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Dernière modification par Jordanf (01 mars 2018 à 23:54)
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Sinaia95 a écrit
Bonjour,
Je sais que ce post date de l'année dernière mais je tenais à y répondre quand même pour partager mon expérience sur les dangers des benzos.
Tout d'abord je me présente, j'ai 22 ans et aujourd'hui j'étudie la diététique. La première fois que j'ai pris des benzos j'avais 15 ans à peine ; anxiolytiques, antidépresseurs, somnifères et compagnie. On me les a prescrit après que j'ai essayé de me tuer en buvant de l'antigel pendant 4-5 mois. Je ne vous raconte pas dans quel état mon corps était, les dégâts de cette tentative ne se voient plus sur ma santé mais je sais qu'un jour j'en paierai les conséquences (il y a des choses qui ne se voient pas, ni ne se ressentent mais ça abîme forcément). J'ai fais ça après des années d'agressions répétées, de harcèlement, un jour j'ai même faillit être tuée (heureusement j'ai pu me défendre) et j'avais parlé mais rien n'avait changé, j'en avait perdu le sommeil et la dépression c'était mon quotidien. Du coup, tentative de suicide, enquête de police, le procureur a chargé la gendarmerie du coin de me faire faire une déposition puis de me diriger vers une psychiatre. C'est le docteur K (je ne dirais pas son nom) qui m'a prescrit les cochonneries dont je parle plus haut. A l'époque je ne m'entendais pas avec elle, et j'allais la voir malgré moi. Elle me bourrait de médicaments. Je les ai pris pendant plus d'un an, elle augmentait les doses puisque ça ne faisait pas effet. Et en cours je n'arrivais plus à suivre, pour vous dire j'ai un quotient de 135 donc aucun soucis intellectuel ni problème cognitif et avec les benzos j'étais complètement ailleurs. A ce moment là je mettais ça sur le compte des insomnies, de la fatigue, de la dépression et du stress post-traumatique. Durant le traitement, j'ai commencé à boire beaucoup, ça n'a duré que quelques mois et j'ai vite arrêté pour éviter tout problème d'addiction. Ensuite, un peu par hasard je suis tombée sur des articles qui traitaient des benzos, c'est là que j'ai eut le déclic et que j'ai compris d'où venait tout les symptômes que j'avais (tremblements incontrôlables, nistagmus, yeux qui se ferment tout seuls, agitation, spasmes musculaires, impression d'être ailleurs en permanence, jambes en coton, etc). Je n'en avais pas parlé au psy, ne m'entendant pas avec elle je ne lui disais rien. Comprenant cela j'ai décidé d'arrêter progressivement. Au début ça a été dur, mais au bout de quelques semaines je suis arrivée à me défaire de tout ça. L'année d'après, j'allais beaucoup mieux. Je n'avais plus ces cernes horribles sous les yeux, j'ai repris du poids, j'avais plus d'énergie malgré mes insomnies - qui d'ailleurs s'amélioraient très légèrement de temps en temps. Preuves que les benzos n'arrangent rien sur le long terme, au contraire. Et ça ne me manquait pas du tout. L'année d'après, en seconde (deuxième seconde, j'ai demandé un redoublement - envie d'une année blanche pour me reconstruire, j'ai fait de très belles rencontres grâce à ce redoublement) au lycée, j'allais de mieux en mieux. Je me reconstruisais tout doucement, sans médicaments, ma santé allait beaucoup beaucoup mieux et ça se voyait, j'avais vraiment bonne mine, une très belle peau ce qui - mine de rien - joue sur le moral. J'avais plus d'énergie. Moins d'insomnie. Je dormais à peu près 4 heures la nuit, un énorme mieux. J'étais relativement en forme pour suivre les cours. Ensuite en première, toujours de mieux en mieux, ma peau, mes cheveux, ma santé, tout allait mieux. Ça se voyait, mon corps avait du éliminer ces déchets petits à petits et j'en voyait et ressentais les effets. Mais c'est là que j'ai fait une énorme bêtise : le jour d'un examen important, très angoissée, j'ai repris des cachets de mon ancien anti-dépresseur. Histoire de me donner du courage. J'ai fait un syndrome de sevrage. J'avais la nausée, j'étais au bord du malaise, j'en avais pris beaucoup trop le matin (sans m'en rendre compte), et l'infirmière en me voyant arriver (cœur à 146) m'a dit que j'étais verte-grise. J'ai passé l'après-midi à l'infirmerie incapable d'avaler quoique ce soit, allongée, j'ai raté mon examen. En rentrant, j'ai effectivement pu constater la couleur verdâtre de ma peau. J'ai mis plusieurs semaine avant d'aller mieux, j'ai attrapé tout ce qui passait (grippe, angine blanche, rhumes, et j'ai même eut le chic d'avoir une intoxication alimentaire à Pâques - sans les chocolats) dans les mois qui ont suivit. Pendant 7 mois je n'ai cessé d'être malade tout le temps. A la fin, j'étais épuisée mais comme on dit, tout passe. Alors c'est passé. En terminal j'ai de nouveau perdu quelqu'un (je n'avais pas précisé plus haut mais voilà), cette fois d'une façon assez atroce, même les médecins du centre anti douleur étaient choqués et n'avaient jamais vu ça, essayez d'imaginer ces corps osseux, couvert de bleux noirs et souffrants dans les camps de concentrations pendant la deuxième guerre mondiale : c'était exactement l'état de mon grand-père. Une vision d'horreur. La même année je passais le bac, avec mention. Je déménageais pour la fac d'une autre ville, je partais au Népal en trek dans les montagnes himalayennes. Tout cela pendant la longue maladie de mon grand-père. Donc beaucoup de stress et de raisons de rechuter dans la dépression et quid des benzos. Je suis donc parti au Népal, du souhait de mon grand-père encore en vie à ce moment là. Là-bas je suis tombée très malade, j'ai attrapé un virus et mes anticorps se sont retournés contre moi : réaction auto-immune - urticaire géant, prurit insomniant, œdèmes partout en pleine montagne au point de ne plus pouvoir me déchausser (donc pas d’hôpitaux, isolée et obligée d'avancer, 20 à 30 km par jour sur des pentes glissantes à 45° soit 100%). Puis j'ai eut plusieurs œdèmes de Quincke avant qu'on ne me donne des stéroïdes. Ensuite ça a été mieux (il m'a fallut trois mois pour me remettre totalement de la fatigue occasionnée et encore). Bref, je suis rentrée, j'ai emménagée dans ma nouvelle ville, je n'y connaissait personne. Là, la première semaine quelqu'un est entré dans mon immeuble (porte sécurisé), cet individu m'a demandé de coucher avec lui, dans les jours qui ont suivit il m'a harcelée, il a su où j'habitais parce que le deuxième jour de mon arrivée il m'avait observé de son balcon (après quoi j'ai mit des rideaux et installé une chaînette à ma porte). Ça a provoqué un stress énorme, il attendais devant ma porte tout les matins. Quelques jours après j'ai été appelée par mes parents, il fallait que je vienne voir mon grand-père très vite, il allait mourir. De faim. Vous savez la loi Leonetti qui permet d'arrêter d'alimenter quelqu'un qui va mourir... Ça faisait des mois qu'il était maintenu en vie, qu'il pouvait à peine parler, ses râles respiratoires envahissait la pièce vide. Il est mort dans les pires souffrances qu'on puisse connaître, les pires. De là, j'ai fait une dépression, j'avais une vrai peur de sortir de chez moi seules et avec les cours je rentrais à la nuit tombée, de sales types derrières moi bourrés me suivaient parfois, bref ça n'allait pas fort (même si j'avais fait de belles rencontres à la fac). Donc encore une dépression. Et cette fois, j'ai pris la décision d'aller consulter un médecin psychiatre qui m'a aussi prescrit des benzos, antidépresseurs et anxiolytiques. Il était génial, très à l'écoute, adorable.
Mais c'est là que je suis vraiment devenu accro à ces cochonneries. Pourtant cette fois je connaissais les risque de dépendances. Les premiers jours je me suis sentie tellement bien... Tellement légère, je riait tout le temps. Et je dormais au moins 11-12 heures par jour. Dès que j'avais une minute. C'était le bonheur pour une insomniaque depuis 10 ans. Si vous n'avez presque pas dormis depuis 10 ans, vous savez comme moi ce que signifie le sommeil, c'est vital. Enfin, le traitement de fond devait se faire minimum sur 6 mois avant que les effets bénéfiques se ressentent réellement et qu'on puisse stabiliser mon état. Donc j'ai continué. Et c'est là que le bât blesse : au début, après les premiers jours agréables, j'ai commencé à me désinhiber totalement (alors que je suis assez timide et discrète à l'origine), je racontais ma vie à des inconnus... Rien de trop gênant non plus mais je ne me reconnaissait plus. Je riais rien qu'à voir mon reflet dans un miroir, sans explication particulière. Mais je continuais le traitement, et plus ça allait plus l'effet de joie intense que je ressentais se dissipait et laissait place à une nouvelle déprime, on (le médecin et moi en avons discuté) a donc augmenté la dose, mais de peu. J'avais des pertes de mémoire horribles alors que j'ai une excellente mémoire habituellement. Un jour je suis arrivée chez moi en covoiturage, j'ai pris mon chat avec moi, je l'ai nourrit. On étais dimanche soir et quand je me suis réveillée le mardi matin je pensais sincèrement être lundi, le soir seulement j'ai eut conscience qu'on était mardi. Et je n'ai jamais retrouvé aucun souvenir de ce que j'ai pu faire ou non le lundi. Aucun souvenir, rien du tout. Très flippant. J'ai finit par arrêter tout ça 9 mois après. J'ai d'abord arrêté progressivement les anxiolytiques, ensuite je me suis attaquée aux antidépresseurs. Ça a été très dur et long. Mais je ne regrette pas. J'ai bien-sûr eut un bel effet rebond de ma dépression après ça. 4 mois après l'arrêt, j'avais de nouveau déménagé, j'ai rompu avec mon copain en février 2016 et là : tentative de suicide (pas à cause de lui bien-sûr, mais j'étais déjà fragile et ça a été la goutte d'eau de trop, le vase était déjà bien plein).
Je sais que mon post vous paraîtra interminable mais si je peux aider des gens... C'est ici que je répond à la question posée plus haut sur le mélange alcool et benzo.
Cette tentative de suicide a marqué un tournant dans ma vie : mon père très souffrant (il avait même des injections de kétamine avant c'est dire) a beaucoup d'antidouleurs (morphiniques, etc), il avait du Valium, d'autre médicaments, d'autres drogues, ça n'en est ni plus ni moins finalement. Alors comme j'avais la ferme intention de réussir mon suicide j'ai pris de la Vodka (un de mes alcools préférés), beaucoup de Valium et plein d'autre médicaments de la familles des benzo et des antidouleurs. Au moins cinquante gélules, si ce n'est plus. Joli cocktail... J'ai avalé tout ça ensemble, et pour répondre à ceux qui se demandent si c'est dangereux ou non : OUI, OUI et OUI. Bien-sûr tout dépend de la dose ingérée, de notre état physique et psychologique, de notre corpulence (je suis toute mince), de notre âge et de notre capacité à résister, mais de manière général je peux dire que c'est très risqué de mélanger benzos (quels qu'ils soient) et alcool - même à petite dose, même bien toléré je ne le conseil absolument pas, évitez. L'un démultiplie les effets délétères de l'autre. Toujours. Bien-sûr, ce jour là j'étais chez mes parents, ils sont rentrés plus tôt que prévu (cinq minutes), j'avais 21 ans tout juste (c'était donc l'année dernière en 2016, l'année de publication de votre question sur le valium et l'alcool), et ils m'ont trouvé. Quelques minutes de plus et j'étais trop morte pour vous écrire ce roman aujourd'hui.
J'ai écrit tout ça pour que vous sachiez que les benzo rendent accros au moins autant et aussi vite que certaines drogues dures, qu'il ne faut pas en prendre avec de l'alcool.
Cette tentative de suicide à bousillé ce qu'il restait de sain dans mon corps. J'ai souffert, énormément, physiquement et psychologiquement de m'être ratée. Devoir vomir pendant des heures et des heures, supporter la douleur, être maintenu éveillé de force, se faire boire de l'eau de force malgré la douleur pour évacuer tout ce qu'on peut encore évacuer comme substance... Moi c'était une tentative de suicide, vous non. Mais au final je veux dire à ceux et celles qui penseraient se faire du bien en mélangeant alcool et benzo que vous risquez juste de souffrir à terme : soit de la dépendance, soit de trous de mémoires, soit de comportements à risques, soit vous risquez votre santé même à petite dose de temps en temps. Tout ce qu'on ingère, tout ce que le corps absorbe passe dans le sang et détruit des choses. On peut retrouver la santé, partiellement, totalement, et parfois il est trop tard pour s'en remettre totalement. Mais tout ce qui est détruit un jour, même si ça va mieux après, aura des conséquences plus ou moins marquées sur votre santé un jour. Même après avoir arrêté. Moi, je sais que je devrais toujours faire attention.
Après cette prise de médicaments associée à l'alcool, j'ai du faire des cures de vitamines, de minéraux, j'étais dans un sale état. J'ai donc pris de la levure de bière pour reprendre des forces plus vite. Mais tout ça à flingué ma jolie peau. Après la levure de bière ça a été mieux, mais 3 mois après cette cure j'ai eut de l'acné comme jamais, puis une xérose, des ménorragies associée à une carence martiale, des douleurs, un stress immense, des cycles irréguliers, et je n'en suis pas encore sortie. Ces problèmes ne sont que les symptômes visibles de tout les dégâts internes que je me suis provoquée. Je ne sais pas si ça passera un jour, mais aujourd'hui à 22 ans, bientôt 23, j'ai totalement changé d'hygiène de vie. Ça m'a pris un an et demi et je me suis fixée comme objectif d'aider les autres un jour à prendre soin de leur santé. Si ça peut en aider d'autres pour arrêter et se sentir mieux il faut se fixer de petits objectifs. Un à un et ne surtout pas se démoraliser quand on y arrive pas ou qu'on ne perçoit pas de résultat immédiats : se dire "aujourd'hui ça ne va pas, mais demain ou dans un semaine, je ne sais pas, ça ira mieux. Ça va passer." Ces états fluctuent. Il faut donc être patient. Pour y arriver en premier lieu :
- Il faut comprendre ce qui fait qu'on a besoin de ces drogues.
- Ensuite il faut diminuer petit à petit, pas tout en même temps.
- Il faut surtout, j'insiste là-dessus, avoir une alimentation équilibrée (fruits, légumes, féculents, protéines végétales et animales, légumineuses, moins de sucres rapides et ajoutés, plus de sucres complexes, éviter les carences, éviter le café et la théine ou tout autre excitant, prendre du thé rouge à la place du thé noir ou vert car ne contient pas ou peu de théine ou prendre du cacao pur non sucré dans du lait de riz le matin = énergie garantie et apport en antioxydant 5 fois plus élevé qu'avec le thé), prendre des compléments alimentaires (sur avis du médecin) au besoin, c'est un plus, non obligatoire mais on n'est jamais contre un coup de pouce dans ces moments là je crois. Donc à prendre en considération : les compléments alimentaires (le kudzu contre les addictions par exemple, très efficace, ils en mettent même dans les cigarettes électroniques pour détendre).
- Il faut essayer les sports de méditation, le yoga, ou les sports qui font travailler le cardio, les ballades en pleines natures, l'escalade en club, il faut faire de l'exercice pour relaxer les muscles et l'organisme, libérer de l’endorphine, hormone du bien-être et de la détente, pour mieux dormir le soir et être plus zen. Puisque le stress est un facteur crucial à gérer dans les dépendances.
- Ensuite, il faut boire au minimum 1.5, on se sent mieux, ça aide à éliminer plus vite les déchets notamment des médicaments.
- Il faut sortir, voir du monde.
- Il faut essayer les thérapies si on le souhaite.
Mais surtout il faut arrêter au possible de prendre des benzos et/ou de l'alcool, je sais que c'est très facile à dire, vraiment. Mais il faut essayer, j'ai réussit, mais pas du premiers coup si vous avez tout lu. Je paraîtrait sans doute agaçante avec tout ces "conseils faciles", mais je le dit même pour ceux qui ne se pensent pas dépendants ou qui croient que même les petites dose de valium ne font rien. Et bien non, parce que déjà quand on commence à prendre ça c'est que quelque chose ne va pas et qu'on le sent.
Voilà, si quelqu'un n'est pas d'accord avec ce que j'ai écrit, il peut le dire, mais j'espère que ça restera toujours polis et non pas désagréable. Je ne souhaite recevoir aucun jugement de la part de qui que ce soit et si quelqu'un a lu jusque là, bravo.
Si des gens ont besoin d'aide ou d'écoute, ou si certains veulent en savoir plus sur ce qui a pu m'aider à m'en sortir je répondrai avec plaisir. Parce que bien-sûr tout n'est pas écrit au dessus...
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