Sevrage par étape (via des pauses) ?

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Swimy non binaire
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Coucou !

Ca doit faire un petit mois maintenant que j'ai commencé à diminuer puis arrêter les opiacés. Facilement deux semaines que je passe par des périodes de sevrages complets alternés par 1 ou maximum 2 jours de reconsommation tous les 4/5 jours.
Et je voudrais surtout pas paraître désobligeant.e envers mes neurotransmetteurs, mais ça commence à être un peu long quand même. Alors j'entends déjà l'excuse qu'on ne repousse pas en 4 jours, mais quand même. C'est pas très très gentil de leurs parts.
Bref.

Toutes les durées que je donnes sont approximative, me refusant à "compter les jours" et étant dans un style de vie qui ne m'y oblige pas.
Je trouve, par expérience de mes sevrages passés, que compter les jours fait rentrer dans une spirale horrible où je me mets à compter les heures, puis les minutes jusqu'à ce que je finisse par m'arracher les cheveux pour faire taire le tic-tac des secondes qui ne veut plus disparaître et prends toute la place. Le temps ralentit.

Bon, parce que chaque cas est différent et que c'est mon premier message sur psychoactif, je vais peut-être commencer par vous dire où j'en suis de mes consommations.
Globalement j'ai dabords été dépendant.e à l'héroïne pendant 2 ans puis passé sous TSO Méthadone pendant 2 ans de plus. Puis j'ai réussi à arrêter "à la dure" une première fois en juin 2018. Ca m'avait laissé épuisé.e, mais j'avais quand même tenu. Le but n'étant pas l'abstinence totale, j'ai reconsommé quelques fois mais sans ressentir à nouveau de symptômes de sevrage "physique" (ou aigu, j'ai un peu de mal avec cette oposition physique(/psychique)/psychologique, je trouve ça trop binarisant).

Il y a 9 mois maintenant (pas de gosse, non), une suite d'événements m'ont fait "replongés" dans une consommation non-contrôlée. J'ai fini par me remettre sous TSO en Juin dernier, toujours à la Méthadone et suis officiellement à 80mg.
Je dis officiellement parce qu'en réalité ma consommation varie pas mal. J'ai pas réussi (pas eu envie peut-être) à rester dans une dose per os par jour, stable et sans autres consommations. En générale, dans une journée où je n'ai pas envie d'être high, je prenais 40mg. J'accumulais comme ça quelques gélule et quand j'avais envie d'être high, je me les injectais. C'était plutôt chouette. Mais (bah oui sinon j'serais pas là). Mais, faut avouer que des journée où j'avais pas envie d'être high, alors que j'avais du produit dans la poche... C'est comme me demander d'attendre en caisse pour pouvoir payer ses courses alors que tout le monde est en rayon et que tu peux partir sans payer et sans être vu... C'était plus fort que moi (vraiment, pour le coups ça n'avait rien de volontaire et ma consommation n'était plus maîtrisée du tout).

Je me suis donc mis à m'injecter de plus en plus grande dose de méthadone (jusqu'à 280mg parfois). Autant dire que mon pauvre mois de traitement n'a pas duré très longtemps. M'enfin j'ai finis par réussir à revenir à quelques chose de plus stable. Mais en gardant cette envie permanente de piquer du nez. D'apaîsement, de pouvoir, juste, fermer les yeux et s'endormir sans galérer. Parfois, se fût même moi qui dû me battre pour rester éveiller, c'est vous dire.

Bref, j'ai vraiment du mal à résister quand le produit est accessible dans ma poche. Et puis j'ai pas mal déprimer cette dernière année. Là je vais mieux, mais j'ai envie de voyager, sans restriction et sans devoir toujours faire attention à avoir mon ordonnance pour ne pas finir en GAV en cas de contrôle (oui, c'est déjà arrivé, pour ça, pour la toxicophobie de leur institution et des individus qui la compose ainsi que pour pleins d'autres trucs, A C A B.).

Donc tout ça m'a motivée pour retenter un sevrage relativement rapide.
J'ai donc attendu la fin de mon traitement, puis j'ai commencé à faire quelques jours puis une reconsommation, ect... Au début je reconsommais de la métha (difficile d'évaluer précisément les quantités étant donné la consommation en grande partie IV et le taux de perte de cette méthode).
Et puis après quelques palier franchis via cette méthode, je n'avais plus de métha, j'allais donc racheter de la came pour passer un jour tranquille après 4/5 jours de manques.
Je précise que je fais ça de cette manière, parce que je ne me sens pas la force de passer autant de temps en manque en une seule fois. Alors oui, d'un point de vue logique ça peut paraître étrange étant donné que j'augmente au final le "nombre de jour en manque", mais je crois que chez moi les effets psychologique entraînés par les douleurs physique sont exponentiellement fonction du temps.

Au fur et à mesure des "pauses", je sens que les manques sont "moins fort". Mais c'est en revanche très perturbant de ne pas vraiment savoir "où j'en suis". Je ne sais jamais vraiment combien de jour il me resterait à attendre avant de ne plus ressentir de douleurs physiques. Je ne suis pas sûr d'être sur une période où ça va aller en s'améliorant ou en s'empirant. Et puis c'est long quoi. Je sais pas trop si je le conseillerais. M'enfin en tout cas, j'ai quand même l'impression d'aller "en moyenne" de mieux en mieux. Et puis cette fois, je n'ai pas sombré dans une déprime comme la première fois. (Bon, j'me sens encore fragile à ce niveau cependant, mais pas plus qu'avant le sevrage, au contraire peut-être même...).

Pour l'endormissement, j'ai essayé de m'aider un peu d'opiacés à demi-vie courte (en l'occurrence de la codéïne). Enfin, hier soir uniquement, mais peut-être que je le referais ce soir. Enfin ce matin, c'est relatif (il est 5h actuellement). À partir de 100mg, je commence à sentir un effet apaisant (pour le manque hein... Je ressens pas d'effet "opiacé" non plus, faut pas déconner... ^^' ). Je me dis qu'au vue de sa durée de vie très courte, et de ses effets qui ne suffisent clairement pas à saturer mes récepteurs, ça n'a eu que peu d'impact sur le sevrage... Après tout, ça ne représente qu'à peu près 3mg de Méthadone selon les conversions par tableau d'équivalence analgésique (il me semble).

Bref.
J'écris tout ça dans l'espoir d'obtenir des informations sur ce type de sevrage (par pause/pallier), et des avis (médicaux surtout) sur ma situation.
Je crois aussi que c'était déjà dans le simple but de vous la partager. C'est déjà chouette.


Bon aller, je vais essayer d'avaler cette codéine et de foncer au lit.

Je vous répondrais (si réponse il y a) dans l'aprèm.

Prenez soin de vous... Enfin...Si vous en avez envie, sinon faites comme vous voulez en fait !
À bientôooooot !


PS :
J'entends très bien l'argument selon lequel il faut être "prêt.e" quand on se seuvre et que ça n'est absolument pas un "but à atteindre". Seulement dans mon cas personnel, je n'avais pas envie d'attendre mille ans, je pense que j'ai besoin de faire des trucs pour continuer cette sortie de dépression et que le délai de 28jours ne me laisse pas la possibilité de faire ces choses pleinement.
Mais je pense clairement que ça dépends de chacun.e et j'espère que mon texte ne sonne pas comme un encouragement au sevrage. La TSO à vie, ça peut être chouette aussi.

PS2 :
J'ai pas pris le temps de super bien mettre en forme le texte... J'avoue qu'en manque écrire était déjà pas mal un défi... Mais je le ferais peut-être quand/si je vais mieux !
J'espère que ça reste compréhensible... Et déso' pour la longueuuuuur !

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Abracabrantesque homme
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Salut!
Je crois que tu a bien ce sentiment de ne pas avancer et pour cause.
Si cette méthode était efficace ca se saurait.
Je pense juste que tu n'arrives pas à gerer et puis tu subis le manque et essaye de limiter les dégâts comme tu peux.
Peut-être que ta tolérance va baisser un peu comme ça mais à quel prix.
A mon avis faut changer de méthode parceque tu risques de rester indéfiniment dans ce cycle de souffrance.
Si tu n'arrives pas à suivre le traitement, peut-être que tu es sous dosé en metha?
Essayes d'en parler avec ton prescripteur, pour un avis médical sur ta situation  c'est à lui qu'il faut demander.
Il faut absolument que tu commences par trouver une stabilité sans souffrir.

Dernière modification par Abracabrantesque (20 novembre 2019 à  19:31)

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Swimy non binaire
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Re-Salut et merci pour ta réponse !

Je n'ai trouvé que très très peu de ressources sur le sujet en fait. Aucune n'appuyant le fait que ça ne marche pas (du tout), aucune appuyant le fait que ça marche.
Si tu en as, je suis preneur.euse
Honnêtement, je ressent quand même le fait que le manque est de plus en plus léger. Seulement c'est long. Et le manque de la Méthadone étant déjà looooooong, c'est pas génial quoi.

Je ne pense pas gérer ma conso' en effet. Même aujourd'hui, ce manque, même si "décidé" est clairement subit par des difficultés d'approvisionnement.

Je ne veux pas demander d'augmentation, j'aimerais vraiment me débarrasser de ces contraintes de temps (toujours retourner dans tel ville tous les 28jours...).

Ma prescriptrice peut avoir un avis médicale, mais également biaisé par sa fonction et le fait qu'elle ne soit pas concernée pas l'addiction. Son avis est important pour moi parce qu'elle a une connaissance technique et médicale importante (et qui plus est, elle est plutôt sympa). Mais je pense que la médecine n'appartient pas qu'au diplômé.e.s et qu'elle doit être démystifié, être rendue accessible.
Bref, son avis est important pour moi, mais ça n'est pas la seule à s'y connaître sur le sujet, même sur des questions "médicales".
Je pense que quelqu'un ayant déjà tenté un sevrage par "pause" aurait tout autant à dire sur le sujet. (Mais dans un cas comme dans l'autre, je ne prendrais pas ces informations comme étant "sûres à 100%").

Mon idée initiale était d'à chaque fois supporter ces paliers le plus longtemps possible, en me disant qu'à partir d'un moment je pourrais le faire jusqu'à passer entièrement la crise de sevrage de manque.

Là, "ça va". J'ai mal, mais je pense pouvoir tenir encore un peu. Je pense honnêtement que si d'ici deux jours les symptômes ne "s'empirent pas", je pourrais tenir jusqu'au bout.

Ah, et je sais que de manière générale les sevrages "à la dure" ne sont pas une solution très efficace pour une abstinence totale à long terme (taux de rechutes supérieurs à 90% dans les 3 mois il me semble et taux d'OD très élevés également).
Mais mon but n'est pas tout à fait d'être dans une abstinence totale. Simplement de pouvoir vivre sans compter les jours. Finalement, même sous TSO, j'ai l'impression de rester dans cette logique d'"urgence permanente" qui pousse à chercher la prochaine dose (même si celle-ci dure 3 mois). Je ne parle évidemment que de mon cas personnel.

Merci pour ta réponse en tout cas.

Dernière modification par Swimy (20 novembre 2019 à  21:22)

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filousky homme
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Je veux ajouter un élément à ton information. Avant les années 1995, il n'y avait pas de TSO officiel en France, à part la codéine en vente libre jusqu'en 2017. Pour ma génération (les vieux), la codéine était la substitution accessible de qualité médiocre mais sacrée substitution quand même.
Le hic était qu'une fois le rythme de prise de codéine trouvé, l'organisme continuait à recevoir son surplus d'opiacés, remettant à plus tard le fameux PAWS qui est pour moi la phase la plus difficile d'un sevrage (ici).


Ceci-dit, j'ai vécu des années au rythme qui est le tien, entre manque et soulagement et ces années ont été épuisantes. ET ce que j'ai constaté sur moi-même est que ce vécu en dents de scie ne m'a pas apporté autre chose que le souvenir d'un passage de vie très médiocre, sans passions, déglingué par les produits, l'alcool et toutes ces séries de sevrages ratés qui diminuaient à chaque fois mes forces. J'ai clairement perdu du temps et de l'énergie.

Heureusement, cela a eu une fin (il y a trente ans) et j'ai repris la vie à pleines dents et choppé un TSO méthadone au passage (il y a 17 ans), histoire de ne plus avoir de regrets coté opiacés

La grosse difficulté ne vient pas du dosage, mais du sevrage.

Je sors   

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Dernière modification par filousky (21 novembre 2019 à  14:37)


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Swimy non binaire
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Merci !

La grosse difficulté ne vient pas du dosage, mais du sevrage.

J'avoue ne pas avoir bien compris ce que tu entends par  là ?

Pour avoir déjà vécu deux ans sans TSO du tout, j'ai vécu également cette "vie en dent de scie", alterné entre manque et conso. Je ne dis pas la connaître aussi bien que toi évidemment... Et j'ose à peine imaginer comment ça pouvait être avant les TSO...
Seulement là, ça n'est pas tout à fait la même chose (je pense ?) parce que ces dents de scies sont "volontaires" et de plus en plus plate (en tout cas pour le moment). Dans le sens où mes périodes d'abstinence sont de plus en plus longue. Je pense quand même en sortir épuisé.e, mais en sortir par une période suffisamment longue pour me sevrer physiquement.

Oui, je connais très bien le PAWS (dans le sens où je l'ai clairement ressentis lors de mon dernier sevrage et que je n'étais qu'à moitié informé de son existence à l'avance...). Seulement, j'ai clairement besoin de faire d'autres choses que juste m'occuper de mes addictions. J'ai besoin de voyager, de pouvoir décider au jour le jour où je vais. Et c'est pas vraiment possible quand on est sous médoc'... J'ai envie de tenter cette porte de sortie. Peut-être qu'elle ne marchera pas au quel cas je retournerais (pour un temps indéfini et peut-être infini) sous TSO.

Ah oui et pour la codéïne, j'en ai pris que deux soirs finalement, après j'ai arrêté, c'était simplement pour aider à l'endormissement et en une seule prise par jour, une heure avant de dormir.

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Aujourd'hui, j'ai toujours rien consommé depuis au moins 4/5 jours du coups. J'ai vraiment galéré à sortir du lit et j'ai ressentis pas mal d'anxiété. Mais une fois en dehors du lit "ça allait", enfin pas pire que les autres jours en tout cas. Physiquement je crois même que c'est un peu mieux, je crois juste que cette nuit m'a un peu pompée le morale. Je me suis endormis après un bon craving comme je les aimes. Cette envie m'est passée maintenant. J'espère juste que je pourrais dormir plus tranquille ce soir.

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Teatch homme
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Arrêter 4-5 jours pour reprendre alors que tu fais le plus dur à chaque fois c'est un peu bête je trouve ( je ne te juge pas lol). Mais en fait, tu devrais juste prendre de la drogue le temps que tu élimines la métha puis ensuite faire ta pause de 4-5 jours et tu finirais clean rapidement. le problème c'est que la métha reste accrochée au corps beaucoup trop longtemps. j'ai des potes qui ont fait des sevrages à la dur de méthadone et ont ressentit des effets de manques jusqu'à deux mois après alors que le manque de l'héroine seule "ne dur que" de 5 à 7 jours et même si les 2/3 premières nuit sont rudes, ensuite tu sens déjà de l'amélioration mais faire un sevrage de méthadone à la dur, mon dieu, quelle horreur !! Pour moi c'est remplacer la peste par le choléra de prendre des médocs de substitution pour arrêter l'héroine.

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Zénon
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Sujet fascinant. Merci pour ces témoignages. Ce site est hallucinant.

« I don’t believe in psychology. I believe in good moves. » — Bobby Fischer

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