IntroductionBonjour messieurs, mesdames. Cela faisait longtemps que je n’avais plus été confronté de près ou des loin à des stupéfiants, et que je ne m’étais plus rendu sur ce forum. Il y a peu, j’ai pris une quantité non déterminée d’un produit inconnu et le résultat a été catastrophique. Je rédige donc un
TR afin de chercher un peu de réconfort et peut être aider quelqu’un dans le futur.
AntécédentsJ’ai eu ma période d’expérimentation avec les stupéfiants entre mes 17 et 21 ans. J’ai du prendre de la
MDMA / XTC une dizaine de fois, des
champis une dizaine de fois, 3 fois de la
cocaïne… et des
joints en quantité modérée jusqu’à mes 20 ans. Depuis j’ai presque tout arrêté.
Mon seul sérieux bad-trip s’est produit lors de ma dernière prise de champignons hallucinogènes il y a 2 ans. Tout en étant très bien entouré j’ai fait une très grosse crise existentielle, réduisant mes convictions à néants, rendant mes rêves de vie future insignifiants, faisant disparaître la nécessité de la vie humaine et rendant l’existence même inutile. Cet état d’esprit m’a poursuivi toute une année puis s’est estompé.
Set and settingSoir du nouvel an (31/12/2019), chez des amis à un ami très cher. Des personnes très sympathiques, une atmosphère globalement accueillante et de confiance. Je connaissais seulement 2 personnes, dont l’une très peu, l’autre étant mon ami de longue date.
J’étais en bonne condition physique, légèrement enrhumé, plutôt reposé, la tête claire et sans rien sur la conscience.
La maison est grande, belle, chauffée, et je m’intègre rapidement dans ce groupe d’amis de longue date. Les personnes autour de moi boivent, consomment ouvertement de la
cocaïne et certains mangent des space-muffins.
Déroulement22h00 Nous mangeons un repas de très bonne qualité et conséquent. Je bois du vin et d’autres
alcools en quantité modérée.
3h30 J’arrête de boire et commence à dégriser, j’étais modestement alcoolisé.
4h30 Je mange un petit morceau de muffin au
cannabis (environ 1/5 d’un muffin).
5h00 Moi et mon ami proche quittons la maison et marchons 15min jusqu’à son appartement pour s’y coucher. Je commence à ressentir des effets puissants, je prédis une montée puissante mais ne m’inquiète pas plus que ça. Arrivés à la maison mon ami va se coucher directement et je reste seul dans le salon pour pallier aux effets et jauger leur durée et leur puissance.
5h00 – ?h00 Les effets ne font qu’augmenter et je m’inquiète graduellement. J’alterne entre une position assise dans le salon et des cycles où je bois de l’eau puis me fait vomir dans la rue (environ 5 cycles). Je suis sujet à une forte tachycardie (~140 bpm), des effets psychédéliques puissants, une sensation de froid intense, une contraction des muscles dans tout le corps, une motricité physique très réduite, beaucoup de mal à parler…
?h00 Je réveille mon ami et lui demande d’appeler le SAMU, j’ai peur pour ma vie car mon cœur bat extrêmement fort et vite. Mon ami discute avec moi et réussi à stabiliser mon état.
?h00+1h Le SAMU arrive, communique avec moi, prend mon pouls, puis repars. Le soleil se lève à ce moment-là, je me sens un peux mieux.
?h00 – 15h Je parviens à m’endormir sur le sofa et me réveille en même temps que mon ami.
15h – 23h Tout le reste de la journée des restes des effets de la veille étaient présent. J’étais très anxieux, mal à l’aise, avec la vision hachée, aucune envie de communiquer.
Effets• Tachycardie
C’était l’effet le plus fort et celui sur lequel j’ai porté toute mon attention. Après 1h dans le salon j’avais l’impression qu’il y avait une bille lourde et dense d’1cm de diamètre qui oscillait dans mon artère entre mon cœur et mon bassin. Après un certain temps je n’arrivais même plus à discerner les battements de mon cœur. Je pouvais sentir tout le réseau d’artères et de veines dans mon torse et mon bassin, comme on peut sentir son œsophage quand on boit un verre d’eau chaude. Je sentais que tout pulsait dans tous les sens sans sentir les battements indépendamment. Je n’avais donc aucune idée de la fréquence de battement de mon cœur.
• Contraction des muscles & froid
Graduellement mes muscles se sont crispés et contractés. En particuliers ceux de mes jambes. Le froid m’a gagné et a alimenté la contraction de mes muscles et mon malaise. J’étais réellement tétanisé. Je précise que le salon de l’appartement n’était pas chauffé, qu’il faisait carrément froid dehors mais que j’étais bien couvert.
• Vision psychédélique
Je n’ai distingué des motifs psychédéliques qu’a un seul moment précis, sur un rideau à carreaux hideux. Je pouvais y voir des veines et autres motifs électriques luminescents, mais tout de même assez discrets.
• Aphrodisiaque
Comme à chaque fois lorsque je consomme du
cannabis, j’ai ressenti à un certain moment un fort bien être au niveau de mon sexe, mais dans ce cas là d’une force sans précédent. J’ai essayé de diriger mon esprit vers des pensées sexuelles et excitantes par curiosité, mais mon esprit était un tel bordel d’absurdités et de questionnements métaphysiques fusant d’un bout de ma tête à l’autre que ça s’est avéré impossible.
• Baisse de frame-rate
Un effet récurrent quand je fume du
cannabis, que je consomme de l’ecstasy ou des champignons est ce que j’appelle une « baisse de frame-rate ». Le frame rate est la quantité de photos qu’il y a dans 1 seconde de vidéo. Quand je consomme, celle-ci baisse, et ma vision apparaît donc hachée. Cette perche n’a pas fait exception. Je passais directement du canapé assis, à moi débout, puis en train de boire au robinet.
• Distorsion du temps
Au bout d’un certain temps (impossible de dire combien) le temps n’existait plus. Je ne pouvais absolument pas dire combien de temps s’était écoulé entre deux de mes pensées, ou deux de mes respirations.
• Paranoïa face au gens dans la rue
Etant inquiet sur mon état, très réduit physiquement et ayant de sérieuses difficultés à juger et traiter toutes les informations de mon environnement, j’étais très anxieux quant aux personnes que j’entendais dans la rue lorsque j’allai me faire vomir.
• Questionnements interne
Mes pensées étaient d’un psychédélisme certain. Je piochais sans contrôle dans mon cerveau, dans ce qui me définissait, ce qui définissait mon identité en tant qu’être humain, j’observai ce que j’avais pioché et cette chose perdais tout son sens et disparaissait. L’exemple dont je me souviens le mieux était ma relation à la mort et la symbolique qui en suit. Je pouvais observer ce que je pensais de la mort, de mes croyances associées que j’avais apprises au cours de ma vie, et elles perdaient brusquement toute substance et ne faisaient plus aucun sens. C’est comme si tout ce qui me définissait spirituellement m’étais mis sous les yeux puis arraché. Ainsi je n’avais graduellement plus rien en quoi je pouvais croire, plus rien dont je puisse avoir peur, plus rien qui me donne espoir, qui me fasse plaisir… Je n’étais plus qu’un organisme biologique très complexe et doué d’un puissant processeur mais à qui ont avait enlevé son objectif et ses contraintes morales.
• Lucidité absolue
De manière générale j’étais très lucide tout au long de l’expérience, capable de formuler des idées claires et de les communiquer à mon ami une fois ce-dernier à mes côtés. Le fond de mon esprit ayant été dans un état apocalyptique, j’en vint à déduire que dans notre cerveau nous possédons un espace communicatif séparé d’un espace de pensées plus profondes. Il y avait donc un petit espace où je pouvais assembler des informations et des pensées afin de les envoyer au pôle « lexique » afin de choisir la langue, former les mots et envoyer tout ça au pôle « vocal ». Cet espace était relativement fonctionnel et sous mon contrôle. En revanche, l’espace des pensées plus profondes, qui reste en général personnel, qui sert de bac-à-sable métaphysique et que l’on ne communique généralement pas était épris d’un énorme shitstorm et monopolisait toute mon attention, impossible de l’ignorer.
J’ai essayé plusieurs fois de me concentrer sur le battement de mon cœur afin de me calmer, ce qui avais marché dans un premier temps, mais a toujours dérapé pour faire repartir mon cœur de plus belle. Après avoir essayé de me mettre dans différents états d’esprit et essayé de calmer mon cœur, je tentât de la jouer lucide et observateur. Ainsi j’arriva à me mettre dans un mode de « monitoring » complet, sans être affecté par une quelconque émotion et en évitant complètement l’espace de pensées profondes. C’étais très intéressant. Je me suis retrouvé comme un pilote de robot dans sa tour de contrôle qui observe les différentes valeurs envoyées par les capteurs. Je voyais que la fréquence du pouls était complétement déréglée par une substance non identifiée, je ne pouvais rien y faire mais j’observais patiemment. Cela a duré un temps impossible à déterminer avant de repartir sur l’anxiété du départ.
• Humour
Etonnamment, mon module « humour » présent dans les routines sociales de tout être humain occidental était pleinement fonctionnel et actif, notamment lorsque j’échangeais avec mon ami. C’étais rassurant et très relaxant de rire et de montrer à mon ami que je n’avais pas pleinement perdu la raison. C’est fou ce que l’autodérision et le rire peuvent avoir comme effet bénéfique dans les situations critiques.
• Conclusion
Très grosse tachycardie, forte réduction physique par la contraction des muscles et d’une sensation de froid intense, pensées chaotiques et ingérables, troubles de la vision, sérieux troubles du jugement de mon environnement, paranoïa… Tout cela pendant bien 4 heures d’une intensité sans précédent et avec des sérieux restes jusqu’au lendemain soir, et des séquelles encore présentes aujourd’hui.
SéquellesA ce jour (1 semaine plus tard) je suis encore sujet à des séquelles que je ne peux pas ignorer.
• La plus présente étant des légers troubles de la vision, j’ai comme une espèce de gène ou d’incertitude au niveau du centre de ma vue. Je pense que mes yeux fonctionnent parfaitement mais que c’est au niveau du traitement de l’image dans mon cerveau qu’il y a quelque chose qui a saturé. J’ai un petit peu plus de mal que d’habitude à lire et en particulier à lire sur mon écran de téléphone ou mon ordinateur, je pense que c’est dû à l’éclairage de l’écran. De plus, j’ai toujours une légère impression d’avoir une « baisse de frame » lorsque je tourne la tête.
• J’ai également une lourdeur dans l’ensemble de ma tête, surtout au niveau du front, comme si dans le fond mon cerveau il y a quelque chose qui tourne en boucle et qui me fatigue mentalement. On pourrai faire l’analogie avec un pc qui n’a pas été mis à jour et qui a des processus mal optimisés qui bouffent toute la RAM et font chauffer la carte mère.
• J’ai aussi l’impression d’être plus fatigué que d’habitude, ce que je suppose être dû à cause de mon cerveau qui fonctionne en permanence. Le soir je suis soulagé de pouvoir me mettre au lit et fermer les yeux, alors qu’avant cet incident il était très rare que je me mette au lit de moi-même à une heure raisonnable.
• Je n’arrête pas de me poser des questions tout au long de la journée, sur les séquelles (si les effets s’estompent ?), mais aussi sur des choses plus philosophiques. Ce sont très clairement des restes du shitstorm de mon esprit lors de la crise. C’est un problème car j’ai du mal à considérer les buts de ma vie comme avant. L’état d’objectivité pure, de léthargie existentielle dans lequel je me trouvais a laissé des traces et fait écho à la dernière prise de champignons mentionnée dans mes antécédents.
Questions• Est-il possible qu’une si modeste quantité de space-muffin puisse avoir des effets pareils ? En rappelant que j’ai bu franchement peu et que j’étais légèrement pompette lors de l’ingestion. Je vois deux possibilités :
o La crise est seulement dû au
THC des space-muffins et le froid, le fait d’être seul et peut être très fatigué. Le reste a été alimenté par une
crise de panique accompagnée de lucidité.
o J’ai consommé une autre substance plus puissante à mon insu en buvant dans le mauvais verre ou en mangeant ce qu’il ne fallait pas. Je pense notamment à du
LSD, mais je n’en ai jamais consommé avant.
• Est-ce que quelqu’un a déjà eu des séquelles similaires ? Et si oui, comment avez-vous réussi à y pallier ? Pour le moment je me soigne avec beaucoup de repos, du Beaume du Tigre sur les tempes, une alimentation saine, des marches au soleil et jusqu’à la mer… Mais je ne vois aucune amélioration nette pour l’instant. Je ne pense pas rester comme ça jusqu’à la fin de mes jours mais je n’exclus pas la possibilité.
• Avez-vous des ouvrages de lecture à me conseiller sur le sujet ? En particulier sur les pérégrinations métaphysiques de l’esprit et la perte de but existentiel ? J’ai déjà lu les portes de la perception d’A. H. que j’ai trouvé génial.
Merci pour la lecture et pour vos potentiels retours, merci pour cette communauté bienveillante et à l’écoute. Faites attention à votre cerveau les copains, on s’y perd vite.