Besoin de m'exprimer : prise de conscience et ambivalence

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NM7 femme
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 06 Jan 2018
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Bonjour à toutes et à tous,

Voilà, j'ai longtemps hésiter à poster dans cette catégorie car je suis encore très ambivalente dans mon processus d'arrêt/de consommation contrôlée des substances psychoactives... Si j'écris aujourd'hui, c'est vraiment par besoin de mettre par écrit mes récentes prises de conscience. Je n'ai pas de demande particulière. Sans aucune prétention, je me dis que peut-être mon récit pourra aider quelqu'un d'une manière ou d'une autre, mais je reconnais aussi que c'est davantage pour moi que je le fais.

Craignant toujours (bien que de moins en moins grâce à la psychothérapie) d'être rejetée/incomprise/moquée, je vous lis depuis presque deux ans très régulièrement, mais n'ose poster que très rarement. Alors désolée si je "profite" beaucoup sans donner en retour. A l'avenir j'aimerais faire mieux.

Du coup, longue introduction avant d'en venir aux faits : femme de 30 ans, cela fait maintenant trois ans que je me suis lancée progressivement mais à corps perdu dans la recherche de sensations (inatteignables souvent) à travers diverses substances. Après trois ans de déni, aujourd'hui je me réveille et réalise, également grâce à une psychothérapie qui dure depuis deux ans, les raisons de mes comportements.

J'ai compris très récemment aussi que je suis incapable d'accepter mes émotions, mais qu'elles me reviennent comme des claques si les substances ne sont pas au rendez-vous. J'en ai besoin pour fonctionner : manger, dormir, travailler, faire l'amour,... Le tout sans trop penser à mes problèmes (notamment professionnels, mais aussi relationnels et existentiels).

Ainsi en trois ans, j'ai donc :

- Commencé et augmenté très rapidement le cannabis, pour arriver à 4 joints quotidiens en moyenne depuis deux ans et demi. Actuellement c'est la substance à laquelle je suis la plus accro physiquement et psychologiquement.
- Testé puis repris régulièrement de la cocaïne, souvent en étant déçue des effets, mais en étant très accrochée au geste et avec une envie importante d'en racheter encore et encore.
- Détourné divers médicaments : j'ai commencé par les benzodiazépines, essayé presque toutes les molécules avec une accoutumance ultra rapide et là aussi pas mal de déception (sauf avec le Dormicum que l'on trouve en Suisse). Ensuite ce fut la codéine (déçue également malgré des doses assez élevées, à cause des effets secondaires) mais encore ensuite, ce fut le Tramadol (et là j'ai beaucoup trop aimé, à cause de l'effet sérotoninergique : je suis allée jusqu'à 400 mg (en plusieurs prises sur une journée) et j'ai passé une journée incroyable (tellement incroyables que finalement les jours suivants auront contribué à ma prise de conscience...)
- Testé et là aussi, beaucoup trop aimé, la md (pure en cristaux) : là encore quand je me dis qu'il s'agit d'une des meilleures journées de ma vie, j'ai très peur... Si depuis deux mois je n'en ai pas repris, c'est uniquement parce que je n'en ai plus trouvée, mais depuis mes deux dernières prises j'y pense de manière obsessionnelle.

Je précise que durant ces trois ans, j'ai évolué d'une consommation festive et en groupe, à une consommation souvent seule et en pleine journée/semaine. Récemment, j'ai voulu commander via un numéro trouvé sur internet, je suis tombée sur des arnaqueurs qui m'ont pris une grosse somme d'argent. J'étais défoncée et je me suis fait avoir, j'ai eu tellement honte (du coup faites vraiment gaffe avec tous ces plans).

Finalement après tout ça, je me suis décidée à en parler à ma psy, à tout avouer à mon mari (qui heureusement me soutient à mort), et à m'inscrire à un groupe d'entraide (malheureusement cela ne sera pas possible avant un bon mois), et à venir vous en parler ici.

Du coup, un grand merci à toutes celles et ceux qui auront eu le courage de tout lire. C'est volontiers si vous voulez me donner vos impressions, avis, ou autres.

Merci encore pour tout ce que m'apportez au quotidien sur le forum.

NM7

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Chêne homme
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France
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 22 Nov 2018
598 messages
Salut,

Je me reconnais pas mal dans ton témoignage : découverte "tardive" des drogues, amour immédiat, perte de contrôle et passage à une conso solitaire et en cachette...

En plus de la psy, tu peux si tu le souhaites aller consulter dans un CSAPA, un centre d'addictologie où tu devrais trouver des professionnels (médecin, infirmières, psy, éduc spé...) pour parler de ton cas.

Et comment te sens-tu maintenant ? Soulagée d'avoir eu cette prise de conscience ? Ou bien tu culpabilises ?
Et où en es-tu ? Tu consommes encore ? Si oui, comptes-tu arrêter ou bien garder une drogue (le cannabis par exemple) pour satisfaire ton envie de défonce ?

Enfin, comment ça s'est passé avec ton homme ? Il t'en a pas voulu de lui cacher tes consos ?

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NM7 femme
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Suisse
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 06 Jan 2018
27 messages

Chêne a écrit

Salut,

Je me reconnais pas mal dans ton témoignage : découverte "tardive" des drogues, amour immédiat, perte de contrôle et passage à une conso solitaire et en cachette...

En plus de la psy, tu peux si tu le souhaites aller consulter dans un CSAPA, un centre d'addictologie où tu devrais trouver des professionnels (médecin, infirmières, psy, éduc spé...) pour parler de ton cas.

Et comment te sens-tu maintenant ? Soulagée d'avoir eu cette prise de conscience ? Ou bien tu culpabilises ?
Et où en es-tu ? Tu consommes encore ? Si oui, comptes-tu arrêter ou bien garder une drogue (le cannabis par exemple) pour satisfaire ton envie de défonce ?

Enfin, comment ça s'est passé avec ton homme ? Il t'en a pas voulu de lui cacher tes consos ?

Salut Chêne,

Un grand merci pour ta réponse, qui me fait plaisir d'autant plus si tu te reconnais un peu dans ce que je dis. C'est effectivement nouveau pour moi de parler librement de mes consommations. D'ailleurs je me dis que je me suis peut-être un peu auto-censurée dans mon message d'hier thinking

Enfin c'est aussi parce que je voulais pas tout raconter un même temps, déjà que je fais toujours des pavés.

Pour revenir un peu à ce que tu disais, même si la découverte de certains prods fut en effet tardive (cc, md, opioïdes), j'ai pris conscience aussi que j'avais un problème avec les substances depuis jeune. J'ai toujours été attirée par cette recherche de sensations fortes (uniquement avec les drogues, dans les autres domaines je suis loin d'être téméraire!) ou d'évasion de de la réalité, ou de "communion" avec l'autre.

J'ai commencé à fumer des clopes à 14 ans, très rapidement j'ai acheté mes paquets et depuis je n'ai plus jamais arrêté. Et quand je dis que je me suis censurée hier, c'est que j'ai carrément oublié toute la partie sur l'alcool : commencé aussi vers 13 ans, il m'en faut toujours plus que les autres pour être bourrée et toutes mes soirées (si elles se terminent avant 9h du matin) sont de véritables déceptions. Si aujourd'hui je bois beaucoup moins, c'est parce que l'alcool me provoque des brûlures d'estomac (vive la vieillesse eek), et aussi parce que je paie trop cher les lendemains pour les effets sur le moment... Toujours est-il que je bois régulièrement en semaine en fin de journée (je m'arrange pour prendre les bières les plus fortes), avec les mêmes intentions que quand je fume des joints.

Donc voilà, non heureusement je ne culpabilise pas depuis cette prise de conscience, au contraire c'était plutôt avant de me l'avouer complètement que la culpabilité et la honte étaient présentes de plus en plus.
Aujourd'hui j'attends qu'une personne me rappelle à son retour de vacances pour m'inscrire à un groupe d'entraide. J'ai envie de commencer par là. Ensuite éventuellement pour une consultation en addictologie, mais comme je m'investis déjà beaucoup en psychothérapie, à voir.

Mon mari me soutient dans le sens où même s'il ne comprend pas tout (il n'a jamais été concerné lui-même par l'addiction), il me prouve son soutien au quotidien, dans mes démarches, et surtout il m'écoute énormément. Il me laisse exprimer mes émotions (quand j'y arrive). J'ai tellement peu confiance en moi, qu'avant de lui en parler je craignais qu'il me rejette. J'ai sauté le pas et c'est incroyable de voir que c'était tout le contraire qui s'est produit ; c'est donc l'un des éléments qui m'encouragent le plus. Je me drogue parce que j'ai l'impression d'être seule au monde, mais lui me prouve que ce n'est pas le cas.

Pour le reste, je me sens quand même un peu dans la merde... Parce que malgré toutes ces démarches et, malgré le fait que je commence à percevoir plus de côtés négatifs à mes consos, je me sens un peu perdue, je ne sais pas trop comment m'y prendre.
Donc oui on peut dire bien sûr que je consomme encore. J'essaie de me limiter à 3-4 joints par jour, mais c'est un réel effort pour pas en fumer toujours plus et toujours plus chargés. Pour tout le reste, ça a fait pile deux mois le 11 août que j'ai pas pris de md mais uniquement par manque d'occasion. J'y pense chaque jour qui passe, et je rêve d'en reprendre surtout maintenant que mes stocks de sérotonine sont bien refaits (j'avais pris de manière trop rapprochée un juin dernier : deux jours de suite, puis à nouveau deux jours de suite une semaine après... Bien que consciente qu'il ne fallait pas, je n'ai pas su résister tant que j'en avais à la maison).

La cc, je n'en ai pas pris depuis deux mois, on m'en a proposé mais là je résiste à cause de l'aspect financier et aussi parce qu'elle est vraiment pas terrible (au final je suis juste un peu plus concentrée et je serre des dents... Génial). Et surtout depuis que j'ai goûté la md pure, je trouve que la cc c'est encore plus de la merde (voilà au moins le côté positif). Malgré ça, j'ai une énorme envie d'en acheter juste pour le sniff, je suis totalement accro au geste snort (c'est pathétique, mais rien que le smiley me fait envie).

Donc voilà, je me trouve un peu à un tournant malgré mon ambivalence... L'idéal pour moi serait de pouvoir continuer à consommer du cannabis de manière contrôlée, c'est-à-dire sans en dépendre pour vivre, mais juste pour le plaisir du goût et de la détente de temps en temps, pour en apprécier réellement les effets, que j'aime tant mais qu'aujourd'hui je n'ai plus.

Et toi, où en es-tu avec tout ça? Si tu le souhaites, cela me ferait plaisir que tu me partages ton expérience. En tout cas encore merci pour ta réponse, tes conseils et tes questions, encore une fois ça m'a fait du bien d'écrire tout ça...

A très vite j'espère! merci-1

NM7

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La_Brebis homme
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France
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Inscrit le 09 Aug 2019
16 messages
Salut NM7, j'ai pris le temps de tout lire (ce n'est pas si long que ça ;-) )
Je pense que ta prise de conscience est un point très important, tout comme le soutien de ton mari qui je l'imagine (et tu le dis toi même) doit te faire un grand bien. Internet a l'avantage de l'anonymat ce qui libère sans doute la parole (Les CSAPA aussi ont cet anonymat ;-) )

Qui dit "pas de demande particulière" dit pas de réponses particulières de ma part mais n'hésite pas a donner des nouvelles sur le forum, pour ma part je suis nouveau "par ici" et t'encourage dans tes démarches en te souhaitant la réussite.

(Educateur_en_CSAPA)

Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d'être un homme.

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Abracabrantesque homme
Psycho sénior
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 13 Jul 2019
641 messages
Blogs
Salut,

Pour relever le positif, le fait de venir ici, de te questionner, te remettre en question et le soutien de ton mari sont très positifs.

Visiblement tu es un peu perdue dans tes consos. Moi au vu de ce que je lis je te sens un peu déprimée. Ce qui pourrait expliquer ton attrait pour les substances seroto.

Je veux juste te mettre en garde sur la MD. C'est très important de respecter les 6 semaines minimum au risque de le payer très cher sinon.

Je te souhaite vraiment de pouvoir vivre plus sereine par rapport à tes consos. Tu es venue au bon endroit.

La bise.

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NM7 femme
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Suisse
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 06 Jan 2018
27 messages
Bonjour La_Brebis et Abracabrantesque,

Mille mercis pour vos réponses à tous les deux, pleines de bienveillance. Je m’excuse d’y répondre si tard mais je les ai vues il y a seulement quelques jours.

Une chance que ce forum existe, il m’apporte énormément, par les témoignages, les échanges, et vos encouragements.

Je poursuis mes efforts pour mieux gérer ma consommation de cannabis, actuellement ma plus grande victoire c’est de ne plus fumer le matin en semaine. Je m’efforce de ne pas dépasser les trois joints par jour, mais je reste tolérante avec moi-même si j’en fume un peu plus...
Notamment ce soir où j’ai réussi à décliner les propositions insistantes d’un dealer pour de la coke. Je n’en ai plus repris depuis juin (même si j’en rêve presque toutes les nuits).

Pour la md, je suis bien plus déterminée qu’avant à respecter un délai de deux mois. Pour l’instant cela ne fait que trois semaines mais ça tient...

Bref, en partie grâce à vous tous je continue de réfléchir sur mes consos et d’apprendre à mieux gérer. :)

Encore merci pour vos réponses !

NM7

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Lilas24 femme
Bavarde
France
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Inscrit le 31 Jul 2017
344 messages
Bonjour,

S'interroger sur sa consommation de produits psychoactif c'est un pas énorme que tu veuilles maitriser la consommation ou l'arrêter.

On se fabrique beaucoup de fausses croyances et d'idées reçues sur les produits, c'est normal puisqu'on doit se trouver des justifications pour soi-même et parfois pour les autres.

S'interroger, je trouve que c'est le premier pas vers la lucidité.

Donc vas y fonce, fait ce que tu veux/peux et surtout continue à t'interroger, à observer tes comportements pour voir où cela te mèneras.

Je suis très sensible à ce sujet car des psychologues commencent à utiliser des bribes de thérapies sur les croyances métacognitives (penser sur ses propres pensées, les analyser) en addictologie. J'ai eu la chance d'être suivie un temps par l'un d'entre eux qui m'a permis de progresser à pas de géants et de faire varier mes croyances sur la codéine plus vite que je ne l'aurais fait seule.

Ca m'a notamment permis d'abandonner sans regret le plaisir et de finir mon sevrage dégressif sans craving (envie). Sur ce point, je brode peut être mais je ne vois aucune autre raison à la disparition de l'envie que le fait que j'ai compris que la codéine n'avait aucun bienfait réel et durable sur mon anxiété et que le plaisir qu'elle m'apportait était trop cher payé.

Sur le fonds, si tu parviens à une consommation raisonnée sans dépendance je te tire mon chapeau car moi je n'ai jamais pu donc je me suis sevrée, j'espère définitivement.

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