[ Aspect, gout & odeur ]

écaille de poisson

Dernière modification par Mister No (21 septembre 2022 à  21:31)

Mister No a écrit

A priori, le basuco se mélangerait à de la brune et se consommerait jusqu en Andalousie d’après des témoignages récents ici. En joints je crois.

En fait, le rebujito qui tournait dans le sud de l’Andalousie, tu pouvais pas le fumer en joint, mais à l’ancienne, c’est-à-dire sur l’alu ou à la canette/bouteille.

De par sa consistance, impossible à sniffer : comme un touriste, j’ai tenté une fois, sans grand résultat… et tous les junkies du squat se sont bien foutus de ma gueule :

« Esos franceses, qué cabronazos ! »

Quant à l’intraveineuse, j’en ai pas croisé un seul qui s’y est essayé.

Bref, vous avez l’air de vous y connaître bien plus que moi, je veux pas raconter de conneries, mais il me semble qu’en fait c’était juste du crack de piètre qualité (ou peut-être le basuco dont tu parles ?) saupoudré d’excellente came.

En tout cas, goût et aspect ressemblaient au crack, hormis que le caillou était pilé pour être mélangé à la rabla, ce qui donnait une espèce de « poudre pierreuse » aux reflets marrons. 

Et oui, c’est une sale drogue de pauvre. Ça accroche grave et t’arrache les poumons au passage. Les gars qui tournent à dix sachets par jour, je te raconte pas leur état.

Vu le prix (cinq euros el papelito), il te suffisait de faire la manche une demi-heure pour toper un sachet. Pour le coup, les dealers ont tout compris : le putain de cercle vicieux, une boucle dont il est extrêmement difficile de s’extirper.

Les clients, une rangée de pingouins habitués faisant la queue jour et nuit, restaient toujours plus ou moins les mêmes. En plus, à la sortie des points de vente, t’avais chaque fois une bâtisse en ruine réservée à la consommation : la Cour des Miracles !

Quant aux flics… quels flics ? 

L’Andalousie hors des sentiers battus, c’est vraiment le tiers-monde de l’Europe. Et moi, je suis un putain de privilégié ! 

Bref, les gars font que ça : la manche, un sachet, la manche, un sachet, etc.

Pour la bouffe, c’est deux tapas par jour, chacune à deux euros.

À la différence du clodo alcoolo, son gros cul posé devant les supermarchés, ces gars sont sveltes et longilignes à force de rien bouffer et de crapahuter dans tous les sens.

Pour ceux qui cherchent à perdre du poids, pourquoi pas ? Bien que ce ne soit pas homologué par l’OMS, ça reste une solution envisageable de dernier recours après l’anneau gastrique.

Alors que j’avais ma propre piaule, j’ai vécu des semaines à ce rythme-là, coincé dans un narcopiso, piégé dans cette boucle, avec l’impression de ne jamais pouvoir m’en extirper.

L’addiction, la vraie de vraie, celle qui entraîne la mort en cinq ans. 

Tu me diras, ça occupe, c’est une existence comme une autre : se lever en chien, bosser pour gagner quatre pièces en faisant la manche, toper, fumer ; et rebelote toute la sainte journée, hiver comme été.

En somme, consommer pour fonctionner — un bon citoyen, à peu de chose près.

Sur la forme, Pôle-Emploi aurait été fier de moi. Sur le fond, bon, peut-être pas…

Finalement, j’en suis ressorti desséché.

C’est un pote qui m’a sauvé la vie en me payant un billet d’avion. Je suis rentré en Grèce avec les poches pleines d’une « nouvelle » plante qui bien plus tard m’aura permis de me désintoxiquer pour de bon : le kratom.

Quatre mois après cette débandade, je composais mon premier commentaire sur Psychoactif et commençais à pourrir (inconsciemment) de superbes discussions telles que celle-ci en racontant ma vie de merde. 

Ah, la fameuse écaille de poisson !