Bonjour,
le sujet Drogués Zeureux fait à de multiples reprises référence au Patriarche. Ai fait quelques recherches sur le net.... ça fait froid dans le dos quand on sait que le Patriarche a été remplacé par Adomia que ce groupe est considéré comme une secte en France mais qu'elle est implantée au Canada et bénéficie du statut d'ONG et donc reçoit des subventions par l'ONU.
Ne nous reste qu'à espérer que leurs notions de "réinsertion" de "soin" aient évolué.
Ci dessous un extrait parlant d'un livre sur le Patriarche.
Le Patriarche
facile d'y entrer, difficile d'en sortir(Source : Livre La Mafia des sectes, par Bruneau Fouchereau - Editions Filipacchi - Paris, 1996)Quel père, quelle mère ne donnerait pas tout ce qu'il possède pour sauver son enfant ? Parmi les sectes qui ont le mieux réussi dans ce secteur, celle du Patriarche est bien la plus importante. Son association s'est constituée uniquement sur le fonds de commerce de la toxicomanie. Ses techniques de manipulation mentale valent bien celles de Moon ou de la Nouvelle Acropole. Lucien Engelmajer, retraité, ancien vendeur de meubles, et sa femme institutrice jouaient les artistes et recevaient des marginaux. Les années 70 entonnaient leur hymne à l'amour libre, et la consommation de drogue connaissait un premier essor. Lucien, l'air malicieux, disait souvent à son copain le boulanger : « Un jour, je serai un gros client ! »
En 1972, le brave homme aux cheveux blancs et à la longue barbe créa l'Association du Patriarche. « Lulu et sa femme aident les drogués » disait-on au village : « Il paraît même, qui z'en ont déjà sorti d'là ! ». Très rapidement, le stade artisanal des premiers temps fut dépassé pour atteindre une ampleur internationale.
Aujourd'hui, l'association comprend plus de deux cent trente-quatre centres répartis dans toute l'Europe, dont six en Amérique latine et un en Floride. Plus de vingt-cinq mille personnes vivent dans ces communautés. Si les enquêtes fiscales ne cessent de se multiplier, dès le printemps 1978, Christian Colombani, dans les pages du Monde, dénonçait les méthodes abusives de Lucien et sa femme.
L'imprimerie 34, à Toulouse, avait lancé un cri d'alarme deux ans auparavant en donnant aux anciens de la secte les moyens d'éditer un fascicule où ils dénonçaient les abus exercés (racket économique, droit de cuissage, violence...). Les cadres du Patriarche s'étaient empressés d'opposer un ferme démenti, et avaient clamé leur innocence. Tous mettaient en avant les prodigieux résultats de l'association...
Eh oui, c'est « qu'le père Lulu », il a mis une technique au point. Elle tient un peu des méthodes de lavage de cerveau à la mode viêt-minh, mais c'est efficace ! Tout d'abord, le toxicomane subit un
sevrage total de tout excitant ou narcotique. Ensuite, il est encadré au moins par un membre du groupe vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Un discours insidieux lui est alors servi. Petit à petit, on lui fait admettre qu'à l'extérieur des communautés du Patriarche, le monde est « complètement pourri » et que, au contraire, à l'intérieur tout est magnifique. L'Association du Patriarche est présentée comme un paradis, la réalisation de tout ce dont le pauvre toxicomane avait toujours rêvé. Parallèlement, un savant processus de perte d'identité est mis en place.
Le patient doit remettre ses papiers au chef du groupe, quand ce n'est pas à Lulu en personne. Les lectures, le courrier, les visites, les activités, les coups de téléphone, tout est absolument planifié, voire censuré par les dirigeants. Les patients n'ont plus aucun droit à l'initiative et doivent répondre à tous les ordres... Si cette vie pèse sur le patient et que celui-ci demande à partir, alors commence un véritable marathon pour l'insoumis. Ce demier est appelé « déviant », on explique au « pauvre petit toxico » qu'il a un coup de « flip », un « flash back » de la défonce, et que, par conséquent, il n'est pas responsable de ce qu'il dit... Si le candidat au départ insiste, malgré ces premières embûches, le « déviant » doit alors affronter tout le groupe, pour expliquer les raisons de son désir. Là , chaque argument sera repris et présenté comme une insulte et une attaque contre la communauté et, plus précisément, contre la grande oeuvre de générosité de ce bon Lucien Engelmajer.
Certains témoignages,recueillis par la Commission d'enquête sur les violences institutionnelles, font état de véritables passages à
tabac lors de ces séances « d'explication ». Car partir, c'est blesser le « bon Père » qui veille sur la collectivité. Si, enfin, l'individu s'acharne, et persiste à ne pas vouloir se rendre aux arguments massus de ses « amis », vient le moment de se confronter à Lulu en personne et de lui demander ses papiers, pour se faire expliquer, une nouvelle fois, que son salut est ailleurs. Bien souvent, le « déviant », chose que l'on comprend si l'on connait la psychologie des toxicomanes, préférera s'enfuir au milieu de la nuit, laissant derrière lui ses papiers... Mais dès que sa disparition est signalée, c'est une véritable battue qui s'organise. Car le « déviant » qui est parti s'est enfui sans pouvoir parler ! Il faut donc le rattraper pour lui permettre de s'expliquer. Tous les Centres du Patriarche sont alors mis en alerte. Les communes environnantes, les maires et parfois les gendarmes, de manière officieuse, donnent un coup de main. Comment pourrait-on refuser le secours à une association humanitaire, qui aide des enfants en détresse ? Grâce à un système rodé d'informateurs et de rabatteurs, le « déviant » sera bientôt « persuadé » de retourner au sein de sa communauté, qu'il n'aurait jamais dû quitter pour sa sécurité.
Face à ces accusations, les porte-parole du Patriarche n'ont de cesse de crier à la diffamation. Pour eux les centres du Patriarche sont des lieux de liberté, où l'on apprend à se défaire de la drogue... et rien d'autre !
L'enquête la plus complète jamais réalisée en France sur l'Association du Patriarche est l'oeuvre d'un inspecteur du ministère des Finances, Pierre Consini. Ce rapport de sept cents pages, réalisé en 1986, est d'une limpidité effrayante. Il est bon de livrer aux lecteurs quelques éléments de ses conclusions, restées jusque-là inédites :
â—¾ Chapitre 1 : La nature particulière de l'activité de l'Association du Patriarche justifie-t-elle qu'elle se tienne à l'écart des lois ?
â—¾ Chapitre 2 : Le Patriarche est aujourd'hui dans la société française comme un corps étranger, non lié organiquement à elle, inspiré de sa propre vérité, mais en même temps saisi par une sorte d'obsession de l'encerclement et de la menace extérieure.
â—¾ Chapitre 5 : (à propos de l'hygiène) Plusieurs centres appellent de ce point de vue à des observations de fond importantes, qui justifieraient leur fermeture...
â—¾ Chapitre 7 : Le financement de l'association s'effectue dans des conditions d'ambiguïté, d'absence de clarté et pour partie d'irrégularités. Les fonds. provenant de sources privées (familles, dons...) transitent par des voies que le droit réprouve. Les familles des étrangers hébergées en France sont invitées à déposer leurs versements dans un compte en Suisse.
Sans tenir compte des biens immobiliers, ni du produit de la vente des différentes marchandises artisanales que fabriquent les centres, ni des 175 francs, par jour et par lit, pour une centaine de lits que donne l'État à l'Association du Patriarche, chacun de ses centres rapporte 20.000 francs en moyenne par mois, uniquement grâce à la vente des livres de Lucien Engelmajer.
Les premières bourrasques de la cohabitation ont-elle fait sombrer ce rapport dans une inopportune corbeille à papier ? Ni le ministère des Finances, ni celui de la Justice n'ont pris les mesures que l'inspecteur Pierre Consini préconisait. En septembre 1988, Albin Chalandon, ministre de la Justice, déclarait dans un journal de France 2 : « Nous allons augmenter de mille lits la capacité des centres d'accueil du Patriarche et décupler les subsides de l'État...» Heureusement, ces dires n'ont été suivi d'aucun acte. Mais si l'aide de l'État au Patriarche n'a pas augmenté, elle n'a pas non plus diminué. Les centres continuent à se démultiplier, et malgré la récente découverte de véritables « sidatoriums » institués par ce brave Lulu, rien, décidément rien n'est fait pour endiguer la montée en puissance de cet organisme international.
Qu'attendent les pouvoirs publics, devant quelles menaces tremblent-ils ? Est-ce devant l'avertissement donné par Lucien Engelmajer, lors d'un entretien avec les membres du Groupe de recberche sur les violences institutionnelles sur la fermeture éventuelle de ses établissements ? Lulu, le plus calmement du monde, en bon Patriarche, avait alors expliqué que deux de ses jeunes résidents menaçaient de s'immoler par le feu si jamais on touchait à l'association... Quotidiennement, des juges condamnent des toxicomanes à suivre une cure dans des centres du Patriarche ; chaque semaine, des assistantes sociales dirigent des enfants vers les camps de travail du bon Lulu et, partout en France, à défaut d'autres lieux d'accueil, les sidatoriums se remplissent.
L'un des principaux fonctionnaires du ministère de la Justice, l'un des rares qui aient vu se succéder quatre gouvernements, ne s'étonne pas. Tout en gardant l'anonymat, il explique :
« Les centres comme ceux du Patriarche ont une grande qualité aux yeux des politiques, ils ne coûtent pas cher ! Peu importe si, à terme, ils représentent un danger pour la société civile, peu importe si des sectes sont derrière, peu importe encore les véritables conditions de vie des toxicomanes, c'est toujours cela que nous n'avons pas à gérer ! Ainsi raisonnent beaucoup de juges. De toute manière, si le Patriarche et les autres sectes pseudo-thérapeutiques relâchaient les toxicomanes dans la nature du jour au lendemain, ce serait une catastrophe bien plus grande encore. N'oubliez pas que le trafic de drogue a augmenté, chaque année, depuis 1987, de 150%. Alors, d'une certaine manière, vu les budgets qui se réduisent comme peau de chagrin, les sectes sont presque les bienvenues ! »