La sécurité, argument pour défendre les salles de consommation de drogue
A droite comme à gauche, des élus se battent pour convaincre des collègues et des citoyens sceptiques sur l'utilité des salles de consommation de drogues, mettant en avant leurs bienfaits en terme de sécurité publique.
"Nous devons convaincre nos instances supérieures de leur utilité, notamment en terme de sécurité", déclare Patrick Padovani, médecin et adjoint UMP au maire de Marseille, qui n'hésite pas à parler de "mission" au vu de l'urgence sanitaire.
Une fois n'est pas coutume, l'élu UMP partage les convictions de ses collègues socialiste et écologiste de Paris, Sylvie Wieviorka et Véronique Dubarry, au coude à coude lors des 6e Etats généraux des usagers de substances licites et illicites (Egus), mercredi à Paris.
Sur ces salles de consommation à moindre risque - destinées en priorité aux drogués les plus marginalisés et qui n'ont pas accès au système de santé, soit quelques milliers de personnes en France - "il ne s'agit pas d'idéologie mais de pragmatisme", affirme le Dr Padovani.
Il a rappelé que c'était la droite qui avait fait avancer la
réduction des risques en 1987 avec Michèle Barzach (vente libre de seringues) et 1994 avec Simone Veil (produits de
substitution aux
opiacés).
Ancien président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) de 2002 à 2007, Didier Jayle a même révélé qu'une expérimentation des salles de consommation avait figuré dans le plan gouvernemental sur les drogues 2004-2008 jusqu'à la veille de sa présentation publique.
D'après les exemples internationaux, comme à
Vancouver (Canada) ou Bilbao (Espagne), l'ouverture de salles s'est accompagnée d'une baisse de l'insécurité et des nuisances dans le quartier d'implantation. Mais cela a nécessité un consensus pour avoir la coopération de la police et finalement emporter l'adhésion des riverains.
"Dès qu'on ouvre une structure sociale, ça suscite des réticences, à part les crèches, évidemment! Il va falloir aller dans les conseils de quartier et tout expliquer", prévoit Véronique Dubarry (Europe-Ecologie, Paris).
"Même si pour moi pour le principal argument est sanitaire, d'aucuns sont sensibles à la question sécuritaire", reconnaît l'élue du Xe arrondissement, qui comprend les gares de l'Est et du Nord, lieux de consommation notamment par injection.
"Il est évident que la sécurité publique est importante", renchérit Sylvie Wieviorka (PS, 2e arrondissement de Paris). Elle raconte comment l'ouverture d'un centre de soins pour toxicomanes aux Halles avait provoqué des réticences, levées par un travail de liaison avec le commissariat de quartier et des compromis avec les habitants, comme la fermeture du centre le mercredi, "jour des enfants" pour contrer leur "crainte irrationnelle".
Pour le directeur d'Asud (réduction des risques parmi les usagers de drogues), Fabrice Olivet, "l'opposition entre usagers et riverains est totalement artificielle: tout le monde a intérêt à un environnement calme".
Pour ouvrir des salles de consommation, "le simple argument sanitaire et prouvé scientifiquement (par l'Inserm, ndlr) est malheureusement inefficace parce que le citoyen moyen ne se sent pas concerné, même s'il consomme par ailleurs de la drogue", explique M. Olivet.
La violence sur les scènes ouvertes, c'est-à -dire la vente et la consommation dans un lieu public, "les riverains en sont spectateurs et c'est insupportable, mais les premières victimes sont les usagers", souligne le directeur d'Asud, assumant des propos "politiquement incorrects".
Source :
http://www.google.com/hostednews/afp/ar … 59498f.111