[ Etude ]

Pourquoi les antidépresseurs ne fonctionnent pas pour tout le monde ?

Pourquoi les antidépresseurs ne fonctionnent pas pour tout le monde : indice génétique trouvé

Paroxetine, an antidepressant pill

Les antidépresseurs ne fonctionnent pas pour tout le monde. Quand il s'agit de la forme la plus intraitable de la dépression, le trouble dépressif majeur, les symptômes varient, les causes sont nuancées et mal comprises, et tout le monde ne répond pas au même traitement. Maintenant, un groupe de chercheurs a trouvé une raison partielle pour laquelle une classe d'antidépresseurs fonctionne pour certains et pas d'autres - et il se trouve dans un gène.

La Dre Marianne Müller, psychiatre à l'Université Johannes Gutenberg, explique que les personnes qui se trouvent à des extrêmes et qui risquent parfois de se suicider perdent un temps précieux à essayer différents médicaments, à attendre qu'ils fassent effet et à voir ceux qui fonctionnent.

Pour trouver une explication à la variation de la réponse aux antidépresseurs, Müller et ses collègues se sont d'abord tournés vers les souris. Ils ont séparé les souris en deux groupes, et les ont déposés dans des bassins d'eau avant de leur donner un antidépresseur ISRS (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine). Certaines ont bien réagi aux médicaments et ont montré des signes de persistance en continuant à nager pour s'échapper. D'autres n'ont pas l'air d'être aidées et se sont mises à boiter dans la piscine, ne faisant que le strict minimum pour rester à flot.

Analysant les facteurs de transcription dans le sang des « bons » et « mauvais » répondeurs, le groupe de Müller a constaté que les « bonnes » souris avaient des taux sanguins beaucoup plus élevés d'un produit d'un gène lié à la réponse au stress.

Le groupe de Müller a ensuite cherché à voir comment cela pourrait aider les humains.

En regardant un groupe de patients humains souffrant de dépression, ils ont entrepris d'examiner les différences entre les souris et les hommes. Et, en fin de compte, le résultat s'est surtout arrêté sur : la présence ou l'absence de ce facteur de transcription qui prédit une réponse aux antidépresseurs avec une précision de 76%. Ils ont publié leurs résultats jeudi dans PLOS Biology.

En médecine, ce qui est vrai chez la souris n'est pas toujours vrai chez l'humain. « Il serait faux de dire que nous pouvons modéliser la dépression », a déclaré Müller, soulignant que dans des expériences comme la sienne, les souris peuvent être utilisées pour modéliser les symptômes de la dépression. Et, plus que cela, l'équipe de Müller a constaté que leurs résultats chez les souris se retrouvaient principalement dans les modèles humains. Alors que la prédiction de 76% n'est pas suffisante pour développer un nouveau traitement, Mme Müller a déclaré qu'elle est beaucoup plus élevée que ce qu'elle s'attendait à voir.

Le Dr Victor Reus, un psychiatre à l'UCSF qui n'a pas été impliqué dans l'étude, ajoute que l'axe HPA (axe Hypothalamique-Pituitaire-Surrénal), un système qui orchestre la réponse du corps au stress, est presque certainement impliqué dans la dépression. Il est donc logique que le groupe du gène Müller trouvé soit lié à l'axe HPA.

Il souligne (comme l'étude elle-même) que le groupe de Müller ne voit aucune différence dans l'hormone influencée par le gène entre les deux différents groupes d'humains, bien que cela ne nuise pas à la signification ou à la force de l'étude. Le défi, ajoute-t-il, pour toute étude clinique unique comme celle-ci, est d'aller au-delà des études d'échantillons et d'essayer de reproduire l'effet.

« Il y a eu des centaines d'études sur la variation génétique », a déclaré Müller. « Mais jusqu'à présent, tout a été décevant. »

Müller espère que cette voie de travail pourrait aider à résoudre ce problème clinique et trouver comment les personnes qui souffrent obtiennent le traitement dont elles ont besoin. Et, pour la dépression majeure, une maladie dont l'explication a souvent changé avec la forme de traitement recommandée, elle espère pouvoir brosser un tableau plus clair afin de diagnostiquer et d'aider les personnes qui souffrent.


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Source : newsweek
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