Abilify, plaisir et personnalite

Bonjour Joan,

Tu poses des questions difficiles … je vais tenter d’y répondre en ma qualité de « consœur de galère » (mon mari est sous neuroleptiques depuis plusieurs années, pour une schizophrénie).

Tout d’abord, il me semble qu’il ne faut pas minimiser les troubles de ton copain. Les phases maniaques ont ce côté « cool » car la personne est pleine de projets, très extravertie, euphorique, bref, elle semble incroyablement vivante. Le problème est de monter trop haut. Je vais être crue, mais ça se finit souvent soit à l’hp sous sédatifs, soit à la morgue. De plus, ne traiter que les phases dépressives (s’il y en a) augmente les chances que ça se passe mal.

Quelques chiffres pas très joyeux : le trouble bipolaire est la pathologie psychiatrique qui est associée au plus fort risque de décès par suicide : 20 % des personnes ayant un trouble bipolaire décèderaient par suicide. Le taux annuel de suicide est 4 fois plus élevé que chez les personnes atteintes d’un autre trouble psychiatrique, et 30 fois plus élevé que dans la population générale.
(https://www.pourquoidocteur.fr/Maladies … epression)

En gros tu as beaucoup plus de chances de mourir d’un trouble bipolaire que d’un cancer du sein. Pourtant, il semble normal de perdre ses cheveux, vomir trippes et boyaux et être épuisée sous chimiothérapie ? C’est malheureux mais il faut se dire la même chose avec le traitement que suit ton copain.

Tu te dis frustrée et en colère. Impuissante ? C’est exactement ce que je ressens. On est impuissant devant les maladies qui touchent nos proches, surtout quand elles sont aussi incompréhensibles à nos yeux que les troubles psychiatriques.

Comment se sent ton copain en ce moment ? Est-ce que le traitement lui procure un peu de paix intérieure ? Mon mari prend depuis 3 jours un nouveau neuroleptique en plus de celui qu’il prenait déjà. Le premier jour, il n’a réussi à aligner qu’une seule phrase de toute la journée (avant un regard dans le vague et un bâillement) : j’ai enfin pu dormir. Le voir soulagé de pouvoir enfin fermer l’œil est je crois la seule chose qui peut me permettre de le voir autant dans le cirage, l’œil hagard et la bave aux lèvres.

Ne perds pas espoir. Il va falloir du temps pour baisser les dosages et éventuellement pouvoir changer de molécule. Se précipiter risquerait de le faire rechuter. Qui plus est, il pourra peut-être trouver un dosage où il ne se sentira pas trop diminué par les effets secondaires, mais qui lui assurera une certaine stabilité ? Mais il faudra plusieurs mois pour en arriver là.

L’aider à redevenir lui-même ? Le soutenir, en toutes circonstances. Dialoguer avec lui sur ce qu’il ressent, ce que toi tu ressens. Chercher des plaisirs accessibles à son cerveau : un bon repas, une balade, une joie partagée. Car pour la MDMA, il peut oublier pour le moment. Tant qu’il est sous neuroleptiques, il ne ressentira pas ou très peu toutes les drogues qui agissent sur la dopamine et la sérotonine.

Hola

Je prend du Zyprexa c'est le même registre que l'Abilify ( Neuroleptique atypique ) Avant je prenais de l'haldol, lui c'est bien pire que les autres. Je ne peux que confirmer ce que tu dis, ces molécules nous enlèvent une bonne partie de nous même, je suis d'ailleurs désespérée à cause de ça. Et ça me fait chier d'en parler donc je fais un effort la. ( En parler me déprime encore plus )

Il faut te dire qu'une phase maniaque sévère peut tout détruire, il vaut mieux sauver la personne et son entourage, mais le prix à payer est énorme, trop énorme. Cette platitude me donne envie de mourir, je ne crois plus en rien et moi non, je n'éprouve plus trop de plaisir.

Désolée mon message n'est pas encourageant, mais sache que ton mari n'est pas le seul à en souffrir comme ça.

Je ne sais pas s'il y a moyen que le cerveau s'habitue et retrouve une certaine ses repères. En tout cas ça fait des années que je suis dans le désert.

Maintenant ces médicaments peuvent sauver des vies, c'est mieux que de se retrouver à baver dans un HP.

Je me suis prise pour Jeanne d'Arc en passant.

Dernière modification par Massa (30 juillet 2018 à  14:38)

Salut Massa,

Je ne sais pas si tu as quelqu'un pour t'aider, je ne sais pas non plus si ca change quelque chose mais d'apres mon copain il a commence a aller mieux quand je suis revenue pret de lui (j'etais en voyage de 4 mois en Asie). Je lui ai dit qu'un an et demi de drogue/alcool sans sommeil et sans nourriture ne l'avait pas tue, ne lui avait apporte aucun probleme physiologique alors ce n'etait pas cette nouvelle drogue qu'on le forcait a prendre qui allait le detruire. Je ne sais pas si jai eu raison de dire cela mais c'est ce que j'ai envi de croire. Nous ignorons le pouvoir de notre mental. Depuis il ne cesse de s'ameliorer, il reprend confiance, est plus motive ... J'espere que les ameliorations continueront et que ca ne s'arretera pas la.

C'est vrai que ces medicaments sont surement benefiques pour certains mais le bien etre mental doit etre aussi important que le bien etre physique. Si tu (ou peu importe qui d'autre) ne se sent pas a l'aise avec les medicaments qu'il prend il faut agir. La ou je vis j'ai l'impression que les medecins se contentent d'enfermer chimiquement les gens un peu 'trop' pour etre tranquille mais ne se soucient pas assez du bien etre de cette personne. C'est ce qui est arrive a mon copain, il a exprime ses doutes et deboirs du a l'abilify et tout ce que le medecin lui a repondu c'est qu'au moins il etait calme. Au revoir. L'entretiens a dure 15 min et le medecin (qui n'etait meme pas son medecin d'origine) n'a qu'a peine parle avec lui.

Il s'est pris pour Thor, le dieu nordique :)

Il est toujours le même tu sais, il est juste mis en " pause "
Si tu l'aime tu passeras ce cap, au dela de la défonce, fait attention a ça ( pour moi la drogue nous guide inconsciemment dans nos choix )