Bonjour tout le monde.
Je voudrais partager mon histoire. J'ai longtemps hésité avant de venir faire ça ici.
En gros : une sorte de coming out sous acide, le blocage qui avec, et ses conséquences au-delà d'un
TR...
C'était il y a 30 ans.
Je fumais bcp de
shit/ganja. J'étais fermé sur moi-même. On était une bande de potes. Notre objectif était celui de franchir les portes de la grande défonce. On écoutait Pink Floyd, Thiefaine. Je faisais de la musique, des compos, j'y croyais.
Bref, passer de la fumette au
LSD était logique dans notre parcours. C'était faire un peu comme ceux qui avaient connu le Flower power.
J'avais 16 ans, j'allais me faire sucer par des hommes. J'avais beaucoup de mal à sortir avec des femmes (pourtant 2 ans plutôt, j'avais plutôt du succès). Je faisais de la musique, j'étais dans mon local, je tirais bong sur bong. Bref je me suis isolé. A l'entrée de ce local de musique, je découvre un matin, un tag. Avec des inscriptions étrange "PD, enculé, artiste" mais le tout mélangé. Complétement chiffré et avec une écriture manuscrite assez spéciale, presque comme un rébus.
Un soir d'été, c'était notre premier acide, avec les potes. En pleine montée, je me souviens que j'étais scotché à regarder le ciel, les étoiles. Mes potes me disent de venir voir. Sur une voiture, de la buée. Une inscription avec la même écriture, comme si quelqu'un l'avait fait avec son doigt. il est marqué "Blague de X" (X étant le nom d'un pote de l'époque). Puis nous sommes montés en voiture. Un des potes, a mis le live de Lou Reed : Rock'n'roll animal. J'étais submergé par la musique, ses montées, ses accélérations. Le blocage a commencé à ce moment. Je me souviens avoir pris mon scooter et avoir crié alors que je conduisais. Comme si j'avais compris quelque chose d'horrible. Une révélation foudroyante sur moi-même.
Quelques jours après. Je voyais des symboles partout, des messes basses, tout tournait autour de mes penchants homosexuels. J'étais seul, isolé, sans consulter. A chaque fois que je fumais un
joint, j'avais une remontée d'acide (cela a continué pendant des années, vicelard je me fumais des
joints pour rejoindre encore ces "révélations"). Cela a continué pendant 6 mois, 1 an, puis je suis tombé dans l'
héroïne. Je pense avoir été schizophrène. Je rentrais dans un bar, je pensais qu'on me regardait, genre "c'est lui qui a bloqué sous acide, il est pédé" (ou l'inverse). Ce serait trop long de tout vous raconter. Mais dans ce tag, il y avait un R. Des mois après le
bad trip, je me disais que le R, signifiait "retardataire", qu'à force de mettre isolé avec le
cannabis j'avais loupé plein de choses. En fait, je pourrais dire qu'il y avait deux choses qui ont surement existé : 1) la rumeur sur le fait que j'avais fait un
bad trip dans un milieu restreint. 2) les rumeurs sur mon homosexualité. Sur mon homosexualité, je me souviens : j'étais en seconde au lycée. Je pense que tout le monde était au courant, ceci j'en suis sûr. Ce type de ragots sont faciles à se propager.
A 40 ans, une séance avec une psychologue m'aura fait comprendre que j'ai été victime d'abus sexuel quand j'avais 13 ans.
De cette blessure d'acide, j'en parle encore 30 ans après. Je croyais que mes parents étaient au courant, qu'il faisait partie de la "conspiration".
J'ai eu mon père, il y a 15 jours, il m'a dit qu'il ne s'en souvient pas. J'ai tenté l'été dernier, d'en parler avec les potes de l'époque. Tout le monde nie. Un seul m'a dit "on était jeunes à cette époque". Vous savez, c'est comme lorsqu'on fait un concours de celui qui est le plus bourré, on que l'on fait boire quelqu'un pour qu'il soit mal.
Est-ce que ce blocage a été prémédité par mes potes de l'époque, qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Je n'en sais rien. Si ce n'est que cela m'a marqué à vie. Baisse estime de soi, manque de confiance (j'ai pourtant fait des films, de la télé, me suis marié, ai fait plusieurs projets pro pas trop mal).
Je pense qu'à partir de cet acide, un changement s'est fait au niveau neurologique qui a bouleversé ma façon de réagir aux choses. Une copine m'a dit que je captais mal la
sérotonine.
Depuis 5 ans, une dépression est venue. Je suis maintenant à 50g de
Kratom/jour et Séroplex. J'ai arrêté l'
alcool (j'en ai pris pendant 30 ans, jusqu'à une bouteille de vin tous les soirs).
A 50 ans, j'ai énormément de pensées sombres. J'ai développé une addiction au
Kratom (50 g/jour). Je me dis, des fois, que je n'arriverai pas à changer de vie, qu'il est beaucoup trop tard pour avoir un enfant (que je n'en serai même pas capable de toute façon). Si je travaille dans le social, je prends du plaisir à aider les gens. Mais je perds le goût de la vie.
De cette expérience, je n'ai jamais eu de réponse. Je sais que moi-même avant avoir pris ce
buvard, je me foutais de la gueule des gens qui avaient bloqué. C'était même cool de bloquer sous acide, comme c'était cool de faire prendre sa première cuite à la Vodka à un "pote".
Je ne sais pas si tout ce que je viens d'écrire, vous parait claire. Je ne sais pas si quelqu'un répondra. Je l'ai fait, je l'ai publié. Je pourrais en faire un court métrage. Mais je me dis que c'est trop tard et à quoi bon ?
Sinon au niveau cul, j'ai un peu tout essayé. La différence avec les années 90/2000 ? Maintenant être bi, c'est accepté, voire branché. Je ne sais pas si ce type de témoignage servira à quelqu'un. La seule chose que j'en retire, c'est de m'accepter. Je suis loin d'être guéri. D'ailleurs suis-je malade ? Oui dans un sens car à 50 ans prendre autant de
Kratom (substitution futur à l'Orobupré) et autant de clopes....
Donc ma vie va changer. Peut-être que je suis retardataire. Mais je préfère cette introspection, cette remise en question que devenir un gros con. La souffrance est immense. La colère aussi. Puis on comprend ce qu'est l'amour de soi et l'amour de l'autre. Puis on hésite, on me dit que tout ceci prend du temps. Mais combien de temps me reste-il ?
Merci de votre lecture et de vos avis.
Dernière modification par rdarta (07 novembre 2022 à 17:27)