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Hola a todos!
J'inaugure mon inscription sur ce site avec un post où je prévois un peu de raconter ma vie (avec la finalité d'une question c'est promis), alors d'avance je m'excuse pour ça. Je crois que si je me suis inscrite ici c'est parce que je n'ai vraiment personne à qui parler de tout ce que je vais évoquer, et que je suis un peu perdue. Alors ne m'en voulez pas s'il-vous-plaît, faites comme si j'étais une petite vieille en manque de conversation et zappez les introspectives reloues sur mon enfance, mon père, ma mère, Freud et mon inconscient. Promis promis, à la fin du monologue il y aura une question.
Alors voilà , pour le déballage de vie dont vous vous fichez très certainement mais auquel je vais quand même m'adonner parce que je souffre du syndrôme je-prends-un-forum-pour-mon-journal-intime:
Je suis née d'un papa français et d'une maman latino-américaine, et j'ai grandi dans un pays où la coke était moins chère qu'une bouteille d'eau (qui accessoirement était plus chère que le pétrole... enfin ça c'est une autre histoire). Je ne voudrais pas qu'on pense de mon second pays que les enfants se baladent gaiement entre les champs de coca et qu'on en mâche les feuilles toute la journée en écoutant de la salsa, mais bon... on n'est pas trop loin des clichés.
La coke s'y invite dans la vie des gosses lorsqu'ils atteignent l'âge de dix ans environ. Elle se consomme de partout, dans toutes les sphères sociales, à tout âge, bref, c'est un peu un patrimoine culturel (j'exagère à peine).
J'ai donc commencé à consommer mi querida cocaina à l'âge de quatorze ans. Et croyez-moi, c'est limite tardif et surtout pour le milieu dans lequel j'évoluais (quand j'étais avec mon père, c'était le milieu des expats, des ambassades, des gens pas très marrants qui se cachent dans des vestibules à l'abri des regards pour taper, et qui tapent plus que quiconque d'ailleurs, pour faire bref). Inutile de préciser que la coke dans ma contrée exotique n'a rien à voir avec la MERDE parisienne que j'ai eue à connaître par la suite à mon arrivée en France pour mes études, il y a quatre ans. No offence les gars, mais ce n'est pas de votre faute. On se fout littéralement de vos (nos) gueules et pour ceux qui ont eu l'occasion de goûter ne serait-ce qu'une fois à la virginale colombiana ça doit être carrément frustrant.
A l'âge de quinze ans je tapais jusqu'à 2 g de coke par jour (à cela s'ajoutait évidemment une conso effrénée de cannabis qui de par chez nous est pas si mauvais non plus et parfois de 2CB, qui fait des ravages chez nous, je sais pas si certains connaissent sur le forum). Ca peut vous sembler anecdotique comme quantité (j'ai rencontré des gens sur Paris qui tapaient jusqu'à 4-5g par jour) mais je précise que la nature ne m'a pas dotée d'une corpulence très solide, que je mesure un petit mètre cinquante six, n'ai jamais dépassé les quarante quatre kilos (avant d'arrêter la coke, mais j'y viendrai) et que j'ai de surcroît un cœur un petit peu fragile. Et qu'en plus de ça, comme je l'ai déjà indiqué précédemment, nuestra cocaina es casi pura... Quasi pure. Chaque jour de cette période de ma vie est une surenchère du précédent. Un défi. Chaque matin est périlleux, chaque seconde est incertaine. Je ne fais que repousser les limites de mon corps et de mon esprit sans trop me rendre compte de ce que je fais, jusqu'à ce que je me fasse vraiment très peur un soir, en plein climat politique agité en plus: c'était un soir de bordel terrible dans la capitale et je me souviens avoir eu cette impression de mort imminente, de mort lente, d'avoir lutté pendant des heures dans les chiottes en me disant "Si tu fermes les yeux c'est fini, tu ne vas pas les rouvrir", à inonder toute la salle de bains d'eau en m'aspergeant avec le robinet en en foutant de partout, sur fond de slogans politiques gueulés dans la rue et de bruits de casseroles (oui c'est comme ça aussi qu'on exprime son mécontentement dans mon pays, ça porte même un nom).
J'ai arrêté durant quatre mois, ai passé mon bac avec pour simple distraction la deliciosa marijuana qu'on peut aussi avoir en notre terre bénie. Puis j'ai gagné Paris pour mes études: ayant grandi dans un pays où la vie est une fête H24 et ne connaissant que les nuits agitées et sonores de ma capitale, j'avais déjà un petit plan de ce qu'allait être mon aventure parisienne. Je rêvais d'expos, de pièces à aller voir, de découvertes sordides, d'expériences sexuelles fantasques (après tout, dans le fond, j'étais une européenne à 50%), mais aussi des soirées hype, de champagne et d'accointances avec des pétasses d'1m80 avec qui j'aurais parlé de chaussures, de chaussures, de coke, et de chaussures. Ca peut vous paraître futile mais je voulais aussi expérimenter cet aspect-là de l'Europe, et du microcosme parisien. Bref, 24h n'étaient pas passées sans que je ne rachète un gramme.
Je passe outre toutes les (més)aventures qui m'ont menée à continuer de sortir, way too much, à devenir une escort girl dissimulée derrière ses airs d'étudiante internationale. J'ai commencé à prendre goût à l'argent rapide, je n'avais jamais songé pouvoir me balader à Paris avec 10 000 euros récoltés en une semaine en liquide dans mon sac. Je claquais, je claquais, je claquais, et évidemment, beaucoup en coke.
J'ai commencé à taper bien plus que je ne tapais back in my country, genre 3-4 grammes par jour, ai atteint les 38 kilos. Au bout d'un certain temps ma colloc (une autre escort girl rencontrée au hasard d'une soirée en Suisse et qui est devenue ma meilleure amie) et moi n'étions jamais clean: quand la coke nous énervait trop et qu'on sentait qu'on risquait de péter un câble, on achetait de la MD. Comme nous étions très malignes, et n'avions aucune idée de ce que nous faisions avec cette drogue qu'on connaissait mal, on pouvait gober jusqu'à 2g par jour pendant une semaine non stop, en s'interrogeant comme des bouffonnes au bout de 48 heures sur les raisons qui faisaient que "tiens, c'est trop bizarre, ça me fait rien du tout, et si je gobais un autre para pour voir si ça monte ou pas?". Bref, je zappe tout ce qui a pu se passer par la suite et l'accident de mon putain de septum perforé (sisi... maintenant quand j'ai le nez bouché j'ai l'impression de racler une tuyauterie rouillée en respirant...): je suis sortie de la prostitution il y a presque quatre mois, difficilement, car comme on devient addict aux drogues on devient addict à cette saloperie de fric, et à ce monde d'opulence, où tout est putrescible finalement. J'ai aussi dû arrêter la coke parce que sinon, je pense bien que je serais morte à l'heure qu'il est. Et que j'aurais fini par ne plus avoir de nez apparemment d'après mon ORL.
Mais bien sûr, la coke, la vie qui lui était corollaire, cette existence à 300 à l'heure au bord du rasoir, toujours entre les postulats extrêmes, les scandales, les soirées, les week-end à Dubaï à s'en foutre plein le pif... ça me manque. Ca me manque et j'ai honte de l'écrire après tout le mal que j'ai pu m'infliger et infliger à ma famille qui m'a vue me détruire petit à petit. La coke me manque, sentir que je peux tout gérer me manque, le contrôle de ma vie me manque. Le fric à outrance me manque. L'indolence, la nonchalance que procure la C me manque. C'était tellement plus simple quand je ne ressentais rien... Pour attester de cette tendance naturelle aux choses obscures qui est la mienne et illustrer la tragique vérité qu'on ne guérit jamais de ses névroses ni de sa noirceur, pas parce que "la drogue c'est maaaaaaaaaaal", plutôt parce que je ne regrette rien de tout ce que j'ai pu faire malgré la douleur infligée aux gens autour de moi, je peux affirmer qu'écrire sur ces déboires, narrer toute cette décadence sur ce forum comme une conne me permet de revivre par procuration créatrice toute cette période. A défaut de revivre cette existence fragile, je la conte. C'est bien triste, franchement, de ne jamais se repentir, même quand la vie vous a tout repris, vos études, la confiance de vos parents, vos perspectives d'avenir (du moins pour cette année), votre jeunesse, votre innocence, vos rêves, vos cauchemars, vos douleurs. (CHEERS! Dans cette démarche psychanalytique de ma rémission, j'aimerais rendre hommage à mon vilain génie, assoupi et tari au fond de moi, menaçant de s'exacerber à chaque nouvelle douleur. Non je déconne, mais presque).
Bon allez, trève d'épanchements lyriques inutiles. I come to the point:
Faire la paix avec mon corps, en arrêtant de faire la pute, a été difficile. Encore maintenant, j'ai du mal à ne pas établir de distance entre lui et moi. Arrêter la coke m'a fait grossir comme jamais. Je suis passée de 38 kilos à 55 kilos en quatre mois et, vous pouvez le penser en termes de futilité mais moi je ne peux pas l'accepter. J'ai toujours contrôlé mon poids, mon image, peut-être grâce à la coke, très certainement d'ailleurs, et là tout part en couille complet, j'ai arrêté mes études, suis retournée chez mon père qui habite maintenant en France, suis une thérapie avec un psychiatre addictologue complètement étranger à mes préoccupations sincères (sa réponse à mes insomnies chroniques: des benzos, que je me refuse à prendre parce que j'ai lu trop de témoignages sur les pertes de mémoires engendrées et que j'ai vu les effets surtout que ça avait eu sur ma grande-tante de 80 ans accro au Lexo qui ne sait même plus parler tant son cerveau est saturé par ces merdes vendues LÉGALEMENT par des labos pharmaceutiques... enfin bref).
Depuis que j'ai arrêté la coke j'ai aussi beaucoup de mal à me concentrer, je n'écris plus avec la même attention qu'avant. J'aimerais donc me faire prescrire de la Ritaline. Je voulais donc savoir si certains d'entre vous étaient parvenus à se le faire prescrire en France, si oui, si c'était easy ou carrément galère, si ça donnait au moins l'illusion d'être sous coke ou du moins aussi performant que sous C, si ça avait les mêmes vertus anorexigènes. En bref, j'aimerais reprendre ma vie comme je la menais avant, sans avoir à finir de me bousiller le septum et achever mon pauvre petit nez, sans avoir à retoucher à la coke qui est un peu mon "nevergobackmylove". Te extraà±o querida
Voilà , j'attends vos expériences sur la Ritaline, vos conseils, vos témoignages. Je remercie tous ceux qui ont eu le courage de me lire jusqu'ici et encore désolée hein, j'avais besoin d'écrire tout ceci.
Amor amor!
Flo
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Dernière modification par Flo080245 (22 mars 2014 à 01:25)
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Dernière modification par snoopy (22 mars 2014 à 13:28)
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Flo080245 a écrit
ça m'interpelle que tu dises que sans coke tu n'arrives pas à créer. Je suis passé comme je viens de l'écrire par la même phase au début, mais je voulais juste savoir -et c'est pas un délire philo que je me tape ce soir t'inquiète, juste de la curiosité- si c'était émotionnel ou juste intellectuel? C'est parce que tu te sens ultra moins performante intellectuellement et donc créativement ou parce que tu ne ressens plus grand chose au fond de toi? Ça m'intéresse la disposition qu'on a à créer ou pas quand on arrête subitement un truc aussi puissant que la coke.
J'ai vu dans ce documentaire (https://www.youtube.com/watch?v=EVD5esrw_BI) que la créativité était induite par la dopamine dans notre cerveau, et la drogue augmente notre dopamine.
Donc c'est tout à fait normal qu'en arrêtant la Coke tu sois passer d'un état d'hyper créativité à un état d'hyper vide.
Mon truc à moi c'est le dessin, et avant je dessinais tout le temps défoncé, j'étais spontané, en gros c'était une émotion ---> une image, et hop je n'avais plus qu'à dessiner ce que j’avais "vu".
Puis est arrivé le moment où j'ai freiné sur la drogue et je me suis arrêté de dessiner parce que je ne dessinais que défoncé. Au bout d'un certain temps je me suis dis qu'il faudrait m'y remettre, mais sobre, et donc j'ai comme ré-appris à dessiner.
Ça n'a pas été facile au début parce que je n'avais plus ces flashs d'image, je devais penser en concept faute d'émotion exacerbée par la drogue, donc construire mes réflexions pour partir d'une pensée/idée et arriver à une image qui tienne la route, et je t'avoue que sans la drogue c'est tout de suite moins marrant et moins productif...
Maintenant je me drogue pour créer, avoir l'idée sous forme de croquis, et une fois sobre je réalise l'idée, je l'exécute parce qu'il n'y a pas besoin d'être très créatif pour ça.
Sinon je n'ai jamais aussi bien dessiné que lorsque je me sentais mal, quand ça doit sortir c'est toujours fort expressif, mais effectivement pas toujours très joyeux.
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Dernière modification par TankGirl (25 mars 2014 à 11:08)
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