Bonjour à tous,
Je suis nouveau ici et j'ai décidé de m'inscrire pour partager mon témoignage d'ex fumeur de
cannabis, peut-être que ça en aidera certains.
J'ai passé douze ans de ma vie a fumer splif sur splif, seul ou entre potes, le jour, la nuit, n'importe où, et même au sport pour tout dire. J'ai commencé vers 16 piges, chez un ami qui avait de sacrés bons plans tant niveau quantité/prix que qualité/prix, et comme à cet âge là on aime découvrir de nouvelles choses j'ai plongé la tête la première dans le
bédo. A cette époque j'allais chez lui pour fumer, mais dès le lycée fini, j'ai commencé a en acheter par moi-même et fumer tout seul. Les maigres tunes que j'avais y passaient chaque mois, souvent au détriment du budget nourriture.
Mais ma consommation a pris un autre tournant pendant mes études supérieures. De la fumette récréative des débuts, je suis passé à une dépendance psychologique complexe. Le rythme de travail était infernal, la pression du résultat, l'ambiance délétère, la fatigue, l'isolement social, tout celà a fait exploser ma dose de
thc quotidienne. Je n'avais plus une minute pour voir qui que ce soit, ni même pour me laver , manger, ou dormir. Nuit blanche sur nuit blanche, à préparer mes rendus, pendant que tout le quartier dormait paisiblement, ma seule béquille psychologique était alors les
joints que j'enchainais pour tenir le coup. Tous les élèves étaient en dépression, comme moi, mais ceux qui s'élevaient contre ce système c'était la porte direct.
Au bout de 3 ans j'en ai eu marre, j'ai quitté l'école après une bonne prise de tête avec le directeur, un type pourri jusqu'à l'os. Bref, en changeant d'établissement le moral est un peu remonté, mais le mal était fait, le
cannabis était devenu une nécessité quotidienne, et surtout le fil sur lequel tenait le fragile équilibre psychique. Ce fil s'est complètement cassé 2 ans plus tard, lorsque mon amie la plus proche s'est suicidée. Elle fumait également énormément et je peux affirmer que même s'il y avait d'autres facteurs en cause, sa mort est dûe en bonne partie à sa consommation gigantesque qui l'a plongé dans une profonde dépression toutes ses dernières années. Sa fragilité psychologique était là dès le départ, mais la fumette dans laquelle elle se réfugiait l'isolait socialement et l'a détruite encore plus.
Jai mis plusieurs années a m'en remettre, trainant mon spleen et mon spliff comme un boulet, n'ayant plus envie de rien, et comme indifférent à tout. Je n'avais plus de joies ni de peine, ni de colère, j'étais fatigué de tout, et je continuais a fumer comme un pompier alors que j'en étais dégouté profondément. Il y avait une sorte de rapport très glauque avec le
cannabis, un rapport morbide, comme si je m'empoisonnais volontairement pour me punir de sa disparition. En tout cas c'était devenu complètement auto-destructeur.
C'est la rencontre avec une fille merveilleuse qui m'a remis sur les rails, et qui sera bientôt ma femme. Elle a rassemblé les miettes qui restaient de moi, patiemment, et m'a aidé a me reconstruire. De là , j'ai pu trouver la sortie du labyrinthe qu'était devenu dans ma vie, et j'avais de nouveau une raison de me battre. Alors que toutes mes tentatives de
sevrage précédentes avaient été longues, pénibles et ratées, celle-ci fut la bonne et du jour au lendemain. Je savais, j'étais sûr, cette fois, en écrasant mon spliff que cétait bien le dernier, que je tournais une (lourde) page de ma vie. Je n'ai utilisé aucun palliatif, mais bien aidé tout de même par un bouquin qui m'a fait prendre conscience de pas mal de choses.
Aujourd'hui, 5 ans après, je n'y pense plus du tout mais pendant les mois qui ont suivi j'étais euphorique: j'avais réussi à me libérer de cet esclavage du
bédo, des plans galère, des badtrips tout le we, je me sentais réellement comme un mec qui ressort de 12 ans de taule et qui redécouvre le dehors, les gens, la vie.
Voilà mon com était un peu long, désolé, je voulais juste vous dire par ce témoignage que même si ça peut paraitre anodin pour certain, fumer comporte de gros risques surtout pour les personnes un peu instables. Après il y en a qui restent vraiment maitres de leur conso ça existe. Je ne vais pas nier les bons moments que j'ai passé avec le calumet non plus, mais au final je préfère de très loin ma vie sans
cannabis plutot qu'avec.