Expérience mitigée : pourquoi et comment mieux faire ?

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lunaris non binaire
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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Hello à toustes,

Je suis pas super fonctionnel' aujourd'hui (c'est le jour d'après la prise), et je vois que j'ai envie de partager sur mon expérience, alors je me suis dis que c'était peut-être une bonne idée de poster dans un forum dédié !

(J'ai d'abord voulu poster dans le fil de discussion "MDMA/ecstasy, TR et témoignages sur la 1ere fois, la grosse discussion" mais j'ai un problème technique qui m'en empêche, le site me demande toujours de me reconnecter, alors que je suis pourtant déjà connecté).

Bref.

Rapide présentation :

Je suis une personne non-binaire née femme, de petit gabarit (1,54cm, 43kg). Je m'intéresse aux produits psychoactifs surtout pour les aspects introspectifs, expérimentaux et transcendantaux. En fait, j'adorerais pouvoir un jour consommer des produits hautement psychédéliques qui puissent me faire vivre des expériences de décorporation parce que j'ai l'intuition que je pourrais avoir quelque chose à vivre d'intéressant de ce côté-là du point de vue de mon développement.

Mais je sais aussi que pour m'amener là, j'ai un peu de chemin à parcourir. Je pars avec une réticence vis-à-vis des états de conscience fortement altérés, je suis quelqu'un qui est beaucoup dans le contrôle et j'ai des troubles anxieux qui ne me facilitent pas le lâcher prise. L'expérience que je vais raconter ici s'inscrit donc dans un plus vaste projet de réussir à gagner de l'expérience avec la consommation de produits, jusqu'à peut être un jour me sentir suffisamment outillé pour tenter des expériences plus "immersives". J'ai donc besoin de bâtir de la confiance en ma propre gestion des états altérés de conscience.

Jusqu'à présent, j'ai une toute petite expérience avec les produits psychoactifs (et pas super positive) :

je supporte mal l'alcool qui me fait facilement vomir et me fatigue très vite, les joins me fatiguent beaucoup également, j'ai vraiment du mal à y trouver un aspect attrayant. J'ai testé une fois un "space cake" qui devait probablement être trop dosé parce que je me souviens avoir fini la soirée allongée sur le sol, sans être capable de bouger, et en ayant une très forte sensation que j'allais mourir (bad trip total quoi). Le seul produit psychoactif que je gère plutôt bien et que j'ai consommé quelques fois pour m'aider sur un aspect de santé mentale, c'est des benzo.

Cela dit, au fur et à mesure, la vie m'a fait rencontrer de très chouettes personnes qui naviguent plusieurs produits psychoactifs avec fluidité, confiance et dans une dynamique de réduction des risques. En prenant des renseignements auprès de ces personnes, je me suis dis que la prochaine expérience qui pourrait être intéressante à vivre et plutôt douce pour moi, ce serait de tester la MDMA.

Nous y voilà.

Contexte de l'expérience :

Je comprends que le setting est important, et je sais que j'ai des besoins particuliers en terme de sécurité, du coup je n'aurais pas pu me permettre de tenter une prise au hasard d'une soirée. Pour me sentir safe, j'ai décidé de réunir les éléments suivants :

- Un lieu chaleureux : c'était mon appart, dans lequel je me sens bien. J'avais mis les lumières de couleurs, de l'encens et de la musique qui me plaisaient.

- Des personnes que j'aime pour consommer avec moi : l'expérience allait s'effectuer avec 2 personnes de mon cercle affinitaire proche, que je connais bien, qui se connaissent bien, que j'adore, et qui avaient aussi envie de tester la MD pour la première fois. Nous étions donc trois "primo-testeurs" de MD.

- Une personne dans le rôle de "trip sitter" : parmi les psychonautes que j'ai rencontré sur mon parcours, j'ai dernièrement fait la connaissance d'une personne qui m'a semblé tout à fait parfaite dans ce rôle. En tant que passionnée, elle était très enthousiaste à l'idée jouer le rôle de "gardienne" de notre moment et elle représente à mes yeux une personne de confiance. (Elle n'avait pas pris de MDMA pour être vraiment présente et réactive au besoin).

- Le dosage et le test du produit : j'ai fais confiance à notre trip sitter pour s'occuper de la prépa du produit qu'elle connait bien pour l'avoir déjà consommé plusieurs fois et qu'elle a fait tester dans un laboratoire. Nous lui avons chacun donné nos poids et nos antécédents avec les psychoactifs, et elle nous a concocté des doses personnalisées en fonction de ces paramètres. Pour ma part, j'ai consommé un para de 80mg.

Déroulement de l'expérience :

C'était hier. A 20h, nous avalions tout les trois notre para. Il m'a semblé avoir ressenti des effets progressifs :

- à partir de 40 minutes après la prise : champs de vision plus réduit, difficulté à se concentrer sur la discussion en cours. Ces aspects étaient légers (si bien que je me demande si ils étaient réels, ou s'ils étaient vraiment liés à la prise, en fait).

-1h après la prise : je dirais que c'est à peu près à ce moment-là que j'étais au "pic" des effets. J'ai senti une chaleur subite dans mon ventre et comme du "coton" dans les jambes.

A ce moment-là, j'étais déjà en train de faire des papouilles à l'un de mes acolytes qui a ressenti les effets les plus rapidement et qui avait envie d'être câliné déjà quelques minutes plus tôt. J'étais donc au "bon endroit" lorsque les effets sont arrivés pour moi.

Mais, point important : pendant ce temps, tout à coté de note duo, notre trip sitter était en train de discuter avec la 3ème personne qui avait plus de mal à ressentir des effets (ou plus de mal à se laisser porter par les effets).

A ce moment-là, je voyais bien que mes capacités d'évaluation de la situation étaient en train de partir en vrille, mais ce que j'ai compris c'est qu'il s'agissait d'une discussion sur des sujets très sérieux, ils évoquaient des évènements douloureux du passé (un passé qui a pu aussi me concerner, je savais très bien de quoi il s'agissait).

Entendre cette discussion en même temps que j'étais en train de ressentir les premiers effets corporels du produits (effets qui étaient eux-mêmes perturbants) était un peu déstabilisant. J'ai commencé à ressentir de l'angoisse quand même assez prenante, mais à pouvoir la gérer en interne (c'est à dire : sans le verbaliser. Je ne voulais déranger personne : ni mon ami qui était au top de son trip dans mes bras, ni la troisième personne qui avait visiblement besoin de décharger des choses difficiles à notre trip sitter).

Problématiques

A partir de là, et jusqu'à la fin de notre moment (c'est à dire à 1h00 du matin où je me suis couché), je n'ai pas cessé d'alterner entre deux moods :

- un état de relaxation et de légèreté intense, un état où "tout va bien". En général, c'était quand j'étais en train de faire des câlins.

- et un état d'inquiétude et d'angoisse qui avait tendance à capturer régulièrement mon attention. Je crois que l'angoisse était pas mal liée aux propos tristes que j'entendais, et globalement à l'état de la troisième personne qui avait du mal à plonger dans le trip et semblait assez axée sur des ruminations, je crois que j'avais l'impression de capter la détresse dans les discussions qui pourtant ne s'adressaient pas à moi, mais on était dans la même pièce. Je crois que j'étais aussi triste parce que j'aurais eu tellement envie de vivre des expériences d'unions et de symbioses fortes de type "câlin collectif" mais que je voyais que la 3ème personne était pas au top.


***

Point positif par rapport aux skills que je souhaite apprendre :

- J'ai découvert pour la première fois qu'il était plutôt facile de changer mon mood : si je me sentais angoissé, je pouvais décider délibérément de penser à quelque chose de chouette, ou me concentrer un max sur une expérience plaisante dans le moment. J'ai trouvé que j'avais un mindset très influençable. Ceci était rassurant (dans le sens où je pouvais créer un switch si besoin), mais ce qui était déstabilisant c'est que j'ai dû faire cette "manipulation mentale" plusieurs fois dans la soirée. Et c'est aussi couteux en capacité d'attention, car j'avais beaucoup de mal à rester concentré, donc parfois je devais répéter l'opération plusieurs fois jusqu'à vraiment réussir à me "brancher" sur du positif. J'étais vraiment étonné de la facilité avec laquelle mon mindset pouvait se brancher sur le négatif en fait, et en faire comme une obsession. Je me sentais être complètement vulnérable et poreux à l'environnement qui m'entoure, sans armure, sans protection. Donc oui c'était faisable de rediriger mon attention, mais c'était un vrai travail quoi, donc j'ai eu l'impression d'être assez peu en train de kiffer le moment présent finalement.

***

Ceci dit, à partir d'un certain moment de la soirée, vers 23h, notre trip sitter nous a annoncé son départ, et je ne savais pas qu'elle partirait si tôt. Cet évènement m'a décontenancé au point que à partir de là, je n'ai plus vraiment réussi à vivre de moment "up". J'ai dansé pendant un long moment seul pour essayer de disperser un certain mal-être (ça a fonctionné un peu). Puis par fatigue, j'ai fini assis par terre en hyperfocus (dissociation?), sans réussir à bouger ou à verbaliser quelque chose. J'étais pas bien mais pas non plus aussi angoissé qu'au tout début. Le souci c'est qu'à ce moment là, la fatigue a fait que je n'ai pas réussi à me mettre en mouvement pour changer mon mood ni à demander l'aide de quelqu'un pour me sortir de mon "trou noir". D'autant que les autres à ce moment-là ont pensé que j'étais "dans ma bulle" et personne n'a osé me déranger, alors que je pense que ça m'aurait aidé.

Du coup j'ai terminé la soirée avec ce goût plutôt amer, et j'ai l'impression de toujours être un peu là-dedans (dans un état triste). Mais je pense que c'est aussi tout simplement que j'ai mis à plat mon stock de sérotonine, très logiquement.

Questionnements et début de réponses

A l'heure actuelle, je n'ai donc pas particulièrement à faire face à l'envie pressante de vouloir re-consommer rapidement, comme cela arrive souvent après une première expérience positive.

C'est plutôt même le contraire : à la fois je n'ai pas envie de "rester" sur un épisode aussi mitigé, et à la fois je remet en question ma capacité actuelle de prendre des psychoactifs. Si avec l'espace aussi safe que je me suis constitué je n'ai pas réussi à vivre une merveilleuse expérience, je me questionne vraiment sur moi et peut-être sur ma fragilité mentale, notamment vis-à-vis de l'angoisse (qui allait beaucoup mieux ces dernières semaines par contre).

C'est aussi parce que je ne sais pas trop quoi en penser que je serai curieux de prendre des avis.

Les questions qui flottent chez moi sont par exemples :

- est-ce que le dosage était peut être un peu trop haut (ou pas assez ?)
- est-ce que retenter une seconde fois (évidemment, 6 à 8 semaines plus tard) en incluant les apprentissages de cette première expérience pourrait me donner un voyage un peu plus serein ? D'autant que je serai sûrement aussi moins impressionné par les effets corporels.

J'ai notamment identifié les éléments suivants qu'on pourrait avoir à l'esprit, s'il y avait une prochaine fois :

1) idéalement, notre trip sitter reste avec nous jusqu'à la fin

2) on valide ensemble que si quelqu'un a une montée d'angoisse, peut importe le moment, on est ok à le verbaliser et à s'entraider toustes jusqu'à provoquer un switch

3) si l'angoisse ne passe vraiment pas, mettre à disposition des benzo et se donner le droit d'en prendre un (aussi, ce sera sécurisant de les savoir collectivement à portée de main)

4) on s'engage collectivement à éviter d'évoquer les expériences traumatiques de nos vies et si on a trop envie d'en parler, on le verbalise et on passe sur la bonne pratique numéro 2

5) si on voit l'un de nous seul, dans une position fixe pendant plusieurs minutes, on va lui demander comment il va et s'il a besoin de quelque chose

6) on prépare en amont de quoi manger (pas juste grignoter), pour tout avoir à porté de main pendant le trip ou juste après (oui, je l'ai pas évoqué mais sur cet aspect on aurait pu mieux faire)

*

Si vous avez été jusque-là : un grand merci d'avoir lu :)

& si vous avez d'autres tips, feel free d'en proposer, je serai ravi de lire.

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NoéLaf femme
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lunaris a écrit

Hello à toustes,

Je suis pas super fonctionnel' aujourd'hui (c'est le jour d'après la prise), et je vois que j'ai envie de partager sur mon expérience, alors je me suis dis que c'était peut-être une bonne idée de poster dans un forum dédié !

(J'ai d'abord voulu poster dans le fil de discussion "MDMA/ecstasy, TR et témoignages sur la 1ere fois, la grosse discussion" mais j'ai un problème technique qui m'en empêche, le site me demande toujours de me reconnecter, alors que je suis pourtant déjà connecté).

Bref.

Rapide présentation :

Je suis une personne non-binaire née femme, de petit gabarit (1,54cm, 43kg). Je m'intéresse aux produits psychoactifs surtout pour les aspects introspectifs, expérimentaux et transcendantaux. En fait, j'adorerais pouvoir un jour consommer des produits hautement psychédéliques qui puissent me faire vivre des expériences de décorporation parce que j'ai l'intuition que je pourrais avoir quelque chose à vivre d'intéressant de ce côté-là du point de vue de mon développement.

Mais je sais aussi que pour m'amener là, j'ai un peu de chemin à parcourir. Je pars avec une réticence vis-à-vis des états de conscience fortement altérés, je suis quelqu'un qui est beaucoup dans le contrôle et j'ai des troubles anxieux qui ne me facilitent pas le lâcher prise. L'expérience que je vais raconter ici s'inscrit donc dans un plus vaste projet de réussir à gagner de l'expérience avec la consommation de produits, jusqu'à peut être un jour me sentir suffisamment outillé pour tenter des expériences plus "immersives". J'ai donc besoin de bâtir de la confiance en ma propre gestion des états altérés de conscience.

Jusqu'à présent, j'ai une toute petite expérience avec les produits psychoactifs (et pas super positive) :

je supporte mal l'alcool qui me fait facilement vomir et me fatigue très vite, les joins me fatiguent beaucoup également, j'ai vraiment du mal à y trouver un aspect attrayant. J'ai testé une fois un "space cake" qui devait probablement être trop dosé parce que je me souviens avoir fini la soirée allongée sur le sol, sans être capable de bouger, et en ayant une très forte sensation que j'allais mourir (bad trip total quoi). Le seul produit psychoactif que je gère plutôt bien et que j'ai consommé quelques fois pour m'aider sur un aspect de santé mentale, c'est des benzo.

Cela dit, au fur et à mesure, la vie m'a fait rencontrer de très chouettes personnes qui naviguent plusieurs produits psychoactifs avec fluidité, confiance et dans une dynamique de réduction des risques. En prenant des renseignements auprès de ces personnes, je me suis dis que la prochaine expérience qui pourrait être intéressante à vivre et plutôt douce pour moi, ce serait de tester la MDMA.

Nous y voilà.

Contexte de l'expérience :

Je comprends que le setting est important, et je sais que j'ai des besoins particuliers en terme de sécurité, du coup je n'aurais pas pu me permettre de tenter une prise au hasard d'une soirée. Pour me sentir safe, j'ai décidé de réunir les éléments suivants :

- Un lieu chaleureux : c'était mon appart, dans lequel je me sens bien. J'avais mis les lumières de couleurs, de l'encens et de la musique qui me plaisaient.

- Des personnes que j'aime pour consommer avec moi : l'expérience allait s'effectuer avec 2 personnes de mon cercle affinitaire proche, que je connais bien, qui se connaissent bien, que j'adore, et qui avaient aussi envie de tester la MD pour la première fois. Nous étions donc trois "primo-testeurs" de MD.

- Une personne dans le rôle de "trip sitter" : parmi les psychonautes que j'ai rencontré sur mon parcours, j'ai dernièrement fait la connaissance d'une personne qui m'a semblé tout à fait parfaite dans ce rôle. En tant que passionnée, elle était très enthousiaste à l'idée jouer le rôle de "gardienne" de notre moment et elle représente à mes yeux une personne de confiance. (Elle n'avait pas pris de MDMA pour être vraiment présente et réactive au besoin).

- Le dosage et le test du produit : j'ai fais confiance à notre trip sitter pour s'occuper de la prépa du produit qu'elle connait bien pour l'avoir déjà consommé plusieurs fois et qu'elle a fait tester dans un laboratoire. Nous lui avons chacun donné nos poids et nos antécédents avec les psychoactifs, et elle nous a concocté des doses personnalisées en fonction de ces paramètres. Pour ma part, j'ai consommé un para de 80mg.

Déroulement de l'expérience :

C'était hier. A 20h, nous avalions tout les trois notre para. Il m'a semblé avoir ressenti des effets progressifs :

- à partir de 40 minutes après la prise : champs de vision plus réduit, difficulté à se concentrer sur la discussion en cours. Ces aspects étaient légers (si bien que je me demande si ils étaient réels, ou s'ils étaient vraiment liés à la prise, en fait).

-1h après la prise : je dirais que c'est à peu près à ce moment-là que j'étais au "pic" des effets. J'ai senti une chaleur subite dans mon ventre et comme du "coton" dans les jambes.

A ce moment-là, j'étais déjà en train de faire des papouilles à l'un de mes acolytes qui a ressenti les effets les plus rapidement et qui avait envie d'être câliné déjà quelques minutes plus tôt. J'étais donc au "bon endroit" lorsque les effets sont arrivés pour moi.

Mais, point important : pendant ce temps, tout à coté de note duo, notre trip sitter était en train de discuter avec la 3ème personne qui avait plus de mal à ressentir des effets (ou plus de mal à se laisser porter par les effets).

A ce moment-là, je voyais bien que mes capacités d'évaluation de la situation étaient en train de partir en vrille, mais ce que j'ai compris c'est qu'il s'agissait d'une discussion sur des sujets très sérieux, ils évoquaient des évènements douloureux du passé (un passé qui a pu aussi me concerner, je savais très bien de quoi il s'agissait).

Entendre cette discussion en même temps que j'étais en train de ressentir les premiers effets corporels du produits (effets qui étaient eux-mêmes perturbants) était un peu déstabilisant. J'ai commencé à ressentir de l'angoisse quand même assez prenante, mais à pouvoir la gérer en interne (c'est à dire : sans le verbaliser. Je ne voulais déranger personne : ni mon ami qui était au top de son trip dans mes bras, ni la troisième personne qui avait visiblement besoin de décharger des choses difficiles à notre trip sitter).

Problématiques

A partir de là, et jusqu'à la fin de notre moment (c'est à dire à 1h00 du matin où je me suis couché), je n'ai pas cessé d'alterner entre deux moods :

- un état de relaxation et de légèreté intense, un état où "tout va bien". En général, c'était quand j'étais en train de faire des câlins.

- et un état d'inquiétude et d'angoisse qui avait tendance à capturer régulièrement mon attention. Je crois que l'angoisse était pas mal liée aux propos tristes que j'entendais, et globalement à l'état de la troisième personne qui avait du mal à plonger dans le trip et semblait assez axée sur des ruminations, je crois que j'avais l'impression de capter la détresse dans les discussions qui pourtant ne s'adressaient pas à moi, mais on était dans la même pièce. Je crois que j'étais aussi triste parce que j'aurais eu tellement envie de vivre des expériences d'unions et de symbioses fortes de type "câlin collectif" mais que je voyais que la 3ème personne était pas au top.


***

Point positif par rapport aux skills que je souhaite apprendre :

- J'ai découvert pour la première fois qu'il était plutôt facile de changer mon mood : si je me sentais angoissé, je pouvais décider délibérément de penser à quelque chose de chouette, ou me concentrer un max sur une expérience plaisante dans le moment. J'ai trouvé que j'avais un mindset très influençable. Ceci était rassurant (dans le sens où je pouvais créer un switch si besoin), mais ce qui était déstabilisant c'est que j'ai dû faire cette "manipulation mentale" plusieurs fois dans la soirée. Et c'est aussi couteux en capacité d'attention, car j'avais beaucoup de mal à rester concentré, donc parfois je devais répéter l'opération plusieurs fois jusqu'à vraiment réussir à me "brancher" sur du positif. J'étais vraiment étonné de la facilité avec laquelle mon mindset pouvait se brancher sur le négatif en fait, et en faire comme une obsession. Je me sentais être complètement vulnérable et poreux à l'environnement qui m'entoure, sans armure, sans protection. Donc oui c'était faisable de rediriger mon attention, mais c'était un vrai travail quoi, donc j'ai eu l'impression d'être assez peu en train de kiffer le moment présent finalement.

***

Ceci dit, à partir d'un certain moment de la soirée, vers 23h, notre trip sitter nous a annoncé son départ, et je ne savais pas qu'elle partirait si tôt. Cet évènement m'a décontenancé au point que à partir de là, je n'ai plus vraiment réussi à vivre de moment "up". J'ai dansé pendant un long moment seul pour essayer de disperser un certain mal-être (ça a fonctionné un peu). Puis par fatigue, j'ai fini assis par terre en hyperfocus (dissociation?), sans réussir à bouger ou à verbaliser quelque chose. J'étais pas bien mais pas non plus aussi angoissé qu'au tout début. Le souci c'est qu'à ce moment là, la fatigue a fait que je n'ai pas réussi à me mettre en mouvement pour changer mon mood ni à demander l'aide de quelqu'un pour me sortir de mon "trou noir". D'autant que les autres à ce moment-là ont pensé que j'étais "dans ma bulle" et personne n'a osé me déranger, alors que je pense que ça m'aurait aidé.

Du coup j'ai terminé la soirée avec ce goût plutôt amer, et j'ai l'impression de toujours être un peu là-dedans (dans un état triste). Mais je pense que c'est aussi tout simplement que j'ai mis à plat mon stock de sérotonine, très logiquement.

Questionnements et début de réponses

A l'heure actuelle, je n'ai donc pas particulièrement à faire face à l'envie pressante de vouloir re-consommer rapidement, comme cela arrive souvent après une première expérience positive.

C'est plutôt même le contraire : à la fois je n'ai pas envie de "rester" sur un épisode aussi mitigé, et à la fois je remet en question ma capacité actuelle de prendre des psychoactifs. Si avec l'espace aussi safe que je me suis constitué je n'ai pas réussi à vivre une merveilleuse expérience, je me questionne vraiment sur moi et peut-être sur ma fragilité mentale, notamment vis-à-vis de l'angoisse (qui allait beaucoup mieux ces dernières semaines par contre).

C'est aussi parce que je ne sais pas trop quoi en penser que je serai curieux de prendre des avis.

Les questions qui flottent chez moi sont par exemples :

- est-ce que le dosage était peut être un peu trop haut (ou pas assez ?)
- est-ce que retenter une seconde fois (évidemment, 6 à 8 semaines plus tard) en incluant les apprentissages de cette première expérience pourrait me donner un voyage un peu plus serein ? D'autant que je serai sûrement aussi moins impressionné par les effets corporels.

J'ai notamment identifié les éléments suivants qu'on pourrait avoir à l'esprit, s'il y avait une prochaine fois :

1) idéalement, notre trip sitter reste avec nous jusqu'à la fin

2) on valide ensemble que si quelqu'un a une montée d'angoisse, peut importe le moment, on est ok à le verbaliser et à s'entraider toustes jusqu'à provoquer un switch

3) si l'angoisse ne passe vraiment pas, mettre à disposition des benzo et se donner le droit d'en prendre un (aussi, ce sera sécurisant de les savoir collectivement à portée de main)

4) on s'engage collectivement à éviter d'évoquer les expériences traumatiques de nos vies et si on a trop envie d'en parler, on le verbalise et on passe sur la bonne pratique numéro 2

5) si on voit l'un de nous seul, dans une position fixe pendant plusieurs minutes, on va lui demander comment il va et s'il a besoin de quelque chose

6) on prépare en amont de quoi manger (pas juste grignoter), pour tout avoir à porté de main pendant le trip ou juste après (oui, je l'ai pas évoqué mais sur cet aspect on aurait pu mieux faire)

*

Si vous avez été jusque-là : un grand merci d'avoir lu :)

& si vous avez d'autres tips, feel free d'en proposer, je serai ravi de lire.

Hello Lunaris :)

Après lecture de ton post je me permets de te répondre en te donnant mon avis qui est entièrement subjectif et basé sur mes expériences personnelles.

Ta soirée a été incroyablement RdR, peut être trop RdR ou du moins trop programmée réglée comme du papier à musique si je puis dire :)

La MDMA est, à mon sens, un substance qui demande du lâcher prise.
Pour exemple, plus tu attendras ta montée avec envie et impatience, plus elle tardera à venir et elle sera moindre. Alors que quand tu t’amuse et que tu ne penses plus à ce que tu as ingurgite, va apparaît sans prévenir et ça t’irradie tout le corps.

J’ai l’impression que vous aviez trop prévu de passer une soirée mémorable, un peu comme les nouvel an parfois décevant parce que « c’est le nouvel an, on doit forcément s’amuser »

Pareil pour le trip sitter, c’est une chouette idée et importante pour une première consommation, mais, encore une fois selon moi, celui ci n’a pas besoin de ne pas avoir consommé. Mon premier trip sitter avait consommé en même temps que moi, j’ai moi même été trip sitter en ayant consommé et l’avantage de cette substance c’est, je trouve, que l’on arrive à garder les idées claires, et qu’on est d’autant plus en phase avec l’autre donc on arrive à déceler les moments plus angoissants et à expliquer la marche à suivre pour les balayer au plus vite.

La le fait que le trip sitter n’ait pas consommé à précipiter son départ, et je pense qu’il vaut mieux un tripsitter sous substance qui reste jusqu’à la fin plutôt que quelqu’un qui s’en va en vous laissant finir le trip seul (attention aucun jugement envers la personne qui j’en suis sûr est plus que bienveillante).

J’entends que la prise de MDMA en soirée ou en festival puisse faire peur mais encore une fois quand c’est bien fait, que les doses ne sont pas trop haute (ce qui ne semble pas être ton cas le dosage m’apparaît très bien) et que le contexte est festif, c’est pour moi le meilleur endroit pour en ressentir pleinement les effets. 

Alors mon conseil serait de recommencer si tu en as envie, en laissant bien s’espacer 6 semaines pour te refaire un stock.
Mais surtout, de lâcher prise, laisse toi aller et laisse la substance t’emmener la où elle a envie d’aller sans trop focaliser ou analyser big_smile

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lunaris non binaire
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hahah, j'ai lu ta réponse en souriant (parce que ça me parle).
ça me parle bien de mon fonctionnement, la soirée "réglée comme du papier à musique".

Et en même temps, je me serais pas vu en prendre dans un contexte festif avec plein de monde je crois, s'aurait été trop hors de ma zone de confort.

Mais c'est intéressant que tu soulignes la question du lâcher prise, c'est justement un aspect que j'ai envie de mettre au travail chez moi, et j'espère que la MD pourra me guider sur ce chemin, j'ai envie de le voir comme ça.

Et pour répondre sur la sobriété de la trip sitter : en fait elle avait amené sur elle une petit dose de kétamine, et selon le déroulement de la soirée elle s'était mis dans l'idée d'en prendre si elle le sentait. Et c'est effectivement ce qui s'est passé, mais elle a expliqué que c'était vraiment un petit trip (pas plus de 30 minutes). Ca me semblait être un compromis rassurant.

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NoéLaf femme
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lunaris a écrit

hahah, j'ai lu ta réponse en souriant (parce que ça me parle).
ça me parle bien de mon fonctionnement, la soirée "réglée comme du papier à musique".

Et en même temps, je me serais pas vu en prendre dans un contexte festif avec plein de monde je crois, s'aurait été trop hors de ma zone de confort.

Mais c'est intéressant que tu soulignes la question du lâcher prise, c'est justement un aspect que j'ai envie de mettre au travail chez moi, et j'espère que la MD pourra me guider sur ce chemin, j'ai envie de le voir comme ça.

Et pour répondre sur la sobriété de la trip sitter : en fait elle avait amené sur elle une petit dose de kétamine, et selon le déroulement de la soirée elle s'était mis dans l'idée d'en prendre si elle le sentait. Et c'est effectivement ce qui s'est passé, mais elle a expliqué que c'était vraiment un petit trip (pas plus de 30 minutes). Ca me semblait être un compromis rassurant.

Ahah écoute en te lisant c’est la première idée qui m’est venu à l’esprit. Et à la fois la première fois sous MD, alors elle n’était absolument pas prévu par contre elle était en intérieur avec des gens de confiance et je ne me serais pas vu en extérieur avec la possibilité de me « perdre » dans tous les sens du terme.
Mais maintenant que tu as vu les effets que cette substance a sur toi, le fait que malgré tout tu garde le contrôle, tu est toujours la personne que tu es toi au fond, je te dirais de retester dans un contexte plus festif. Je ne parle pas forcément d’un club ou un festival mais à minima une grosse soirée chez toi, des amis, de le musique qui te plaît, une belle ambiance .
Et pour « te rassurer » combien de fois en festival j’ai perdu mes amis, je suis tombée sur des gens dans l’optique de draguer, et au plus haut de la perche j’ai toujours été en état de dire « j’ai un homme dans ma vie, je l’aime plus que tout, bonne soirée à vous wink » donc n’hésites pas, laisse toi aller, lâche prise c’est si bon :)

Et je ne connais pas la Ke, je n’ai jamais essayé mais j’ai lu qu’en effet contrairement à de la MD ça passe très, trop vite (d’où l’absence d’envie d’essayer de ma part, je le connaît j’y retournais trop vite ^^)

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