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Portugal-La dépénalisation de la consommation de toutes les drogues n´a entraîné ni explosion du trafic ni tourisme de la drogue
Depuis 2001, consommer une substance illégale ou en détenir une petite quantité n´est plus un délit au Portugal. Les contrevenants sont convoqués par une commission de dissuasion qui leur propose des mesures d´appui
C´est un article laudateur publié sous l´égide d´un think tank libéral américain, le Cato Institute, qui a allumé les projecteurs. La dépénalisation de la consommation de toutes les drogues adoptée en 2001 par le Portugal n´a entraîné ni explosion du trafic ni tourisme de la drogue. Le pays fait au contraire figure de bon élève en la matière. Et les préventions d´origine ont si bien disparu que le Monsieur drogues lusitanien, Joao Goulao, a été désigné comme président de l´Observatoire européen des drogues. Il est cette semaine en Suisse pour y présenter cette politique à des représentants du monde politique et au public.
Le Temps: Dépénaliser les drogues, c´est une proposition facile à faire passer politiquement?
Joao Goulao: Au Portugal, cela s´est passé assez facilement pour des raisons historiques. Après la Révolution des œillets [avril 1974], l´ouverture du pays et le retour d´Afrique de soldats et d´émigrés qui avaient pris l´habitude de consommer surtout du cannabis ont favorisé une véritable flambée où l´héroïne tenait la vedette. A la fin des années 1990, un Portugais sur cent avait un sérieux problème d´addiction. Tous les milieux sociaux étaient touchés et la drogue était la principale préoccupation mentionnée dans les sondages.
– Et une telle situation favorise les solutions peu répressives?
– Tout le monde connaissait au moins un toxicomane. Et savait que ce dernier avait besoin d´aide mais n´était pas un criminel. Le gouvernement a créé une commission d´experts, dont j´ai fait partie et dont les propositions ont été adoptées. Il s´agissait de continuer à lutter contre le trafic, de réduire la demande par la prévention et par la multiplication d´offres de traitement et d´endiguer la progression du VIH parmi les toxicomanes. Pour atteindre ces deux derniers buts, il était indispensable d´entrer en contact avec le plus grand nombre possible d´usagers. Or ces derniers se méfiaient des centres de traitement par peur d´être dénoncés à la police.
– D´où l´idée de dépénaliser?
– Cela nous a paru plus logique. Mais nous n´avons pas voulu brouiller les signaux. La consommation et la détention de petites quantités d´une drogue illégale continuent à justifier une arrestation. Simplement, cette arrestation ne débouche pas sur la filière pénale. Les contrevenants sont présentés à une commission de dissuasion, composée d´un juriste, d´un psychologue et d´un travailleur social qui peut les orienter vers un traitement ou se borner à un avertissement. Ce système fonctionne surtout comme un signal d´alerte pour les nouveaux consommateurs. Pour les personnes déjà dépendantes, elle conduit en général à une réévaluation du traitement.
– Et les consommateurs font confiance à cette commission?
– Ils ne sont pas ravis d´être arrêtés. Mais ils sont vus par des professionnels, et ça se passe bien. Le plus souvent, les solutions proposées sont légères: discussion sur la situation personnelle, intervention éventuelle sur les points qui posent problème.
– Les policiers ne sont pas désarmés dans leur lutte contre le trafic?
– C´est l´une des craintes qui avait été exprimée. Mais la police a pu se concentrer sur la collaboration nationale et internationale et aujourd´hui, au lieu de saisir des grammes et des kilos, elle saisit des tonnes.
– Et les résultats?
– La dépénalisation n´a provoqué aucune explosion de la consommation. Le Portugal reste l´un des pays où la prévalence des drogues est basse. L´héroïne est en net recul comme ailleurs en Europe. Le nombre des personnes gravement dépendantes a diminué de moitié, les infections par le VIH reculent et la drogue a passé au 12e rang des préoccupations. Et surtout la consommation de drogues est en recul parmi les 15-19 ans. Cela dit, je n´attribue pas ces résultats à la seule dépénalisation. Cette dernière fait partie d´un tout sans lequel elle n´aurait pas grand sens.
source: http://blocpot.qc.ca/node/1241
Succès de la dépénalisation des drogues au Portugal
Lisbonne (PT) – Après huit années, le bilan s´avère positif selon les experts. L´expérience du Portugal en matière de dépénalisation de l´usage des drogues, et leur possession, permet de dresser un bilan encourageant, avec peu d´effets secondaires dangereux.
Tout d´abord, ces mesures n´ont pas l´air d´avoir un encouragé sur un « tourisme de drogue » : 95% des personnes qui ont été poursuivies vivent sur le sol portuguais. Le niveau de trafic de drogue a décliné. L´incidence des transmissions des IST par voix intraveineuse a baissé. Les décès pour cause d´overdose ont aussi nettement chuté. Le nombre de personnes qui ont rejoint des programmes de substitution a augmenté de manière importante (24.000 en 2008 contre 6000 en 1999).
La consommation d´héroïne concerne moins de Portugais et ces derniers consomment beaucoup moins de cannabis que dans d´autres pays européens. En conséquence, la proportion de personnes séropositives ayant contracté le VIH par le biais de drogues a lui aussi baissé – mais c´est une tendance générale dans la majeure partie des pays d´Europe de l´Ouest. Bref, la dépénalisation des drogues au Portugal n´a pas provoqué de scénario catastrophe, particulièrement chez les jeunes.
source : http://www.minorites.org
voici un autre article sur le sujetil est un peu plus long donc je mets direct le lien
http://bibliobs.nouvelobs.com/documents … dures.html
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Au Portugal, dix ans de bon usage de la dépénalisation
La loi décriminalisant la détention de drogue repose sur un suivi sanitaire.
Dans un recoin d´immeuble, sans trop se cacher, Ana Rita Martins fume de la cocaïne. Tout juste la trentaine, assise par terre, cette brune fluette n´a peur de personne, pas même des policiers qui font leur ronde dans ce faubourg populaire d´Amadora, grosse cité-dortoir coincée entre Lisbonne et Sintra. «Les flics, ils cherchent des emmerdes à tout le monde, dealers compris, mais nous les drogués, on nous fiche la paix.» Ana Rita assume sa pathologie : en dix ans, elle est passée par l´héroïne, la méthadone et, «pour compenser», se shoote désormais à la cocaïne. «Comme ça, j´ai l´air délaissée, mais ce n´est pas vrai : je vais souvent au centre de santé, je suis suivie par un médecin», rit-elle. La rue voisine est remplie d´affiches pour les législatives de dimanche. Ana Rita énonce les slogans des partis : «Pendant la campagne, on a tout entendu, on s´est attaqué à pas mal de bouc émissaires, les immigrés, les endettés, les fonctionnaires laxistes, etc. Mais au moins, on a épargné les drogués. Apparemment, on nous a intégrés dans le paysage.»
«Révolution». En termes de lutte contre la toxicomanie, le Portugal est un cas unique en Europe. Depuis la loi votée en novembre 2000, l´achat, la détention et l´usage de stupéfiants pour une consommation individuelle ont été décriminalisés. Toutes les drogues sont concernées, du hasch à la coke en passant par l´héroïne.«Notre révolution a consisté à changer le regard porté sur le drogué : il n´est plus un salaud qu´il faut envoyer au tribunal puis en prison, mais un malade», explique le psychiatre Nuno Miguel, un des instigateurs de la loi soulignant que «supprimer la différence entre consommation de drogues douces et dures, c´est dire que le problème n´est pas la substance en elle-même, mais la relation à la substance».
Si le trafiquant est un criminel passible de sanctions pénales, le toxicomane, lui, est un malade qui doit être soigné. La distinction entre l´un et l´autre est parfois difficile. Selon la loi, celui qui est pris en possession de plus de dix jours de consommation (soit 1 g d´héroïne, 2 g de cocaïne, 5 g de haschisch ou 2 g de morphine) est considéré comme un trafiquant qui aura maille à partir avec la justice. Mais, en deçà de ces doses, le «fauteur» doit être traité comme un usager devant être dirigé vers une «commission de dissuasion». S´il est de nouveau interpellé, il retournera devant la commission qui le déclarera soit «consommateur ludique» - il devra alors payer une amende ou faire un travail d´intérêt collectif - soit «toxicomane» - et il devra alors être soigné.
En avril 2009, un rapport du Cato Institute, l´un des plus influents think tanks américains, avait décrit l´expérience comme «un succès retentissant». Comparant les données européennes et portugaises, il fait apparaître que le pourcentage d´adultes prenant des drogues dans le pays est devenu l´un des plus faibles de l´UE : 11,7% de consommateurs de cannabis contre 30% au Royaume-Uni ; 1,9% prennent de la coke contre 8,3 % chez le voisin espagnol. Les 100 000 héroïnomanes d´avant la loi ne sont plus que 40 000. Et la proportion des 15-19 ans qui se droguent est passée de 10,8% à 8,6%. A la fin des années 90, la drogue était la première préoccupation des Portugais, elle se situe désormais à la 13e place…
«Pas exportable». Père de la réforme, directeur de l´Institut des drogues et de la toxicomanie, Joà£o Goulà£o modère l´enthousiasme : «La consommation de hasch reste importante, la coke suit le boom en Europe, les morts par overdose sont toujours nombreuses. Et, surtout, notre système n´est pas exportable, car il est le fruit d´un long processus. Mais notre réussite, c´est d´avoir changé l´image de la toxicomanie.» L´autre réussite, c´est que plus personne ici ne la critique. Même la droite dure de Paulo Portas qui prophétisait, en 2001, «des biberons remplis d´héroïne» et «des hordes de jeunes drogués européens venant se piquer au Portugal», se tait. La catastrophe annoncée n´a pas eu lieu. «Tout n´est pas parfait, loin de là , convient Nuno Miguel. C´est vrai que les trafiquants rusent avec le système, se faisant souvent passer pour des malades. Mais, les toxicomanes sont mieux pris en charge qu´avant. Ce n´est pas seulement grâce à la loi, mais grâce à ce formidable arsenal sanitaire qu´on a mis en place depuis vingt ans et sur lequel la loi a pu s´appuyer. Ne jouons pas aux faux modestes, le pari a été globalement réussi.»
Source : http://www.liberation.fr/monde/01012341 … nalisation
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[ Forum ] Actualité - Un exemple de relaxe pour consommation de CBD et conduite
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