Nouveau plan sida : « Indigent », « Du vent », « Il ne se passe rien »

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Alain Will homme
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© sida-info-service.org | 28.06.10 (NdWA : désolé pour le retard).

http://www.sida-info-service.org/?article3265

Libération relaye ce matin les commentaires très critiques des chercheurs et associations sur le prochain plan gouvernemental 2010-2014 contre le sida.

Dans un avis extrêmement sévère que le journal s´est procuré, le Conseil national du sida (CNS) et la Conférence nationale de santé dénoncent le manque d´ambition du ministère de la Santé. « Les autorités ne semblent pas avoir compris qu´on a changé d´époque », y explique le professeur Rozenbaum, président du Conseil national du sida.

Pour Christian Saout, président de la Conférence nationale de Santé, « tout cela est indigent ». Quant à  Bruno Spire, président de AIDES, il estime « qu´il n´y a pas de pilote dans l´avion. »

Lire l´article Sida : la fin de l´épidémie attendra sur Liberation.fr (et post suivant).

Dernière minute  : Le Conseil national du sida et la Conférence nationale de santé annoncent un point presse cet après-midi à  la suite de l´article de Libération :

AVIS CONJOINT DU CONSEIL NATIONAL DU SIDA ET DE LA CONFERENCE NATIONALE DE SANTE RELATIF AU PROJET DE PLAN NATIONAL VIH/SIDA - IST 2010-2014. 28/06/2010   

Le Conseil national du sida et la Conférence nationale de santé ont rendu public l´Avis conjoint de la Conférence nationale de santé et du Conseil national du sida le projet de plan national VIH/sida-IST 2010IST 2010-2014...

Saisies par la direction générale de la santé, les deux instances jugent le projet de plan incapable de répondre aux enjeux actuels de la lutte contre le sida et les IST. Elles soulignent notamment que le projet, contre l´ensemble des avis experts, n´engage pas la redéfinition radicale attendue de la politique de dépistage. Celle-ci permettrait de bénéficier de l´intérêt du traitement sur le risque de transmission et constitue la seule stratégie à  même de faire régresser l´épidémie.

Les messages de prévention doivent être redéfinis en conséquence.  L´avis regrette également les contradictions persistantes entre les politiques de santé et les autres politiques publiques, en particulier de sécurité et d´immigration. Il appelle à  lever ces contradictions pour garantir un accès universel à  la prévention et aux soins. Sur le plan international, l´avis déplore « l´effondrement du leadership de la France à  la fin des années 2000 » et appelle à  un sursaut lors de la prochaine présidence française du G20. Au regard de ces éléments, le Conseil national du sida et la Conférence nationale de santé appellent les pouvoirs publics à  une révision en profondeur du projet de plan national que les deux instances estiment indispensable.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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Alain Will homme
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© liberation.fr | 28.06.10 | Eric Favereau

http://www.liberation.fr/societe/010164 … e-attendra

Sida : la fin de l´épidémie attendra

Dans un avis que «Libération» s´est procuré, chercheurs et associations dénoncent un plan gouvernemental ignorant les avancées thérapeutiques.

Du jamais vu dans l´histoire du sida. Certes, depuis plus de vingt-cinq ans, les rapports entre pouvoirs publics et acteurs de la lutte contre la maladie ont toujours été complexes, sujets à  des sautes d´humeur spectaculaires, mais là  c´est inédit. On assiste à  un incroyable tir groupé contre «l´indigence» du prochain plan gouvernemental 2010-2014 contre le sida.

Mercredi, le Conseil national du sida (CNS) et la Conférence nationale de santé vont rendre public un avis extrêmement sévère que s´est procuré Libération. «Les autorités ne semblent pas avoir compris qu´on a changé d´époque, y explique le professeur Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida. Nous avons, aujourd´hui, les moyens d´arrêter l´épidémie. Et il ne se passe rien.»

Même charge de Christian Saout, président de la Conférence nationale de santé. «Ce plan est une injure à  l´avenir. C´est un copié-collé du précédent, alors que tout a changé.» Point d´orgue de cette colère unanime, ce week-end s´est tenue la convention d´Aides, la plus grosse association de lutte contre le sida. Son président, Bruno Spire, hier plutôt diplomate, s´est radicalisé. «Pendant des mois, on a fait des propositions. Au final, rien. On continue comme avant. Comme s´il ne s´était rien passé.»

Cette fronde a d´autant plus de poids qu´elle n´a cessé de se renforcer. Depuis plus de cinq ans, l´épidémie en Occident, mais aussi dans les pays du Sud, a changé de nature. L´arrivée des traitements (depuis 1996) a bouleversé la prise en charge, car un constat s´est imposé : non seulement les traitements marchent très bien, mais lorsque le séropositif les prend régulièrement, il n´est quasi plus contaminant. Ce qui change totalement le couple prévention-traitement, devenu inséparable. En traitant la maladie, on prévient désormais la contamination.

dépistage.
C´est dans ce contexte qu´il y a deux ans le Conseil national du sida a rendu un avis novateur, où il suggérait de changer profondément la politique de dépistage du sida en France, en le développant massivement, et en le sortant du simple cadre des prises de risque. Il y a un an, la Haute Autorité de santé (HAS) - la plus importante instance sanitaire - a surenchéri. Et enfin, il y a six mois, les professeurs Gilles Pialoux et France Lert ont rendu à  la ministre de la Santé un rapport sur les nouvelles stratégies de prévention du sida. «Il y a maintenant un consensus total pour un changement de paradigme dans la politique de dépistage», argumente France Lert.

Quel est ce consensus ? L´idée est double : d´abord proposer un dépistage de toute la population, pour toucher les personnes qui sont séropositives et ne le savent pas (elles seraient 40 000 en France). Ce dépistage, nullement obligatoire, serait le fait de généralistes. Aides suggére que des soignants non médecins le pratiquent également.

Second volet, se donner les moyens pour dépister et prendre en charge les groupes à  risque, aussi bien les gays que les migrants, ou encore les populations des territoires d´outre-mer, comme la Guadeloupe et surtout la Guyane. Là , l´idée est de prévoir un dépistage tous les ans, et de proposer de nouveaux objets de prévention. Exemples : des prescriptions de traitements en guise de prévention, mais aussi la possibilité de faire des tests rapides avant ou après une prise de risque. Il s´agit d´aller au plus près de la contamination pour la briser. Car, selon toutes les études, l´épidémie peut être cassée en France et épargner au passage quelques centaines de vies par an. Faut-il rappeler que l´on comptabilise autour de 6 000 nouveaux cas chaque année ?

pilotage. Or, le nouveau plan ne prévoit rien de tout cela. On continue comme avant. On évoque certes «une politique de dépistage renforcée», mais pas un mot sur des tests étendus à  la population générale. On accumule les lieux communs : «Assurer une mise en œuvre, un suivi et une évaluation efficaces, par une gouvernance et des moyens adaptés.» On parle des agences régionales de santé, sans qu´un pilotage central ne soit prévu. Et il n´y a qu´un simple paragraphe sur le rôle de la France dans la lutte contre le sida dans le monde. «Tout cela est indigent», répète Christian Saout. «Il n´y pas de pilote dans l´avion», insiste Bruno Spire. «Il n´y a rien, c´est du vent», lâche une chercheuse. Visé par ce concert de protestations, le patron de la Direction générale de la santé, le Pr Didier Houssin, qui ne s´est jamais intéressé au sida. Au cabinet de Roselyne Bachelot, il n´y a pas le moindre conseiller d´envergure sur la question. «Les raisons de cette indifférence sont peut-être budgétaires, conclut Bruno Spire, pourtant casser l´épidémie serait plus que rentable à  terme.»

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

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Alain Will homme
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© cns.sante.fr | CNS | 28.06.10

Avis conjoint du Conseil national du sida et de la Conférence nationale de santé relatif au projet de plan national VIH/sida - IST 2010-2014.

Le présent avis conjoint a été adopté le 17 juin 2010 à  l´unanimité des membres présents du Conseil national du sida et à  l´unanimité des membres du bureau de la Conférence nationale de santé moins une voix.

Préambule

Dans un courrier en date du 14 mai 2010, le directeur général de la santé a saisi la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida en leur demandant de se prononcer conjointement sur les orientations stratégiques du futur plan VIH-IST 2010-2014, ainsi que sur la méthode de construction et la gouvernance de ce plan d´ici fin juin, afin de permettre sa présentation lors de la conférence internationale sur le sida organisée par l´International Aids-Society (IAS), à  Vienne (Autriche), du 18 au 23 juillet 2010.

En application du code de la santé publique [1], la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida doivent être consultés par le Gouvernement lors de l´élaboration du plan national VIH-IST.

A titre préalable, les deux instances souhaitent émettre deux observations sur les conditions de leur consultation.

La Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida ont eu connaissance d´un document stratégique du plan national annexé au courrier de saisine du 14 mai. Le plan dans sa globalité devait être envoyé aux deux instances avant le 15 juin selon le même courrier. A ce jour, aucun document n´est parvenu à  la Conférence nationale de santé et au Conseil national du sida. Les deux instances peuvent donc se prononcer uniquement sur un document stratégique. Celui-ci ne porte aucune indication sur de nombreux aspects décisifs du plan, en particulier les programmes populationnels et le volet consacré aux infections sexuellement transmissibles (IST).

La Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida ont été saisis conjointement dans des délais très courts. Afin de se réunir en formation délibérante, les deux instances ont pu conjointement disposer de la séance plénière de la Conférence nationale de santé, le 10 juin, et de la séance plénière du Conseil national du sida le 17 juin.

La communication partielle du plan et le délai d´examen proposé par les pouvoirs publics n´ont pas permis aux deux instances d´exercer pleinement leurs compétences. L´examen du document stratégique a cependant suscité suffisamment d´appréciations convergentes relatives aux grandes orientations du plan pour qu´il apparaisse pertinent à  la Conférence nationale de santé et au Conseil national du sida de rendre un avis conjoint sur cette seule base. Les deux instances se réservent néanmoins la possibilité de compléter leurs observations, conjointement ou séparément, lors de la présentation du plan national ou lors de sa mise en oeuvre.

En outre, la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida adressent leur avis au directeur général de la santé et, à  travers lui, à  l´ensemble des autorités politiques du pays. La politique de lutte contre l´infection à  VIH/sida et les IST relève de nombreux secteurs ministériels, en particulier la santé, la coopération, l´intérieur et l´immigration, la justice, le budget, l´Outre-mer, et nécessite un leadership et une mobilisation politique de tout premier plan.

Le constat dressé conjointement par la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida dans le présent avis est sévère. En l´état du projet, le plan national 2010-2014 ne définit pas une politique publique efficace face aux défis actuels de la lutte contre le VIH et les IST. Les trois enjeux essentiels que constituent la politique de dépistage et d´accès précoce au traitement, la nécessaire mise en cohérence des différentes politiques publiques et enfin l´engagement international de la France dans la lutte contre la pandémie font l´objet de réponses que les deux instances ne peuvent juger que très insuffisantes. Au surplus, la gouvernance proposée pour la mise en oeuvre, le suivi et l´évaluation du plan soulève de nombreuses interrogations.

Dans chacun de ces quatre domaines abordés successivement, la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida ont tenu à  assortir leurs observations de recommandations précises, afin de contribuer utilement à  une révision en profondeur du projet de plan national que les deux instances estiment indispensable.

La suite de l'article (y compris les références) :

http://www.cns.sante.fr/spip.php?article331

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

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