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Enquête : Un référendum devrait être organisé en novembre pour légaliser le cannabis outre-Atlantique. Déjà autorisé dans plusieurs Etats à des fins thérapeutiques, ce business compenserait la chute des recettes fiscales.
Par LAUREEN ORTIZ LOS ANGELES, de notre correspondante
Et si, aux Etats-Unis, 2010 était l´année du cannabis ? De la Californie à la côte Est, plusieurs décisions viennent de réactiver l´idée d´une légalisation dans ce pays où le «canna-business» fleurit malgré la sécheresse financière actuelle. Le New Jersey a ainsi légalisé, lundi, l´usage médical de l´herbe, qui devient, du même coup, une source de revenu fiscal. C´est le 14e Etat où l´on peut se procurer la substance sur prescription médicale (*). En tête de gondole, l´Etat d´Arnold Schwartzenegger, la Californie, où la culture de la marijuana est, semble-t-il, devenue la première filière agricole. Bien qu´illégale, sa production rapporterait 14 milliards de dollars (près de 10 milliards d´euros) par an.
Afin d´éviter de devenir un eldorado pour dealers, le New Jersey s´est attaché à rester strict et à ne pas copier la Californie, où «la situation est hors de contrôle», selon le gouverneur du New Jersey, Chris Christie. Malgré tout, le phénomène s´amplifie et prouve qu´en pleine récession l´idée de la légalisation - soutenue par les économistes les plus libéraux et, paradoxalement, plutôt populaires dans des bastions démocrates - avance plus vite. Avec le Golden State pour locomotive, Etat le plus peuplé et le plus riche, mais à la recherche de la moindre rentrée d´argent pour remédier à la fonte de ses recettes fiscales. Cette année, il pourrait être le premier à légaliser à 100% ce nouvel or vert.
Feu vert. Les pro-légalisations ont annoncé avoir récolté assez de signatures pour soumettre la question à référendum en novembre, lors des élections générales où les Californiens éliront le successeur de Schwarzenegger au poste de gouverneur. «C´était tellement facile de les avoir, les gens étaient impatients de signer», a raconté Richard Lee, propriétaire du Coffee shop Blue Sky, à Oakland, dans la banlieue de San Francisco, et de l´«université Oaksterdam», qui délivre un enseignement consacré à la plante. La loi proposée par cette «initiative populaire» permettrait à quiconque âgé d´au moins 21 ans de posséder 28 grammes. Les autorités, elles, auraient ainsi la possibilité de taxer la production et la vente du cannabis.
Le oui a-t-il vraiment ses chances ? Certes, un sondage a montré que 56% des Californiens étaient pour, mais comme le note Steve Smith, un conseiller politique habitué des campagnes, il suffit d´un bon argument dans le camp adverse pour perdre rapidement des points. Or, la marge n´est pas grande. Si le non l´emporte, le plan B est déjà prêt : une proposition de loi (le Marijuana Control, Regulation and Education Act), introduite en 2009 par Tom Ammiano, député démocrate de San Francisco. Ce projet qui «encourage le gouvernement fédéral à revoir sa politique concernant la marijuana» vient d´obtenir le feu vert du comité de sécurité publique de l´Assemblée californienne. Une étape essentielle même si, en raison de complications procédurales, il faudra encore attendre pour la voir votée. En tout cas, l´auteur promet qu´elle fera rentrer 1,3 milliard de dollars par an dans les caisses de l´Etat. Un argument choc à l´heure où Schwarzenegger, victime collatérale de la crise avec un déficit de 20 milliards, se heurte à Washington, à qui il réclame 6,9 milliards.
«Governator» compte d´ailleurs se rendre dans la capitale américaine, la semaine prochaine, pour plaider sa cause. D´ores et déjà , Schwartzenegger a changé d´avis sur la question du cannabis : s´il était «de tout temps opposé à la légalisation des drogues», au moment où la loi Ammiano a été proposée, il s´est ensuite déclaré «ouvert au débat». Mais il n´est que la partie immergée de l´iceberg.
Brèche. Le cannabis est devenu «politiquement correct», car économiquement attractif. Partout, la récession a dévasté les deniers publics californiens. La chute de la consommation et des bénéfices a amputé les programmes sociaux. Impuissants, certains élus se sont donc tournés vers cette nouvelle manne. Oakland, confronté à un déficit de 83 millions, a créé, cet été, une taxe de 1,8% sur les ventes de cannabis, qui flirtent avec les 20 millions par an pour l´ensemble des quatre dispensaires de la ville. Los Angeles, San Francisco et Berkeley sont en train de préparer leur propre loi. Si le but est aussi de contrecarrer l´économie souterraine, qui prospère dans la brèche ouverte par le cannabis médical, la crise a légitimé ces pratiques fiscales. «Ici, comme dans de nombreux endroits en Amérique, le futur du cannabis est semé - et il est prometteur, prédit David Ferrell, auteur d´une enquête, parue cette semaine, dans le magazine culturel de référence LA Weekly. La légalisation semble aussi inévitable aujourd´hui qu´elle était impensable une génération plus tôt.»
(*) article connexe sur le New Jersey : http://www.psychoactif.org/forum/t2784- … iques.html
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