TR- Kétamine et LSD: voyage au centre de la Mort

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Asvos femme
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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Je suis un Homme de 23 ans, je fais 1M83 pour 80 kilos.
C'est peut être maladroit, mais j'ai essayé d'écrire mon experience sous une forme "romancée." (si jamais c'est hors Charte je le supprimerai en m'excusant)
Ce texte existe depuis longtemps, j'ai longtemps hesité à le poster, je ne suis pas sur de sa valeur, mais hormis mon experience sous Salvia (que j'ai déjà énoncé ici) je ne pense pas avoir vécu autre chose de si exceptionnel, et en même temps d'aussi traumatisant, donc j'aimerai le poser quelque part.

Avant de commencer, il faut savoir que la soirée avait commencé 48H auparavant, des mélanges de LSD, de Ketamine, de MDMA, un petit peu de crack, d'alcool, de cannabis. Globalement le mélange était très intense, mais je me concentre sur la dernière soirée comme étant la plus éprouvante. (caractérisée majoritairement par la prise de LSD et de Ketamine en grande quantité)

En esperant que cela vous plaise.

TR- Kétamine et LSD: voyage au centre de la Mort.

La respiration de mes mains est dévorée par des impulsions étoilées secouant frénétiquement des muscles haletants. Je relève les yeux, cela fait bien une heure que je suis perdu dans mes pensées. J’ai oublié le nom des sacs de viandes gangrenées qui me servent d’amis. L’un d’entre eux est allongé entre les palettes découpées et les bombes de peinture, évitant soigneusement les clous rouillés en raison de l’obsolescence de ses vaccinations. Ça empeste, une forte odeur de cigarette brûlée colonise l’air et ne camoufle que difficilement l’aigreur acide du crack cuisiné dans la salle voisine. Une irritante nappe de brouillard couvre ma vue.

Je me redresse sur le canapé déchiré et percé de ressorts qui me sert de matelas et j’observe un bref instant le mur en face de moi : une peinture à la bombe « All Cops Are Bastards » tagué sur un mur jauni par les miasmes nicotinés constamment en suspension dans ce cercueil de béton. Quelques cadavres de bières, pièces de deux-roues et seringues brisées habillent le sol poussiéreux adoptant une teinte jaunâtre à la lumière de l’ampoule dénudée du plafond. J’observe un court instant la porte de sortie mais j’ai l’impression qu’elle fuit, le bord extérieur droit étant imperceptible, semblant baver sur le mur avec opacité: le LSD fait encore effet. Cela fait plus de vingt-quatre heures que je suis perché, et j’ai encore du mal à me repérer dans ce référentiel géographique clos. Les visages de mes compagnons tournent au grotesque : le nez s’allonge, les oreilles fondent, le visage s’aplatit, les yeux jaunissent et je me retrouve vite entouré de caméléons et autres mantes religieuses, fluides et violettes dont les bras semblent se mouvoir au ralenti en raison de la résistance de l’air. Un rapide coup d’œil m’amène à voir avec fascination que des dizaines d’excroissances crochues se situent à l’extrémité de mes moignons: des doigts.

Soudain, je prends conscience de ma synesthésie : l’acide bloque les neurotransmetteurs et brouille les compartiments du cerveau. Lors de l’éducation, le cortex cérébral apprend la division des tâches pour utiliser le plus efficacement possible chacun de ses sens, et la synesthésie brouille les frontières qui y sont dédiées ce qui offre des sensations surréalistes (d’où la popularité des psychotropes dans le courant artistique éponyme) de même qu’une troublante altération de la conscience : il devient possible de goûter des sensations physiques, ou comme je le vis actuellement, de voir de la musique, chaque son grave clignotant en provoquant une légère pulsation nerveuse sur mon poignet gauche, tandis qu’une légère tache bleutée apparaît dans le coin supérieur droit de mon champs de vision. Cela me plonge dans un état de conscience meurtri par une pensée erratique stimulant l’étrangeté de ce rêve éveillé.

Sur ma droite est visible un autre camarade avachi sur sa chaise comme un pantin désarticulé : il doit avoir l’impression que l’étagère derrière moi dépasse les trois mètres de haut. La kétamine est un psychotrope puissant qui anesthésie les muscles et provoque une légère déréalisation, si bien qu’on a l’impression d’errer dans un rêve doux, et d’être en permanence assis sur du coton. Très vite, des esprits éclairés ont su détourner le sédatif pour équidé en outil de prédilection du psychonaute : « le navigateur de l’âme. »

J’enfonce ma main dans la poche de mon treillis et en sort un petit sachet de plastique : le contact de la peau sous diéthylamide d’acide lysergique a quelque chose de très agréable et, sans réelles raisons, je commence à observer ma main : elle parait tantôt violette, tantôt verte, et très floue, comme si ma cornée se retrouvait incapable d’accommoder suffisamment pour me garantir une bonne perception. Je laisse mon esprit divaguer : la main s’étend, se tord, tandis que commencent les fractales, le doigt tordu aboutissant sur une main qui elle-même se conclue sur un doigt. Le jeux m’amuse quelques minutes avant de me lasser.

Je prends le sachet communément appelé « keps » dans le milieu. Il doit rester au moins cinq grammes. J’approche ma pupille du sachet : la poudre parait blanche, pure, scintillante, cristalline. Une perfection chimique derrière une élégante robe minérale.

J’en dispose un petit peu sur un pot de tabac, et au moyen de deux cartes en plastique, je hache, écrase, et rassemble en petit monticule la poudre, jusqu’à obtenir une tête d’allumette. Je commence à rouler un des billets obtenus après une soirée passée à commercer divers stupéfiants. Avant de mettre la paille dans mon nez, un camarade tente de me dissuader de sniffer cette « saloperie chimique », puis va chauffer l’extrémité de sa pipe à crack au moyen d’un briquet en plastique. Les yeux exorbités, rouge sang, lui donnent un air fou, tandis que l’acide me donne l’impression que sa peau est recouverte d’une pellicule grasse et plus sale que d’habitude.
Je me prends un sniff, puis ressens toute la piqûre de la poudre passant dans mon système respiratoire, avant de m’allumer une cigarette. La fumée goudronnée me brûle paisiblement les poumons, tandis qu’un horrible goût acide me donne le haut de cœur : une goutte de kétamine, des résidus qu’il est conseillé de cracher si on ne veut pas se pourrir les reins.

Je m’allonge et profite tranquillement de la musique quand l’anesthésiant pour équidés explose dans l’organisme : mes jambes s’étirent et mon corps rapetisse tandis que je suis allongé sur ce qui me semble être le plus confortable des canapés. La prison corporelle est désormais satisfaisante, et la table basse prend des allures de châteaux une fois traduit par mon cerveau fiévreux : LSD et kétamine, sacré mélange.

Je m’apprête à tenter de somnoler, l’acide ayant une fâcheuse tendance à empêcher tout sommeil, tout en espérant que la kétamine ne m’emmène vers un coma sans rêve. Mon cœur est lourd dans ma poitrine, les battements emplissent mes tympans de façon assourdissante, une pointe de douleur se fait sentir, puis les illusions arrivent.

Ma vision confond fantasme et réalité tandis que les nœuds des vieilles planches en bois se métamorphosent progressivement en une nuée de symboles aztèques sur des pavés de pierres taillées. Les gravures sont séparées par les lignes de la réalité devenues fluides, instables et tremblantes. Elles grossissent et s’étirent dans ma vision, devenant l’élément central, me plongeant dans un abîme d’où je ne peux arrêter de focaliser mon regard. Enfin, je me défais de cette attraction malsaine. La petite caille tatouée sur mon épaule semble dotée de sa vie propre : elle veut désormais sortir de sa coquille de peau pour affronter le monde réel.

Je tourne la tête pour faire face à un sourire carnassier qui se brise et se reconstitue en plusieurs temps, comme une mauvaise transition au cinéma, sur le visage de mon compagnon, déambulant et bougeant son corps de manière désordonné, sans aucun sens esthétique en essayant simplement de suivre le rythme.

Pupilles dilatées et cheveux gras plaqués par la sueur sur un front rouge de fatigue : il a l’air dément. C’est assez amusant, mais dés qu’on lui fait remarquer, la même réplique répétée en boucle tel un mantra : « Rien de surprenant à ce qu’une société malade produise des individus malades. »
Je m’imagine pendant un temps lui briser les dents avec la batte posée dans le coin de la pièce.

Un vieux camé aux yeux laiteux et sans dents, hypnotisé par son petit sachet de kétamine, le protégeant comme une relique, son dos recourbé en dessous d’une lampe sale. La caricature du déchet dans toute sa splendeur, un édenté abominable en pleine contemplation.
La drogue lui avait creusé l’intérieur du crâne et fait de lui un animal tout juste capable de répondre à cet instinct, ce manque, cette dépendance que son corps avait assimilé à un besoin vital. Le sacrifice de la raison sur l’autel du plaisir. Sur ces sages idées, je le vois prendre une clé d’amphétamine de basse qualité  laissant une légère poudre blanche sous son museau.

« La drogue nous détruits tous. »

C’était son discours avant, mais il avait été totalement déconnecté. Et il part en titubant, ce drogué anti-drogués, perché, définitivement perdu entre les pipes de verres et les clés poudrées.

Je pensais le suivre avec une petite prise de speed, mais je préfère revoir mon ambition à la hausse. Je vais plutôt me prendre un gros rail de kétamine.

En assez grande quantité, ce psychotrope génère ce que l’on appelle le K-hole : c’est le stade où le sujet subit une sensation de décorporation, une dépersonnalisation et une déréalisation, soit une perte de l’identité et de tout sens de la réalité. Cette situation s’accompagne bien souvent d’hallucinations de paysages cristallins, d’épais diamants s’élevant à travers l’espace étendu, ou l’impression de plonger dans l’infiniment petit jusqu’à se retrouver avec un quark pour voisin.

Les drogues modernes, malgré le non-sens qu’elles essayent de camoufler auraient probablement inspiré les anciens hermétistes et alchimistes. On peut leur associer divers éléments : l’acide rend tout fluide, liquide, et apporte l’impression permanente que tout est en train de respirer, de gonfler, de se noyer dans un quelconque boue clapotante. La kétamine par contre rappelle le solide, les minéraux, les pierres semi-précieuse et autres cristaux coupants. La salvia divinorum serait liée au feu : tout se consume dans ses vapeurs éthérées. On perd conscience de soi, du monde, du temps, on contemple des paysages qui ne devraient jamais être mis en présence d’un observateur humain dans un délire que le novice ne réussit pas à distinguer de la réalité. Et pour l’air, le protoxyde d’azote qui provoque une sensation d’hilarité et une impression de gonflement tandis que les organes respiratoires adoptent la texture d’une éponge. Quant au dernier élément transcendant la matière, l’ascension vers un mysticisme cosmique, les paysages fantasmagoriques de la DMT se concluant sur la révélation transcendante, les cellules bouleversées par le stress nous emmenant vers un long tunnel blanc se concluant sur la mort : ce qui suit ces visions ne saurait être exprimé en mots.

Trêve de réflexion, je reprends mes esprits, dont l’arborescence se fait difficilement contrôlable ; les psychotropes ayant tendance à décupler les flux cérébraux, sans forcement donner beaucoup de sens aux pensées venant polluer la conscience ; avant de sortir ce que j’estime être trois grammes. Compte tenu de ma tolérance relativement faible face à cette substance, cela devrait suffire pour un K-hole. En cas d’échec je risque le coma, voir l’insuffisance respiratoire mais j’ai confiance en ma constitution malgré un mal de cœur persistant : ce n’est pas mon premier voyage.

Un petit mont renvoie des reflets lumineux sur mon visage. Une telle quantité de produit est particulièrement plaisante à observer : directement sortie d’une cave du coin, le terroir a encore de belles trouvailles à partager. Le jeux de l’achat-revente fait augmenter artificiellement le prix, nous assurant un retour sur investissement plutôt gourmand. Je prends un grande inspiration, je m’assure de pas être trop perché, ou alcoolisé pour en prendre : la kétamine réagit très mal avec l’éthanol.

Mon « ami de fête» décide à ce moment de faire chauffer le dos de sa cuillère. L’ammoniaque bouillonnant génère une odeur pestilentielle, avant de découvrir quelques cailloux issus du processus chimique entre le liquide et la cocaïne.

Me sentant étrangement agressé par les rayons lumineux qui passent devant mes yeux, je me bouche le nez et tente de respirer : l’air ne passe pas, et comme je l’ai appris lorsque j’essayais de provoquer des rêves lucides, cela signifie que je ne suis donc pas en train de dormir. Les hallucinations et sensations aberrantes ont tendance à provoquer ce doute chez les consommateurs réguliers.

Une inspiration, une paille : j’inhale la totalité d’un seul coup. Mon nez hurle de douleur, je crains ses saignements. Il est fréquent dans ce genre de soirée de disposer de la poudre sur un quelconque ustensile en plastique et de voir ce dernier fondre sous l’effet de quelconques composants chimiques qui n’auraient pas du être là.

Une fois inhalée, les brûlures agressent ma gorge, c’est le prix à payer pour passer certaines
bonnes soirées. Une douloureuse saveur acide me martèle, j’essaye de me lever : trop tard, je déglutis de la soude et vomis de la bile directement sur la table, corrompant de mon fluide corporel quelques sachets de tabac sec.

Je me mets sur le dos : les tags désordonnés du plafond éclatent en de multiples motifs colorés : je subis une paréidolie systématique puissante : peu importe ou je regarde, j’aperçois un visage, tantôt grimaçant de son sourire de clous, tantôt me souriant à plein dents de grilles d’aérations. C’était le visage moqueur de l’angoisse, ou l’angoisse avait-elle toujours ressemblé à des clous ? Il est bien difficile de différencier ces barreaux du sentiment étrange qu’ils m’inspirent. Les couleurs elles mêmes sont vecteurs de sens.

Je ne sens absolument plus mon corps.

Complètement anesthésié, j’ai l’impression que mon esprit s’en extirpe. Tout s’assombrit autour de moi, le plafond semble se rapprocher jusqu’à se comporter comme une couverture chaude qui me recouvre. J’ai l’impression d’être plat, et de m’étendre dans toute la salle : comme si la cave contenait tout l’espace, le seul espace, la réalité concentrée dans un salon. Un fragment de verre flotte à mes cotés : je crois apercevoir mes reflets à l’intérieur, tantôt grognant, tantôt hilare : je commence à avoir l’impression d’être spectateur de mon propre vécu. Soudain, une sensation violente d’apesanteur, d’écrasement : je m’élève rapidement vers le ciel, bientôt le K-hole : le voyage commence.

***

Des dizaines de milliers de litres d’eaux font pression sur moi : je plonge. Une chute par laquelle je traverse d’infinis couloirs cristallins où la notion même de courbe lisse est bannie. Ma peau est recouverte d’une multitudes de points en mouvement, se métamorphosant en métastases tremblantes : les caresses internes d’une ronce aux picotements mal dosés. Un hurlement silencieux dans le vide, un mutisme imposé par la pression de l’air devenu irrespirable. Un flottement dans l’espace.

Je me rapproche progressivement d’une plage de sable fin en suspension entre deux planètes hallucinées. J’aperçois un homme assis, en train de regarder la voûte céleste exhibant ses infinités d’étoiles, donnant à la scène une teinte bleutée et claire.

L’homme se retourne : un double de moi, imparfait, qui provoque instantanément une sensation de dégoût et de crainte : je suis entré dans la vallée étrangère et rêve uniquement de massacrer et démembrer ce simulacre.

Je détourne mon regard pour observer mon propre dos, au loin, derrière lequel apparaît encore un autre clone identique, puis un autre dos. Un abomination kaléidoscopique me projetant hors des frontières du réel tandis que les  doppelgängers s’approchent de moi avec une volonté vindicative.
Soudain, tout le paysage disparaît. Le monde n’est que dévalement, étirement et morceaux de moi-même. Je cours sur des visages sardoniques qui s’affaissent en provoquant une chute, orientant mon regard vers le ciel lui même composé de milliards de petits visages souriants. Des millions d’yeux malveillants m’observent à ce moment, et je sens une présence qui me juge avec gravité. Je chute, avant d’être rattrapé par la main d’un de mes doubles dans lequel je retombe, avant de me rattraper de nouveau : le schéma d’un enfant apprenant ses premiers pas ancré dans un disque rayé en redondance cyclique.

Le temps s’arrête : je tombe, me relève au moyen d’une main d’un autre clone émanant elle même de mon propre torse : devenu le mien mais également celui d’une poignée d’autres visages dont les traits tordus empêchent toute identification fiable. Cette figure de cerbère s’étend jusqu’à se fondre dans le paysage.

Je suis incapable de différencier mon être du sol. J’ai l’impression d’avoir toujours été une étoile, un grain de sable perdu dans les abysses et une montagne au pic enneigé. Depuis tout ce temps la conscience que j’avais de moi même n’était que mensonge. Rien n’existait vraiment : je n’ai jamais cessé que d’être une longue plage, se faisant témoin du temps passé et des existences disparues.
Je ressens de nombreux picotements impies : tous les petits organismes grouillants dans leurs terriers me sont dévoilés par les sens. Je ressens les petites familles de crabes vivant en mon sein, tandis qu’une méduse échouée dans mon giron attire l’attention d’un corbeau le trouvant fort appétissant.

Le corbeau attend, stoïque, et plonge son regard au fond du lieu le plus sensible de ma conception incompréhensible. La sensation d’ubiquité est mystérieuse, il est difficile d’être une plage.
Quelques croassements distordus se répètent de plus en plus rapidement. L’atmosphère est envahie d’une cacophonie douloureuse pour l’esprit : le cri me perce avec plus de vigueur que ne l’aurait fait un clou ancré dans mon crâne sous la force d’un marteau.

Je tente de me mouvoir. Des millions de petits grains se déplacent, se compressent et se rassemblent
pour entourer ce corbeau dont le regard fixe ne cesse de me troubler. Le géant de quartz tente de me saisir, mais je ne sens plus mon corps. Mes sensations m’abandonnent tandis qu’une sphère invisible semble protéger de mon contact le volatile orgueilleux.

Son œil grandit, gonfle et prends la forme de tentacules humides avant de s’approcher de moi. Ma vue est désormais entièrement acquise par ce puits ténébreux sans fond au bord duquel sortent quelques ardillons.
Je suis désormais totalement happé par cet œil: la plage s’est vidée dans cette évacuation sanitaire improvisée. Bloqué contre des parois de verre, je me noie dans le sablier me piégeant dans cet espace liminaire.
Dans le noir j’aperçois la silhouette d’un homme drapé d’orange en méditation, un cercle lunaire brillant dans sa poitrine avant de gonfler comme un ballon pour dépasser et englober tout le corps, puis s’étendre dans tout l’univers et finir par le combler comme l’auraient fait des ronds dans l’eau se confrontant à un obstacle. Puis il disparaît alors qu’une intense accélération projette toutes mes pensées à l’arrière du crâne, des milliards d’étoiles et de planètes passent devant mes yeux de même qu’un diamant transparent de la taille d’une petite lune.

Je me retrouve sur le canapé. La drogue a cessé de faire effet : tout est trouble, et sombre. Le monde est exclusivement teinté de noir et de blanc : je suis incapable de distinguer les visages de mes amis, étant limités à des objets géométrique de forme ovale à la surface plate, grossière et presque lisse sur lesquels apparaissent progressivement quelques sourires aveugles.

Des chuchotements me parviennent, indistincts, je ne comprends pas ce qu’ils me disent, je crains de ne devenir fou, que ces voix ne tournent en compagnons parasites.

Je suis entouré de ces êtres malsains. La peur me transperce, le cœur bat à toute vitesse. Chaque impulsion donnée à l’épais sang liquoreux coulant dans mes veines semble une douloureuse épreuve : je hurle, et me dissocie dans mon hurlement.

En dessous de mon bassin, le corps reste cloué au niveau du sol tandis que le haut de mon corps est attiré par le ciel où disparaissent une à une toutes les étoiles. Un seul corps déchiré entre deux réalités incompatibles, je me sens comme écartelé par ces deux mondes qui s’affrontent.

Soudain, un bruit sourd, la résistance lâche. Le titan céleste a vaincu, je me retrouve de nouveau à flotter dans l’espace. Aucune lumière, aucune sensation, aucune forme lumineuse ou aucune impression.  J’aurais préféré avoir froid.

De nombreuses mantes religieuses géantes aux yeux brillants m’attirent avant de disparaître et de fondre en nébuleuses. Les teintes colorées s’évanouissent progressivement, tout devient noir. Je chute, lentement, en permanence, happé par Poséidon.

Le monde devient solide, se compresse et enserre mes jambes en tournoyant: la matière de tout un espace m’entrave dans une tourbe baveuse rappelant un marécage. L’abomination physique que je subis donne à mes sens altérés l’impression de chuter vers le haut, tandis que chaque pulsation dans ma poitrine me donne un goût d’amande en bouche, du fait de la synesthésie.

Je regarde vers le haut. Un espace vide, me rappelant cette sensation des nuits d’insomnie où l’on tente désespérément de percer le secret du réel en fixant le plafond, sans jamais y parvenir.
Je sais que je me suis immobile. Je regarde vers le bas une pyramide vue du dessus chargée en texture : c’est un toit.

Et ce toit est-il sympathique et réconfortant dans son étanchéité chaude ? Est-ce un toit mal léché qui grogne et se plie alors que le froid arrive, ou un toit fatigué, dont les blessures ouvertes laissent couler la pluie ? Je crois que c’est un bon toit, parce que je vois des chats y faire des allers et venus. C’est un toit bienveillant, doté d’une tendance animalière.

Sans s’exprimer, le toit tire poliment sa révérence, puis disparaît : un rectangle empli de diverses
tâches colorées le remplace.

Le temps que mes yeux s’accommodent je comprends : c’est l’intérieur d’une maison vue du haut, le toit de la cave n’est plus apparent.
Je descends progressivement, et observe la vie tranquille de quelques junkies grouillants, faisant chauffer au briquet de la cocaïne dans une cuillère d’ammoniaque, tandis qu’un chiffon absorbe le surplus de liquide.

Je reconnais le cuisinier comme étant l’hôte de la maison.
Par réflexe je descend dans le sous-sol après avoir dépassé un deux-roues en réparation. Je finis par tomber sur ce que je craignais : un homme méditerranéen, aux cheveux sombre, une légère barbe taillée. Un sweat noir et un treillis aux teintes de camouflage urbain, le tout souligné par une paire de sneakers à bulles.

Je me tourne, flottant dans l’air comme un fantôme et plonge mon regard dans les yeux vitreux de ce qui semble être un cadavre très frais, si frais en fait que personne autour ne l’a repéré.
Un ancien sachet contenant de la kétamine sur le torse, le verdict est inéluctable: je fais face à mon propre cadavre. Je hurle, je me débats, je cris, je me bats.

Quelques secondes plus tard, je suis de retour dans la réalité, mes amis me disent que j’étais en train de vriller, je ne sais pas exactement ce que j’ai pris, mais un ami prétend m’avoir fait avaler un benzodiazépine.
Epuisé par les multiples jours, je m’endors très rapidement. Je me reveille le lendemain un peu barbouillé, mais sans trop de dégats, hormis un léger traumatisme qui m’a beaucoup marqué. Après cette prise, j'essayerai la Salvia Divinorum avant de sortir totalement du monde des psychotropes qui certes, continue de me fasciner, mais s'est révélé trop éprouvant pour ma constitution.

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Anonyme25
Psycho junior
France
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 27 Nov 2021
212 messages
Sacré trips t'es partis loin.

T'as dus y aller fort sur les doses.

Perso avec 0.80mg de kéta je vole.

J'ai sauté quelques passage mais tu détaille bien ton trip. Sacré voyage.

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Nitupzar homme
Psycho junior
France
champi vert2champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 03 Aug 2020
362 messages
Belle écriture
Par contre oui gros mix de mélanges, je comprends que tu sois parti très loin et je suis soulagé que t'en sois revenu sans trop de conséquences a priori

J'ai retrouvé pas mal d'éléments de mes trips LSD + (par contre je m'arrête là dans les mélanges, c'est déjà beaucoup comme ça)

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Zopi7.5
Psycho junior
France
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 09 Aug 2019
317 messages

Anonyme25 a écrit

Sacré trips t'es partis loin.

T'as dus y aller fort sur les doses.

Perso avec 0.80mg de kéta je vole.

J'ai sauté quelques passage mais tu détaille bien ton trip. Sacré voyage.

Avec 0,8 de keta tu vole mais tu redescend jamais mdddddr


La piraterie n’est jamais finie

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Qui suis-je о.О homme
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 23 May 2022
7 messages
texte très cool

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Qui suis-je о.О homme
Nouveau membre
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 23 May 2022
7 messages
J'ai décidé après 3 jours de laisser à nouveau mon message car ici j'ai trouvé mon inspiration.
Dites-moi, vous n'avez pas pensé à commencer à écrire des histoires?

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