Les prisons dans de nombreux pays, en particulier en Afrique, constituent un terrain fertile pour la transmission du VIH ont averti des chercheurs à la Conférence mondiale sur le sida à Vienne, tout en insistant sur les nécessaires actions de prévention et de traitement.
Les cas de contamination au virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sont bien plus importants parmi la population carcérale de 30 millions de détenus dans le monde que dans le reste de la population, a indiqué l'Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC).
Les relations sexuelles entre prisonniers, les injections de drogue et les tatouages en prison sont les principaux vecteurs de propagation de la maladie favorisés, de plus, par la surpopulation, la corruption et le manque d'accès à des préservatifs et aux traitements antisida, ont insisté les experts à Vienne.
Katherine Todrys, qui a mené en Zambie une étude pour l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans six prisons, a relevé que ce pays ne disposait même pas de programme de dépistage du sida pour les nouveaux détenus. "Il n'y a pas actuellement de bilan de santé, ou quelque chose du genre pour eux", a-t-elle indiqué.
Dans les 86 prisons de Zambie, on ne dénombre que 14 assistants médicaux pour un total de 15.300 détenus. Les soins en général se limitent à la distribution de
paracétamol, un anti-douleurs, selon elle.
Les détenus qui sont cependant diagnostiqués séropositifs refusent les traitements "à cause des craintes pour la sécurité et les réactions des responsables non-médicaux et des co-détenus", selon l'étude de HRW.
Au total 27% des détenus en Zambie sont séropositifs, soit près du double du pourcentage observé dans la population générale, selon les chiffres de 2008 du Département d'Etat américain.
Au Nigéria, il est même interdit de distribuer des préservatifs dans les centres de détention, a raconté à l'AFP Emeka Chima, de la Société pour la santé familiale.
"C'est interdit parce qu'on croit qu'on encourage ainsi la sodomie", a-t-il souligné ajoutant: "au Nigéria les relations sexuelles entre personnes de même sexe n'existent pas officiellement".
Son association vient de lancer une campagne d'information et d'éducation pour les détenus et leurs gardiens avec le soutien de l'administration pénitentiaire.
L'ONUDC, de son côté, a publié à l'occasion de la Conférence de Vienne un "Toolkit" (boîte à outils, ndlr) résumant tous les moyens d'action possibles pour les gouvernements afin de doter les prisons d'outils de prévention et de traitement du sida.
Car il y a des pays où cela fonctionne déjà . En Moldavie, selon une étude du Open Society Institute (OSI), des programmes de distribution de seringues et de
méthadone (produit de
substitution à l'
héroïne) ont été lancés à la fin des années 1990 et touchent maintenant près de 75% des détenus.
Selon les chercheurs de la
Brown University aux Etats-Unis, la prévention contre le VIH est plus efficace si on l'initie derrière les barreaux des prisons.
Ainsi des détenus qui ont commencé à prendre de la
méthadone en prison étaient bien plus enclins à continuer avec ce produit de
substitution après leur libération, comparativement à ceux qui, à leur sortie de prison, étaient simplement dirigés vers des conseillers de réinsertion.
De la même façon, des détenus s'injectant des drogues dures en prison étaient bien plus tentés de continuer à le faire après leur libération, augmentant du coup le risque de transmission du VIH par des seringues partagées avec d'autres toxicomanes.
Source :
http://www.romandie.com/ats/news/100723 … 34mq0g.asp