Ce que tu vis arrive souvent (trop, hélas) !
et ça pose encore une fois la question de pouvoir être reconnu en tant que patient sous
TSO sans être stigmatisé !!
Les équipes médicales ne sont pas toujours "très" au fait de la situation des personnes substituées aux
opiacés et de la prise en charge spécifique que cela implique.... bien qu'en hospitalisation, cela ne pose pas trop de soucis (encore que...) mais en ambulatoire, c'est dramatique !!
Pourtant vu le nombre de personnes sous traitement en France (env.130 000), le problème se devrait d'être mieux connu : le fait d'avoir un traitement de
substitution peut parfois compliquer la gestion médicale de la douleur par antalgique si le praticien ne prend pas en compte ce qu'implique d'être substitué aux
opiacés à long terme comme cela m'est arrivé il y a quelques semaines...
Tu trouveras sur le forum pas mal de témoignages par ci par là de personnes sous
TSO qui en ont chié comme pas permis pour faire entendre leur douleur lors de soins... quand c'est préparé à l'avance - par le biais du
CSAPA - ça se passe bien mais dans les cas d'urgence ou d'accident, ça peut être tendu !
Et c'est toujours le même problème qui ressort : dès que les praticiens sont face à un patient usager d'
opiacés, c'est les représentations sociales négatives envers les toxicomanes qui revient sur le tapis. Souvent, les médecins n'ont pas confiance et s'imaginent toujours que la douleur est simulée (exagérée disons) par le patient UDs qui soi-disant chercherait à se défoncer... en gros dans ces situations - pour avoir ce qu'il faut, il faut souvent en faire des caisses et mordre les draps pour être pris au sérieux.
Le nombre de témoignages de personnes en
TSO qui ont vécu une prise en charge insuffisante est scandaleuse : il arrive souvent qu'ils ne donnent même pas assez pour juguler le manque lié à l'arrêt du
TSO = ce qui revient à n'avoir aucune prise en charge de la douleur résiduelle sur laquelle s'ajoute une couche de douleur liée au manque. Sympa !
Et puis pour les personnes sous
subutex, il y a le problème de l'incompatibilité de molécules : la
buprénorphine n'est pas compatible donc pour pouvoir prendre un
opioïde, il faut nécessairement remplacer son traitement de sub par un morphinique de relais (souvent
skenan) - et après, il faut aussi que le dosage soit suffisamment important pour remplacer le
TSO + passer outre les effets de tolérance acquise... ce qui requiert parfois de devoir monter assez haut - ce qui peut, là encore, choquer certains praticiens. Il y a aussi le problème du trajet retour pour le
subutex qui la encore n'est jamais pris en charge !
par exemple, pour une personne à 8 mg de
subutex, pour que cela se passe bien, il faudrait idéalement proposer une dose de
méthadone d'au moins 40 mg (souvent plus) + un morphinique pour pallier aux douleurs (sken, ou acti par exemple) et pour que ça marche, il faut que le praticien puisse tâtonner sans avoir peur d'aller se balader dans des doses de
morphine souvent 10 fois plus importantes que pour une personne naïve.
alors OK dans les centres douleurs ils sont formés mais pour tout un tas de truc, y a encore du boulot pour etre reconnu. Aussi ca me fait toujours marrer quand on me propose 10mg de
skenan LP/oral, deux fois par jour, alors que je peux me tanquer en
IV 3 ou 4 gellules de 100mg pour une antalgie relativement médiocre..
Ex. J'ai eu des soins dentaires il y a quelques semaines qui aurait bien nécessité un peu d'antalgie. Le dentiste m'a proposé 50 mg de
tramadol, deux à trois fois par jour. Le problème c'est qu'étant stabilisé à 60mg de
methadone - donc une tolérance aux
opiacés et donc une bonne morphinorésistance - ce type de traitement n'a aucun effet pour moi.
J'ai quand même essayé un jour histoire de voir avant de conclure à une totale inefficacité... C'est là qu'ayant bien mal, j'ai essayé de négocier qqchose avec le praticien : celui-ci était démuni. Il s'est retrouvé à me dire que mon traitement de
substitution faisait office d'antalgiques, ce qui est absolument faux (cela fait belle lurette que je bénéficie plus du potentiel antalgique de la
méthadone et pour obtenir celui de la
morphine, il faut que je monte....haut). Du coup, et c'est triste que ce soit la seule alternative que j'ai trouvé, mais maintenant je prévois et je fais ma tambouille moi-même.
Sinon pour ton autre question, la
méthadone tout comme le témgesic peuvent être des traitements antalgiques intéressants à explorer : j'ai plusieurs fois lu certaines personnes (notamment en soins cancérologiques) se déclarer ravis d'avoir un traitement au témgesic - parfois mieux supporté que du
skenan - ou d'autres encore se dire satisfaits d'avoir de la
méthadone....Faut pas oublier que même si ces deux molécules sont celles de la
substitution opiacés et que la médecine les utilisent majoritairement dans ce cadre, elles n'en restent pas moins des
opioïdes de pallier 2 & 3 et ont l'avantage d'une durée d'action lente, qui dans certains cas, peuvent être intéressantes.
Aux USA, la
méthadone est souvent prescrite dans la gestion des douleurs à long terme notamment pour co-gérer la douleur et la dépendance physiologique (qui est inévitable après quelques semaines d'usage)... ça permet aussi de faire des rotations quand le morphinique classique perd de son efficacité. Mieux encore, ces molécules permettent aussi de limiter l'escalade de la tolérance. On oublie souvent souvent ce "très gros" avantage des molécules à demi-vie lentes qui n'induisent pas ou peu de tolérance : si elles sont peut etre moins efficaces à court terme, elles restent les plus stables au long cours... ça permet aussi aux gens d'avoir une couverture longue - car la
morphine c'est bien mais sa courte durée d'action induit aussi des désagrements certains -
mais en France, il est vrai que ces molécules sont rarement (exceptionnellement? jamais?) proposées en première intention et que les médecins ont des préférences pour d'autres molécules réputées plus antalgiques comme le
skenan ou l'
oxy....
:)
Dernière modification par ziggy (29 mars 2014 à 19:58)