Trip report - Première perche aux champignons - 1.7g

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Le petit Prince homme
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Trip report du 08/05/22



Attention Pavésuper



Quelques précisions préliminaires :
- Objectif recherché : Moins la défonce et l’amusement que l’Eveil (ouais rien que ça).
- Cadre de la prise des comestibles : Dans l’appartement (F1) de B, en sa compagnie, assis dans un canapé, en écoutant divers album des Pink floyd. Sous la main, des posters de Van gogh, Mondrian et Redon, ainsi qu’un super objet tubulaire (dont le nom m’échappe mais se termine en scope) qui, lorsqu’on regarde à l’intérieur, donne à voir des fractales. Plutôt sympa, non ?
- Profil : 22 printemps, poids plume (61 kg), 1, 76 m, aucune expérience de drogue (excepté l’alcool) et donc première ingestion de champignons enthéogènes.
- B : C’est ainsi que je désigne la personne avec qui j’ai voyagé.


Le début du voyage : C’est parti !
15h15 : A jeun depuis 10h, j’ingère enfin mes 1.7g de Psilocybes cubensis secs, coupés, et mélangés avec amour a deux bonnes cuillères de miel des montagnes. Un délice !
La montée est extrêmement rapide, puisque les effets se font sentir un peu plus de 10 minutes après l’ingestion. Pour donner un ordre d’idée : je ressens en 1 minute ce que me procure habituellement 1 flash de 200 ml de rhum en 1h, le tout multiplié par 6.  Je suis donc naturellement surpris par les nouvelles sensations et la rapidité du décollage (car c’est bien d’un sacré décollage qu’il s’agit), puisque je m’attendais, d’après mes lectures, seulement aux premiers effets au bout de 40 min et à une montée progressive.


Les premiers effets observés :
En outre, je remarque assez rapidement une certaine sensibilité au bruit des voitures (que j’entends passer car la fenêtre est ouverte) et aux haussements de ton de la voix de B qui sont pour moi une petite source de désagrément, alors qu’ils sont faibles et que j’y suis insensible lorsque je suis sobre bien sûr.
15h30 : Je plane déjà bien haut, je suis plus en mesure de lire et ressens les premières déformations auditives : accélération du rythme de la voix de B. Elle dit parler comme tout à l’heure mais j’ai l’impression d’écouter un enregistrement en accéléré X 1.25. Ça me fait marrer. Je continue de parler et de rire avec B et j’ai comme un flash durant un court instant (Curieux). Peu de temps après, je me lève du canapé de couleur vert (c’est important), fait quelques pas, me retourne et d’un coup tout mon environnement se teinte en vert comme si j’avais appliqué sur mes yeux un filtre visuel ou des lunettes 3D. Je souris. La seconde partie d’echoes des Pink floyd me porte, littéralement.


Paragraphe sur la gestion de l’énergie ascendante, plutôt destiné aux novices :
Je gère très bien le début du trip mais je prends rapidement conscience de l’importance de la préparation mentale et de se renseigner (notamment par le biais des trip reports) préalablement à la prise. Je découvre ces idées « pièges » dont il faut se détourner rapidement pour éviter de tomber dans le badtrip, et c’est à ce moment que les conseils que j’ai lu sur la nécessité de garder un état d’esprit positif durant le trip prennent tous leurs sens et sont fort utiles. Il me semble alors à ce moment que l’équilibre mental disparaît et que l’esprit devient manichéen. Je m’explique : Lorsqu’elle surgit, une idée me fait soit basculer dans la pesanteur (chemin du badtrip), soit elle me conduit dans la grâce (chemin vers le Nirvana). Il n’y a pas d’entre_deux. C’est ainsi que je passe d’un air inquiet à un sourire béat en un instant, en évacuant simplement ces idées négatives pour laisser place à de plus plaisantes. Sur ce dernier point, la concentration sur ma respiration m’a bien aidée.

L’importance de la respiration dans le bon déroulement du voyage :
Chaque respiration m’apportait un puissant sentiment de plénitude et démultipliait le rythme auquel émergeaient les idées et les impressions tout en canalisant l’énergie qui circulait sensiblement dans mes poumons et mes artères. Onicks écrivait dans son trip report de 2013  que « Chaque respiration, très lente soit elle, me berçait et m'enivrait de plaisir » c’est précisément cela. Chaque inspiration constituait en somme un pas de plus dans ce voyage. Je ne perçois plus ma respiration (ainsi que celle des autres) de la même manière. L’air qui entre dans mes poumons est désormais plus palpable que l’eau de la rivière ou la chaleur du soleil.


Sur le plan mental:
Mise à part quelques délires insensées (dessins de grenouilles qui ressemblaient à des têtes d’oursons ou des oreilles de lapin haha), les idées semblaient s’enchaîner à un rythme effréné dans mon esprit, et je pouvais à loisir m’arrêter sur l’une d’elle pour l’approfondir, avant de repartir dans le flux.  Nombreuses sont les idées qui me traversaient l’esprit et qui me semblaient incroyables (et je suis sur que dans le tas, quelques unes l’étaient effectivement) et je les aurai bien noté si ma hantise de passer à côté de nouvelles bonnes idées (et ma flemme de gros bâtard, il faut l’avouer) ne me l’avaient pas empêché. L’imagination était également incroyablement féconde, aussi bien lorsque mes yeux étaient fermés (j’voyais beaucoup, beaucoup d’images se succéder, allant de fractales et formes diverses à des paysages, créatures, jeux de lumières et de couleurs vives) que lorsque mes yeux étaient ouverts : Mon esprit produisait de légères déformations visuelles d’objets comme le tuyau vertical dans les WC qui semblaient onduler (Bon après coup, le tuyau était effectivement tordu mdr mais pas autant). Également un bon délire : En agitant ma main devant mon visage, je voyais des champignons (comme ceux que je cultive étonnement haha) qui poussaient au bout de mes doigts. Grosses barres. Chose intéressante et qui témoigne de la porosité entre l’imagination et l’hallucination visuelle: B qui a consommé une très faible dose (0.8 g) et qui a donc eu de faibles effets et aucune distorsion visuelle, mis à part ces champignons qu’elle voyait aussi au bout des doigts en mouvement lorsque je lui en est parlé. (Ps : D’ailleurs, j’aimerai faire une petite expérience et savoir si d’autres ont déjà eu ce délire, ou qu’il l’auront, maintenant qu’il ont lu ça, lors de leur prochain trip. J’attends vos retours !) De plus, la manière dont je voyais B au début du trip a été quelque peu troublante. Ces yeux noirs et profonds semblaient plus grands et sortis de leur orbite. Lorsqu’elle me regardait, j’avais l’impression qu’elle lisait en moi et cela m’inquiétait étonnement. Ses cheveux me semblaient également plus vivants, et leurs ondulations ressemblaient à des serpents. Ce sentiment, qui a rapidement disparu, s’évanouissait dès qu’elle détournait le regard ou que je fermais les yeux et prenais une bonne inspiration (voilà un exemple de ces idées « pièges » que j’évoquais plus haut). D’ailleurs, cela m’a fait un peu penser aux dires de certains fumeurs d’herbe qui se sentent parfois un peu « parano » lorsqu’ils regardent les gens qui les toisent dans la rue après un bon joint.


Pour les amateurs de peinture :
J’ai passé surtout pas mal de temps devant 3 toiles que j’apprécie, que je regarde très différemment maintenant et desquelles il me semble avoir décelé de nouveaux sens, percé certaines vérités, qui m’étaient jusque là inaccessibles. J’donne ici quelques impressions qui me sont venues sans être exhaustif. Il s’agit d’abord de la nuit étoilée de van Gogh, dont la lune chatoyante (que je prenais pour un soleil haha) semblait croître et se rétracter en rythme comme un coeur qui bat, et de son clocher d’église qui semblait ondulé et plié sous l’action du vent symbolisé par ces divines volutes. D’ailleurs, j’ai bien rigolé en voyant B planer face à la toile accrochée au mur tout en mangeant sa crêpe. Il y a aussi le bouddha d’Odilon Redon qui semblait m’indiquer la voix à emprunter pour pénétrer plus en profondeur dans le trip. J’entendais presque le chemin qui se dessinait derrière lui et l’arbre m’appeler. Et enfin, il y avait l’arbre rouge de Piet Mondrian. Pour B, qui le regardait à mes côtés, il apparaissait en flammes (à cause de la couleur), tandis que je le voyais comme l’arbre de vie, plus vivant que jamais, et qui s’alimentait de tous les nutriments (rouges) qu’abritait le sol, au point que sont tronc m’apparaissait en relief (quelques centimètres), tel un ventre bien garni. Le spectacle était vraiment beau et apaisant.

En conclusion :
Bref, ce bouillonnement intellectuel et sensationnel a duré deux petites heures, et correspond à la seconde moitié du « décollage » et au « plateau » du voyage. Le voyage a tranquillement pris fin vers 18h30, après une petite balade dans les quartiers ornés de Massalía.

Finalement, le trip a été essentiellement interactif dans la mesure où l’échange verbal s’est maintenu avec B, qui préférait garder un lien par crainte que je ne m’égare dans mon voyage mais aussi est surtout parce qu’elle ressentait le besoin de canaliser son énergie de cette manière (peur du badtrip), durant toute la séance .
Néanmoins, j’ai senti que je pouvais aisément me plonger et voguer en moi-même, si le contexte le permettait (seul ou en compagnie de quelqu’un de « relativement » silencieux), pour réaliser un trip davantage « intérieur » et sans doute plus profond.

Autre chose curieuse (pour moi du moins) et assez marrante avec du recul : Tout ce que j’entrepris durant ce trip m’est apparu comme un défi, nécessitant une grande et longue préparation. Par exemple, après 30 minutes d’hésitation, on s’est (enfin !) décidé à sortir de l’appartement pour prendre l’air (et le crachin) mais il a ensuite fallu un bout d’éternité pour enfiler un futal, des chaussures et ne parlons pas du pull et de la façon dont on va porter les portables et portefeuilles (Les poches ? Quelle poche ? Non, plutôt une banane mais… qui porte la banane ? Toi ? Moi ? De quelle manière ? En bandoulière ? Bref LOL). Pareil lorsqu’il s’agit de traverser une route, on est bien lucide donc il n’y pas de risque, mais ça nous a bien pris 5 min à cause des voitures et de l’hésitation haha.

Il s’agit donc d’une première expérience très enrichissante et positive qui me convainc que la réalité est intrinsèque à chaque l’individu qui la crée en partie.

Note complémentaire relative à l’état physique:
Durant le trip, j’étais en pleine forme malgré quelques maux de ventre passagers ainsi qu’une petite douleur inhabituelle aux lombaires lorsque j’inspirais profondément. Et le lendemain du trip, plus de douleur mais un léger problème de respiration est réapparu. A dire vrai, ce n’est rien de grave ni de nouveau, juste une sensation de respiration incomplète qui m’accompagne depuis de nombreuses années. Peut être est-ce temporaire et simplement dû à un certain état d’excitation lié au voyage vécu.

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