psychonaute \psy.k?.not\ masculin et féminin identiques
1. Explorateur de la psyché, personne usant d'état de conscience altéré ou non afin d’explorer son esprit, sa conscience.
Imaginez un état altéré de conscience par lequel tout ce qui peut être ressenti par le corps peut être exploré indéfiniment par l’esprit, explorant alors l’univers, le tout, l’œuvre, aux frontières du possible.
Attrayant n’est-ce pas ? Ou du moins intriguant…
Et bien sachez que ce « voyage » au confluent de l’émerveillement spirituel et de la souveraine conscience est disponible, pour seulement 10 euros ! Dingue !
La troisième fois que j’ai consommé du
lsd, j’ai compris mon rôle d’explorateur de ce monde qu’est la psyché. Chaque étape, chaque expérience, chaque chose était inscrite dans le « tout » et j’avais la possibilité de pouvoir naviguer à une vitesse astrale dans ce « tout » qui était je mais aussi il. Un jeu de regard s’installait alors entre moi et moi, l’univers et moi, une sorte de relation sujet-objet qui n’a pas lieu d’être vu que les deux entités sont indissociables mais simultanément qui prenait sens à l’instant même où elle prenait cours.
Reprenons, je décide à la fin d’une semaine chargée de ressentis contraires par rapport à « l’autre » et moi de dédicacer mon vendredi soir à un voyage intérieur facilité par la prise d’acide dans ma maison. Avec 4 autres compagnons nous décidons d’attendre les coups de 22H30 pour consommer une moitié du ticket, j’étais accompagné d’un psychonaute plus ou moins avancé (R), d’un être sensible ayant consommé quelques fois des champignons par le passé (H), d’un explorateur du psyché amateur comme moi (G) et d’un tout nouveau dans ce monde (C). Au bout de 45 bonnes minutes, les premiers effets mentaux et visuels se font ressentir : hilarité, impression de conscience élevé et flou, questionnements, sérénité, jeux d’ombres et de relief, couleurs changeantes, gonflements, et appréciation du moment présent. Au bout d’une heure et demie de délire extatique nous décidons, R et moi, de prendre l’autre moitié du
buvard pour assurer une montée astrale tandis que les autres exploraient encore le premier état de conscience. Après un
joint sensiblement mal roulé, les effets de la deuxième montée arrivent, incommensurables : Je regarde R et nous nous mettions tous deux d’accord pour prévenir les autres de ne pas consommer l’autre moitié s’ils ne se sentaient pas prêts, car il fallait être accroché. Tels deux cosmonautes en orbite nous observions la scène de discussion qui s’étalait « sous » nous avec incompréhension et nous n’arrivions pas à expliquer ce qui constituait notre mission. Je décide alors de me munir de feutres que j’avais disposés préalablement au service de tous car cela me démangeait intérieurement de créer quelque chose, en essayant ainsi de montrer ce qui se passait devant et surtout dans moi. G et R gèrent le contrôle de la musique, et cela gêne mon bien être momentané, habituellement amateur de techno, l’acide sortant de l’enceinte provoquait en moi des vagues sombres de questionnements, bloquant mon cerveau sur des tas de nœud indénouables au moment où les Beatles paraissaient pour moi source de calme et apaisement. Je décidais donc, en compagnie de C, d’aller calmer nos esprits dans un endroit qui représentait bien le zen : ma chambre. Nous nous posons alors allongés face à face séparés par une toile blanche et armés de toutes les couleurs de feutres, tout en discutant sur le sens même du tout, mon esprit vagabondait dans chaque trait de couleur, chaque spirale, chaque forme, créant des univers dans l’univers se liant et se multipliant à l’infini. J’avais l’impression que nous étions deux êtres divins en train créer le monde sensible par nos doigts, et d’explorer conjointement ce monde par mon esprit. J’étais un voyageur astral, uniquement muni de ma conscience et je pérégrinais dans des réalités vastes et tellement riches de formes et de couleurs, des cosmos d’entités et de substances qui m’étaient disponibles à tout jamais.
Enfin pas à tout jamais, car le voyage ne dure que quelques heures et vers les coups de 4H30 je sentais que la créativité séraphique qui avait pris possession de ma main et de mon esprit me faisait défaut : nous avions terminés cette toile et, même si je sentais les effets visuels intensément, je pensais que les effets mentaux allaient prendre fin d’une minute à l’autre (ce qui est faux évidemment). C ayant pris sa deuxième moitié, je décide avec R de continuer intensément dans le voyage avec un demi encore de plus, et je vouais cette partie de la nuit à réellement apprécier et contempler le « tout » qui avait pris la forme du moi tout en étant tout. Je me pose donc seul dans mon lit avec une autre toile, des sons vibrants et primordiaux en oreille et j’ai alors compris : Le tout est partout, l’œuvre est disponible à chacun d’entre nous et tout me faisait sens, chaque atome était exactement à sa place au moment où il l’était, tout se sublimait et se suffisait, je compris le sens des religions et de ma place dans l’univers, pourquoi chaque chose était, tout en ayant des effets visuels, frénétiques fractales accompagnant mon esprit nomade. Après 3H à tripper dans ma chambre, je décidais de partager cette révélation à mes amis, affalés dans le salon et ayant exactement les mêmes conclusions que moi sur ce qui pouvait être partagé : ils l’avaient senti aussi ! Après quelques débats qui menaient aux mêmes acquiescements délurés je décide de faire un tour dehors, le soleil matinal et le chant des oiseaux se prêtant à la contemplation, je ressens alors une immense sérénité qui accompagne mon ébahissement face à ce spectacle de magnificence pure : le ciel était le tableau de mon esprit et des millions d’explosions diaprées se dessinaient à l’infini, comme un orgasme visuel, un orchestre polychrome se découpant à travers les nuages. Les arbres, fondus dans une sorte de matrice, m’observaient les observer et toutes les plantes composées de milliers de formes électriques et intemporelles se réunissaient ensemble pour me montrer l’unité de chaque être. Ébahi par une telle splendeur je décidais avec R de faire un tour à l’étang bordé d’une forêt qui juxtapose ma rue, certain que ce serait une bonne idée de profiter cette finesse qui s’échappait de l’ensemble. Ce fut la meilleure idée que nous puissions avoir : nous avions en notre possession sensorielle l’eau, multitude d’atomes en mouvement séraphique, les arbres et autres végétaux chatoyants, dansant au rythme de la vie, les minéraux, délicieuse source de symétrie et les animaux, créatures du tout dont l’unique observation reflétait notre comportement de bipède. Après cette excursion au summum de la poésie, nous rentrons et regardons un épisode de Midnight gospel qui faisait parfaitement écho avec ce que nous pouvions ressentir en tant que prospecteurs de l’entendement.
Après une sieste de quelques heures, me voilà à décrire cette expérience unique, cette mission que nous résolvons continuellement, aux frontières du possible.
Je n’encourage aucunement à la prise de substances
psychotropes, donc les conséquences peuvent être désastreuses pour qui n’est pas prêt physiquement et surtout psychiquement.
Merci pour cette lecture.