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illustration cannabis, photo : Camille MAZOYER © Camille Mazoyer
La Creuse, paradis de la fumette ? C’est certainement l’idée la plus iconoclaste qui soit arrivée sur le bureau du préfet de ce département. Celui-ci a en en effet été chargé de présenter au gouvernement des propositions d’ expérimentation sur ce territoire hyper-rural. Propositions qui doivent servir de support à un un plan de redymanisation de la Creuse.
L’idée devrait plaire à ceux qui se sont offusqués cet automne en lisant que l’une des pistes du "plan de redynamisation" de la Creuse pourrait-être la construction d’un centre pénitentiaire.
« La Creuse, territoire d’expérimentation de la légalisation du cannabis à usage médicinal et récréatif ». Cette proposition n’a pas été glissée entre deux portes, ni-même sur un post-it : Eric Correia, président de l’ Agglo du Grand-Guéret et conseiller régional de Nouvelle Aquitaine a rédigé une fiche complète et très argumentée sur le sujet à l’attention du préfet de la Creuse. Cet élu socialiste ( qui a pris du recul avec ce parti au niveau local) ne fait « que reprendre un point du programme de Benoît Hamon », tempère-t-il.
Sauf que l’idée d’une « légalisation » anticipée et donc localisée sur un territoire donné contient la promesse d’effets secondaires significatifs au plan économique. « Si l’on pouvait implanter une production de cannabis encadrée en Creuse, c’est toute l’économie du territoire qui décollerait », s’enthousiasme Eric Correia.
La fin de la répression ? Photo R Brunel
Ce responsable politique est connu pour sa sensibilité rock’n’ roll. Il est notamment à l’origine du festival El Clandestino qui a permis de faire venir Manu Chao en Creuse en juillet 2017 : « personnellement, je ne suis pas consommateur », tient toutefois à préciser le quinquagénaire , qui est aussi soignant de profession. Son argumentaire est en partie axé sur l’intérêt du « cannabis médicinal et thérapeutique, qui permet de diminuer considérablement la consommation d’antalgiques ».
Comme le Colorado, état américain qui tire profit de la légalisation
La Creuse pourrait se positionner comme l’équivalent hexagonal du Colorado ou de la Californie, états américains qui ont légalisé dans un objectif thérapeutique. Reste que la France n’est pas un état fédéral : difficile d’imaginer une légalisation « dérogatoire » et locale, tant le sujet est sensible.
Sur un plan politique et moral, la « fiche action » développe l’argumentaire des pro-légalisation : « En France, malgré la répression de l’usage, 45 % des jeunes ont déjà testé le cannabis contre moins de 30 % aux Pays-Bas où le cannabis est à peu près légalisé de fait. La France est régulièrement en tête des classements européens pour la consommation de cannabis (…) L’échec est également sécuritaire et judiciaire puisque les interpellations sont en hausse constante pour usage de cannabis et vente illégale alors même que les tribunaux pourraient être avantageusement désengorgés en légalisant le cannabis pour effet récréatif ».
« Si la Creuse ne possède pas de climat tropical, il semble tout à fait possible d’y faire pousser du cannabis pour plusieurs récoltes annuelles. »
Tant qu’à être iconoclaste, Eric Correia n’exclut donc pas l’ « usage récréatif » de son argumentaire. Il envisage que le tourisme de la fumette pourrait profiter au département, à l’image de ce qui s’est passé au Pays-Bas.
Culture clandestine de cannabis
A la base de ce « levier économique », générateur de ressources fiscales ( le cannabis serait légalisé mais évidemment pas détaxé), c’est bien une filière agricole spécifique qui pourrait se développer : « Si la Creuse ne possède pas de climat tropical, il semble tout à fait possible d’y faire pousser du cannabis pour plusieurs récoltes annuelles », assure l’élu.
Eric Correia est président de l' Agglo du Grand Guéret et conseiller régional PS de Nouvelle Aquitaine.
Eric Correia va jusqu’au bout de sa logique : « C’est plus qu’un pari, c’est une certitude. Le Grand Guéret se tient prêt à relever le défi ».
Si l’expérience était circonscrite au Grand Guéret, cela pourrait faire des jaloux sur le plateau de Millevaches. De toute façon, la perspective est encore un peu lointaine. Après le maire d’Aubusson Michel Moine qui demande au préfet de la Creuse d’user de son pouvoir dérogatoire exceptionnel pour conserver la limitation de vitesse à 90km/h sur les radiales qui raccordent Aubusson aux 2X2 voies, Philippe Chopin risque de se sentir débordé par les propositions planantes. Il n’a d’ailleurs pas retenu la proposition d’Eric Correia pour le premier comité interministériel dédié au plan de redynamisation de la Creuse. Le préfet s’est en somme refusé à faire le joint.
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Source : lamontagne
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