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En confinement, consommez vous plus ou moins de méthadone et buprénorphine ?

Bonjour
C’est mon 1er message sur le forum malgré une lecture intensive depuis vos débuts ...
Bref je suis venu pour témoigner des effets du confinement sur ma consommation de méthadone.

Je suis à 120mg/jour depuis des années, à peu près stable et sans consommation d’opiacés par ailleurs.

Même avec de la weed, du valium que j’ai augmenté depuis le début du confinement, j’ai dû également le faire avec la méthadone. Il n’est pas rare que je prenne au moins 20mg de plus dès le matin pour arriver à « me réveiller » et me lancer dans une journée de télétravail.

J’ai de nouveau des cravings de came monstrueux que je compense avec le surdosage de méthadone.

Ça marche dans le sens où je me dis même si je vais en chercher, je ne sentirais malheureusement rien... donc ça passe.

Voilà pour mon témoignage
A +

MrKeepCool a écrit

C’est mon 1er message sur le forum

salut MrKeepCool, et sympa de passer le pas pour l'"occasion"
et donc bienvenue sur PA :)

merci pour ton témoignage relevant une augmentation de cravings compensé par +TSO + autres SPA (weed, benzos) dans ces temps de confinements

pensées pour que ca le fasse, et courage pour le teletravail. j ai pour ma part bien décroché de ce côté, le temps s'etire, je perds reperes, consomme plus et ai du mal à finaliser mes missions. Ainsi soit-il!

Hello,

Pour ma part jusqu'à présent non, mais depuis 1 semaine 1/2 , Ou je commence à tourner en rond ... oui j'en prends plus , je me suis fait même 2 taquets !

Encore , ça va ... que je n'ai plus d'alcool ( car comme on le sait c'est très corrosif pr les veines) sinon j'aurais surement remis ça, car je kif trop le rush de la métha en IV.

Bon après je suis pas non plus ds l'abus... car j'aurais tjs du rab pour mon stock de secours.



MM

J'avais réussi à passer à un dosage de 1.1mg en permanent perso mais pendant le confinement j'ai de plus en plus rarement couper mon ttt et jetais vers les 1.2mg au final avec quelque fois où si je le sentais je prenais moins

Hello,

Dans mon cas ça ne passe toujours pas ... reprise de 20mg supplémentaire et une tension intérieure énorme.
Malgré weed (vapo plus joints, normale ou CBD) et 20/30 mg de valium rien n’y fait....

J’essaie de varier les « activités », de m’occuper avec livre/films/série et la famille, mais l’anxiété ne baisse pas ainsi que les cravings.

Vivement le retour à une vie un peu plus normale

Bonne journée à vous les psychos !

MrKeepCool

Je suis sous 60mg de méthadone par jour normalement. J'ai des stocks assez importants (environ 2 mois d'avance de traitement) que je refais de temps en temps en faisant des "pauses" à l'héro.

Durant le confinement, j'ai eu pas mal d'envies de conso, bien plus régulièrement qu'en temps normal.

Lorsque cela arrivait pendant que j'attendais mes commandes, je prenais de la méthadone en extra - généralement 180mg sur 24h, je suis monté jusqu'à 240mg. Si je montait aussi haut c'est car je ne sens pas grand chose de récréatif lorsque je me contente d'une double dose de 120mg de méthadone (sauf si je sors d'une période de "pause" importante à l'héro, où dans ce cas même ma prise de 60mg me fait de l'effet).

Au fur et à mesure du confinement, je suis aussi passé d'une prise de méthadone le matin à une prise le matin et parfois un extra le soir (pour compenser l'insomnie qui devenait de plus en plus problématique avec le confinement qui durait) et j'ai finalement fini par prendre ma méthadone uniquement le soir.

De même que Oaxaca-na, le confinement a été pour moi l'occasion de revoir à la baisse ma consommation de TSO (buprénorphine), dans le but de faire des stocks qui m'ont été utiles (amateurisme des CSAPA ainsi que de l'ensemble du système d'approvisionnement).

J'avais déjà 7 jours de stocks "au cas où", ce que le médecin du CSAPA ne comprenait pas. Et bien aujourd'hui je me sens bien content d'avoir écouté mon instinct et de ne pas avoir bêtement suivi les posologies.

Oui je stock. Dans mon intérêt.

Car l'intérêt de BigPharma n'est pas le miens.

Dextro

Dernière modification par Dextro (18 mai 2020 à  18:51)

Pour ma part le confinement a eut un effet régulateur sur ma consommation de méthadone.

Quelques éléments de background : je suis substitué depuis 7 ans avec cette molécule. Les 2-3 premières années j'étais plutôt stable à 40 mg, mais suite à des changements assez importants dans ma situation personnelle (et puis la fin de la lune de miel sans doute aussi) j'ai commencé à consommer chaotiquement et à enchaîner les recouvrement ainsi que les augmentations de posologie. J'ai fais un plateau de deux ans à 120 mg par jour mais avec les recouvrement j'étais plutôt en moyenne à 160 mg/jour, puis redescendu à 80 mg depuis six mois, toujours à +30% à cause des débordements chroniques. Je ne fais pratiquement jamais d'écart avec autre chose que la méthadone, je ne ressentais que des effets désagréables quand j'essayais.

Avec cette vacherie de virus et le confinement, j'ai commencé à bien flipper sur la possibilité d'une rupture de l'approvisionnement (tellement de possibilités : l'histoire des principes actifs fabriqués en Chine, la pharmacie qui peut fermer, les livreurs des pharmacies qui peuvent plus bosser pour x raisons liées au virus - j'en imaginais des tas et des tas -, pareil pour les employés des usines qui fabriquent les gélules, etc... je trouvais une multitude de possibilités de rupture pour chacun des maillons de la chaîne qui partait de je ne sais quelle matière première jusqu'à la gélule dans ma bouche). Bref, j'ai paniqué.

Cette peur m'a beaucoup aidé à calmer mes cravings. J'avais très envie de reprendre la diminution pour être libre en cas de crise (ce qui est assez utopique, étant donné qu'avec une réduction de 10% par mois - ce qui est très optimiste - il faudrait trois ans et demi sans erreur de parcours pour arriver à 1mg/jour, alors faudra pas trop qu'elle se presse la fin du monde.

J'ai immédiatement arrêté les extras de méthadone, à de très rares exception près, genre quand je devais bosser plus que d'habitude (télétravail) ou que j'avais un inévitable et pénible entretien hiérarchique. C'était pas facile les deux premières semaines où je sentais des symptômes de manque dès le milieu de l'après midi, et passais des nuits avec d'importantes sudations et difficultés à dormir, ainsi que le fourmillement électrique dans tout le corps à partir de 4-5h le matin. Faut dire que j'ai réduit la conso d'un quart là, c'est pas la mère à boire, mais on le sent passer. Au final j'ai traversé le confinement avec seulement 3 ou 4 doses d'écart par rapport à la prescription sur la totalité des deux mois, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis une demi-décennie.

A présent qu'une routine s'est remise en place, et le retour à la vie d'avant se profilant à l'horizon - même lointain - les envies reviennent à mesure que je vois bien qu'il n'y aura pas de désastre. J'ai pas encore craqué, mais la pression monte. C'est navrant et vraiment pénible à vivre, mais j'ai l'impression que c'est comme pour les tremblements de terre et les volcans : la question n'est pas de savoir si je vais déraper, mais plutôt quand. Car ça va déraper...

PS: Désolé, c'est plus long que ce que je pensais écrire en première intention...

Dernière modification par Cosmococcyque (20 mai 2020 à  12:07)