1
Hors ligne
Dernière modification par prescripteur (12 novembre 2019 à 19:46)
Hors ligne
La_Brebis a écrit
Pour ceux d'entre vous qui ont déjà eu ce parcours de soins/d'accompagnement quelle image avez vous de la dépendance à l'alcool ? (purement "médical", une "maladie" ... La conséquence d'un parcours de vie ..? etc..) En quoi un éducateur pourrait vous aider (selon vous en tant que consommateur)
Bonjour,
Je ne suis jamais passée par un CSAPA ou service d'alcoologie donc ne peux répondre à ces questions-là, mais je m'interroge sur le soi-disant aspect exclusivement médical du problème du point de vue du patient à partir du moment où les groupes de paroles s'adressant aux personnes en difficulté avec l'alcool rencontrent un certain succès* : il y a à l'évidence une demande pour quelque chose d'autre qu'un soin médical. Est-ce que l'éducateur peut y pourvoir? C'est une autre question.
*Je n'ai pas de données de fréquentation sous la main si quelqu'un en a à disposition...
Hors ligne
Hors ligne
La_Brebis a écrit
L'image de l'alcool en société n'est y pas (en partie) responsable ?
Certainement. L'alcool est la norme lors de festivités. Dans ces circonstances, en public, il est "normal" de s'alcooliser. L'après-midi ou à l'heure de l'apéro on voit les clients aux terrasses qui partagent un moment convivial autour d'une bière. Au restaurant, d'autant plus s'il est gastronomique, il est d'usage que les clients commandent du vin.
Même si ces comportement ne sont pas systématiques ils sont tous les jours sous nos yeux de sorte qu'on n'a pas l'impression de sortir de la norme lorsqu'on les adopte... et qu'on les prolonge à la maison. Après tout certaines personnes dînent tous les soirs à l'extérieur, est-ce qu'on imagine qu'elles restent à l'eau la plupart du temps? Probablement pas, même si c'est ce qu'elles font. Et les retraités, est-ce qu'on n'en voit pas nombreux à consommer du vin à tous les repas comme cela se faisait autrefois? N'est-ce pas naturel d'avoir du vin en stock, une petite cave pour les jours où l'on reçoit les copains, et d'autres alcools pour l'apéro? Et finalement pour quelle raison s'en prive-t-on lorsqu'on est à deux ou seul?
Aussi lorsqu'on débute une alcoolisation chronique on n'a pas forcément l'impression de se démarquer extraordinairement, même s'il faut certainement dépasser une certaine forme d'appréhension pour prendre son premier verre en solitaire. Les gens ne discutent pas davantage de leurs consos en solitaire que de leur abstinence en solitaire. On n'a pas forcément des repères très clairs.
Une fois l'habitude installée elle devient un plaisir dont on n'a plus envie de se passer puis dont on peut difficilement se passer sans frustration, voire souffrance, selon la situation.
Est-ce qu'aux yeux de l'impétrant ça justifie de se sentir "malade"? De se voir désigné comme "malade" de la dépendance par le corps médical alors qu'auparavant on n'était qu'un bon vivant? Pourquoi moi plus que le voisin? Le malade je croyais que c'était celui qui allait chercher l'ivresse profonde régulièrement, ne contrôlait plus rien, ni ses mots ni ses actes, ne tenait plus sur ses jambes, faisait n'importe quoi, quitte parfois à aller titiller le coma éthylique ou démarrait au petit-déj.
********
J'ai vraiment beaucoup de difficultés avec l'alcoologie actuelle et sa paternaliste "maladie chronique à vie" d'alcoolo-dépendance, et l'approche thérapeutique qui en découle : l'alcool est plus fort que moi, je suis impuissant face à l'alcool, et patati et patata.
Certes ça semble convenir à certains, mais s'il avait fallu attendre que je me mette à genoux devant l’Être Suprême Éthanol et m'abandonne à je-ne-sais-qui ou je-ne-sais-quoi, je crois qu'on aurait pu attendre longtemps!!
Au lieu de craindre le risque improbable de devenir un jour une alcoolique caricaturale, si malade que son salut ne passât plus que par l'abdication de sa sanité d'esprit via la soumission à une spiritualité ou domination étrangère, si j'avais pu prendre conscience de la véritable toxicité de l'alcool, de la nocivité des sevrages, des signes de dépendance physiologique, et du sérieux des repères de consommation, autrement dit, si j'avais pu prendre conscience des risques véritables et constater la réalité des dommages déjà avérés plutôt que de les imputer aux conséquences du tabagisme ou du vieillissement normal, je me serais probablement bougée plus tôt...
J'en déduis que les arguments médicaux sont les plus motivants pour certains alcoolo-dépendants - qui aiment l'alcool mais encore mieux l'idée de préserver leur capital-santé - ... et a fortiori pour certaines personnes à risques mais sans dépendance.
Je ne peux pas parler pour les autres, mais il est évident que les conduites nocives et à risques avec l'alcool vont bien au-delà certaines catégories de consommateurs, et qu'il faut trouver le moyen de s'adresser intelligemment à ces consommateurs.
Ma dépendance tabagique étant bien supérieure à ma dépendance alcoolique, quelle crédibilité et efficacité aurait pu avoir la tentative d'infantiliser ma consommation d'alcool quand c'était par rapport à celle de tabac que je me sentais totalement impuissante?? A moins évidemment de tenter de me tenir le même genre de discours vis-à-vis du tabac et me demander de capituler, etc., etc. A la place on a préféré diaboliser et culpabiliser... Zéro efficacité.
J'entends bien que le tabac n'a pas les mêmes effets neurologiques que l'alcool et que ce dernier altère les capacités cognitives. Mais à mon avis il serait plus juste, et certainement plus efficace, de prévenir que si le tabac tue l'alcool détruit méthodiquement...
Désolée de ces longs développements un peu HS, je voulais en venir au fait que si j'avais dû fréquenter un service d'alcoologie cela aurait été entre guillemets "trop tard", c'est-à-dire après mon sevrage, dans l'espoir de trouver des professionnels à l'écoute de mes inquiétudes résiduelles, pour faire un bilan médical sur mon état de santé, et apprendre comment booster ma récupération physique, donc avant tout pour bénéficier de ses services médicaux et non pour ses services sociaux...
C'est dommage car j'étais tout à fait dans la cible de l'alcoologie : usage nocif avec dépendance... mais j'ignorais la dépendance physique tandis que la dépendance psychologique me semblait gérable, et je sous-estimais largement la toxicité du produit aux doses que je consommais.
Hilde
Hors ligne
Hilde a écrit
J'en déduis que les arguments médicaux sont les plus motivants pour certains alcoolo-dépendants - qui aiment l'alcool mais encore mieux l'idée de préserver leur capital-santé - ... et a fortiori pour certaines personnes à risques mais sans dépendance.
Il est vrai que c'est un discours que j'ai parfois entendu dans les cas "extrêmes" ...le "je ne veux pas en mourir" donc je dois/veux arrêter. Souvent par une aide médicale là encore, car le problème me semble perçu comme physique "uniquement" ou en tout cas principalement.
Hilde a écrit
je voulais en venir au fait que si j'avais dû fréquenter un service d'alcoologie cela aurait été entre guillemets "trop tard", c'est-à-dire après mon sevrage, dans l'espoir de trouver des professionnels à l'écoute de mes inquiétudes résiduelles, pour faire un bilan médical sur mon état de santé, et apprendre comment booster ma récupération physique, donc avant tout pour bénéficier de ses services médicaux et non pour ses services sociaux...
C'est dommage car j'étais tout à fait dans la cible de l'alcoologie : usage nocif avec dépendance... mais j'ignorais la dépendance physique tandis que la dépendance psychologique me semblait gérable, et je sous-estimais largement la toxicité du produit aux doses que je consommais.
L'impression extérieure que j'ai est que certains (la majorité ?) perçoivent leur relation à l'alcool comme une relation à un produit et non comme une addiction "comme une autre" dans le sens où une fois un sevrage physique fait ce sera "ok pour lui". Il y a dans ma pratique pro pas mal de déni (surtout au niveau de l'alcool + que sur les autres produits je trouve). Il y a le côté médical, le côté psy qui dans la plupart des cas sont "les aides dont ils ont besoins" et uniquement celles ci. Les habitudes de vie, le côté social, la relation au monde, la relation aux autres, les habitudes etc semblent passé à la trappe.
Hors ligne
Il y a le côté médical, le côté psy qui dans la plupart des cas sont "les aides dont ils ont besoins" et uniquement celles ci. Les habitudes de vie, le côté social, la relation au monde, la relation aux autres, les habitudes etc semblent passé à la trappe.
Je pense que c'est ce qui reste d'une conception médicale de l'alcoolisme, ancienne, qui considérait l'alcool comme un "microbe" pathogène qu'il fallait éradiquer. Conception "hygiéniste" !!
Même si cette conception n'est plus utilisée en pratique (du moins je l'espère), son influence sur l'organisation des soins reste présente.
http://deployezvosailes.free.fr/Alcooli … toire.html
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (16 novembre 2019 à 16:33)
Hors ligne
Hors ligne
1
[ Forum ] Gérer sa consommation - Gestion de l'alcoolo-dépendance
|
241 | |
0 | ||
4 |