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Saisie record de cannabis : une magistrate face à l'ex-patron des stups
La procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, explique pourquoi elle a engagé une procédure disciplinaire à l'encontre de François Thierry, l'ex-numéro un des stups, mis en examen pour complicité de trafic.
C'est l'affaire qui révèle les coulisses sombres de la lutte antidrogue. Et qui, en sus, pollue les relations entre la justice et la police judiciaire. Le 24 août, le commissaire François Thierry, ex-chef de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), était mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants à l'issue d'une audition marathon. La justice le soupçonne d'avoir caché des informations capitales aux magistrats dans le cadre de sa relation avec son informateur privilégié, Sofiane Hambli, un des pontes du trafic de cannabis hexagonal.
Cette enquête explosive a démarré après la saisie, en octobre 2015, de 7 t de cannabis dans une camionnette garée boulevard Exelmans (Paris XVIe), en l'occurrence au pied du somptueux appartement dudit Sofiane Hambli. La drogue faisait partie d'un convoi beaucoup plus important importé du Maroc par cet informateur dans le cadre d'une livraison surveillée.
Saisie record... et zones d'ombre
Cette technique d'enquête permet aux policiers antidrogue de couvrir une livraison pour mieux faire tomber un réseau, avec l'aval de l'autorité judiciaire. Or les juges d'instruction chargés de l'enquête sur cette saisie record estiment que François Thierry, qui traitait en direct avec Sofiane Hambli, n'a pas joué franc jeu. Lui se défend en affirmant avoir informé le parquet de Paris de toutes ses démarches auprès de sa source.
Alors que l'enquête est en passe d'être dépaysée, la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, vient d'engager une procédure disciplinaire à l'encontre du chef déchu de l'OCRTIS, qui pourrait aboutir au retrait de son habilitation d'officier de police judiciaire. A quelques jours de son entretien avec lui, elle s'explique pour la première fois sur le sens de sa démarche.
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Il existe des soupçons graves contre François Thierry
Catherine Champrenault est procureure générale de Paris. Elle détaille les raisons de la procédure qu'elle a engagée en vue de retirer son habilitation d'officier de police judiciaire au commissaire Thierry.
Pourquoi avez-vous engagé une procédure disciplinaire à l'encontre de François Thierry ?
Catherine Champrenault. Les officiers de police judiciaire (OPJ) sont placés sous la surveillance du procureur général du ressort où ils exercent. Mon rôle est de m'assurer de l'honorabilité et des compétences professionnelles des 19 000 OPJ sous ma surveillance, dont le commissaire Thierry fait partie. Si ma confiance est entamée envers l'un d'eux, la loi me permet d'engager des poursuites disciplinaires dans le cadre d'une procédure contradictoire.
Pourquoi cette confiance est-elle entamée ?
Les OPJ ont pour mission de conduire, dans le respect de la loi, des enquêtes, de constater les infractions, d'en rechercher les auteurs et d'en rapporter les preuves. C'est une tâche suffisamment grave, sérieuse et lourde pour qu'elle exige des fonctionnaires une honorabilité et des compétences irréprochables. Concernant François Thierry, j'estime qu'il existe, dans l'exercice de ses fonctions, des soupçons d'insuffisances professionnelles graves et d'atteinte à l'honneur ou à la probité. Je forgerai ma conviction et prendrai ma décision à l'issue de l'entretien que j'aurai prochainement avec lui.
La mise en examen récente de l'ancien patron de l'OCRTIS a-t-elle été déterminante ?
Pas nécessairement. Les procédures pénales et disciplinaires sont totalement distinctes. Mais il est certain que la prise de connaissance du contenu de l'enquête pénale au printemps a alimenté ma réflexion.
La possible sanction de François Thierry fait grogner dans les rangs de la police judiciaire...
Les enquêteurs de PJ sont des fonctionnaires d'élite pour lesquels j'ai beaucoup de considération. La grande majorité d'entre eux méritent l'estime qui leur est due. Mais nous sommes dans un Etat de droit et, dès lors qu'il y a des soupçons de non-respect du Code de procédure pénale, il est de mon devoir d'agir. La procédure que j'ai lancée est individuelle et vise justement à éviter que le discrédit ne soit jeté sur toute la PJ.
Les enquêteurs des stups rappellent que leur métier nécessite le recours à des méthodes sensibles...
Les livraisons surveillées sont permises par le Code de procédure pénale, tout comme la jurisprudence fixe les limites du recours aux informateurs dûment enregistrés. Ce sont des méthodes utiles à la manifestation de la vérité mais strictement encadrées par le droit. Je vais d'ailleurs prochainement donner des consignes en rappelant ces principes incontournables sur l'emploi de ces deux techniques d'enquête.
François Thierry affirme que la justice était parfaitement au courant de son travail...
Au vu des éléments dont je dispose, il me semble abusif de considérer que l'autorité judiciaire était parfaitement au courant de l'ensemble des pratiques mises au jour. Dans une procédure de ce type, par nature délicate, les enquêteurs doivent assurer une information exhaustive et préalable du parquet, qui doit en retour faire preuve d'une grande vigilance sur les techniques employées. Tout manquement à ces obligations, s'il est avéré, suscite des interrogations sur le rôle des uns comme des autres.
Heureusement en France que l'on peut encore compter sur les forces de l'ordre pour mettre de l'ordre et sauver nos bambins du péril vert...
http://www.lavoixdunord.fr/218025/artic … il-illegal
Dernière modification par Mister No (17 septembre 2017 à 20:45)
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