[ Addiction ]

Depuis plus de six mois, j'étais droguée et je ne le savais pas.

Bon. Rien de mélodramatique dans ce témoignage. D'autres usagers sont dans des situations bien pires que la mienne. Enfin, tout de même une grosse prise de conscience. Et pas du tout l'intention de tout arrêter. Pour l'instant.

PARTIE 1/3.

Commençons par le début. En mars 2018, je découvre l'usage des drogues dans un contexte sexuel, lors d'une soirée-partouse mouvementée à laquelle je fus invitée. En raccourci, l'été qui a suivi, toujours lors d'une nuit sexe, une copine me parle d'une cathinone aux effets aphrodisiaques géniaux. J'ai commencé sagement avec un faible dosage, ne s'opposant pas aux érections, et pas plus d'une fois par mois voire moins si l'occasion ne se présentait pas. Puis, je me suis mise à rechercher moi-même les occasions (pas bête, la bête), trop rares à mon goût, pour finalement reconquérir un lieu de débauche que je connaissais déjà, un établissement public peuplé de partenaires mâles. Et où je pouvais me rendre une fois par semaine. Au moins.

Note : je reste volontairement floue, je n'entre pas trop dans les détails, peu importe. L'essentiel, ce sont les leçons à tirer de cette expérience.

À partir de là, l’hiver dernier arrivant, j'ai pris l'habitude de consommer une fois par semaine, rituellement. À petite dose et sans excès, de manière fort raisonnable. Je me vantais, surtout intérieurement car on commence par se mentir à soi-même dans ces cas-là, de prendre une dose cinq à dix fois moins élevée que les recommandations lues sur ce forum. C'est marrant, dès le début, ce dialogue intérieur que j'évoque ci-dessus prend déjà cette forme (ne cherchez pas sur internet, c'est moi qui ai photoshopé notre bon vieux Tintin et Milou) :

Puis la seconde étape a été pour moi de réaliser que pour prendre du plaisir, je n'avais ni besoin des autres, ni besoin de bander (je suis assez vite devenue uniquement passive, et j'ai également découvert la stimulation prostatique ainsi que les caresses périsexuelles). C'était beaucoup plus simple, je pouvais rester tranquillement chez moi. Mieux, les interactions sociales qui me manquaient parfois étaient largement comblées par des exhibitions en webcam, et même par un étrange dialogue qui s'établissait magiquement avec des photos visionnées sur mon écran d'ordinateur. L'empathie artificiellement générée était telle que des visages connus semblaient ainsi prendre vie, je parvenais à les regarder dans les yeux, c'était hypnotique et ces échanges virtuels me portaient à des sommets de félicité et d'extase. Je lis dans mes notes des choses comme "01h35 : au paradis !".

Petit à petit, j'ai augmenté les doses, toujours sans gros excès (en plus, c'est vrai, rien de méchant). Je pouvais me le permettre, je restais chez moi, au chaud et en sécurité. Et j'ai aussi expérimenté d'autres modes d'administration, en complément de la voie orale, le sniff (voie nasale) et ce que j'appelle le "shoot anal" (le produit est dilué dans deux millilitres d'eau puis expulsé dans le rectum - propre après lavement - à l'aide d'une seringue sans aiguille).

C'était devenu régulier. Le samedi soir, je m'envoyais ainsi en l'air, les sessions duraient de 10 à 12 heures d'affilée. Je passais mon dimanche à dormir, un repos chaotique permis par l'épuisement dont j'étais victime. Et la nuit de dimanche à lundi midi m'offrait un sommeil à peu près satisfaisant et récupérateur. Et je partais bosser, reprenant une vie normale. Métro-boulot-dodo-pas de drogue. Métro-boulot-dodo-pas de drogue.

Où était le problème ? Je travaillais toute la semaine, sérieusement, sans jamais m'absenter, et je m'amusais le week-end. TOUT le week-end. Pour moi, un ou une droguée, c'était quelqu'un qui déconnait à plein tube et se trouvait dans une déchéance dramatique, prenant sa drogue quotidiennement, se marginalisant et laissant tout tomber, travail, famille, amis, etc... J'avais bonne conscience, j'étais juste une consommatrice plus futée que tout le monde et qui était parvenue à "gérer" (quand on dit "je gère", c'est souvent le signe qu'on commence à ne plus avoir le contrôle, justement, hi hi hi), une héroïne des temps modernes, quoi !!

Note : je réalise que ce récit sera plus long que prévu. Je décide de le diviser en trois parties, la seconde décrivant mon désenchantement, et la troisième servant d'épilogue. Je m'arrête ici. Je reprendrai plus tard.

Dernière modification par Anonyme Acculée (29 mai 2019 à  05:40)