Méta-analyse sur l’usage thérapeutique du
cannabis en neurologie
Philadelphie, Etats-Unis – Une revue de la littérature de l’American Academy of Neurology (AAN) confirme que certaines formes de
cannabis à usage thérapeutique pourraient soulager les symptômes de spasticité et la douleur dans la sclérose en plaques.
En revanche, la
marijuana ne semble pas efficace dans la prise en charge des dyskinésies liées à la lévodopa dans la maladie de Parkinson et les données sont insuffisantes pour tirer des conclusions dans la maladie de Huntington, le syndrome de la Tourette, la dystonie cervicale et l’épilepsie.
Les résultats ont été présentés lors du 66 eme congrès annuel de l’AAN et publiés le 28 avril dans la revue Neurology [1].
Pour le premier auteur, le Dr Barbara S Koppel (New York Medical College, Etats-Unis), cette revue de la littérature a pour objectif d’aider les neurologues et les patients à mieux appréhender l’état des connaissances sur l’usage du
cannabis à des fins thérapeutiques en neurologie : « La revue de l’ANN souligne également la nécessité de réaliser plus d’études de qualité sur l’efficacité et la sécurité à long terme de cet usage du
cannabis dans les maladies neurologiques. »
En conclusion, il y a une place pour le
cannabis, mais il faut réaliser plus de travaux pour déterminer quelles seront exactement ses indications -- Dr Koppel
« En conclusion, il y a une place pour le
cannabis, mais il faut réaliser plus de travaux pour déterminer quelles seront exactement ses indications », a indiqué le Dr Koppel lors d’une conférence de presse.
« Les cannabinoïdes devraient être étudiés comme les autres drogues pour évaluer leur efficacité et lorsqu’il y a des preuves, ils devraient être prescrits au même titre que les autres substances actives. Aux Etats-Unis, 21 états et le district de Columbia ont légalisé l’usage thérapeutique du
cannabis et 2 ont interdit toute consommation. Cela devrait encourager les médecins à poursuivre leurs recherches sur l’usage thérapeutique du
cannabis chez les patients atteints de maladies neurologiques », indiquent les auteurs.
Des bénéfices dans la sclérose en plaques
Dans leur méta-analyse, les chercheurs ont sélectionné les études évaluant l’impact du
cannabis sur le traitement des symptômes de la sclérose en plaques, de l’épilepsie, et des troubles du mouvement de 1948 à 2013. Ils ont finalement colligé les données de 34 études répondant à leurs critères.
En règle générale, le
cannabis était utilisé lorsque le traitement de référence n’était pas efficace et la poursuite du traitement classique était autorisée dans toutes les études.
*Le 8 janvier 2014, le spray
Sativex® a obtenu une AMM, en France, dans la sclérose en plaques pour le traitement des contractures sévères, résistantes aux autres traitements.**Marinol n'est pas commercialisé en France mais est autorisé aux Etats-Unis.
Les effets secondaires : 1% de troubles psychologiques graves
Parmi les effets secondaires associés à l’usage thérapeutique du
cannabis dans au moins 2 études, les auteurs ont rapporté des nausées, de la fatigue, une fatigue accrue, des troubles du comportement et de l’humeur, des idées suicidaires ou des hallucinations, des étourdissements ou des malaises vagaux, des évanouissements et des sensations d’intoxication. En outre, deux cas de convulsions ont été rapportés et dans l’un d’entre eux, les convulsions ont été suivies d’une pneumonie par aspiration, possiblement associée au traitement, qui a été fatale.
Les changements d’humeur et les idées suicidaires sont un important sujet de préoccupation Dr Koppel
« Les changements d’humeur et les idées suicidaires sont un important sujet de préoccupation lorsque le traitement est utilisé chez des patients qui ont une maladie neurologique comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson parce qu’ils ont un risque accru de dépression et de suicide », a souligné le Dr Koppel.
Les études montrent que le risque de troubles psychologiques graves est de 1%.
En conclusion, le Dr Koppel rappelle que les produits utilisés dans les essais sont bien contrôlés et que les conclusions de la revue de la littérature ne peuvent s’appliquer, a priori, au
cannabis vendu dans la rue.
Ce sujet a fait l'objet d'une publication dans Medscape.com
L’étude a été conçue et financée par l’AAN. Les auteurs n’ont pas de liens d’intérêts en rapport avec le sujet.
REFERENCES :
1.Koppel BS, Brust JC, Fife T et coll. Systematic review: Efficacy and safety of medical
marijuana in selected neurologic disorders: Report of the Guideline Development Subcommittee of the American Academy of Neurology. Neurology. 2014 Apr 29;82(17):1556-63.