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La prévention des risques liés aux antalgiques opioïdes est une préoccupation majeure des autorités de santé. L’Agnce nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publie un rapport sur la consommation des antalgiques opioïdes en France, s’inscrivant ainsi dans une démarche de surveillance globale de l’utilisation des médicaments utilisés dans la prise en charge de la douleur.
En 10 ans, la consommation des antalgiques opioïdes a augmenté ; cela s’inscrit dans la politique d’amélioration de la prise en charge de la douleur de part, notamment, des plans ministériels de lutte contre la douleur ayant été mis en place depuis 1998.
En parallèle, l’ANSM observe une augmentation du mésusage, ainsi que des intoxications et des décès liés à l’utilisation des antalgiques opioïdes, qu’ils soient faibles[1] ou forts[2] . Cependant, la situation n’est pas comparable avec celle observée aux Etats-Unis et au Canada.
L’enjeu pour les autorités sanitaires françaises consiste à sécuriser au mieux l’utilisation des antalgiques opioïdes sans restreindre leur accès aux patients qui en ont besoin.
En France, l’ANSM mène régulièrement des actions visant à contrôler l’encadrement de ces médicaments en termes de conditions de prescription et de délivrance, d’interdiction de publicité auprès du grand public, d’informations à destination des professionnels de santé. Elle surveille attentivement la consommation des antalgiques opioïdes et des risques associés.
Les principaux enseignements du rapport :
D’après les données de l’assurance maladie, près de 10 millions de français ont eu une prescription d’antalgique opioïde en 2015. En 2017, l’antalgique opioïde le plus consommé en France est le tramadol puis la codéine en association et la poudre d’opium associée au paracétamol. Viennent ensuite la morphine, premier antalgique opioïde fort, l’oxycodone, à présent pratiquement autant consommé que la morphine, puis le fentanyl transdermique et transmuqueux à action rapide.
Entre 2006 et 2017, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150 %[3] . L’oxycodone est l’antalgique opioïde qui marque l’augmentation la plus importante.
La consommation globale des opioïdes faibles est restée relativement stable. Le retrait du dextropropoxyphène en 2011 a été accompagné de l’augmentation de la consommation des autres opioïdes faibles et en particulier du tramadol. Il devient l’antalgique opioïde le plus consommé (forts et faibles confondus) avec une augmentation de plus de 68 % entre 2006 et 2017.
Les opioïdes ont un intérêt majeur et incontestable dans la prise en charge de la douleur et restent moins consommés que les antalgiques non-opioïdes (paracétamol, aspirine, AINS). Cependant, la consommation des antalgiques opioïdes peut s’accompagner de complications graves. Cette problématique touche principalement des patients qui consomment un antalgique opioïde pour soulager une douleur, et qui développent une dépendance primaire à leur traitement, et parfois le détournent de son indication initiale. Ainsi, le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 167 % entre 2000 et 2017 passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146 %, entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine.
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L'utilisation des cannabinoides n'est même pas évoquée, pourtant en France, nous sommes bien plus nombreux à en user que le kratom.
Pire, l'ANSM veut réguler la vente de CBD et du chanvre afin d'éloigner le plus possible des patients de cette alternative.
Certains patients trouvent parfois le chanvre plus efficace que la morphine qu'ils décident parfois de stopper.
agence nationale de la servitude aux médicaments...
Dernière modification par Mister No (21 février 2019 à 14:03)
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Dernière modification par prescripteur (21 février 2019 à 19:07)
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prescripteur a écrit
Curieusement c'est un chiffre sur lequel l'ANSM ne communique pas beaucoup !
Difficile de beaucoup communiquer sur des données anciennes et des estimations au doigt mouillé.
Plutôt que de racheter un thermomètre attendons que les données soient devenues totalement archaïques pour qu'il soit parfaitement légitime de ne plus du tout communiquer dessus.
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Difficile de beaucoup communiquer sur des données anciennes et des estimations au doigt mouillé.
C'est bien le problème. Comme dit dans l'article les données de décès par médicaments n'existent pas et seules des estimations "au doigt mouillé" sont disponibles. Mais selon l'article, 13 000 décès sont le bas de la fourchette.
Ces données devraient logiquement exister et être communiquées.
Je ne dis pas ça dans un esprit "anti-médical" (je suis médecin retraité) mais il est évident que tout traitement comporte des risques et qu'il faut savoir les évaluer pour faire de bonnes politiques de santé publique. Qu'il y ait une morbidité et même une mortalité quand on traite des millions de français contre des affections fréquentes (douleur, HTA, diabète etc..)n'est pas étonnant. L'important est d'identifier les pratiques les plus dangereuses. Et il est important de tenir compte de toutes les causes d'accident (addiction, tolérance, erreurs médicamenteuses, prises par les enfants etc..). D'ailleurs le terme de "iatrogénie" ("causé par les médecins ou la médecine") est mal choisi puisque la pathologie "iatrogénique" recouvre en fait des mécanismes différents, la plupart ne relevant pas de "l'erreur médicale".
La douleur concerne une grande partie des français et il est inenvisageable de ne pas la traiter. Mais évidemment il est important de minimiser l'impact négatif de la prise en charge.
La revue Prescrire, comme beaucoup d'experts, pense que le profil de la Morphine n'est pas inférieur à celui de la codéine et du Tramadol et devrait leur être préféré dans un grand nombre de cas. D'ailleurs dans l'étude sur la mortalité des opiacés le tramadol et la codéine sont une cause importante de décès. nb=Le rapport signale que le Tramadol peut entrainer une addiction dès une semaine de consommation.
Il n'y a pas d'étude sur la mortalités des anti-inflammatoires utilisés comme antalgiques. ce serait pourtant intéressant puis que la mortalité associée aux anti-inflammatoires est assez importante ("au doigt mouillé" on parle de 2000 décès par an pour les anti-inflammatoires, quelle que soit le produit ou la raison de sa prescription) et que , en automédication, ne restent que le paracetamol et les anti-inflammatoires.
Bref, je trouve que l'absence de chiffres est réellement un problème. Et je suis surpris qu'ils sortent très facilement pour les opiacés mais par exemple pas pour les anti-inflammatoires ou le paracetamol.
Ceci dit, clairement, l'approche américaine (et curieusement anglo-saxonne puisque l'Angleterre et l'Australie ont suivi le même chemin) est clairement néfaste avec un taux d'OD par opioides très supérieur au nôtre (17 000 contre 200). Il ne faut donc pas les imiter.
Il semble, d'après les américains eux même, que la promotion irresponsable des opioides (notamment l'oxycontin) par les labos soit la cause principale.
Mais il semble que l'addiction et la tolérance soient souvent des mécanismes "intermédiaires" menant aux OD.
Quant aux OD chez les consommateurs d'héroine les facteurs principaux semblent etre (en France) la reprise de consommation après un arret (et la baisse de la tolérance), la pureté "inattendue" d'un produit et l'association à alcool/bzd ou equivalents. Le fentanyl ne semble pas encore une cause fréquente, au contraire du Canada.
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (27 février 2019 à 17:42)
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Oui, associé à la complaisance sinon complicité de médecins prescripteurs. C'est le système (US en l'occurence) qui est en cause, pas seulement les labos pharmaceutiques.
Spoiler
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Dernière modification par Mrafton (27 février 2019 à 11:13)
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prescripteur a écrit
Bonjour, voilà comment nos amis suisses traitent la même information.
Je ne comprends pas bien la comparaison... l'enquête santé suisse a un objet beaucoup plus vaste... ?
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Mister No a écrit
Cette mauvaise prise en charge est le fait également de l'ANSM qui refuse l'utilisation des cannabinoides ou exige une expérimentation au mépris d'études complètes et préserve pendant ce temps les ventes d’opioïdes.
Sans compter que depuis peu, la codéine n'est plus en vente libre et outre les soins de substitution, la conso a du se reporter sur le tram facile à obtenir mais également sur des drogues de rue comme l'héro ou par des commandes sur le web.L'utilisation des cannabinoides n'est même pas évoquée, pourtant en France, nous sommes bien plus nombreux à en user que le kratom.
Pire, l'ANSM veut réguler la vente de CBD et du chanvre afin d'éloigner le plus possible des patients de cette alternative.
Certains patients trouvent parfois le chanvre plus efficace que la morphine qu'ils décident parfois de stopper.
agence nationale de la servitude aux médicaments...
salut Mister No est ce que c'est vrai qu certains patients trouve que le chanvre et plus efficace que la morphine car je suis sur morphine et je suis du Québec donc je pourrais changer de substance ? ca viens de l'agence nationale de la servitude c'est quoi ¸est un ministère ? peut tu me dire où je peut trouver ces infos ?
merci Hyrda
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peut tu me dire où je peut trouver ces infos ?
Tu trouveras tout ça sur le site de Principes Actifs
https://www.principesactifs.org/
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (02 mars 2019 à 09:09)
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prescripteur a écrit
Il y a beaucoup plus d'infos sur les autres médicaments et même sur bien d'autres éléments non médicamenteux.
Amicalement
Ce qui est certain c'est que dans la veine de l'introduction de l'ANSM:
ANSM a écrit
La prévention des risques liés aux antalgiques opioïdes est une préoccupation majeure des autorités de santé. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publie un rapport sur la consommation des antalgiques opioïdes en France, s’inscrivant ainsi dans une démarche de surveillance globale de l’utilisation des médicaments utilisés dans la prise en charge de la douleur.
et ayant en tête cela:
Le paracétamol est la substance active la plus vendue en France et sa consommation a augmenté de 53% en 10 ans.
https://ansm.sante.fr/S-informer/Points … nformation
sans compter que la France est l'un des premiers consommateurs européens de paracétamol, a minima un état des lieux plus global, sur l'utilisation des médicaments utilisés dans la prise en charge de la douleur, aurait été bienvenu...
Dernière modification par Hilde (02 mars 2019 à 13:58)
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Dernière modification par prescripteur (02 mars 2019 à 15:58)
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prescripteur a écrit
As tu vu les tableaux ? (cliquer sur l'onglet Tableaux)
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/ac … -0117.html
Amicalement
Oui, j'avais vu mais n'avais cliqué que sur quelques uns. En revanche je n'ai pas trouvé de "commentaire" des données brutes (autre que le court communiqué de presse).
Le tableau qui se rapproche le plus de la problématique antalgiques opioïdes est le suivant, sur les principaux médicaments consommés: https://www.bfs.admin.ch/bfsstatic/dam/ … 92/master.
D'un côté on a une enquête santé très générale et exhaustive sinon détaillée sous-catégorie par sous-catégorie, produite par l'Office fédéral de la statistique, de l'autre un rapport très spécialisé produit par l'ANSM, je ne vois pas trop le justificatif de la comparaison à moins de vouloir souligner que ni l'INSEE ni l'ANSM, ni aucun autre organisme public en France ne se soucie de collecter le genre de données que les suisses trouvent pertinentes, et que c'est une lacune.
Par exemple sur le site de l'INSEE voici ce que l'on trouve si l'on clique sur le sujet santé: https://www.insee.fr/fr/statistiques?ta … dfacette=1
toujours autant de micro-études ou analyses, aucune vision synoptique à la Suisse. Le mieux que l'on plus trouver: https://www.insee.fr/fr/statistiques/fi … 3_F5.3.pdf
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Cette édition 2017 du rapport L’état de santé de la population en France conjugue des approches transversales, par population, par déterminants et par pathologies, pour illustrer l’état de santé globalement bon des Français. Il met également en lumière les principaux problèmes de santé auxquels est confronté notre pays et auxquels les politiques publiques doivent répondre.
C'est un pavé de plus de 400 pages qui précise en intro:
La santé est en effet un concept complexe, qui ne se laisse pas approcher par une seule mesure, sur une seule dimension. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) la définit de manière très large :
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition fait appel au ressenti des personnes et trace un idéal à atteindre pour les politiques de santé publique. Mais pour caractériser précisément l’état de santé d’une population et, a fortiori, pour définir le chemin vers le bien-être complet, il faut décliner ce bien-être en composantes les plus objectivables possible. On associe à ces composantes leur envers, les problèmes de santé, dont on détermine l’importance relative en fonction du nombre de personnes qu’ils affectent et de leur retentissement sur le bien-être de ces personnes. De cette hiérarchisation émergent les priorités de santé publique.
J'aurais espéré y trouver des données sur la santé des français, mais à peu près les seules qui s'y trouvent sont les résultats d'enquête déclaratives sur leur état de santé ou plus souvent la présence éventuelle de problèmes tels que perçus par les répondants... Pourtant à côté des enquêtes de santé par interview ils mentionnent l'existence d'enquêtes avec examen de santé.
Finalement le rapport ne traite essentiellement que de l'envers, des problèmes de santé de la population. Il n'y a pas d'évaluation du degré de bonne santé. Le hors sujet semble parfaitement assumé.
Il y a par exemple une sous-partie "limitations fonctionnelles", qui n'évalue, comme son nom l'indique, que les limitations. On n'a aucune idée des capacités fonctionnelles de français dès lors qu'il n'y a pas de notion de limitation. Pourtant nous ne sommes pas tous des Mamoudou Gassama, loin de là.
Au final on n'a aucune idée de l'ampleur des capacités fonctionnelles et des indicateurs d'état de bonne santé qui se cachent derrière :
- l'espérance de vie,
- l'autonomie de soins personnels et de réalisation de tâches domestiques,
- l'absence de troubles de la vision ou de l'audition,
- la sécurité routière, la non-noyade accidentelle,
- l'absence de pathologie psychiatrique,
- la non-consultation d'un chirurgien-dentiste,
- l'absence de surpoids ou sous-poids,
- la non-consommation de substances PA toxiques,
- la non-contraction de la grippe ou l'absence de prise d'antibiotiques,
- l'absence d'autre maladie infectieuse, de maladie chronique, de maladie professionnelle, de maladie neurodégénérative ou de cancer,
- les grossesses et naissances non-pathologiques ou sans complications.
De la même façon il y a toute une partie sur les déterminants de la santé (environnement, conditions socio-économiques, nutrition, activité physique et sportive, sédentarité, poids, pénibilité au travail, consommation produits PA, vaccination, etc.) mais sans chercher à les relier à l'état de santé objectivable de la population ou a minima à comparer l'évolution de ces déterminants avec celle de l'état de santé de la population : il faut se satisfaire de l'évolution de la mortalité prématurée ou toutes causes.
Je n'ai pas de problème particulier avec les indicateurs négatifs, qui ont leur utilité, mais je trouve incroyable que l'on s'en contente et que l'on s'intéresse si peu aux indicateurs positifs et à leur étalonnement.
Pourtant pour avoir passé quelques bilans de santé dans le passé, je me souviens qu'aux côtés de données biologiques et d'un recensement des déterminants personnels, ils contenaient un tas d'observations objectives ou de mesures (radiographie, santé bucco-dentaire, ECG ,TA, acuité visuelle, acuité auditive, spirométrie, biométrie, soupçon de diagnostic psy...). Avec un peu plus d'imagerie, un test d'effort, une évaluation du niveau de stress, un examen de gymnastique, une brève revue dermato et des phanères, et je-ne-sais-trop-quoi-d'autre on aurait peut-être pu objectiver mon état de santé mieux que le, à l'époque, "pas d'anomalies notables", suivi d'un tas de recommandations personnalisées.
Et puis qui sait, on aurait pu agréger ces données avec celles d'autres individus et faire pousser des indicateurs et scores un peu plus directement parlants que les données touffues compilées dans ce genre de rapport.
Pour revenir à la comparaison avec les suisses, dans le rapport de SPF, il n'est nulle part mention de la prise de médicaments par la population, sauf au titre de la polymédication des personnes âgées. J'en déduis que ce n'est pas un sujet qui intéresse directement la santé, pas plus que la fertilité ne semble intéresser la santé de la reproduction (cf. rapport).
Je suis certainement trop exigeante, il y vraisemblablement là réponses à mes interrogations:
Quels indicateurs de santé pour quelles actions ?
Les indicateurs de santé sont des statistiques produites dans l’objectif de renseigner, mesurer et suivre l’état de santé d’une population. Un « bon » indicateur doit être suffisamment performant et fiable pour permettre l’élaboration des stratégies de santé publique, définir les orientations des actions de santé et assurer leur pilotage, leur mise en œuvre comme leur évaluation.
L’objectif de cette session sera d’exposer les critères nécessaires à la définition d’un indicateur de santé et d’identifier les indicateurs disponibles et utilisés actuellement.
La session permettra également de distinguer les différents utilisateurs de ces indicateurs, d’exposer concrètement dans quels objectifs ils les emploient, et de faire le lien avec des exemples étrangers. Enfin, nous pourrons faire le point sur les évolutions possibles ou souhaitées de ces indicateurs pour répondre à des nouveaux besoins en termes de santé publique.
Comme tu le dis Prescripteur, c'est très politique tout cela...
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