Bonjour
Je découvre ce post, ce forum depuis hier, et je me sens tellement réconfortée !
Tout s'éclaire, je me sentais si seule face à ce que je croyais un désastre personnel.
Et vous êtes tous là , à vivre ces mêmes doutes et questionnements, et cela me conforte dans ce que je ressentais, sans arriver à le justifier rationnellement.
Parce que oui je suis ultra rationnelle, et avec une forte volonté, et pourtant je suis redevenue gentiment accro alors que je croyais ces dépendances disparues depuis 20 ans.
J'ai pris de l'
héro, tem et code pendant des années puis j'avais réussi à tout arrêter,
sevrage brutal et sans assistance, juste un peu de
shit et d’acupuncture.
Bah oui les 15 premiers jours ont été bien difficiles, puis après ma vie s'est déroulée normalement, même si parfois quelques envies, je me sentais fière de ne pas y céder.
Le
craving n'existait pas encore, en tout cas les centres d'aides ne le connaissaient pas.
Et il y a 5 ans, après une intervention en neurochir, on m'a filé des doses importantes d'efferalgan codéiné, et c'est comme si les récepteurs endormis s'étaient éveillés.
Et depuis j'ai tenté de maitriser la chose, avec du codoliprane d'abord, qui m'obligeait à ne pas dépasser les 6-8 cp par jour, parce que je connais si bien les processus d'accoutumance, tolérance, destruction et incapacité physique à continuer,
sevrage et rebelote, que je ne voulais pas retomber là dedans.
Surtout qu'entre temps je n'avais plus 20 ans mais 40 et que je faisais un boulot que j'aimais, que je voulais encore essayer d'avoir des enfants, bref, plus du tout dans l'esprit de l'époque.
Je suis passée au pad** ou tu**x, parce que j'avais peur pour mon foie (hepat C)
Je culpabilise à bloc chaque jour, et meme si je voulais l'éviter, depuis 3 ans je ne fais qu'augmenter la dose, parfois 12 - 15 cp dans la journée (au boulot bien sur) et du coup
zopiclone pour dormir (merci docteur). Puis je me dis que c'est abusé, je redescends à 3-4 / jour
Et de vous lire, je me rend compte que ce que j'avais supposé est avéré. Oui je crois qu'il y a des gens, nous, qui avons besoin de consommer ce petit plus qui change notre perception du monde. Et que l'on soit bien dans notre vie n'y change rien.
Alors on croit qu'on est malade (discours bien-pensant), et on manque de confiance parce qu'on se dit qu'on est pas "normal" mais en lisant vos différents posts cette nuit et ce matin, je m'en rend compte que c'est de la connerie.
Si cela nous rend plus heureux, nous donne peut être cette carapace à notre hypersensibilité, dont nous avons besoin pour vivre dans ce monde quand même bien sauvage sous le vernis de civilisation, alors pourquoi s'en priver au poins de se rendre malheureux et frustré.
La grosse différence entre avant et maintenant c'est que avant il fallait être clean quoiqu'il arrive. Aujourd'hui l'approche médicale a radicalement changée. Si l'on parvient à gérer notre vie sociale, professionnelle, affective, sans qu'il n'y ait d'impact, alors il n'y aurait pas de problème.
C'est d'ailleurs tout l'objet de la
méthadone, contrôler via le produit, la conduite du consommateur, en lui fournissant un confort permettant de concilier les deux, sa vie et son addiction.
Je suis en arrêt de travail depuis 5 jours parce que justement je suis dans la phase où je voulais "encore" tout arrêter, mais j'y arrive pas. Je m'étais dit "abstinence" ces 5 jours puis reprise du boulot et ça ira. Mais pas du tout, parce qu'au fond J'AI PAS ENVIE D'ARRETER !
J'aime cette douceur dans laquelle cela me plonge alors que je reste apte à effectuer ce que j'ai a faire, j'ai même parfois l'impression d’être plus efficace quand je prend un truc que sans. C'est surement illusoire, parce qu'a la longue j'ai bien conscience que tout ca nuit à mes capacités intellectuelles (mémoire, rapidité, sans parler d'une condition physique désastreuse), mais voilà , c'est comme ça, j'aime ça.
Et miaou, ne te prend pas la tête avec le boulot, moi parfois quand j'en prend un peu trop et j'ai bcp de pression au taf, je pense qu'ils voient que je suis pas tout à fait comme les autres et comme je bosse avec des jeunes dans l'informatique, certains me disent en rigolant "tu devrais arreter la drogue"
osef, je rigole avec eux, et en 5 mn ils sont passés à autre chose, parce qu'au fond ils s'imaginent pas vraiment ce qu'il en est vraiment. Et ils ne peuvent rien y faire, et rien prouver même si c'était le cas, ce serait de la discrimination, et tant qu'il n'y a pas de faute professionnelle, c'est ok. :)
Alors Miaou, je n'ai pas vu de suite à tes aventures, tu en es où ?
En tout cas ces échanges ici m'ont fait voir tout cela très différemment et surtout je n'ai plus l'impression d’être une extra terrestre.