Bonjour à tous et à toutes !
Depuis bientôt 7 ans je suis grand amateur de psychédéliques, surtout les
psilocybes. Je m’étais à l’époque inscrit sur ce forum pour en apprendre un peu plus et partager mes petites expériences diverses. J’en profite au passage pour remercier les divers usagers et usagères de ce forum, que ce soit avec votre bienveillance ou avec vos conseils de
rdr, vous m’avez vraiment été d’une grande aide
À peu près à la même époque, je commence à explorer ce qui me fait sortir des frontières du genre, de l’orientation sexuelle, des normes sociales et culturelles. Je me découvre une certaine attirance (bien que je n’y mette pas tout de suite ce nom) pour les personnes de genre masculin (bien que je ne cultive aucune relation avec elle).
Année après année, j’acquiers une expérience toute relative avec divers composés psychoactifs, ajoutant à mes expériences le
THC, le
poppers, les extas, la
MDMA, le
LSD, les
IMAOs. Les
psilocybes restent cependant le produit qui m’a le plus appris, je leur dois énormément et essaye toujours de rester dans une relation raisonnable avec eux, respectant un certain nombre de règles qui me font parfois passer pour rigide auprès d’autres camarades psychonautes. Qu’importe, j’ai avancé comme jamais grâce à ces trips.
En parallèle, je lis des ouvrages passionnants sur les thématiques liées au féminisme, à l’homosexualité, écrits, il faut bien le dire, presque toujours par des femmes. Je fréquente un peu les assos LGBT+, participe aux marches des fiertés, prend une grande fierté à me parer de bijoux, expérimente le maquillage, etc. J’en viens même à me définir comme queer (défini ici de la manière suivante : qui ne se reconnait pas dans les genres et les catégories homme ou femme). Mais toujours avec une certaine retenue, il y a quelque chose qui bloque quelque part. La culture masculine me débecte de plus en plus, je me sens de plus en plus concerné par ces thématiques mais il y a toujours quelque chose qui bloque.
Récemment, les évidences s’accumulent : mes fantasmes, mes pratiques sexuelles, mes attirances... J’en viens à penser que je suis en fait bisexuel et bien que j’eusse parlé de toutes ces choses avec mes amis et ma partenaire, je n’ai partagé cette réflexion avec encore personne.
Il y a deux jours je pars en soirée concert éléctro avec un couple d’amis. Avant le départ pour le lieu-même, ils se procurent de la
MDMA pour nous trois. Je dois avouer que c’était jusque là une substance que je dénigrais un peu. Trop souvent coupée avec du je-ne-sais quoi physiquement désagréable (je ne prends aucun produit dont je sois sûr qu’il s’agisse d’un stimulant). La presque totalité de mes trips sous
MD ayant été faits sans partenaire en présence de plusieurs couples, j’ai eu l’habitude de les vivre assez mal dans la mesure où mes amis pouvaient exprimer le côté love du trip alors que moi je n’avais personne à embrasser, enlacer, caresser, etc.
De même, j’ai construit avec le temps une préférence nette pour les « vrais » psychédéliques, dont je considère qu’ils m’ont toujours apporté beaucoup plus.
Alors je me dis que la
MD n’aura rien à m’apprendre, qu’elle sera juste là pour pimenter la soirée, y rajouter un côté festif et physiquement agréable, la rangeant presque au même titre que les
joints et la bière.
À ce stade vous avez compris que j’ai été surpris.
La montée est toute smooth, la substance ayant été dissoute dans une bouteille d’eau qu’on fait tourner entre nous trois (ce qui change de mes trips précédents où on prenait en
para, générant probablement une montée plus rapide). Côté musique c’est des artistes que j’apprécie énormément, dont un que je n’ai par ailleurs vu que sous
MD. Les lumières sont bien faites, la musique est bonne, mes amis sont cools.
Entre deux concerts on sort pour recharger les bouteilles d’eau, fumer un
joint et peut être choper une bière. Dans la foule, je perds momentanément mes amis et, pour passer le temps en attendant de les retrouver, je tape la discute avec quelqu’un au hasard. C’est là que je me rends compte que je suis perché.
Ensuite c’est le pied habituel, le
THC est particulièrement agréable. Mes amis sont particulièrement cools. Je m’amuse beaucoup à les entendre s’ouvrir et me faire leurs déclarations d’amour amical (que je partage) et partager physiquement de la tendresse avec eux (contrairement à moi, ils ne sont pas du genre démonstratifs quand ils sont sobres).
Deuxième concert, la foule, les gens, les regards, un
poppers qui passe, les regards qui se trainent les uns sur les autres, du bon classique bien agréable. Le produit était excellent.
À la deuxième pause on s’assoit avec mes amis à l’abri de la pluie, on se confie sur certains sujets et je me dis que c’est le moment où jamais. Je me sens en confiance avec eux, l’envie d’en parler me trotte dans la tête depuis trop longtemps. La
MD me permet de lâcher ce qui était jusque là tabou même pour moi, je leur dis : « Faut que je vous dise un truc, en fait je suis bi. »
Libération. Ils sont super cools avec ça, je me sens soulagé d’avoir lâché le morceau.
Le trip continue pour le mieux. Lendemain sieste tranquille (je n’ai jamais eu de déprime post-MD jusqu’à présent).
J’ai pu le dire à ma partenaire, qui n’était pas si surprise que ça. Sur le moment sa réaction a été très maladroite et blessante (j’imagine que je devais aussi être plus émotifs avec ce que j’avais pris la veille). Une deuxième discussion quelques heures plus tard a permis de s’expliquer et ça va mieux, à ce niveau-là du moins. Je commence petit à petit à en parler à mes amis.
Contrairement à mes attentes, ce trip a été particulièrement significatif et important puisqu’il m’a permis de lâcher un truc que j’avais bloqué en moi depuis pas mal de temps. Je considérais la
MDMA comme simplement divertissante et récréative, j’ai compris mon erreur. Ça me rappelle les écrits de Ann Shulgin dans Phikal où elle décrit son utilisation de la
MDMA en thérapie psychanalytique comme moyen d’accéder à l’inconscient. Même si la scientificité de cette discipline reste discutable selon moi, je comprends maintenant bien pourquoi c’était cette molécule là et pas une autre.
En soi elle ne m’a rien appris de nouveau mais elle a quand même permis une évolution personnelle importante. C’est une grande et belle journée. Je suis heureux d’avoir fait mon coming-out, je suis heureux d’être qui je suis, je me sens libéré, soulagé !
Voilà c’était un petit retour d’expérience, je me suis dit que ça pouvait peut-être vous parler d’une manière ou d’une autre.
Stay
safe, hydratez-vous sans excès, attention aux combinaisons et profitez de la vie !