parfois trop) sur une situation donnée.
J'ai cela dit un peu de mal comment on peut se retrouver à prendre du
DXM tous les jours. D'autant plus qu'il ne s'agit pas d'une drogue facilement combinable à un contexte social... Bon après c'est sûr qu'on peut prendre l'habitude selon le contexte... Mais comment prendre l'habitude x) ?
Déjà , comment faire pour ne pas avoir la nausée à force d'avaler tous ces cachets si amers ?
Moi à force mon corps il en veut plus...
Dans quelle conditions est-il consommé ? Quel est le plateau visé par le consommateur ?
Pourquoi le consommateur ressent-il le besoin de s'avaler plus d'une boite de
dxm par jour ?
C'est violent quand même. Comment peut-on garder ses moyens sérieusement ? ça me paraît impossible, sérieux on devient une loque... De plus ça peut faire partir dans des délires un peu sombres quand l'usage est répété... on parle de plateaux "sigmas", où ton état se stabilise en dehors des plateaux connus du
dxm, mais c'est très rare...
Moi la théorie que j'ai du
DXM, c'est qu'on peut pas en prendre toute sa vie... Au bout d'un moment le corps finit par en avoir marre de tous ces cachets et excipients chimiques... Il finit par les éjecter automatiquement. Je n'étais pas dépendant, mais j'ai eu ma période où j'en prenais assez souvent, et y'a eu un moment où j'y pensais souvent. Genre j'attendais que ça, le week end, ou ce moment où je pouvais avoir un peu de temps libre pour tripper et m'évader de ma routine de merde. Le problème c'est que c'était tellement intense pour moi, que ça en est devenu usant, et que j'ai dû délaissé complètement cette substance pour réfléchir à une autre façon de consommer vu que mon corps me criait "Stop" et que c'était devenu insupportable dans les effets (démangeaisons, nausées, maux de ventres, vomissements). Par la suite j'ai découvert d'autres drogues, parfois tout aussi puissantes et plus faciles à digérer, et dans mon élan de curiosité j'ai malheureusement développé une addiction à la
codéine.
Parfois je repense à toute cette période
DXM, et je me dis que mon addiction d'aujourd'hui, à la
codéine, ce n'est pas forcément sans lien. Après tout ces deux produits agissent de la même manière, sur le système nerveux central, et ils passent tous les deux par des récepteurs
opioïdes...
Enfin bref, tout ça me laisse pensif et je commence à fatiguer, bonne nuit et restez prudents dans vos utilisations du
DXM, profitez-en bien mais n'oubliez pas que c'est pas sans risque