stabiliser sa conso de subutex en vue d'arreter

bonjour Lorence,

Si j'ai bien compris tu divises le cachet de 2 mg en 9 rails, ca te dure 3 jours à  hauteur de 3 traits par jour répartis sur la journée. Bonne nouvelle : tu es dosé à  0.666 mg (si je suis bon en math). Effectivement, l'idée de te stabiliser est pas idiote. Je ne sais pas comment tu envisages d'arrêter cette petite consommation. Il y aurait plusieurs façons de se préparer à  passer à  0 mg.

La première (celle que je ferais immédiatement) c'est d'enlever le trait du milieu de la journée. Ainsi tu réduirais déjà  d'1/3 ce qui te ramènerait à  0.4 mg/jour en deux prises nasales, une le matin et une le soir. Ensuite une fois bien habituée, j'irai voir un docteur pour expliquer la situation et me faire prescrire du temgesic (cachet de buprénorphine dosé à  0.2 mg l'unité-- dégueulasse à  sniffer). La je prendrais tout mon temps, notamment en terme "affectif", avant d'arrêter. Meme si il faut attendre 5 ans pour le faire, j'attendrai d'avoir quasiment régler tout mes problèmes, avant de régler celui-là .

Les conseils d'alicorne sont de bonne augure concernant le sniff et ses dangers ainsi que laisser une tierce personne au volant de sa consommation, comme une maniere de s'en décharger... et se laisser porter plutôt que d'avoir les yeux rivés en permanence sur le produit.

Effets anxiolytik des opiacés, évidemment, ils sont incontournables... mais si les opiacés restent un bienfait terrestre pour panser nos plaies (les chinois définissait l'op comme un cadeau des Dieux à  l'égard de notre condition misérable d'être incarné dans une boule de nerfs) et qu'ils fonctionnent bien et vite, ils ne sont que palliatifs, ils masquent, ils servent d'écran et c'est déjà  pas si mal.... Mais c'est là  tout le grand drame opiacé: parce que la douleur a un sens, les angoisses ont une raison d'être et si les masquer permet de se reposer, les masquer perpétuellement conduit à  une situation dangereuse.

C'est l'histoire du type qui s'erafle la jambe et qui en guise de seul soin se fait un ptit shoot de morphine. Il a toujours un peu mal le matin mais chaque jour, il se shoot et se reshoot. Ca va, il peut marcher, il se déplace à  l'aise. Chaque matin, sa jambe le tire davantage. Mais un shoot permet de revenir à  la normale. Bien envapé, le type n'y pense plus. Et puis un jour alors qu'il sent rien venir, il s'écroule. Sa jambe avait tranquillement gangréné.

Je ne sais pas trop quoi te dire. Il y a certainement un distingo à  faire entre "conso anarchique d'opiacés" (type came ou codeine à  l'extrême) et conso thérapeutique... Par ex, quand je me shoot au sken je ne crois pas que je cherche à  porter mes valises, car au final, ca me détruit et me gache des périodes de vie. Je suis beaucoup plus optimiste concernant une prise bien gérée de méthadone qui soulage et permet de vivre dans un confort psychique à  l'écart de la destruction de la défonce et aussi de la dépression inévitable. La question que tu poses est un peu insoluble, trop de choses se mélangent. Je pense sincérement qu'une période de repos-reconstruction est incontournable pour réapprendre à  bien gérer le port de ses valises mais aussi pour apprendre à  les alléger.

le gecko a écrit

affalé sur son lit, incapable de faire quoi que ce soit

Je ne peux pas être d'accord avec toi sur ça... tu n'es pas passé au shoot et c'est tant mieux pour toi et c'est pour ça que ta vision est un peu caricaturale. J'ai sniffé l'hero puis le sub pendant des années et le shoot c'est assez récent (moins d'un an). C'est finalement une pratique différente mais pas tant que ça. Je pense que j'y suis venu parce que j'ai commencé à  acheter du sken et qu'en sniff ca marche vraiment pas bien. Au début ca me plaisait pas meme si je faisais une session shoot pour le fun de temps en temps. Je pensais que ca en resterait la. Mais un beau jour, j'ai eu un déclic et j'ai bien capté comment me faire de belles IV sans galérer. Et depuis que je sais me shooter rapidement et proprement (que ca va aussi vite qu'un snif) ca m'a plu. Aussi combien de dizaines de fois suis je allé dans les chiottes au taf me faire un taquet bouillant de morphine.

Figure toi qu'apres ca je n'étais ni affalé ni incapable de faire mais bien la peche, bien calme, bien disponible... comme le sniff en fait.

Au final il y a un jeu avec le corps, les veines, le sang. Il y a la radicalité de l'effet recherché (quand je shoot la morphine à  forte dose, je me prends une "sensation", une décharge) mais la suite de l'effet est sensiblement le meme qu'en sniffant.

Il y a surtout le parfum de reviens-ydu shoot, car c'est très difficile d'oublier ce divertissement dangereux qui dure quelques secondes dans la journée mais qui change toute ta journée.

Je sais que c'est pas cool, qu'il y a une addiction dans l'addiction avec ce truc, quelque chose de supplémentaire et encore plus chiant à  gérer. C'est vrai.

Excuse-moi Desmundo, j'ai été victime des clichés, mais aussi de scènes bien réelles que j'ai vécu, il y a des années......Des mecs affalés sur un canapé, incapables (pas envie) de communiquer.
J'en étais resté sur cette image, cette caricature,. Donc, très sincèrement, excuse-moi. Ne crois-tu pas que pour toi, le plus important serait de revenir à  un mode d'administration moins dangeureux. Remplace le Sken par le sub ou la métha, voire l'héro (mais sniffée). J'ai peur que le shoot ne fasse que rajouter une addiction de plus.
Sans rancune et fais gaffe à  toi