Bonsoir,
Il s’agit là de mon deuxième
Trip Report, le premier étant accessible ici ->
https://www.psychoactif.org/forum/viewt … p?id=33776Je le précise, car le début de ce deuxième trip fait echo au premier, et je ne me suis donc pas trop attardé à le décrire en détails une seconde fois. Voilà, maintenant que c’est dit, on peut commencer :)
Pour remettre le contexte ça s’est passé dans lors d’un mini
festival de deux jours organisé par des amis dans la ville où je vis (les Tannerie de Dijon pour ceux qui connaissent). Il y avait donc du bon son et des copains, c’était un meilleur contexte pour prendre du
LSD que tout seul dans sa chambre, non mais quel idiot ! J’ai pris un demi
buvard et un ami l’autre moitié. Ça a monté au bout de quelques temps, peut être une petite heure. Mais très vite, j’ai commencé à paniquer... « Oh non putain, c’est ça ! Oui, c’est ça, j’avais oublié à quel point s’était flippant ! Je retrouve mes démons de la chambre, les mêmes ! » Pourtant je vois bien que le
LSD n’invente rien, que ces démons sont là aussi quand je suis sobre, mais avec l’acide, ils prennent une forme de géant…Ce vertige glaciale du vide, putain, non, je n’ai pas envie d’y retourner, j’ai fait une grave erreur, je commence déjà à partir trop loin tout seul dans ma tête, il faut que je bouge, BOUGE TOI MEC, BOUGE ! FAIS QUELQUE CHOSE, LIMITE LA CASSE CETTE FOIS !!! Je vais vite aux chiottes et commence à me mettre des doigts dans la bouche pour me faire dégueuler ce foutu
buvard, je me dis que c’est trop tard, mais quand même je tente ! Je frappe tellement fort ma glotte que je me fais mal ! Rien à foutre je veux vider l’intégralité de mon estomac ! J’y vois que de la bière. Une pinte de bière, et le début de ma deuxième… « Voilà, au moins c’est fait, j’ai fait ce que je pouvais, maintenant, il va falloir assumer » que je me dis pour me donner le courage dont j’aurai surement besoin pour traverser cette soirée qui risque d’être longue, très longue, beaucoup trop… Les effets ne me plaise déjà pas, et ce n’est que le début…oh putain. Je suis déjà en sueur, glacé…
Je suis retourné dans la salle, je n’étais déjà plus le même, j’étais en train me détacher de plus en plus, comme si je regardais le monde à travers un écran de télévision, elle-même dans un écran de télévision, et ainsi de suite. De plus, je voyais comme des ficelles aux dessus des gens, des ficelles de marionnettes. En effet, j’avais cette sensation de voir les actions et désirs des gens (moi y compris) comme des suites d’événements logique et mathématique liés à un désir plus enfouit et ne voir que les conséquences inconsciente de ce désir : celui de ne pas tomber dans le vide en inventant un sens à la vie. Une impression de voir tout cet inconscient à travers leurs gestes, leurs mots, leurs regards, leurs comportements, leurs pudeurs, leurs colères, leurs ivresses, … Je ne voyais plus que des marionnettes prisonnières de leurs désirs, ou plutôt de leurs peurs, leurs peurs du vide glacial de l’absurdité de la vie, leur peur de la mort, c’est la même idée. Cette sensation m’a donné une solitude terrible, j’étais seul au monde, seul au milieu d’un cosmos froid et mécanique. Ce n’est pas seulement les gens que j’ai perdu, c’est tout le reste aussi, je me suis détruisais petit à petit comme les fibres d’un mouchoir qui est en train de bruler. Il faisait tellement froid, j’étais glacé et en sueur sur une vieille chaise en train de regarder ce triste spectacle nihiliste : il n'y avait plus que des gens seules et terrifiés par la mort, et qui font semblant de vivre, ou dans leurs ivresses, veulent oublier qu’ils sont terrifiés. Et moi je suis tout seul avec eux. Au milieu de tout ce vide absurde, sauf que moi, dans cette situation, je ne peux plus faire semblant, je ne peux plus oublier, c’est là, il y a plus que ça, même quand je ferme les yeux je vois plus ça. Bloqué à tout jamais.
Puis il s’est passé quelque chose. Malgré cette lucidité macabre, celle de voir uniquement que des marionnettes contrôler par leurs peurs, malgré le fait que c’est et que cela restera réalité, que ce sera toujours là, j’ai quand même essayé d’aller vers elle, vers ma copine pour lui parler. « Laure ça va pas ». Elle était en train de filmer de concert, «on peut attendre la fin du morceau ?» me demande-t-elle, je réponds froidement « non ». Elle m'a regardé, voyait ma tête de mec pétrifié, totalement perdu, de cadavre ambulant...je crois qu’elle a compris. Très vite, elle m'a fait signe d’attendre le temps qu’elle range son matos. Je n'est pas bougé. Puis on est sortit dehors. « Comment tu te sens ? » m’a-t-elle demandé, j’ai répondu « totalement seul », ce sont les seul mots qui me sont venu à l'esprit. Elle avait l’air dépassé par la situation que je lui offrait... Alors elle m’a serré dans mes bras, elle a essayé de me rassurer comme elle le pouvait. J’étais perdu et résigné, la terreur de ce vide était infernale, j’étais mort dedans, et plus je pensais que l’on ne pouvait aller plus bas, plus je creusais encore plus au fond malgré moi. Et pourtant je suis allé vers elle. « Peut-être qu’il y a un truc dans ce monde qui m’échappe, peut-être qu’il être qu’il a comme même quelque chose d’autre, un truc à découvrir…» Pensais-je. Il y avait un espoir, il était bien maigre et rampant mais il était là, sinon pourquoi je serais allé la voir et lui demandé le l’aide ? Le monde a beau être froid, mathématique et mécanique, il me dépasse quand même.
Il m’a fait plus de bien que je l’aurai pensé ce câlin, ça m’a un peu reconnecté aux autres, au monde des vivants. Putain tout va si vite. J’ai déjà un peu moins peur, ça me rassure d’être agréablement surpris dans l’état où je suis. Je reprends mes esprit, ça va un peu mieux, « Oh putain, la vache ! », je rigole un coup, je me rends compte que je ressens tout 100 fois plus fort que d’habitude. Mais pour autant, j’ai encore quelque part cette idée que je suis en train de me distraire pour arrêt de voir la vie telle qu’elle est en réalité, froide et mécanique, que je me détourne du vrai par des distractions, que je suis peut être un lâche.
Je rentre de nouveau dans la salle, je vois le groupe Altocumulus qui s’est installé. Un ami commence à me dit un truc, je me souviens plus car à la première note joué, ça a été comme une évidence : je vais me poser tout proche de la scène et juste apprécié le son ! Je me suis donc mis à côté de Syd (celui qui me faisait des clin d’œil lors de mon premier trip) qui jouait des percu juste côté de la scène, et là j’ai fermé les yeux : FEUX D’ARTIFICE ! L’autre face de la même pièce, rien n’avait changé mais tout était interprété différemment. Il y a avait des sillons, partout des sillons, à travers les gens, à travers leurs gestes, leurs humours, leurs sourire, leurs pudeurs, leurs ivresse, leurs violence, leurs ironie, leurs cruautés même ! Et tous ces sillons était connecté les uns aux autres d’une manière ou d’un autre, et tout ce cirque afin d’atteindre la source, la chaleur mère ! Et qu’est-ce que cette source ? Et bien je vous le donne dans le mile mais vous l’avez déjà sans doute compris : l’AMOUR ! Bien entendu ! Le seul truc qui reste quand il ne reste plus rien en somme. Je voyais ces sillons plus ou moins chaux et doré, plus ou moins épais, et les plus chaud et lumineux étant ceux qui menaient le plus directement à elle, et aucun ne va dans la mauvaise direction. Celui de la musique était une des plus doré et épais. Certains était bien plus long et embusqué que d'autres...Ils y en avaient également à travers les pierres, les arbres, les animaux, elle était l’élan de vie, l’énergie pure, commune à tous, la seule. Infinie et divine, c’est la substance qui permet aux choses d’avancer, aux poussins la force de casser leur coquille, aux oiseaux l’instinct de voler sans même apprendre, de rapprocher les hommes entre eux, aux arbres de se faire pousser des racines afin d’y trouver de l’eau, aux atomes de danser ensemble, ... Et lorsque l’on s’écarte de ces sillons, ce n’était qu’espace vide, mort, inactif, glaciale, mais pour autant toujours nécessaire pour autant, car elles ne sont que l’absence de cette dernière, de cette substance. Mais il y avait toujours au moins une petite branche timide, comme une braise tiède quelque part, et si on la suit elle peut nous amener à quelque chose de plus chaud et ainsi de suite, jusqu’à la source divine.
Ainsi, je ne voyais plus des marionnettes contrôlées par leurs peurs du vide/néant/mort mais des gens plus ou moins perdu cherchant des sillons pour arriver à la chaleur. C’est en quelque sorte la même chose, mais au fond c’est l’inverse total, comme deux faces d’une même pièce de monnaie. Cette peur du vide/néant/mort est toujours là, elle est réelle mais cela donne lieu à une empathie de l’autre qui subit le même sort, le même combat. On est tous bloqué entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, entre la vie et la mort, on n’est pas seule là-dedans alors serrons-nous les coudes. Et apprécions le spectacle, essayons de comprendre de ce qui est à notre porté, de faire de notre mieux, quoi que cela vielle dire pour chacun... Difficile de résumé cela en quelques phrases… On y revient à des mots galvaudé comme « amour », « bonheur » à qui on a retiré toute leurs sens tellement on les utilise à tort et à travers... Je sentais mon cœur gonflé, gonflé encore et encore, c’était si chaud, si beau ! Comme si j’étais arrivé à la source. Ma copine m’a aidé à me détacher de ce vide glaciale dans lequel je mettais trouvé puis je me suis simplement laissé emporter par ces personnes qui ont l'idée de se réunir pour jouer de la musique ensemble. Ça s’offrait à moi, et de là je suis arrivé à cette chaleurs totale, lucide et bienveillante, cette source, la substance de la vie.
Puis quand le groupe a eu finit de jouer, je me suis assis près des zicos (qui étaient également des amis) qui fumaient leurs clopes « post concert » ensemble, je leur ai dire un énorme merci et discuté un peu avec eux (enfin, dans mon état, je ne pouvais pas dire grand chose...). Il n’y avait plus de groupe car c’était la fin de la soirée, mais il passait un disque. C’était un groupe style metal doom, un truc très puissant. J’ai toujours aimé la musique lourde à la Tool, Neurosis, OM ou autre, mais je l’écoute surtout pour me défouler ou pour avoir une sorte de trance ! Mais là, fait amusant, le son grave, lourd et distordu du son me rappelait un ronronnement de chat, c’était très confortable et rassurant. J’étais en paix, en paix avec moi, avec les autres, avec mon côté sombre aussi, j’ai compris sa nécessité. J’ai compris aussi qu’il y allait du travail à faire, que j’ai des soucis à régler, des problèmes envers moi, mais aussi et surtout par rapport aux autres…J’ai des démons en moi, c’est un fait, je les vois plus clairement, mais je suis tranquille, je vais devoir les comprendre et non pas y aller frontalement car il ne sont pas arrivé dans ma vie sans raison, je ne suis pas née avec…Si ils sont là, c’est que j’en ai eu besoin à un moment ou un autre, qu’ils ont été utile, nécessaire, ils m’ont sauvé de quelque chose, comme de la visions du fameux vide glacial qui m’a tant effrayer tout à l’heure, mais aussi pour des choses plus précise, comme de pouvoir avancer dans la vie sans ignorer les dangers qu’il peut avoir,... L’ennui c’est que parfois, ils peuvent être incontrôlables, parano…Et c’est là qu’ils deviennent toxiques, pour moi, pour les autre, me rendant muet et paralysé, donc impossible de communiquer avec quiconque, et là c’est l’enfer…
Je ne peux pas les tuer, et même si je pourrais je ne dois pas ! Ils font partis de moi, mais je peux essayer de les comprendre et en faire mes alliés. Je dois essayer. Il faut que j’arrive à moins limiter la casse, et cette fois, j’ai une piste.
Sacrée expérience...J'en ai encore le cœur tout chaud en y repensant
Dernière modification par Der Güter (10 mai 2018 à 21:02)