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g-rusalem a écrit
Je persiste à dire que pourtant certaines béances ne se referment jamais; et ce n'est pas une tournure poétique ; par exemple (le plus frappant), le manque de la mère, du père (ou parent 1/parent 2 ou famille) peuvent être des manques à vie, qui produisent en général des effets ravageurs à l'adolescence ou une fois entré dans la vie adulte.
Bien-sûr. Ce sont des traumatismes profonds au moment où le cerveau est extrêmement plastique. Ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être résolus. Lit Stan Groff qui retraite le traumatisme même de la naissance. Traumatisme tellement profond qui sert de trame à notre vie psychique. Peut-être que les moyens pour guérir des pires traumatismes ne sont pas encore facilement accessibles, mais je pense qu'au contraire, c'est possible.
Cette sensation de trou dont tu parles, si elle est située dans ta perception corporelle, c'est différent selon moi que si elle est ressentie psychiquement ou hallucinatoirement.
Je pense que tu comprends mal l'interplay entre psychisme, somatisation, statut hormonal et sensations physiques. Tout ça est profondément entremêlé.
Bref, on va pas ergoter mille ans, il n'y a pas de magie, tu as su trouver les traitements adaptés et tu as bénéficié d'un traitement hormonal adéquat (qui en général fait beaucoup pour améliorer la vie psychique des personnes transgenres).
Je précise que je ne suis pas transgenre.
Tu as eu la possibilité de travailler ce trou à la fois sur ton organisme et dans ton inconscient (par la psychothérapie). Mais les manques et les trous n'ont pas été rebouchés, ce n'est pas du BTP, ton regard a juste changé d'angle, ton corps a changé, ton inconscient a pris d'autres inflexions. Ne pas voir d'angles morts ne signifie pas qu'il n'y en a pas, ressentis ou non, conscientisés ou non...
Qu'est-ce que du BTP ? Non, tu te trompes. Une fois qu'une peur, qu'un traumatisme psychique, qu'une tension psychique est dissoue (par exemple avec l'EMDR, ou les purifications mentales induites par une pratique méditative intense), il ne réapparaît plus jamais.
Avec les manques et les trous, on "fait avec", mais on guérit rarement ; guérir, ça c'est la promesse médicale, pas psychothérapeutique...
Encore une fois, guérir rarement sous-entends que certains guérissent. Il faut aussi vouloir faire l'effort, ce que beaucoup de personnes traumatisées ont peur, car il faut se confronter à ses démons.
Pardon si je t'ai mégenré et je ne savais pas que tu n'étais pas transgenre, mes sincères et plates excuses !
D'accord avec toi sur l'entremêlement somatisation/psyché/statut hormonal et tu as raison, je comprends sûrement mal par ignorance, encore mille excuses...
Le traumatisme de la naissance, c'est une invention d'un type génial qui s'appelait Sandor Ferenczi et dont Groff a repris la thèse. C'est une thèse très discutée et très discutable (même si la vie intra-utérine imprime à l'enfant des traces, des premiers stimuli, c'est certain) ; ce qui fait indubitablement traumatisme, c'est la découverte enfant du plaisir de la sexualité infantile (je dis sexualité et non génitalité) et plus tard, à l'adolescence, la difficulté d'articuler un corps sexué dans le rapport sexuel. Vivre, c'est intégrer le malentendu du rapport sexuel, qui n'est jamais un rapport (rapport égal signe égal) mais un trou, une béance que l'autre vient combler (rien à voir avec la sexualité pénétrative). Des traumatismes profonds (violences, maltraitance, carences diverses, inceste, voire incestualité) sont déclencheurs de comportements psychotiques ou neuro-divergents dont l'individu peut perdre le contrôle à des périodes critiques de la vie (souvent l'adolescence). L'homme et la femme (ou autres) se soutiennent de leurs traumatismes car les traumatismes font symptômes, qui sont des passages obligés dans la constitution d'une vie psychique bien tempérée (l'amour, un déménagement, une activité artistique sont par exemple des symptômes ; le symptôme n'est ni négatif, ni positif, il dénote l'état psychique d'un sujet à un moment donné de sa vie). Avoir une vie symptomatique supportable, c'est le choix qu'opère l'inconscient de manière continue dans l'équilibre du rapport de force plaisir-déplaisir. Une crise d'angoisse ou une sensation de vide c'est une bascule du rapport de force inconscient vers le déplaisir et le signe d'une absence à faire symptôme inconsciemment pour réguler ce rapport (quand on se sent seul, on est inconsciemment poussé à socialiser, se faire des amis, se mettre en couple, prendre un chat, un chien etc. c'est ça faire symptôme, c'est mettre en place inconsciemment des solutions à chaque réminiscence de traumatisme, de conflit psychique). Par exemple, un enfant ayant souffert de maltraitance, et ayant des difficultés une fois adulte à revivre des situations de violence (quelle qu'elles puissent être) pourra faire ou ne pas faire symptôme ; le plus généralement, en cas de traumatisme précoce, l'enfant incapable de parer au choc manquera forcément plus tard de solution symptomatique à chaque réouverture de conflit, à chaque réminiscence non conscientisée du trauma : d'où conduite d'évitement, mésusages de substances, angoisses, crises de panique, conduites d'auto-sabotage, et même des comportements plus à risque, mais c'est compliqué de l'expliquer ici en faisant court et clair... tout ça, ce sont des symptômes dits négatifs, qui rendent la vie désagréable, parfois insupportable ; mais la majorité de nos comportements sont constitués de symptômes dits positifs sans même qu'on s'en rende compte (s'habiller, manger, rechercher de la compagnie, jouer, dormir etc.)...
La psychothérapie représente en effet un danger pour chaque patient qui s'y risque : le danger de formuler la vérité inconsciente de sa/ses blessures et de rouvrir des plaies ; mais justement, la psychothérapie, c'est l'élaboration cadrée de ces conflits psychiques permettant enfin d'y faire symptôme (le fameux "y faire avec"). On consulte un psychologue pour trouver comment faire/élaborer inconsciemment son symptôme (et oui, c'est paradoxal ! et c'est pour ça que c'est un long et patient travail d'élaboration), pas pour y formuler des solutions ou des règles de conduite simplistes car tout cela échappe bien sûr à notre seule volonté consciente... les traumatismes se gravent profondément, il y a des larmes dans le coeur qui n'atteignent jamais les yeux, il y a des hémorragies symboliques qui s'écoulent goutte à goutte depuis des années, il y a des pannes invisibles, il y a des mots qui subitement manquent, il y a des plaies enfouies qui suintent en sourdine etc...
Pardon si je t'ai mégenré et je ne savais pas que tu n'étais pas transgenre, mes sincères et plates excuses !
Haha ne t'inquiète pas je n'ai aucun problème avec le fait qu'on me mégenre. C'est juste que j'ai senti que parler de traitement hormonal dans le contexte actuel allais porter à confusion, d'où la précision (j'en profite pour placer qu'un équilibre hormonal est CAPITAL pour la bonne fonction de l'organisme tout âge/genre/race/orientation sexuelle confondue, et qu'un problème hormonal peut être la cause et/ou la conséquence d'une consommation de stup, c'est quelque chose à checker [conversation intéressante que j'ai eu avec la psychiatre de mon CSAPA]).
D'accord avec toi sur l'entremêlement somatisation/psyché/statut hormonal et tu as raison, je comprends sûrement mal par ignorance, encore mille excuses...
Houla c'est peut-être ma façon d'écrire, mais je ne voulais certainement pas d'excuse, et surtout pas de mille excuses. On a l'habitude de se parler sèchement dans mon équipe de recherche. Ce que je voulais dire, c'est que toutes ces façons de voir sont selon mon humble personne la même chose mais avec des angles différents. Un trauma psychique va niquer ton équilibre hormonal. Un équilibre hormonal va niquer ta vie psychique. C'est entremêlé et tous les points de vus sont corrects. D'ailleurs on se rend compte de la relation étroite corps/esprit lorsqu'on observe le souffle pendant de longues périodes.
Pour le reste de ton post, merci de la perspective que tu mets à mes lectures de Stan Groff. Je vais aller me renseigner sur son précurseur pour prendre du recul. Pour le reste, est-ce que réduire la psychologie à la sexualité, c'est pas Freud et sa façon réductrice de voir la chose qui parle ?
Dernière modification par g-rusalem (24 juin 2022 à 19:44)
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