Quand la baisse des ordonnances d'opioïdes mène les patients à la surdoseQuand il prenait des analgésiques puissants contre la maladie de Crohn et la colite, c'est-à-dire pendant 30 ans, John* n'a jamais fait de surdose. Pas une fois. Mais tout a changé le printemps dernier.
« J'ai fait deux surdoses depuis que j'ai recours à la drogue dans la rue », a-t-il raconté sous couvert d'anonymat.
John prend de l'
héroïne. Il a frôlé la mort la semaine dernière en faisant une surdose. Les ambulanciers paramédicaux ont dû lui administrer neuf doses de
naloxone pour le réanimer.
La
descente de John a débuté au moment où sa relation avec son médecin s'est détériorée. Ce dernier essayait de le sevrer des antidouleurs.
Il fait maintenant partie des Canadiens qui disent se tourner vers les drogues de rue potentiellement mortelles, à la suite des nouvelles directives nationales qui limitent les doses d'
opioïdes que les médecins peuvent prescrire.
En novembre 2016, l'Ordre des médecins et des chirurgiens de l'Ontario a lancé une enquête sur les pratiques des médecins en matière de prescription qui ont été signalées dans le système de surveillance des stupéfiants de la province.
Selon le porte-parole de l'Ordre, les praticiens qui ont fait l'objet d'enquêtes avaient des patients qui obtenaient « des doses extrêmement élevées » d'
opioïdes.
Les nouvelles directives conseillent aux médecins de réduire les prises d'
opioïdes chez les patients dont les prescriptions ont dépassé la dose maximale.
Les changements, qui concernent 9 127 patients, dont John, ont pris effet le 31 janvier. Ils représentent une infime part des 300 000 Ontariens ayant des ordonnances d'
opioïdes dépassant la dose recommandée l'an dernier.
Des douleurs depuis l'âge de 12 ansJohn prenait des médicaments sous ordonnance depuis l'âge de 12 ans pour gérer les douleurs causées par ses maladies.
« Au fil des années, ma tolérance aux analgésiques s'est accrue et j'ai atteint une dose assez élevée », a-t-il poursuivi. « Mais ma qualité de vie était géniale et cela gérait bien mes douleurs. »
Mais John s'est retrouvé sur la liste des patients dont le médecin devait couper les doses.
« Ça a été beaucoup trop rapide », a-t-il commenté. « Même mes cheveux me faisaient mal. J'étais vraiment malade. »
Au-delà des médicamentsL'intervenant en toxicomanie au Centre de santé communautaire Côte-de-Sable à Ottawa Luc Cormier note qu'il y a une légère augmentation du nombre de personnes qui se sentent ainsi « abandonnées » par leur médecin.
Pour corriger le tir, il faudrait selon lui penser à un plus vaste éventail de solutions pour aider les patients.
« Il est question d'apporter une équipe multidisciplinaire dans les soins de la personne, puis d'explorer d'autres avenues, pas seulement les médicaments. Parfois, il faut regarder aussi la santé mentale de la personne, parce que tout ça a un impact sur la douleur de la personne », a-t-il remarqué.
La position de M. Cormier fait également écho à l'une des nombreuses recommandations d'une équipe de chercheurs dirigée par un médecin de l'Université McMaster, à Hamilton, concernant le traitement des douleurs chroniques non cancéreuses.
Dans le rapport, on recommande que les médecins se tournent notamment vers des spécialistes en soins primaires ou infirmiers, des pharmaciens, des physiothérapeutes ou encore des psychiatres pour traiter les douleurs chroniques.
* Le prénom de la personne interrogée a été modifié afin de protéger son anonymat.
Sources:
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/106 … es-ontarioEt oui, la France ferait bien de penser aussi à ça, vu l'orientation que semble prendre notre sinistre de la santé et ses sbires...
Dernière modification par Mascarpone (26 novembre 2017 à 07:24)