Me Bertrand Franck Macera a plaide l’état de nécessité devant le tribunal de Bayonne © Radio France – Paul NicolaïL’affaire pourrait bien faire jurisprudence. Une femme de 33 ans était jugée ce vendredi 10 septembre devant le tribunal correctionnel de Bayonne pour usage de stupéfiants le 21 mai 2021 à Ustaritz, et le même jour à Domezain Berraute. Elle avait été contrôlée positive au
cannabis par les gendarmes, alors qu’elle était au volant de sa voiture. Mais cette paloise habitant à Tardets souffre de graves pathologies qui ne sont soulagées que par le
cannabis. Son avocat à donc plaidé la relaxe en raison de “l’état de nécessité”.
Douleurs permanentes
“J’ai tout le temps mal” explique Alice à la barre du tribunal de Bayonne dans sa formation juge unique et présidé par Laurent Tignol. Artisan peintre de profession, la jeune femme raconte son calvaire fait de douleurs constantes, insensibles aux antalgiques, et qui ne sont soulagées que par la prise régulière de
cannabis : “C’est la seule molécule que je supporte et qui me permet de travailler encore. J’ai des douleurs chroniques permanentes partout, principalement basées sur les cervicales, la tête et j’ai aussi une névralgie d’Arnold, sans compter l’arthrose”. Mariée, sans enfant, Alice a même eu recours à la stérilisation en raison d’une “peur panique de la grossesse”.
Etat de nécessité plaidé par la défense
L’avocat de la jeune femme a donc plaidé, avec conviction, la relaxe invoquant l’état de nécessité. À l’image de “Jean Valgean, obligé de voler pour se nourrir” souligne Me Bernard-Franck Macera. Face a une impasse thérapeutique mais aussi juridique l’avocat a demandé au tribunal de faire preuve d’audace alors que l’usage médical du
cannabis n’est autorisé, dans certaines circonstances, que depuis octobre dernier : “un décret a été pris pour autoriser l’usage thérapeutique du
cannabis. Ma cliente va tenter de bénéficier de ce système mais pour l’instant, elle se retrouve devant un tribunal correctionnel et n’est pas encore incluse dans ce programme. Les tribunaux sont plutôt réticents et très prudents, même frileux, dans l’utilisation de cet état de nécessité. Surtout en ce qui concerne l’usage de
cannabis. On a pourtant un antécédent.” L’avocat prend l’exemple de la décision de la Cour d’appel de Papeete en 2002 : “c’est la seule fois où un tribunal a eu le courage de relaxer quelqu’un qui avait consommé du
cannabis. Et aujourd’hui, j’ai demandé au tribunal correctionnel de Bayonne de suivre cet exemple, de prendre une décision courageuse et de relaxer une consommatrice de
cannabis. Pas dans un cadre récréatif, mais dans un cadre thérapeutique“.
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Dernière modification par filousky (27 septembre 2021 à 17:28)