De l'importance du bon choix des mots

Publié par ,
802 vues, 0 réponses
avatar
prescripteur homme
Modérateur
champi vert83champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 22 Feb 2008
12253 messages
Blogs
Bonjour, je voudrais attirer l'attention sur des problèmes de sémantique (signification des mots) qui peuvent déboucher sur des problèmes sérieux !

1) "Le bon usage"


Par exemple, l'OFMA cite ce texte sur le "Bon usage des opioides forts dans la douleur non cancéreuse"

http://www.ofma.fr/wp-content/uploads/2 … r-2016.pdf

Mais la SFETD entend par "bon usage" un usage essentiellement conforme à la réglementation et à la prescription.

/forum/uploads/images/1680/capture-decran-du-2023-03-31-16-31-11.png


Or, nous avons régulièrement des posts venant d'usagers affectés par des douleurs chroniques mais ne rentrant pas dans les schémas règlementaires, récemment :

https://www.psychoactif.org/forum/2023/ … .html#divx

https://www.psychoactif.org/forum/2023/ … .html#divx

Pour PA le "bon usage" est donc l'usage qui optimise l'utilité et minimise les méfaits chez une personne donnée (PUD ou non) compte tenu de sa personnalité, de son historique médicamenteux etc..
Dans la version traditionnelle,  les personnes qui ne suivent pas l'AMM ne sont pas correctement renseignées et , en cas de problème, sont laissées à elles mêmes, abandonnées à leur souffrance.
Dans la version PA (Psychoactif) la Personne doit être écoutée et conseillée à partir de la situation où elle se trouve, même si elle n'est pas "standard". Et pas à partir d'une norme qui lui est extérieure.

Petite note explicative (qui peut être sautée). Comme tout être vivant, une personne est un système complexe, qui ne réagit pas de manière linéaire et  surtout pas "réglementaire".
https://laboutique.edpsciences.fr/produ … complexite
Or, il est important de comprendre que la vision d'un système complexe ne dépend seulement de la personne mais du "projet" de celui qui l'observe.
Pour le système traditionnel le "projet" est la conformité réglementaire et l'usage sera donc défini comme efficace, inefficace et mesusage.
Pour PA le "projet" est que la douleur soit calmée, en évitant autant que possible, les méfaits et l'usage ne sera défini qu'en fonction du patient et, notamment, de son ressenti personnel. L'usage non réglementaire n'est pas un mésusage mais un usage alternatif. Usage alternatif qui peut être dangereux et la personne devra en être correctement informée.

Les conséquences négatives de cette exclusion des "hors normes" sont nombreuses et nous le constatons sur PA chez de nombreuses personnes. Mais elle peut revêtir les traits d'une catastrophe de Santé Publique comme l'illustre la crise des opioides aux USA.

Aux USA, après une extension de la consommation légale d'opiacés, notamment d'Oxycontin, avec le slogan "Il est anormal de souffrir et pour les medecins de laisser souffrir leurs patients" les pouvoirs publics ont constaté un usage alternatif. Ils ont alors modifié brutalement les conditions de prescription et de délivrance. Dans ce nouveau cadre réglementaire les usagers auraient dû modifier leur consommation et certains l'ont fait!
Mais dans la vraie vie des millions (y compris des mamies arthrosiques) se sont retrouvées sans cadre légal ni information valable correspondant à leur situation (puisqu'elle n'était pas "réglementaire". Des millions se sont alors  tournés vers la marché illégal et des centaines de milliers de mort par OD !
D'autant que la modification de la Loi n'a modifié ni l'impact de la publicité, ni surtout la douleur.

Alors que si on avait considéré quel serait le "bon usage" pour eux (et pas pour la morale ou les commandements de Dieu)  on aurait pris en charge la douleur et l'addiction, et on les aurait aidé à modifier progressivement leur consommation, notamment par l'usage des TSO.
Mais ceia n'a pas été fait à l'echelle requise et les morts par OD se comptent par centaines de milliers tous les ans. Ce qui montre le caractère potentiellement mortel d'une sémantique inappropriée.

2) La Prévention

La Prévention fait l'objet d'une erreur sémantique du même ordre. Elle est définie comme la prévention de l'usage et donc la lutte contre le mésusage.
La Prévention vue par PA est ce qu'on peut faire avant l'usage, visant non pas seulement l'abstinence mais une information complète permettant à la Personne de décider pour elle soit de ne pas consommer, soit de consommer à moindres risques.

Les statistiques en France montrent qu'une forte minorité ne s'abstient pas de consommer mais, de ce fait, mal renseignées sur les "bonnes pratiques", elle prend des risques inutiles.
Les forumers sur PA sont heureusement informé(e)s des risques mais combien prennent des risques importants par manque d'information ? Manque d'information lié à une erreur sémantique. Non, la Prévention ne consiste pas uniquement à prévenir l'usage mais à prévenir les éventuels méfaits chez chaque usager potentiel, en tant que Personne à part entière.


Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 


Remonter


Pour répondre à cette discussion, vous devez vous inscrire

Pied de page des forums