Pelik : "Pas évident de répondre quoique ce soit sans se dire qu'on est une merde en sortant l’ammoniaque "
Une merde, sûrement pas Pélik!
Je vais te dire ce que j'en pense : tu essayes de te rassurer pour ne pas gâcher ta lune de miel actuelle. Comme si c'était la culpabilité qui risquait de la briser. Mais ce n'est pas le cas, en tout cas la cacher sous le tapis n'y changera rien. Je ne veux pas du tout que tu te sentes coupable, la lune de miel prendra fin simplement quand tu finiras par attendre les effets comme un "du" et quand tu perdras ta capacité d'émerveillement d'enfant. C'est là où tout commence à "merder en beauté".
Mais si je t'ai fait tout ce beau discours dans ma dernière intervention, c'est pas pour t'abonner malgré toi au dernier quotidien à la mode : La Culpabilité. Il est temps d'être direct.
Si tu veux mon conseil : arrête le crack. C'est un conseil, j'ai aucune autorité sur toi. Ni le pouvoir de lire l'avenir et je ne suis pas sûr d'avoir raison. C'est un conseil parce que je pense que tu es capable d'apprendre à gérer le plaisir et à intégrer le renoncement dans l'équation, et capable de le faire avant de voir ton rêve s'effondrer ; or c'est ce renoncement la clé pour garder le plaisir éternellement intact. Peut-être pour le retrouver dans dix ans... ou pas, le plaisir de toutes façons nous poursuit, si tu ne l'as pas ici tu l'auras ailleurs. Chaque fois qu'on renonce au plaisir, on ne perd rien, on lui donne simplement un nouveau rendez-vous galant.
Alors maintenant le moment de vérité : vois si tu as envie de mettre en pratique mon conseil, je rappelle que ce n'est QUE un conseil et en rien une injonction morale. En fait il n'a pratiquement aucune valeur, donc tu n'as rien à perdre à être sincère. Alors la réponse :
Oui? Non?-> Si c'est "Oui" tu n'as plus besoin de moi. Mais d'un suivi en
CSAPA avec des professionnels de l'addiction (addictologue et psy) pour t'accompagner. Si c'est ta décision, tu y arriveras avec leur aide.
-> Si c'est "Non", alors dans ce cas, éclate-toi. Ne gâche pas tes high avec des remords ou quoi que ce soit. La culpabilité n'a jamais sauvé personne, jamais. Elle gâche la vie gratuitement et sans contrepartie en faisant croire qu'elle peut nous sauver, mais elle ne fait que gâcher, c'est son seul rôle,
elle a le costume d'un super-héros, mais l'âme d'un meurtrier froid. Donc au lieu de jouer à cache-cache avec la culpabilité, ce que moi je te propose, c'est de la regarder en face, et de lui dire "merde". Car c'est pas toi la merde, c'est elle. Si tu ne veux pas arrêter la
coke, alors amuse-toi et savoure l'instant présent. Plus tu seras capable de savourer l'instant présent au lieu d'angoisser pour le futur, plus tu seras une personne libre capable aussi de tourner la page facilement le jour où le
crack ne t'apportera plus satisfaction. La culpabilité nous avilit, elle nous rend faibles et misérables. Mais vivre à fond l'instant présent nous rend forts, libres et capables d'affronter les vents et les marrées. De toutes façons, quels que soient nos choix, la vie n'est pas un long fleuve tranquille.
On en affronte des tempêtes, la souffrance parfois atroce est notre lot à tous. La question n'est pas de savoir si on peut l'éviter, elle est de savoir si face à elle on va être un mendiant miséreux qui supplie en vain, ou si on va garder la tête haute et affronter notre destin en homme libre.Si tu dois te réveiller un jour d'une vilaine gueule de bois après 10 mois d'abus de
crack, alors je veux que ce jour là tu ne sois pas un miséreux rongé par la culpabilité ou les regrets, mais un roi, rempli de force par l'amour de la vie et rempli de joie par les plaisirs que tu as vécus, fier de tes choix et prêt à accepter la sentence s'il y en a une et à la dépasser comme tu as dépassé tout le reste pour reprendre ton cap.
Je ne crois sincèrement pas que tu sauras tellement respecter des limites précises autoritaires, donc choisis-en très peu, cantonne toi au plus important et efficace, ou même simplement à des choses symboliques. Ne te mets pas des objectifs irréalisables mais au contraire, sois généreux avec toi-même. Peu importe quelle "règle" tu vas te fixer, même si elle est petite, pourvu que tu la suives, elle t'aidera à te sentir fort si un jour tu veux arrêter. Par exemple tu peux décider d'être abstinent le Mardi. J'en sais rien, moi, n'importe quoi qui te semble facile à respecter mais quand même bénéfique. En respectant une discipline, fut-elle mineure, on se souvient qu'on a les commandes de notre mental, et ça nous aide le moment venu à savoir qu'on n'est pas si misérable qu'on croit. Quand on s'est abstenu 10 mardis en deux mois, on sait qu'on peut s'abstenir les 10 prochains jours. C'est peut-être amusant dit comme ça, mais c'est énorme le jour où on en a besoin.
Dernière modification par Syam (01 juillet 2017 à 02:11)