Je suis usé d'être addicte. Je suis usé de ces petites cases, avec leurs angles si loin de la nature, dans les quelles les humains s'enferment les uns les autres.
Depuis assez jeune, j'ai toujours aimé les
opioïdes.
Pensez vous, fils d'enseignant dans un lycée en Asie du sud est. Autant vous dire que ma lune de miel était d'un bel éclat blanc comme le rayon chaud et vif du soleil des tropiques!
Il est loin le temps heureux de la découverte, la campagne bretonne, ma belle terre de légende à remplacer l'étuve thaïlandaise: Aucun jugement de valeur, mes valises sont avec moi partout de toute façon. Le produit n'est pas le même.
Les crises de paniques, les angoisses, les capacités d'analyse, d'observation ultra performante, les émotions comme les vents d'hiver de la cotés sauvage. Le candidat parfait au paradis de la
morphine, les coussins suaves de l'
oxycodone, la soie douce de l'
héroïne, le long cocon soyeux de la
codéine ou même les visites dans la fabrique des rêves de l'
opium.
Les benzos font de moi une loque, les
AD m' effacent au profit du néant
Les stimulants me transforment en exalté, et m'abîment le corps et l'esprit dans le temps d'un souffle, sauf que ce souffle, c'est ma vie.
Depuis 10 ans je travaille sur moi, tout les jours. Ma profession et mon parcours de vie font que j'ai à ma disposition des connaissances et des techniques pour grandir et apprendre. Et je le fais, j'avance, et j'en ai fait, du chemin. Mais oui, j'ai encore besoin de béquille, moins, mais encore.
Je n'ai que les
opioïdes, il n'y a que eux qui marchent.
- Je suis patient, docteur. Je suis malade. Pas du corps, je souffre de maux ou justement je n'ai que des mots pour le dire. Vos médicaments ne marchent pas.
Oui, ce sont des médicaments pour la douleur qu'il me faut.
Mais oui docteur, les douleurs du corps et de l'esprit peuvent être apaisées. Seul produit qui me laisse juste assez voir mes petits démons, pour que je puisse les reconnaître et doucement les admettre comme parties de moi, peu à peu.
Je ne suis pas drogué docteur, je suis patient. Un patient démuni, dont le cabinet à pharmacie et la rue: Voila on la médecine nous laisse.
Je suis de ses gens, qui sont assez chiant pour ne pas vouloir se contenter de...vos
TSO ne me correspondent pas. La
methadone même haut dosage ne m'enlève pas l'angoisse, le délire de la peur. Le
subutex, pareil.
Patient voué à souffrir, j'attend juste de pouvoir avoir le droit de choisir ma molécule, comme tout le monde.
Une pensée pour vous autres, frères et sœurs de la patientèle désœuvrée.
Leoxy