Le gouvernement islandais propose de dépénaliser le
cannabis et d’autres drogues, aux adultes. Si le Parlement vote pour, la possession et consommation de drogues ne tombera plus sous le coup de la loi. Le ministère de la Santé change d’approche. Plutôt que de voir les consommateurs comme des criminels, il préfère y voir des patients.
« Au cours de la dernière décennie, il y a eu un changement d’attitude à l’égard des drogues dans le monde, et les doutes sur l’utilité de la lutte contre les drogues se sont accrus, estime la ministre de la Santé, Svandís Svavarsdóttir, membre du Mouvement des Verts et de la Gauche L’accent doit être mis sur la prévention et la santé publique. Il est important de se concentrer sur la réduction des méfaits et sur la réduction de la consommation et des problèmes liés à la drogue. »
Le ministère doit donc désormais encadrer la consommation. Cela passe par la définition d’une quantité maximale de drogues qu’un adulte pourra détenir. Pour prendre en compte les quelques 340 000 Islandais, les citoyens pourront donner leur avis sur une plateforme en ligne.
En dépénalisant les drogues, le gouvernement espère aussi rediriger les consommateurs. « En parallèle de l’abolition des peines pour possession de drogue, il est important que les ressources et les services soient développés, l’objectif étant d’accroître l’accès des personnes marginalisées qui consomment des drogues aux services de santé de
base en fonction de leurs besoins spécifiques », ajoute le ministère.
Bière interdite pendant 75 ans
Depuis quelques années, l’Islande assouplit ses lois sur les drogues. En 2018, une salle de consommation à moindre risque a été ouverte à Reykjavík, la capitale du pays. L’objectif : permettre aux toxicomanes de s’injecter leur drogue dans un environnement sain. Et de ne pas prendre le risque de contracter le VIH. En effet, selon la Croix-Rouge, une dizaine de toxicomanes Islandais meurent chaque année de cette maladie.
Le
cannabis, lui, reste illégal en Islande, tant au niveau récréatif que médical. En 2017, après être arrivé au pouvoir, le parti Pirate proposait de légaliser le
cannabis médical. Mais cette initiative est restée lettre morte jusqu’à aujourd’hui. L’Islande figure parmi les plus gros fumeurs de
cannabis au monde. Selon l’Adam Smith Institute en 2017, 18 % de la population islandais consomme du
cannabis.
Le pays a fait de gros efforts pour éloigner les jeunes du
cannabis. En 1997, 17 % d’entre eux en avaient déjà fumé, un chiffre parmi les plus élevés d’Europe. Le programme « Drug-free Iceland » s’attaque donc au problème et est aujourd’hui considéré comme un modèle.
L’Islande revient aussi de loin quant à la consommation d’alcool. En 1915, la prohibition est décidée. Tous les
alcools sont bannis. Cela ne dure pas longtemps puisque le vin est légalisé dix ans plus tard, puis les spiritueux dans les années 1930. Mais la bière ne sera seulement autorisée le 1er mars 1989, car l’Islande voulait prendre son indépendance du Danemark, qui administrait l’île depuis 600 ans. En Islande, le 1er mars est désormais « le jour de la bière ».
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