------------------COUP DE GUEULE------------------
Ou de l'hypocrisie des lois et des systèmes de santé....
Au début du siècle, l'
héroïne était en vente libre dans les pharmacies en tant qu'antalgique (entre autres indications). A l'époque, on ne parlait pas de "toxicomanie", seulement un "morphinisme" émergent constaté sur les soldats, dont les douleurs soignées par la
morphine ont entraîné une dépendance physique... On commençait alors à évoquer le problème des tolérances développées par certains produits, tolérance mûe en accoutumance difficile à éliminer.
Puis est apparue un "usage détourné" de la
morphine, à but récréatif, on a alors commencé à parler de "morphinomanie"...
J'essaierai, dans ce texte, de soulever le caractère paradoxal de certaines législations en matière de santé, législations évolutives bien entendu, tenant compte des ereurs du passé et des changements en matière de prise de produits par la société.
La loi, en matières de stupéfiants, est un casse-tête chinois. Je ne jette la pierre à aucun dirigeant, car c'est bien beau de critiquer le système actuel en termes de prévention,
rdr, de dire que ça facilite le marché noir, la prostitution, les maladies, encore faudrait-il proposer une REELLE ALTERNATIVE en matière de législation.
Pour cela, il faut débattre, proposer, écouter, réfléchir.
Je pointerai donc juste du doigt certaines failles, sans incriminer les dirigeants, simplement pour déterminer les réels problèmes, dans le but d'ouvrir un débat constructif.
Je commencerai par un descriptif scientifique aussi synthétique que possible, car outre les notions de culture générale que cela peut apporter, ce descriptif sert mon propos en termes de législation.
-------OPIACES :
Les
opiacés sont des substances dérivées (au sens large) de l'
opium et agissant sur les récepteurs
opiacés. Les
opiacés d'origine synthétique (c'est-à -dire n'étant pas synthétisés à partir de l'
opium) sont désignés sous le terme
opioïdes.
Le cerveau humain utilise certains
opiacés naturels (les endorphines) comme neurotransmetteurs.
La plupart des
opiacés entrainent une très forte dépendance physique, à l'exception du lopéramide qui ne franchit pas la barrière hémato-encéphalique.
-----------MORPHINE
La
morphine (du grec ΜοÏφεÏÏ‚, Morphée dieu du sommeil et des rêves) est une molécule utilisée comme médicament contre la douleur (analgésique). Découverte en 1804, sa nature chimique et son usage pharmaceutique furent établis dans les années suivantes par l'Allemand Friedrich Wilhelm Sertürner. Son emploi en tant que drogue au début du XXe siècle posa de nombreux problèmes dus à la dépendance qu'elle induit. Aussi est-elle listée comme stupéfiant au niveau international.
Principal alcaloïde issu du
pavot somnifère, la
morphine est considérée comme la référence à laquelle sont comparés tous les autres analgésiques en terme d'efficacité. Elle est le plus souvent utilisée sous la forme d'un sel, sulfate ou chlorhydrate, d'efficacités identiques.
La
morphine fut découverte simultanément en 1804 par Séguin et Courtois, ainsi que par Charles Derosne, mais c´est à F. W. Sertürner, pharmacien de Hanovre, que revient le mérite (dans ses travaux publiés en 1805-1806 et 1817) d´avoir vu que la substance cristallisée isolée était un alcaloïde « alcali végétal ». C'est le premier alcaloïde connu et Sertürner le nomme aussitôt morphium car ses effets rappellent le dieu des songes de la Grèce antique, Morphée.
La
morphine (Codex 1818) et ses sels (Codex 1866) est le sédatif par excellence des syndromes douloureux, aigus ou chroniques. Elle va rencontrer l´invention de la seringue hypodermique à aiguille creuse mise au point en 1850 par le médecin lyonnais Charles Pravaz. L´injection intraveineuse d´un principe actif d´une plante est réalisée pour la première fois dans l´histoire des sciences. La
morphine fut ainsi le premier médicament réellement puissant et inaugura l´ère moderne de la pharmacologie et de la médecine. À partir de cette date, une utilisation massive de la
morphine contre la douleur devient possible tant à l'hôpital que sur les champs de bataille.
C'est cet usage sous sa forme injectable sur les champs de bataille (guerre de Sécession aux États-Unis, guerre de Crimée en Russie, guerre austro-prussienne, guerre franco-allemande de 1870 en Europe...) notamment pour les amputations qu'elle rend supportables qui va être à l'origine de ce que l'on appela alors la « maladie du soldat » puis morphinisme et enfin morphinomanie. Les premières descriptions de morphinomanie apparaissent dès 1871 d'autant qu'elle est alors en vente libre dans de nombreuses préparations pharmaceutiques artisanales pour soigner les maux les plus divers. En 1877, le Dr Levinstein et le pharmacologue Louis Lewin introduisent la notion de manie issue de la psychiatrie, alors naissante, et décrivent pour la première fois ce que l'on appellera toxicomanie stigmatisant pour le grand public la
morphine dans cette image péjorative. Son prix moins accessible que l'
alcool en fait un produit en vogue dans l'aristocratie jusqu'au début du XXe siècle et nombre de personnages connus sont réputés pour leur morphinomanie ( John Pemberton, Bela Lugosi, Hermann Göring, Otto von Bismarck, Alphonse Daudet, le général Boulanger...).
Outre son usage comme antidouleur (analgésique), elle était utilisée aux États-Unis d'Amérique pour soigner toute une gamme d'affections mentales (alcoolisme, dépression, psychose maniaco-dépressive, hystérie, etc.) jusqu'aux mesures prises par l'
Opium Act en 1906 (qui prohibent la production, le commerce, la détention et l'usage des drogues d'
opium et ses dérivés aux États-Unis). Et c'est à l'initiative des États-Unis que se tiendront les premières conventions internationales sur les stupéfiants dont la Convention Internationale de l'
Opium qui réglemente spécifiquement la
morphine et sur laquelle se sont moulées la plupart des lois anti-drogue mondiale jusqu'à nos jours.
---------------MORPHINE ET DEPENDANCE
Comme tout opiacé, la
morphine est susceptible de provoquer une dépendance dans certains contextes précis hors du contexte médical. Sa prescription engage la responsabilité des médecins puisque c'est un produit qui peut engendrer une toxicomanie ou faire l'objet d'un trafic illicite. Sous contrôle médical, la prescription stipule des prises à heure fixe et contrôlées qui permettent la prise avant la réapparition de la douleur afin d'éviter toute association entre médication et soulagement immédiat ainsi qu'un arrêt progressif permettant d'éviter le syndrome de
sevrage. La tolérance qui se développe est un phénomène normal et ne doit pas être vécu par le patient comme un signe d'une éventuelle toxicomanie, dans un cadre médical, la prescription de
morphine n'entraîne de toxicomanie que dans 4 cas pour 10 000. Si la
morphine est un produit qui posa de nombreux problèmes de toxicomanies au début du XXe siècle, notamment du fait qu'elle était essentiellement administrée sous forme injectable. Son usage détourné est, de nos jours, relativement anecdotique ; elle n'est plus guère utilisée par les toxicomanes qu'en
substitution empirique de l'
héroïne. ELLE PEUT EXCEPTIONELLEMENT SERVIR DE TRAITEMENT DE
SUBSTITUTION APRES L'ECHEC DU
SUBUTEX ET DE LA
METHADONE DANS LE TRAITEMENT DE L'HEROINOMANIE, MEME SI CET USAGE NE CORRESPOND PAS, EN FRANCE, A SON AMM.
--------------DIACETYLMORPHINE (HEROINE)
L'
héroïne ou diacétylmorphine (DCI) est une drogue semi-synthétique obtenue par modification chimique de la
morphine, le principal alcaloïde issu du
pavot.
HISTORIQUE
Elle a été synthétisée pour la première fois depuis la
morphine en 1874 par le chimiste Alder Wright mais son potentiel ne sera pas reconnu. Elle est de nouveau synthétisée en 1897 par Felix Hoffmann, un chercheur allemand de la firme Bayer qui l'exploitera comme médicament pour différentes affections respiratoires. On lui donna le nom d'
héroïne, du terme allemand heroisch (« héroïque ») car on pensait qu'elle permettrait de soigner l'addiction à la
morphine, très répandue à l'époque. IRONIE DU SORT, CAR LA
MORPHINE ELLE-MEME AVAIT ETE PRECONISEE COMME SUBSTITUT A L'
OPIUM. L'
heroïne était vendue librement en pharmacie comme pilule antitussive, contre l'asthme, la diarrhée et même comme somnifère pour enfants ! À cette époque, on n'avait pas pris conscience du danger de nombreuses drogues, la plupart des substances connues (opiacés,
cocaïne, etc.) étaient alors en vente libre en pharmacie dans la plupart des pays. On trouvera sur le site de la Bibliothèque interuniversitaire de médecine (Paris) une plaquette promotionnelle du tout début des années 1900, "L'aspirine : propriétés générales, applications. La somatose. L'
héroïne", qui illustre cet enthousiasme fâcheux.EXTRAIT:
---L'ASPIRINE: PROPRIETES GENERALES,APPLICATIONS. LA SOMATOSE. L'HEROàNE.
Paris: société anonyme des produits Frédéric Bayer et Cie, C.1900.
Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine (Paris).
Chapitre 34: L'
HEROINE (diacétylmorphine)
«Agit remarquablement sur la dyspnée et contre la toux des phtisiques et des tuberculeux,ainsi que dans les affections des voies respiratoires, bronchites, laryngites, pharyngites, asthmes bronchiques etc...
Pas d'acoutumance. Pas d'habitude*.
Recommandée pour soigner les morphinomanes ou les personnes susceptibles de le devenir**.
--Doses: -Usage interne: 6 à 10 comprimés de 0,0025 g d'
héroïne pur, par jour, pour adultes.
-En injections: 0,003 à 0,01 g de chlorhydrate d'
héroïne.
PAS DE DOULEUR***. ACTION PRESQUE IMMEDIATE.
Comprimés d'
héroïne Vicario dosés à 0,0025 g d'
héroïne pure.
Comprimés de chlorhydrate d'
héroïne dosés à 0,005 g pour injections hypodermiques.
Demander brochures et échantillons envoyés gratuitement.»
NDKnr: * pas de commentaires non plus.
** «susceptibles de le devenir»: ????????
*** «pas de douleur»: sic...
Dès le début des années 1960, l'augmentation de la consommation de drogue devient préoccupante et plusieurs conventions sont ratifiées sous l'égide de l'O.N.U. afin de lutter contre l'augmentation de la consommation de drogues qui ne cesse de s'aggraver. Ces conventions prohibent la production, le commerce, la détention et l'usage des drogues (excepté à des fins médicales) et ont directement influencé les législations des pays signataires. La Convention unique sur les stupéfiants de 1961 porte principalement sur la coca, l'
opium, le
cannabis et leurs dérivés. L'
héroïne sera progressivement interdite dans la plupart des pays à mesure qu'ils adaptent leur législation propre et classée comme stupéfiant.
Sources: Wikipédia
Durant le mois de Novembre 2006, se tenait aux universités de Strasbourg une série de conférences nommées «stupéfiants stupéfiants!» dirigées par des professeurs en anthroplogie, sociologie, médecine...
Voici la présentation de la conférence du 9 novembre.
Titre: Drogues dures, drogues douces: la légende urbaine.
Intervenant: Jean-Georges ROHMER, praticien hospitalier aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.
Présentation de la conférence
«La distinction établie entre les drogues dures et les drogues douces constitue aux yeux de l'immense majorité du corps médical et des scientifiques un concept qu'il est particulièrement intéressant d'étudier sous l'angle de la fascination sociétale preque aussi importante que dans le domaine de l'astrologie...
S'intéresser au fantasme attaché à cette distinction, c'est tout d'abord tenter de formuler quelques hypothèses explicatives autour du concept de dureté et de douceur. Une drogue est-elle dure parcequ'elle tue? Dans ces conditions, les boissons alcoolisées sont sans conteste dans nos sociétés occidentales, les drogues les plus dures mises à la disposition du consommateur. Une drogue est-elle dure parcequ'elle entraîne une forte dépendance? Dans ces conditions, le
tabac est rationnellement la drogue la plus «dure» mise à la disposition du public. On voit que la distinction entre drogues dures et drogues douces ne saurait reposer sur des concepts proches de celui de santé, voire de santé publique.
En fait, tout semble indiquer qu'une drogue est considérée comme d'autant plus dure qu'elle s'éloigne du modèle de toxicomanie admis par la société dans laquelle elle est consommée. Dans une société où l'assimilation de l'individu à un modèle semble être la règle, les
opiacés ont ainsi longtemps été considérés comme l'archétype de la drogue dure. Ce type de produit devenant de plus en plus de consommation courante (substitution, antalgie), le concept de «dureté» lié à leur consommation s'est peu à peu érodé. Il convient d'ailleurs de noter que la distinction entre drogue dure et drogue douce semble à l'heure actuelle un tant soit peu passé de mode dans une société où se développe la marginalité qui n'est pas loin de devenir la règle dans certains groupes sociologiques.»
On voit bien, dans ce texte, une idée que j'ai déjà évoqué dans mes textes précédents: les
opiacés dérangent, non parcequ'ils s'injectent, tuent ou rendent dépendants, mais ces substances conditionnent leur consommateur dans un moule qui est en inadéquation avec le système capitaliste actuel, parcequ'elles rongent tout ce qui relève de l'AMBITION, inhibent les désirs de réussite personnelle et d'accomplissement par le travail. L'opiacé, en tant que tel, marginalise, et pas seulement parcequ'il évolue dans un milieu parallèle et illégal.
D'un autre côté, le caractère «abrutissant» des
opiacés peut servir le système en calmant une poignée d'individus confortablement assis dans leur
substitution, les susdits individus, ayant eu leur dose, devenant de gentils «moutons» rendus «inaptes» à une délinquance latente, une sorte d' «achat de paix sociale» en sorte...
--------------- CONCLUSION:
où est-ce que je veux en venir?
À la fin du 19ème siècle, la
morphine était prescrite comme substitut à l'
opium.
Au début du 20ème, l'
héroïne était en vente libre dans les pharmacies, pour ses vertus thérapeutiques, à côté de l'aspirine, car elle ne présentait pas de potentiel de «plaisir» pour les gens, donc pas d'usage détourné, car à l'époque n'existait qu'une «morphinomanie», pour laquelle on pouvait prescrire... de l'
héroïne, en traitement de
substitution...
Le 20ème siècle ayant vu l'explosion de la toxicomanie, et notamment de l'héroïnomanie, car les sujets en quête de plaisir se sont tournés vers l'
héroïne, se désintéressant alors de la
morphine, on a interdit l'
héroïne et on l'a classé comme stupéfiant, et on a gardé la
morphine en tant que médicament antalgique délivré en milieu hospitalier.
Début du 21ème siècle, on prescrit
méthadone ou
buprénorphine en
substitution aux héroïnomanes.
C'EST BIEN.
Mais ça ne marche pas toujours. Alors en traitement de dernier recours on leur prescrit... de la
morphine, sur ordonnance Hors AMM...
Tout se passe comme si on interdisait tout ce qui est susceptible de donner du plaisir; si vous aimez l'
opium alors c'est interdit, on vous donne de la
morphine pour décro, Si vous aimez la
morphine alors on vos donne de l'
héroïne pour décro, Si vous aimez l'
héro, on vous donne... de la
morphine pour décro...
Conclusion?
METTONS-NOUS TOUS A LA
MORPHINE!!!
Enfin, plus personne ne parle des vertus thérapeutiques de l'
héroïne en mileu hospitalier bien sûr, par exemple en cas d'affection respiratoire grave, les bienfaits pouvant dans certains cas être largement supérieurs à ceux de la
codéine, car on a largement diabolisé (euphémisme) l'
héro, le «cheval», avec tout ce qu'elle contient de connotations effroyables...
Peut-être que certaines personnes diront que je parle trop, moi j'ai l'impression de ne pas en avoir dit assez; il y a, a mon sens, beaucoup de choses à changer...
K'anar
Dernière modification par kanar (05 mai 2009 à 10:56)