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Pour les gardiens de la maison d'arrêt Charles III de Nancy, Johnny
Agasucci était un être sans visage : l'un de ces détenus dont on
oublie jusqu'à l'existence "parce qu'il se tenait tranquille". La
découverte du corps supplicié, la nuit du 24 au 25 août 2004, de ce
peintre en bâtiment de 26 ans, martyrisé depuis quinze jours sans
"jamais crier", alors qu'il se trouvait pour la première fois en
détention provisoire dans le cadre d'un trafic de stupéfiants, l'a
brutalement rappelé au souvenir de l'administration pénitentiaire.
Et le procès de ses compagnons de la cellule 118, Sébastien Simonnet,
33 ans, et Sébastien Schwartz, 23 ans, respectivement condamnés à la
réclusion criminelle à perpétuité avec vingt-deux ans de sûreté pour
"meurtre avec actes de torture et de barbarie", et à un an de prison
pour "violences", par la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle,
vendredi 16 janvier, a permis d'infiltrer l'effarant huis clos
nocturne d'une prison vétuste, qui doit fermer ses portes en juin.
Quand les verrous claquent pour la nuit à 18 heures, en cette chaude
soirée d'été, la télévision de la cellule 118 est branchée sur TF1,
et le programme de la soirée va scander le calvaire de plus de trois
heures enduré par Johnny Agasucci. Depuis quelques jours, il est seul
avec les deux Sébastien dans cet espace de 18 m2 conçu pour six
détenus : "la cellule de M. Simonnet", qui dicte la loi et distribue
les rôles.
Il est le chef, Schwartz, le valet, et Agasucci, le larbin qui assure
toutes les tâches ménagères. Simonnet lit son courrier, l'insulte, le
menace et le frappe constamment. Claques, coups de poing, de coude,
de pied et de genou pleuvent au prétexte du manque d'ordre, d'une
hypothétique homosexualité, ou du prétendu statut de balance
(délateur) du frêle jeune homme de 1,65 m pour 59 kg.
Pour dissimuler son état, on lui fait "tourner le dos à la porte ou
aller aux toilettes" au passage des gardiens. Cette nuit-là , Simonnet
se "déchaîne", visant le thorax, le ventre et les parties génitales
et parachevant les sévices par une pendaison fatale à la potence
d'accroche du téléviseur.
"DEUX MOIS DE TORTURE"
Ce drame était évitable. Au moment du meurtre d'Agasucci, nul
n'ignore en effet que Simonnet est en attente d'un procès en appel
pour "actes de torture et de barbarie" sur... un autre codétenu de la
prison. Pour l'avoir contraint à boire de l'urine, à lécher le sol et
la cuvette des toilettes, lui avoir attaché les parties génitales
avec du fil électrique, fait subir des simulacres de pendaison, et un
viol avec un manche à balai, il a écopé de douze ans de réclusion.
Quelque temps avant le meurtre d'Agasucci, Manuel Neira, un gaillard
titulaire d'un bac pro, trop intello au goût de Simonnet, a, lui, fui
la cellule 118 un matin. Il évoque aujourd'hui "deux mois de torture
psychologique", des parties de dames délibérément perdues pour
s'acheter un peu de paix, et des privations de sommeil infligées
parce que son penchant pour la lecture "cassait l'ambiance".
De multiples incidents de violence, physique ou morale, non assortis
de plainte émaillent encore le dossier carcéral de Simonnet, que le
directeur de la prison n'a, à l'époque, pas pris la peine de
consulter. Deux des six rondes de nuit, au moins, sont passées à côté
du supplice d'Agasucci cette nuit d'août 2004. Sourdes et aveugles...
Certes, les détenus, à la recherche d'intimité, fabriquent pour leur
lit de dérisoires baldaquins à l'aide de linge. Dans ce fatras, les
gardiens jurent avoir contrôlé l'effectif et le barreaudage de la
cellule 118 - tombeau d'Agasucci - par l'oeilleton. Mais Schwartz
assure que celui-ci était obstrué, et que personne n'a jamais toqué à
la porte de la 118 avant qu'il ne donne l'alerte vers 2 heures 30.
Un rapport de l'inspection des services pénitentiaires consécutif au
meurtre engage en tout cas la responsabilité du directeur de la
prison de l'époque pour avoir placé Simonnet "en cellule collective".
Informé de ses actes de violence antérieurs, "en particulier contre
M. Beaune", le directeur Stéphane Scotto devait "prévenir le
parquet", afin qu'on trouve à Simonnet "une autre affectation".
"J'ai été épargné parce que Simonnet s'en prenait à Johnny", se
convainc aujourd'hui Schwartz, qui a toujours nié avoir participé aux
sévices mortels, "si j'avais bougé, je serais dans la tombe". Habitué
du quartier des mineurs pour vols et ancienne victime de violences
familiales, le jeune homme, âgé de 18 ans et demi au moment des
faits, venait d'être incarcéré chez les "grands" lorsqu'il a croisé
la route de Simonnet. Il dit s'être tu "par peur". Tout jeune papa,
il devait bénéficier d'un aménagement de peine imminent.
A l'isolement depuis quatre ans et demi, Simonnet, décrit par les
expertises comme "borderline" et "psychopatique", ne quitte plus sa
cellule que pour une heure quotidienne de promenade solitaire et un
peu de sport. Vendredi soir, à l'énoncé du verdict où leurs deux
familles en sont venues aux mains, il a pourtant prévenu Schwartz en
se jetant sur lui avant d'être maîtrisé : "Tu ne seras pas acquitté
par nous !" La famille de Johnny Agasucci espère maintenant voir
reconnaître la culpabilité de l'administration pénitentiaire. Depuis
septembre 2004, elle attend les suites d'une plainte contre X et
homicide volontaire.
LE MONDE | 17.01.09 | 13h58
Patricia Jolly
Article paru dans l'édition du 18.01.09
je sais que ce fait divers va en faire rager plus d'un ici
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bighorsse a écrit
je préfere ne pas m'exprimer sue ce sujet trop douloureux pour tous
Tu es tout à fait en droit de donner ton avis sur ce sujet Big'
Ce forum est un lieu ou chacun peut s' exprimer librement
Après il peut y avoir des désaccords comme nous l' autre jour ca a été réglé et puis voilà , un malentendu peut arriver, mais que cela ne t' empeche pas de dire ce que tu penses
Ton avis pense autant que celui de n' importe qui, meme plus parfois vu ton passé :)
A bientot Big'
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Dernière modification par bighorsse (22 janvier 2009 à 23:39)
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bighorsse a écrit
et que penser de ce cas là :
le détenu a fourniret, coupable de meurtres avec viols,tortures etc..de pleins de femmes, avec sa compagne....ce mec se retrouve en maison d'arrêt à chalons en champagne; des travaux ont été fait exprès pour "l'accueillir": il est seul, sans contact avec les autres détenus; à une court où il se "balade "seul 1/2 h par jour;il part pour PARIS la SANTE car il a un autre dossier sur le dos
que faire de ce genre d'assassin???? la mort avec tortures de femmes lui est necessaire, pour jouir.....
il va être enfermé comme un animal dangereux pendant 30 ans...puis quoi...il sortira dans quel état????? qui sera sur sa route ce jour là ??????? MA fille, LA TIENNE??? ma mère? la tienne????
je ne connais pas la réponse
mais elle devrait être quand même examinée avec bcp de sérieux.....
Comme tu le dit Big' que faire pour ce genre de personnages !!!
Un proche pour l' avoir vu trés souvent à la MA de Chalons en Champagne me disait qu' il était vraiment tranquille ...
Mais tu sais comme tous ce genre de mecs Big' j' en ai vu beaucoup que l' on case soit à l' isolement soit au SMPR service médico-psychologique régionale d' une prison et voilà ils sont seul en cellule et attendent leur libération pour bien trop souvent malheureusement réitérer leurs faits !
Une chose qui m' à particulièrement choqué c' est qu' un détenu qui est en détention et qui est reconnu "détraqué", des genres fourniret en banlieue Parisienne ca en manque pas hein ...
Et bien que ces mecs quand je faisait le tour de toutes les cellules avec l' infirmière certains disaient tout simplement NON !!! Et oui car il faut le savoir mais un détenu meme pédophile peut refuser tout traitement que cela soit médical ou psy' et cela ne changera rien à sa mise en liberté qui ne sera en aucun cas retardé pour cette raison ...
En Clair l' Etat Francais remet en liberté des Meurtriers, des pédophiles, ..... tout en sachant qu' ils ne sont pas soigné et qu' il y a un % de récidive énorme !!!
Alors je crois que là aussi il y a débat à faire sur ce sujet, mais bon il y en a tellement sur les dysfonctionnements des prisons que ....
C' est pas notre trés cher Nicolas qui n' y as jamais mis un pied qui y changera quelquechose ...
Amitiées Chris
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Une "succession de déficiences" a conduit à la mort d'un détenu dans la cour de Fleury-Mérogis
LE MONDE | 27.01.09 | 15h38 • Mis à jour le 27.01.09 | 15h38
a mort de Didier Ardon, 22 ans, dans la cour de promenade de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), le 27 août 2007, est le "résultat d'une succession de déficiences". Telle est la conclusion de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), dans un avis non publié, rendu le 15 décembre 2008, dont Le Monde a eu connaissance.
Saisie par le sénateur socialiste Robert Badinter, la CNDS a minutieusement retracé les circonstances du décès de ce prisonnier.
Dans la cour de promenade du bâtiment D5 de Fleury-Mérogis, ce week-end d'août 2007, 226 détenus sont présents. Ils sont observés par deux surveillants, dont l'un posté au mirador. Une bagarre éclate. Mais l'usage veut que les surveillants n'interviennent pas dans les cours, ces "lieux de tous les dangers", selon le contrôleur général des prisons, Jean-Marie Delarue. Ils alertent leur hiérarchie à 17 heures, qui fait une annonce par haut-parleur pour que l'échauffourée cesse.
Un surveillant témoigne : "Une fois l'attroupement dispersé, j'ai vu un petit noyau de détenus (moins de dix), donner des coups de pieds à un autre détenu qui se trouvait à terre." La victime, Didier Ardon, sort en titubant de la cour soutenue par deux camarades.
Il est conduit à l'infirmerie sur un brancard. Là , il doit attendre jusqu'à 17 h 45 le médecin de permanence appelé dans un autre bâtiment. Un autre détenu arrive en urgence. Le médecin s'en occupe. L'état de Didier Ardon s'aggrave. Un surveillant prévient : "Il est en train de mourir." Le médecin essaie de le réanimer, appelle le SAMU. Les pompiers arrivent à 18 h 28. Le décès est constaté à 18 h 55.
Didier Ardon avait été écroué le 15 juillet, après avoir été condamné à huit mois de prison dont quatre avec sursis, en comparution immédiate, pour usage et acquisition de stupéfiants. C'était sa première incarcération. Une information judiciaire a été ouverte. Un détenu a été mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Les week-ends d'été, la prison vit au ralenti. Il n'y avait ce jour-là que sept surveillants au bâtiment D5, pour 800 détenus. La CNDS préconise de renforcer le nombre de fonctionnaires et leur équipement. Elle "rappelle que ce coût est dérisoire par rapport à la préservation de la vie et de l'intégrité physique des détenus". Depuis, les surveillants sont équipés de jumelles.
Alain Salles
Article paru dans l'édition du 28.01.09
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