Description de l'avant soirée : Tout s’est déroulé dans mon appartement, un lieu dans lequel on se sent bien, au début un premier ami m’a rejoint, on a installé le décors, l’éclairage des pièces, le fond musical et la bouffe, la pièce principale était le salon, imaginez une pièce de 7m² sol en bois, tapis, table basse, deux gros fauteuils bien moelleux, un vinyle et un éclairage tamisé de couleur (bleu, rose, jaune).
2 autres amis nous rejoint vers 20h, celui qui ramène le L devait venir plus tard, alors pour patienter on s’est mangé des pizzas et on a fumé un
joint dans le salon, c’était cool, on discutait, l’ambiance commençait. Pour se divertir durant la soirée quelqu’un a proposé un jeu, chacun devait s’occuper d’une pièce à personnaliser à sa guise puis plus tard on se la ferait découvrir, j’avais bossé sur un petit montage vidéo avec des effets sonores et visuels dans une ambiance salle cinéma, un autre a utilisé plusieurs miroirs pour créer un jeu visuel etc...
Vers 23h, le 5ème invité nous a rejoint, c’était son anniversaire, il avait déjà avalé 2 gouttes et les premiers effets commençaient à monter chez lui. Nous 4 on attendait le 6ème invité qui ne devait pas tarder. Pendant ce temps on s’est prêté au jeu de demander des rapports de la montée du collègue, c’est quand même marrant d’être lucide à côté d’un gars en plein trip, dans un déplacement du groupe on s’est retrouvé à deux et j’essayais déjà de voir si en me concentrant sur le mouvement de mes mains je pouvais créer des vibrations que mon collègue sous L verrait et en effet il a instantanément réagi lorsque je déplaçais mes mains en ondulations vers le sol. Il me disait aussi que des tatouages tribaux et des blessures apparaissaient sur mon visage. On en rigolait
Il est minuit, le 6ème invité est arrivé, on est au complet, on commence, j’avale une goutte ( sur du papier ) puis on va tous se poser tranquille dans le salon. À la différence des autres, je suis chez moi et je connais tout le monde depuis au moins 4 ans, donc si je résume je suis entouré de ma famille dans un lieu que je maitrise parfaitement. Il faut savoir que j’ai beaucoup parlé à cette soirée, plus qu’en temps normal, je me sentais bien.
Premiers effets : Après 20 minutes, de légère montée de chaleur commence puis 10 minutes après la sensation du touché devient nuageuse, tout mon corps commence à se détendre, la sensation de mon crâne disparait, ma tête était devenue plus légère, c’est comme si la lourdeur habituel du cerveau s’était dissipée pour mieux laisser circuler l’énergie, je la sens se décupler, j’ai chaud, ma respiration s’accélère agréablement, elle suit un rythme particulier, je ne peux plus rester sur place, je dois me lever et me déplacer, en marchant je regarde le visage d’un collègue, il y a comme un contraste d’ombre différent, en me déplaçant j’ai le sensation de laisser un cours en d’air derrière moi, je comprends vite que c’est l’énergie de mon corps qui se diffuse dans l’espace, la notion d’énergie devient évidente, tout est énergie, chacun à une énergie propre, c’est notre façon de nous déplacer, notre voix, nos pensées, nos actions, notre présence, tout provient d’elle. Alors, j’ai écouté mon énergie qui est une sorte de radar intérieur, elle me permettait de savoir d’une façon évidente comment je devais mouvoir mon corps pour mieux la faire circuler.
Je me retrouve dans le salon à écouter une discussion, je ne me souviens plus de ce qu’elle disait mais les mots employés et le ton de la voix utilisé me permettaient de sentir les énergies de mes collègues, un moment j’ai senti comme un blocage dans cette conversation, je savais précisément quoi dire et comment le dire pour provoquer une fluidification de la pensée du groupe, en un quart de tour ils réagissaient, là je compris à quel point le son de ma voix était créateur de mouvement énergétique sur mon environnement.
Les effets visuels commençaient, j’ai rejoint 2 amis assis par terre qui contemplaient un tableau de 2 mètres avec uniquement les vagues de la mer, le tableau prenait vie, le mouvement des vagues aller et vener en profondeur. C'était trippant. Puis je me suis retrouvé devant une bibliothèque, je la voyais se contracter et se décontracter en ondulation tout en se rapprochant et en reculant de moi, là j’ai su que cette soirée allait me mettre très très bien.
La rencontre avec le chat : Un moment, panique à bord, le chat a disparu, il était caché sous un habit dans le dressing, il est noir et blanc, d’habitude sociable et hyper câlin, je me suis retrouvé dans cette pièce seul, assis devant lui, le plafond blanc semblait n’avoir aucune limite, j’avais la sensation que la pièce n’existait que dans le but de cette rencontre, si vous regardez un chat dans les yeux sous L attendez-vous à prendre une claque, c’est hyper trippant, il s’est avancé vers moi, passant petit à petit de l’ombre à la lumière, et là c’était magique, pendant un moment j’ai complètement oublié tout ce que je pensais savoir, tout ce que je croyais être, c’est comme si vous laissiez tomber votre système de croyances sur tout et que vous redécouvriez le monde d’une nudité. Devant moi je ne voyais plus un chat, le concept avait disparu et a laissé place à la contemplation, je l’ai vécu comme une seconde rencontre, cette silhouette se rapprochait de moi et je vois cette petite boule de poil me regarder et me lécher doucement le visage, bon les gars j’ai lâché ma petite larme voilà, j’avais l’impression qu’il avait peur, qu’il était instable, je l’ai pris dans mes bras et j’lai serré fort, on avait l’impression qu’à 2 on pouvait garder pied sur Terre, mon chat allait mieux, il était toujours un chat mais je le voyais maintenant comme un véhicule dimensionnel qui m’apprenait à me déplacer à des dimensions qui m’était jusqu’alors inaccessibles.
Au moment de quitter la pièce je me suis déplacé vers un endroit où j’ai eu accès à l’entièreté des sonorités de ma voix, d’habitude tous les jours nous nous limitons à une tonalité de voix spécifique, à ce moment je pouvais atteindre de magnifique subtilité, j’ai toujours cette respiration forte et profonde, ma voix s’est accordée à mon rythme respiratoire, une perpétuelle répétition comme lié à des notes musicales : Do ré mi fa sol la si do, si j’essayais de ralentir ma respiration pour parler normalement j’étais très vite essoufflé, il était beaucoup plus agréable de se laisser entrainer. Ma voix est devenue un engin de déplacement énergique suivant l’intonation que je portais.
Tout le monde se déplaçaient de droite à gauche à cette soirée, certain était dans le salon, d’autres dans la cuisine, on se croisait, on se parlait puis on se séparait, à ce moment j’ai su que j’étais sûrement celui qui était parti le plus loin dans le trip, les autres avaient des effets bien plus réduits, bref il y avait beaucoup de mouvement dans la maison, j’ai commencé à remarquer que la matière me paraissait beaucoup moins dense lorsque je me trouvais seul, les murs tremblaient, tout perdait notion de sens, mais lorsque je m’approchais des autres, l’environnement redevenaient soudainement solide, sans aucun mouvement, j’avais littéralement l’impression que je rentrais dans l’univers de quelqu’un en sa présence, un univers construit sur ce qu’il considérait comme avoir du sens, c’est à dire tous ces détails qui méritent d’être questionnés sous L, comme : 1 mètre fait 1 mètre, je suis moi et tu es toi, le temps s’écoule de façon linéaire, les mots que je prononce ont t’ils du sens ?... Bref je marchais dans le système de leur certitude, je pouvais y entrer car ma présence avait du sens pour eux, mon personnage devait avoir du sens pour coexister. Il m’était de plus en plus difficile de communiquer sans bégayer. Lorsque j’étais seul j’avais la sensation d’être cherché par quelqu’un et de chercher quelqu’un. Les sons au loin étaient interprétés par mon système comme un ami qui tente de me chercher.
Le jeu des salles personnalisées : Il était 1h30, on décida de se réunir et de commencer le jeu, la première salle était remplie de miroirs, il faisait légèrement sombre, chacun se positionna à un point particulier de la pièce et on mit de la musique, personnellement je n’arrivais pas à rester sur place alors que le but était de fixer son reflet, l’ambiance était étrange, j’aurai du mal à vous le décrire, je vous conseille de l’expérimenter.
Un moment mon regard se pose sur celui d’un ami, qu’on appellera Scott, c’est le type du début qui était venu avec déjà 2 gouttes dans le corps, il est arrivé la même chose que pour le chat, un court instant j’oublie tout et je le redécouvre, je le regarde et je suis envahi par sa tendresse, sa présence est apaisante, il est là debout, l’air d’être ailleurs, perdu dans un rêve.
Après un certain temps, on passe à ma pièce, tout le monde s’assoit sur le lit et je leur passe ma vidéo, dedans il y a des fractales et des dialogues, la phrase à retenir était : “ Le gros avantage avec le
LSD est que si tu arrives à surmonter tes peurs, tu peux devenir maître de tes hallucinations et les emmenées où tu veux” j’ai la sensation de pouvoir partir encore plus loin dans ce trip. A ce moment-là je parlais toujours beaucoup, bien que le bégayement commençât sérieusement à gêner à la compréhension du groupe.
L’expérience de la boucle : Mes pensées commençaient à défiler rapidement, elles étaient très vite perçues et acceptées par mon système, une pensée en entrainait toujours une autre, un moment mes pensées sont passées de mots à des sensations fugaces dans le cerveau, c’est cette sensation qu’on ressent tous à l’arrivée d’une idée, d’une pensée, si j’essayais de mettre des mots dessus je ralentissais toute mon énergie, c’est comme si en essayant d’y mettre du sens par les mots je perdais ce flux, il était plus agréable de se laisser emporter, mes pensées n’étaient plus que des sensations, un mouvements qui s’accordaient à ma respiration et à ma voix. Tout suivait le même rythme, la même mélodie. Bon là les gars, je vous avoue j’ai commencé à me taper un fou rire solo.
En revenant à Scott, quand il me parlait, je parlais en même temps que lui, comme si nos ondes se complétaient, si je m’arrêtais pour l’écouter, pour donner du sens à ces mots je perdais mon flux, alors on parlait en même temps, j’avais l’impression qu’on parlait de la même chose, de tout ce qui nous arrive ce soir. Oui c’était une sorte de télépathie, nos énergies ne faisaient qu’un.
J’ai eu l'impression de saisir l’utilité de mes amis, comme si leur énergie complétait la mienne dans ma vie de tous les jours, leur présence semblait évidente, nécessaire, je compris que ces gens ne pouvaient exister sans moi et je ne pouvais pas exister sans eux, cette idée peut paraitre étrange mais était évidente sur le moment.
Mon système de pensée est passé de la déduction à l’induction, je partais de la source de l’énergie jusqu’à sa création par le son, chaque mot, chaque son ne formaient plus qu’une mélodie qui se répétait, je voyais ça comme une chorégraphie de l’univers de mon appartement, un son en entrainait un autre, tout provenait de la même source, chacun répéter les mêmes sons, les mêmes choses, tout perdait son sens, ce n’était plus que des rires, des bruits. Un moment je marchais de la cuisine en ayant l’impression que par ma respiration et mes pensées je créais tous les mouvements de mes collègues, j’avais la sensation de tout créer, ça me semblait tellement évident, je me demandais si mes amis se rendraient compte que c’était moi qui leur donner chacune de leurs impulsions énergétiques. Je jouais avec l’idée que je marchais dans ma création, je pouvais à tout moment revenir à moi, en redescendant à des fréquences plus lentes – je dis ça parce que je devais ralentir ma respiration, pour revenir à mon identité et parler pendant quelques secondes, je bégayais mais je savais que ce que je disais pouvait être compris par le groupe. Je pouvais me voir à la 3ème personne, je passais pour un taré, un grand sourire, des mouvements de tête en continue et une respiration qui ne passait pas inaperçu. Je répétais souvent : ” Ne vous en faites pas je ne suis pas taré ” il suffisait que je me concentre sur ma respiration pour repartir dans le trip, j’avais l’impression que tout le monde cherchait à rentrer dans cet état.
Tous les 6 ont formé une entité qui s’auto complémentait, on coexistait, j’étais à la fois l’énergie qui les réunissait tous mais j’étais aussi moi une partie de cette entité, chacun avait sa partition musicale à jouer, on formait une unité. Donc si je résume, je m’assois sur un fauteuil et j’ai la sensation d’être tous mes amis à la fois. J’ai la sensation de remonter dans le temps, comme dans le film Tenet, par entropie du mouvement, comme si j’étais le seul à aller dans un sens par rapport aux autres.
L’éclairage du salon avait changé, je voyais toutes les couleurs de l’arc en ciel jusqu’au violet, j’étais dans ma construction, je le sentais, comme si le monde que je voyais figurez sur un écran, je me demandais si je pouvais aller au-delà de cette construction, l’idée est vite passée à simplement apprécier cette soirée avec mes collègues.
J’avais l'impression de pouvoir rester éternellement dans cet état si je le voulais.
Lorsque vous mettez des mots en pensée sur une impulsion énergétique, vous êtes déjà en train de la façonner pour lui donner du sens et c’est justement ça qui cloisonnaient ceux qui n’arrivaient pas à tripper. Il restait sur Terre, dans leur univers de certitude. Et heureusement que ces gens sont là, ils sont nos racines pour ne pas se perdre dans la folie.
C’est ce qui m’a fait redescendre, la peur de la folie et surtout ma fascination pour les illusions, c’est par amour que j’ai souhaitai les comprendre, c'est par amour que nous décidons d’y vivre, par compassion pour les univers de chacun.
Il est 7h. Et c’est la fin de mon trip. Merci d’avoir lu !